Conclusion
Les réformes ont passé à coté des
objectifs initiaux et ont eu des conséquences considérables.
Elles n'ont pas aidé le pays à restructurer leurs
économies, la croissance est restée faible et non durable, la
balance commerciale négative, les investissements ont reculé, la
pauvreté a augmenté. Il n'y a pas eu
de bilan favorable en faveur des accords FAS/FASR
appliqués. A l'instar des autres pays, « les programmes
d'ajustements financés par la FASR n'ont pas produit une croissance
durable suffisante pour réduire de manière durable la
pauvreté »71.
Dans la mesure que les autorités haïtiennes ont
mis en place, en-dehors de certains manquements, les principales directives des
acteurs multilatérales et bilatérales en terme de politiques
économiques, on a observé que les réformes n'ont pas
été efficaces en Haïti. La manière dont les
mesures ont été appliquées révèle que les
réformes ont manqué de cohérence. Elles ont fortement
contribué à éroder
les bases productives du pays, maintenant en place les
rigidités structurelles. A l'instar d'autres économies en
développement, les réformes proposées n'ont pas
suffisamment tenu compte des problèmes structurels, de la
pénurie d'entrepreneurs nationaux, et de la fragilité des
institutions du marché, qui limitent la réponse positive aux
incitations. L'une de ses principales conséquences a été
de maintenir la répression économique, voire de la
consolider, engagée à l'encontre des paysans producteurs.
La manière dont les réformes ont
été appliquées témoignent d'une certaine fantaisie
et d'un manque d'inspiration. Elles l'ont été durant des
moments délicats, de forte instabilité socio-politique et
de pressions émanant de secteurs interne et externe qui ont
joué aussi en leur défaveur. Toutefois, les
différentes mesures adoptées dans les domaines comme
l'agriculture, le commerce, le financement, les entreprises publiques, la
privatisation se sont révélés en soi incapables de
promouvoir la croissance économiques et de réduire la
pauvreté. En plus, ces programmes d'ajustement se sont substitués
aux stratégies de développement nécessaires pour
sortir le pays de la situation de crise économique. Substitution
rendue possible par l'absence d'une « vision nationale » selon le mot
du PNUD dans son rapport sur la situation économique d'Haïti.
71 CNUCED, Les pays les moins
avancés. Rapport 2002. Nations Unies, New York,
Genève, 2002, p. 235.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
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