TITRE II- LA POLITIQUE INTERNATIONALE DE PROTECTION
DES CIVILS : UNE POLITIQUE FRAGILE
«Le droit des conflits armés ... est
probablement la branche la moins respectée et par conséquent
aussi la plus théorique sinon la plus utopique du droit international et
même du droit tout court »64!Eric David.
Les civils sont les plus fragiles des êtres qu'on
puisse trouver dans la guerre; il s'agit d'innocents que diverses raisons
telles la raison d'Etat, la sécurité de l'Etat... transforment
très souvent en proie dans une confrontation dont ils maîtrisent
généralement mal les buts et dont ils sont curieusement les
principales victimes quand ils ne sont pas tout simplement l'enjeu. Pour mettre
fin à cette pratique qui vise à écraser les civils,
à les torturer et à les traiter sans égards, la
communauté internationale avec l'aide du CICR a mis sur
pied un arsenal juridique visant à réglementer la conduite de la
guerre et mieux, à l'humaniser.
A l'examen de quelques exemples de conflits dans le monde
(Palestine, Rwanda, RDC, Irak...) le constat reste macabre: les civils sont
toujours et demeurent les premières victimes. Ce constat
matérialise un échec dont les causes sont nombreuses et dont on
doit diagnostiquer afin de prétendre trouver des solutions (chap I).
Notre modeste travail consistera en dernière analyse à nous
plancher sur ce qui pourrait être à notre humble avis le futur
visage du DIH pour que vive enfin une société
internationale moins guerrière, plus pacifique et plus humanisée
(chapII).
64 - Eric David : Principe du droit des conflit armés,
Bruxelles : Bruyant, 1999 II ème édition P553
CHAP I - LES LIMITES DE LA PROTECTION
Les populations civiles qui bénéficient de
divers instruments internationaux pour leur protection dans les conflits
armées, sont contrairement à ce qu'il paraît insuffisamment
protégées. Autant les lois ou coutumes de la guerre les
protège, autant l'interprétation extensive des textes
internationaux les expose (section II).
C'est le problème posé par les influences
négatives internes au DIH. Toute fois, si celles - ci
peuvent être comblées à tout moment, il n'en demeure pas
moins qu'il existe d'autres obstacles à une protection plus efficace et
plus complète. Ceux - ci sont en principe externes au DIH,
et rattachés tous à la personnalité des Etats, au
désir hégémonique, aux méthodes de la guerre
(section I).
SECTION I: LES INFLUENCES EXTERNES AU D.I.H
Tandis que le DIH régule la guerre en faveur des
civils, en face se trouve la machine étatique qui par tous les moyens
doit survivre là où les hommes trépassent, ne fusse qu'en
passant par les hommes. Pour cela, l'Etat, véritable abstraction du
droit à tôt fait de justifier ses abus ou son inertie soit par le
fait qu'il est une personne morale de droit public, soit du fait de sa position
«stratégique » dans le Concert des Nations.
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