CONCLUSION :
En définitive, le droit international de
l'environnement dont la mission première est de le protéger
à la fois pour les générations actuelles et futures a fait
de progrès considérables sur le plan de l'élaboration des
normes plus ou moins contraignantes et sur le plan de la création des
instutitions chargées de la mise en oeuvre de ces règles.
Pourtant, malgré ces progrès considérables,
l'environnement mondial tel un bateau ivre, est en naufrage. Le foisonnement de
règles n'a malheureusement pas donné les résultats
escomptés. L'état actuel de l'environnement mondial confirme que
le bilan du droit international de l'environnement actuel est mitigé,
bien modeste par rapport aux attentes crées par ce droit. Le respect du
droit international de l'environnement est assez aléatoire et son impact
reste donc limité. Au stade actuel du débat sur la promotion
d'un monde écologiquement viable, la création des règles
porteuses de cet ordre écologique ne suffit pas. Car les règles
qu'il édicte pose naturellement des problèmes aux
différents protagonistes.Si la règle considérée
touche à des intérêts jugés importants par les pays
industrialisés, il est vraisemblable que ceux-ci chercheront à
s'opposer à son exécution et iront jusqu'à lui denier
toute valeur. Tel n'est pas le cas si la règle considérée
en appelle essentiellement aux efforts des pays en voie de
développement. Le degré d'implication des pays
industrialisés ou de remise en question de leurs intérêts
mesure le coefficient de valeur exécutoire qu'ils reconnaissent à
ses dispositions. Le droit international de l'environnement actuel est donc en
droit en chantier. Sa mise en oeuvre devient donc un défi pour le droit
international lui-même. La vigilance des acteurs privés et publics
est donc cruciale pour assurer l'application du droit international de
l'environnement.
Les habitants de la planète peuvent-ils
espérer un destin meilleur ? Pour la communauté
internationale, cela ne fait aucun doute. Avec l'ensemble de dispositif
législatif international en matière d'environnement, la
communauté internationale a défini les grandes lignes d'une
stratégie qui entend bien remettre la planète sur les rails, et
ce malgré plusieurs handicaps. Au niveau national tout comme au niveau
international, plusieurs obstacles freinent la mise en oeuvre de ce dispositif.
En effet, le premier constat reste que l'ordre international actuel est encore
régi par le pouvoir économique, financier et politique. En tant
outil de régulation et de modération, le droit international de
l'environnement actuel ne fait pas toujours l'unanimité car il se
traduit par la contrainte, la prohibition et autres qui butent devant les
caprices des Etats.
Selon la doctrine, le droit international de
l'environnement est victime de son succès. En effet, une bonne partie du
droit international de l'environnement relève encore de la soft Law ou
du droit mou,c'est-à-dire le droit non contraignant .Bien que ces
dispositions exercent une certaine influence, la mise en pratique de celles-ci
pose souvent de problèmes.
Aussi, la mise en oeuvre du droit international de
l'environnement même quand il s'agit de dispositions reconnues comme
contraignantes, est encore trop dépendante de la volonté des
Etats signataires ou mieux des principales autorités de ces Etats qui
tergiversent souvent quand il s'agit d'appliquer le droit. Au nom du principe
sacro-saint de la souveraineté, le droit international de
l'environnement souffre d'une difficile mise en oeuvre.
Pour le moment, il existe de bons
élèves, en particulier l'Union Européenne qui joue un
rôle considérable dans la protection de l'environnement. Face aux
tergiversations de certaines grandes puissances. Tant bien que mal, les
efforts du droit international de l'environnement pour un développement
durable s'organisent et font progressivement leurs oeuvres avec le soutien par
moment des autres règles internationales. Les résultats sont
encourageants bien qu'il faille être prudent .Avec les progrès
tangibles observées dans le processus de conservation de la
biodiversité au niveau international, on peut penser que tous les
espoirs ne sont pas perdus.
Avec l'invitation faite par le Président
américain Georges W Bush aux dirigeants de certains pays
industrialisés grands producteurs des gaz à effet de serre,
à une conférence internationale sur les changements climatiques
à Washington les 27 et 28 septembre de cette année, on peut
estimer que le combat contre le réchauffement climatique
planétaire prendra bientôt sa vitesse de croisière.
Aussi, l'engagement et le dévouement direct
de l'actuel Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban
Ki-moon, on espère que les Nations serviront de véritable
cheville ouvrière pour la mise en oeuvre du droit i international de
l'environnement en vigueur et futur.
Il n'est pas insensé de croire que les
forêts du monde entier et en particulier seront gérées
durablement. En signant une Déclaration d'intentions en 1999, puis un
Traité relatif à la conservation et à la gestion durable
des écosystèmes forestiers d'Afrique Centrale, les pays
signataires ont franchi le Rubicon, se plaçant sur la voie du
développement durable.
Cette sous-région d'Afrique servira
certainement de modèle pour le reste du monde dans le cadre de la
gestion durable des forêts. Si nous pouvons mesurer l'importance des
acquis du droit international de l'environnement sur le chemin du
développement durable, beaucoup reste à faire les consolider et
enraciner la culture du développement durable dans les
différents pays que compte la planète.
Pour le droit international de l'environnement futur,
la tache ne sera pas aussi aisée. Beaucoup de choses restent à
faire : dégager de nouveaux moyens institutionnels et financiers
pour assurer la mise en oeuvre du droit international de l'environnement en
vigueur et à créer et l'élaboration de nouvelles mesures
pour combler les lacunes du droit international de l'environnement actuel. A ce
sujet, nous avons souligné la nécessité de mettre en place
dans un bref délai un nouvel accord sur les changements climatiques en
remplacement du Protocole de Kyoto qui s'expire en 2012. Le combat ne sera pas
facile, car les rivalités entre grandes puissances persistent même
si la volonté de négocier n'est pas encore entamée. Nous
avons vu aussi que les forêts mondiales manquent encore d'un accord
mondial forestier contraignant même si certaines conventions de
portée mondiale comme les Conventions sur les changements climatiques et
la biodiversité prennent aussi en ligne de compte les aspects des
écosystèmes forestiers. A propos de cette convention mondiale
sur les forêts, nous avons aussi fait part des antagonismes entre les
pays industrialisés et les pays ayant un couvert forestier important.
Nous nous sommes aussi interrogé sur l'opportunité d'une telle
convention qui tarde à venir alors que les efforts sont en train
d'être entrepris dans les ensembles régionaux et
sous-régionaux.
De plus, la nécessité de
réexaminer le régime international de l'environnement est
à l'ordre du jour. Depuis sa création en 1973, le Programme des
Nations Unies mène de nombreuses activités en qualité de
principale instance mondiale dans le domaine de la protection de
l'environnement. Mais, dans l'avenir, pour répondre aux profonds
changements de cette époque, comme la mondialisation des
problèmes environnementaux et la conscience politique
internationalisée en ce qui concerne l'environnement et le
développement, et pour exercer le rôle modérateur dans la
gouvernance environnementale, un renforcement accru de ses pouvoirs et
fonctions deviendra nécessaire.
Par ailleurs, le Fonds monétaire
international, la Banque mondiale et l'organisation mondiale du commerce et
d'autres institutions économiques internationales qui exercent une
grande influence sur l'ajustement des structures économiques des pays en
développement, laquelle agit également sur l'environnement de
ces pays sont de véritables machines que le droit international de
l'environnement prospectif doit influencer, en les intégrant dans la
stratégie du développement durable. Le droit international de
l'environnement prospectif doit conduire ces institutions économiques
internationales à intégrer l'environnement dans tous leurs
domaines d'intervention afin qu'il soit désormais un critère
d'évaluation des opérations.
En outre, dans la perspective de
l'amélioration de la gouvernance mondiale environnementale, nous avons
fait part de la proposition faite par la France de créer une
Organisation mondiale de l'environnement capable de faire face à
l'hégémonie des institutions économiques internationales
comme l'organisation mondiale du commerce. Il a proposé comme nous
l'avons dit que cette future organisation devrait être forte
contrairement à l'actuel Programme des Nations Unies pour
l'environnement dépourvu de réels moyens de sa politique. Nous
avons vu quels devaient être les principales caractéristiques de
cette éventuelle organisation mondiale de l'environnement :
autorité, efficacité, et surtout démocratie de sorte
qu'elle ne doit laisser aucun Etat au bord de la route.
Pourtant au-delà du fait que plusieurs obstacles sont
à surmonter par le droit international de l'environnement pour atteindre
cet objectif, nous pouvons nous interroger sur l'opportunité de cette
organisation. Pour notre part la question primordiale est celle de savoir si la
création de cette organisation est une panacée. A cet effet, nous
pensons qu'il est préférable d'envisager plutôt la
confortation des ensembles régionaux comme c'est le cas pour l'Union
européenne.
Qui est véritable modèle d'intégration
politique dans divers domaines y compris dans le domaine de l'environnement
où plusieurs efforts ont été faits les Etats membres de la
Communauté. Le droit international de l'environnement doit au contraire
encourager ces unions régionales ou régionales avant d'envisager
la création d'une grande organisation mondiale de l'environnement aux
ambitions démesurées. Car si une telle possibilité n'a pas
été donnée à l'ONU doit-on espérer qu'elle
sera accordée à une autre organisation ?
Le financement est essentiel. Mais le
renforcement des capacités l'est davantage. C'est dire que les
réformes institutionnelles, l'amélioration des systèmes de
financement et le renforcement des capacités des Etats
détermineront la mise oeuvre du droit international de l'environnement.
Ces objectifs constituent de ce point de vue de véritables challenges
mais aussi un casse-tête pour le droit international de l'environnement
prospectif.
Cela ne se fera pas sans les opérateurs privés,
les ONG, les communautés locales, encore moins les bailleurs de fonds
internationaux, qui participent activement à la multitude de projets
actuellement en cours dans le domaine environnemental .De tous ces acteurs, les
gouvernements restent de loin les plus importants. La maîtrise globale
des politiques environnementales leur appartient. Une bonne gouvernance est
essentielle pour préserver l'environnement. Quand sonnera l'heure des
comptes,l'absence de volonté politique ou l'amateurisme de certains
d'entre eux risquent en effet, de peser de tout leur poids pour expliquer que
les engagements pris dans le cadre du droit international de l'environnement
n'ont pas été honorés. Car, c'est moins la
souveraineté que son pouvoir d'exécution que l'Etat fait ou non
intervenir. Le droit international de l'environnement appelle une action des
Etats pour sa mise en application et si cette mise en oeuvre fait
défaut, il s'agit d'un problème politique. Si la sanction
n'intervient pas, c'est un problème politique, que le droit
international de l'environnement ne parvient pas pour l'instant à
régler dans l'étape actuelle de son développement. La
prise en compte par les gouvernants des intérêts des
générations actuelles et futures doit partir du bas vers le
haut.
C'est pourquoi, une attention
particulière doit être portée à la mise en place des
organisations de masse au niveau local, national, sous-régional,
régional et international afin de pousser les gouvernements à
changer de comportements. Car la position du gouvernement américain de
refuser de ratifier le Protocole de Kyoto n'est pas forcement celle de tous les
citoyens américains. Ces derniers peuvent faire pression sur les
autorités américaines afin que ces dernières adoptent un
autre comportement au lieu de continuer à servir les seuls
intérêts des multinationales réputés grands
pollueurs. Dans chaque Etat, quelque soit l'échelon, les voix doivent
continuer de se lever pour pousser progressivement les gouvernants à la
raison. C'est le défi qui attend chaque citoyen du monde face aux
gouvernants .C'est l'une des voies royales vers la mise en oeuvre
effective du droit international de l'environnement. C'est le défi du
citoyen du 21e siècle. Par ailleurs, le financement pour la
mise en oeuvre du droit international de l'environnement doit être
considérée comme le financement au développement.Car
environnement et développement sont indissociables .La pauvreté
,sinon la précarité ne riment pas avec l'objectif de la
protection de l'environnement .Certes, la coopération internationale
à l'échelon universel est la voie par excellence pour financer le
développement durable, chaque bloc sous-régional ou
régional doit d'abord compter sur lui-même. Les Fonds pour
l'environnement doivent d'abord être nourris par les blocs ou les
ensembles régionaux eux-mêmes .Des possibilités de
financements alternatifs existent. Il suffira d'un peu d'imagination .Surtout
les pays en voie de développement doivent sortir de la mentalité
d'assistanat vers une responsabilité plus accrue.
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