3 LA MISE EN OEUVRE DES REFORMES ECONOMIQUES
a) Objectifs et contenu
Sous l'impulsion du FMI, de la Banque mondiale et de
l'USAID, un programme de réformes économiques d'inspiration
néolibérale est adoptée dans le but d'encourager le
développement d'un véritable secteur privé, de rendre
compétitif l'économie, et de faciliter son intégration
à l'économie mondiale en particulier avec celle du grand
voisin américain. La stratégie prônée reposait
sur la doctrine du libre échangisme, donc l'ouverture
économique, qui devra stimuler le potentiel du secteur privé, de
casser les monopoles d'Etat et ceux attribués par ce dernier
à certains particuliers46, et orienter la production vers
l'exportation de manière à ce qu'elle bénéficie des
avantages comparatifs. Ces réformes structurelles s'inscrivent selon
la logique que le marché domestique haïtien est trop
exigu. A ce titre, les stratégies axées vers le marché
extérieur et les politiques commerciales ouvertes
ne peuvent qu'attirer les investisseurs étrangers et les
firmes transnationales.
Toute une série de mesures est envisagée pour
réorienter l'appareil productif du pays caractérisé par
une flotte d'entreprises étatiques composées d'industries de
substitutions à l'importation (minoterie, cimenterie,..),
d'institutions financières et de compagnies d'assurances,
d'entreprise de services
(électricité , Télécom,..). Les
mesures ont concerné l'ensemble de la politique commerciale,
les réformes tarifaires, la gestion fiscale, les dépenses
publiques, les entreprises publiques, le contrôle des prix, la lutte
contre la corruption et la contrebande, les restrictions au marché
et les incitations aux investissements. Parallèlement, il
devrait y avoir réduction des dépenses
gouvernementales, abaissement des prix et taxes sur les produits de
consommation de base, élimination graduelle des taxes sur les
produits agricoles et modification de la structure tarifaire. Pour
parvenir aux objectifs définis, l'ensemble des taxes à
l'exportation est éliminé. Au cours de l'année
1987, une structure tarifaire plus réduite est introduite et les
restrictions quantitatives sont éliminées à
l'exception de quelques produits agricoles. Les droits de douane
spécifiques sont remplacés par des droits ad valorem
et le niveau général de protection est
abaissé. Les privilèges commerciaux des entreprises
d'Etat
(environ une trentaine recensée en 1985) sont
éliminés. Certaines sont à privatiser et/ou restructurer,
d'autres sont destinées à la fermeture pour cause de
non-rentabilité.
46 Simon Fass a noté que : « In 1985,
nineteen families had a nearly exclusive right to import a variety of
consumer goods, ranging from household items to certain foods. Some of them had
a controlling share of the import of one or two items. A small numbers of
families also
had licenses to resell goods produced or imported by the public
monopolies. For example, of the 222 individuals who retails flour produced
by the government-owned flour mill, 6 individuals controlled 38
percent of total sales, 9 resold 12 percent, and 17 held 16 percent of the
retail sales.[...] the additive effect of restrictions on export, import, and
certain kinds of domestic trade was to create and sustain substantial
wealth and power among very few families, perhaps numbering,
between 100 and 200, and lower but nonetheless important levels of wealth and
local power among few thousand.» Simon M. FASS, Political
Economy in Haiti : The Drama of Survival. New Brunswick, N.J. :
Transaction Books, 1988, pp. 30-32.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
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