b) Insécurité alimentaire
Haïti affiche l'un des indices globaux de
sécurité alimentaire (IGSAM) le plus faible du monde (28,60
en 1993). Les récentes estimations de la CNSA indiquent
que près de la moitié de la population serait
en situation d'insécurité alimentaire. Ainsi,
il n'y a pas eu de retournement des niveaux de vie de la population.
L'économie nationale est remodelée et la production pour le
marché intérieur est détruite. Les revenus ont
significativement reculé et les prix des produits de premières
nécessités ont renchéri. Les populations à
faibles revenus sont les premières victimes de cette hausse des
prix. En dépit d'éventuelle amélioration de l'offre
alimentaire globale, l'accès à ces disponibilités demeure
dans une certaine mesure très problématique, aussi bien pour les
catégories vivant en milieu rural que urbain.
Tableau 2.5 : Evolution comparative de la
productivité agricole dans la région
Valeur ajoutée agricole par travailleur agricole
en dollar de 1995
|
1988-1990
|
1998-2000
|
Haïti
|
430
|
334
|
Honduras
|
855
|
979
|
Bolivie
|
956
|
1039
|
Jamaïque
|
1027
|
1559
|
Nicaragua
|
1251
|
1813
|
République dominicaine
|
2010
|
2769
|
Source : Banque mondiale, Rapport du développement
dans le monde 2003
de production locaux. L'agriculteur se verrait dans
l'obligation de tourner vers la caféiculture, la floriculture et
les produits maraîchers,
parallèlement, le consommateur se procurera d'aliments
à de meilleurs prix.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
40
c) Appauvrissement de la population
Reprenant un document de la Banque mondiale
daté de 1985, ``Haïti :Comment stimuler la
croissance'', Dewind et Kinley63 ont noté que
l'Etat haïtien sur demande de cette institution a
été contraint de réduire considérablement les
services sociaux déjà précaires dans le but de consacrer
le maximum de ressources au profit d'un développement économique
axé sur l'exportation : « On devrait soutenir énergiquement
des projets privés ayant des taux de rentabilité
économique élevés en mettant relativement moins l'accent
sur les dépenses publiques consacrées aux secteurs sociaux. Les
dépenses publiques de développement devraient se concentrer sur
une aide à l'expression de la production dans
les domaines et les secteurs les plus prometteurs.
Dans l'immédiat, il convient d'accorder moins d'importance aux
objectifs sociaux qui causent une augmentation de la consommation,
étant donné qu'il est urgent de libérer une part
importante de l'accroissement du PIB pour l'exportation ». Les
résultats n'ont pas tardé : « Les mesures de
libéralisation ont amplifié les inégalités de
revenus entre
les secteurs urbain et rural en pénalisant
beaucoup plus directement les détenteurs des revenus agricoles.
La qualité de vie et les services sociaux ne se sont pas
améliorés. »64 « Le programme
d'ajustement structurel imposé à ce pays [-Haïti-] constitue
un remède douloureux et n'a pas apporté
les résultats escomptés. La pauvreté et
les différents maux sociaux (chômage, malnutrition chronique,
équipements insuffisants, analphabétisme et absence de soin de
santé, etc.) continuent de toucher [la grande majorité] des
haïtiens »65 et cette pauvreté ne fait pas
exception ni de milieu ni de catégories socioéconomiques. Au
phénomène de Boat People s'est joint celui du Plane People pour
les classes moyennes.
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