La taille des Etats n'est nullement l'aspect
géographique qui tient aux dimensions terrestres, à la superficie
ou au peuplement. Elle n'est non plus, nécessairement la dimension
économique de cet Etat mais davantage la force de celui - ci par rapport
aux autres, sa capacité de frappe. Elle s'exprime en fonction de sa
place dans l'ordonnancement international. Cette notion de taille des Etats
consacre la capacité d'un Etat à réagir efficacement et
promptement face à une attaque. Elle est liée à l'armement
et aux inégalités criardes actuellement en expansion dans le
système des NU.
A - LA QUESTION DES ARMES DE DESTRUCTIONS MASSIVES.
La taille d'un Etat peut s'apprécier en fonction de
son armement. Les armes de guerre ont une sérieuse incidence dans les
hostilités et sur les effets de celles - ci. C'est pourquoi les
réglementations ont été consacrées pour leur
utilisation et leur prolifération69, mais la pratique reste
accablante. On assiste à un développement fulgurant de l'armement
dont les effets sont proportionnels à leur expansion.
1 - Le développement de l'armement.
La guerre de nos jours est devenue essentiellement une
affaire de gros bras. Pour gagner la guerre il faut avoir un armement
sophistiqué. Le développement de ces engins de mort connaît
un essor prodigieux dès les lendemains de la première guerre
mondiale. Aucun Etat au monde ne voudrait être surpris ou défait
en cas de conflit.
Dès lors, les gouvernements encouragent et financent
activement la recherche dans le domaine de l'armement. L'espionnage est promu.
Il faut avoir ce que l'ennemi a, de préférence avoir mieux que le
lui: c'est la course aux armements. Des techniques nouvelles sont
développées et encouragées. Progressivement sortent des
industries spécialisées dans l'armement de nouvelles armes.
Celles - ci aboutissent à la mise sur pied des bombes atomiques et
chimiques qui seront d'ailleurs utilisées lors de la deuxième
guerre mondiale. La qualité des armes utilisées dans cette
confrontation internationale justifie d'ailleurs son nom de «grande
guerre.»
Après la grande guerre, l'exemple américain a
fait des vagues. Les pays de l'Est avec à leur tête l'ex - URSS se
lancent dans la course. La France fait de même. En Asie, le Japon,
déboussolé ne croise pas les bras. La Chine, la Corée du
Nord et l'Inde font de même. Dans le Moyen et le Proche Orient, l'Irak et
la
69 - Déclaration de St - Pétersbourg 1868
- Protocole de Genève prohibant, en temps de guerre,
l'emploi des gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et des moyens
bactériologiques 1925
- Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la
fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou
à toxines et sur les destruction. 1972
- Convention sur l'interdiction ou la limitation d'emploi de
certains armes classiques qui peuvent être considérer comme
produisant des effets traumatiques excessifs ou frappant sans discrimination.
1980
- Convention sur l'interdiction de la mise au point, de la
fabrication, du stockage et de l'emploi des armes chimiques et sur leur
destruction. 1993
- Protocole relatifaux armes à laser aveuglantes
(Prot.IV (nouveau) à la Convention de 1980).1995
- Protocole révisé sur l'interdiction ou la
limitation de l'emploi des mines, pièges et autres dispositifs (Prot.II
(révisé) à la Convention de 1980).1996
- Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la
production, et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.
Syrie multiplient les efforts... Presque tous ces Etats
finissent par se doter d'armes de destructions massives dont - ils prouvent
d'ailleurs la fabrication par des essais nucléaires et une arrogance
manifeste. Ces armes n'entrent pas dans la même catégorie que les
armes jusque là connues du fait de leur puissance.
2- Les effets des armes de destructions massives sur la
population.
L'idée qui soutien généralement les
recherches dans le domaine de l'armement est l'effet dissuasif que celui - ci
procure.
En effet, l'idée de l'emploi de pareils engins de la
mort à l'encontre d'un Etat ennemi suffit à décourager
celui-ci dans sa démarche belliqueuse. Vu la puissance de l'armement des
Etats - Unis de nos jours, toute attaque armée dirigée contre lui
serait comparable à un suicide.
Ces armes dit - on contribuent par ce fait à
encourager la paix mais qu'adviendrait - il en cas d'échec dans le
maintien de la paix c'est - à - dire en cas d'utilisation? Pour s'en
convaincre, les cas de Hiroshima et Nagasaki au Japon donnent jusqu
`aujourd'hui des frissons, dans la mesure où les populations de ces
villes portent encore le souvenir de ce conflit dont les effets se prolongeront
encore pendant longtemps. Son souvenir reste toujours vivace dans les
mémoires des septuagénaires rescapés.
Ainsi, qui peut aujourd'hui garantir que les attaques n'auront
d'effets que sur les combattants et n'atteindront que les cibles militaires?
Les frappes, fussent - elles «chirurgicales» sur
les objectifs militaires auraient nécessairement des effets sur la
population dans la mesure où ces armes étendent leurs effets dans
le temps et dans l'espace.
Dans le temps, l'exemple le plus édifiant est celui
des mines anti - personnelles qui jusqu'aujourd'hui continuent de faire des
victimes en Angola et dont il faudra attendre encore des années pour un
déminage complet, encore que la difficulté consiste à
trouver où elles sont enfouies.
Dans l'espace, les effets nucléaires sont
transportés par le vent et se propagent même en dehors du
théâtre des opérations.
Au demeurant, il est aisé, lorsqu'un obus a
manqué sa cible et atteint les civils, d'émettre des regrets
comme ce fut le cas tout récemment en Irak et comme c'est le cas tous
les jours dans les territoires occupés de Palestine. Tel est l'un des
aspects des inégalités observées au sein du système
des NU.
B- LES INEGALITES AU SEIN DU SYSTEME DES NATIONS - UNIS
A la suite de la deuxième guerre mondiale, les Nations
vainqueurs avaient déjà mis sur pied un système
basé essentiellement sur les inégalités au sein des
NU. Celui-ci s'est traduit à travers le droit de veto
accordé aux Etats Unis, à la Chine, à l'ex-URSS, à
l'Angleterre et à la France. Le critère ayant justifié une
telle discrimination était en fait plus lié à la
qualité de vainqueur de la guerre que toute autre considération.
Cette inégalité originelle est plus visible aujourd'hui. Si on
admet que le droit de veto est réservé aux grandes nations, le
Japon ou le Canada pourraient aujourd'hui prétendre à un tel
avantage. De même on se demande aussi pourquoi l'Afrique du Sud ou le
Brésil ne peuvent avoir droit à ce privilège ou tout au
moins être membre permanent du Conseil de Sécurité au nom
du tiers monde. Ces inégalités consacrées par les
NU de façon tacite se poursuivent de nos jours et ont
des incidences néfastes dans les conflits armés.
1 - Manifestation des inégalités au sein des
NU.
L'illustration la plus flagrante en ce début de
siècle est celle des Etats Unis qui, outre leur position
stratégique au Conseil de sécurité, outre leur position
enviée et enviable en tant que titulaire du droit de veto peuvent
même, et ceci impunément, se permettre de violer ce qui
jusque-là constituait le fondement de la légalité
internationale. Cela se traduit avec vigueur dans le <bellicisme outrancier
70,> des Etats Unis, dans leur agression contre l'Irak pour des
raisons qui jusqu'aujourd'hui ne sont pas démontrées.
Cette agression est venue éclairer le malaise auquel
les NU font face: l'indépendance de droit de
l'ONU est dominée par une dépendance de fait
à l'égard des Etats Unis en priorité sinon comment
comprendre qu' <une guerre qui se donnant comme objectifs la
libéralisation d'un peuple et l'implantation de la démocratie, se
fait l'illustration la plus évidente de la force primant le droit dans
une région ou le droit du peuple palestinien est bafoué au
mépris de quelques 500 résolutions du Conseil de
Sécurité de l' ONU »71.
Cette guerre est l'une des faces ouvertes de l' <atteinte aux
institutions onusiennes qui s'étaient données pour mission de
préserver la paix dans le monde ,>72.
Cette inégalité manifeste se traduit aussi par
ce qu'il convient d'appeler deux poids, deux mesures : l' ONU
a été prompte à prendre et à faire
exécuter une résolution face à l'invasion de l'Irak au
Koweït sans jamais le faire dans le cadre
70 - Bouteflika. A. le quotidien d'Oran 25 mars 2003
71 - Bouteflika. A. opcit
72 - Bouteflika. A opcit
de la Cisjordanie,de Jérusalem, de Jenine, de Hamala.
De même, l'Irak a été attaquée parce qu'elle
possédait des armes chimiques et nucléaires et pouvait par
conséquent être une menace pour la paix internationale. Quid de la
Corée du Nord? Cette impuissance des NU est de nature
à favoriser à la fois l'établissement d'un nouvel ordre
mondial unipolaire et à encourager les atteintes au
DIH.
2 - Conséquences dans les conflits armés
Les inégalités telles qu'étudiées
ci-haut entraînent plusieurs conséquences dans les conflits
armés.
- l'impuissance de l'ONU ou son
incapacité à empêcher un conflit l'empêche
également à prendre des mesures décisives pour la faire
cesser. Cette situation est celle qui résulte d'un bras de fer entre l'
ONU et un Etat soutenu par d'éventuels membres
influents des NU.
- L'irresponsabilité de fait de certains Etats: un
Etat face auquel l'ONU est impuissant est par-là
même occasion irresponsable devant les NU qui auraient
assez de difficultés à lui imposer des réparations. Et
même si la responsabilité est établie, elle ne le sera que
de fait car les résolutions visant à sanctionner son comportement
restent lettre morte comme les résolutions ayant trait au conflit
Israélo-palestinien.
Ces conséquences majeures ont pour conséquence
liée celle de causer des maux superflus à l'état de la
paix globale souhaitée.
Un Etat peut décider un matin d'attaquer un autre en
dépit des protestations de l'ONU. Dès lors,
c'est la guerre dans la mesure oil les représailles bien qu'interdites
sont la réponse la plus évidente aux attaques.
De même, le phénomène le plus
accentué aujourd'hui est celui du terrorisme sous la forme de
représailles au silence ou à l'impuissance des NU
à faire stopper des abus. De nos jours, le terrorisme a atteint
des proportions qui peuvent être comparées à celles de la
guerre proprement dite. Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats
Unis ont fait plus de 3000 morts presque tous des civils. Tous les jours, des
civils israéliens sont tués dans les attentats du HAMAS ou de la
branche armée du FATAH en guise de représailles aux attaques et
incursions quotidiennes impunies de l'armée israélienne. Ce cycle
de violence expose au premier chef les civils des deux camps.
En somme, la consécration tacite des
inégalités au niveau de l'ONU est
préalablement le moteur du nouveau type de guerre : le terrorisme qui
met à nu les autres tares du DIH.