b) Fondements et caractéristiques
La plupart des pays en développement se sont
engagés dans de vastes programmes d'investissements
et de dépenses à un moment où la conjoncture
internationale connaissait des retournements imprévus
et défavorables. « L'augmentation des prix du
pétrole et des importations, accompagnée d'une chute des prix
des matières premières et d'une hausse spectaculaire
des taux d'intérêt, a créé des
déséquilibres insoutenables des balances des paiements induisant
une envolée de la dette »41. A l'instar
des pays homologues, les effets de cette conjoncture, notamment
sur les pays pauvres importateurs de
produits pétroliers et exportateurs de
matières premières, ont été
considérables. Le processus de
40 Tout change en 1982 : la politique
monétaire restrictive conduite par le nouveau Président de la
Réserve fédérale américaine, Paul Vocker, rend les
taux d'intérêt de nouveau positifs en terme réels, les
perspective de désinflation dépriment les cours mondiaux des
produits de base ;
les investissements qui devaient être rentables se
révèlent être dépourvus de perspectives de
rendement dans ce nouvel environnement
...Patrick LENAIN, Le FMI, Paris, la découverte,
3ème édition, 2002, p. 31.
41 DURUFLE Gilles, L'Ajustement structurel en
Afrique, Karthala, Paris, 1988, p. 13.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
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transformations économiques et de mutations
entamé durant les décennies de développement s'est
retrouvé compromis et les goulots d'étranglement se sont
multipliés. Ce qui a valu les programmes d'ajustements structurels
élaborés pour permettre aux pays en développement de faire
face à la crise économique et financière qui
sévissait sur le plan international. Ces réformes conçues
essentiellement
en vue de répondre aux difficultés de
solvabilité des pays, ont été élargies
à l'ensemble des pays pauvres bénéficiant de l'aide
financière internationale. Par ces programmes on entend
rétablir la balance extérieure courante et un niveau de
dépenses viables de façon à réduire les
baisses de production à court terme et à préserver
la capacité de l'économie de ces pays à poursuivre
leur croissance pour assurer le remboursement des emprunts
contractés.42 Il s'agit de renouer avec la croissance
économique et de rétablir les dynamiques de développement
mis à mal par l'ensemble des interventions des décennies
antérieures. Les contraintes à surmonter, multiples et
variées, relèvent à la fois de facteurs
endogènes et exogènes. Ceux le plus souvent mis en avant
par les institutions de Bretton Woods sont : des monnaies
surévaluées, des dépenses publiques massives, une
politique commerciale introvertie, l'instabilité politique, la
baisse des termes de l'échange, la baisse des transferts, la
mauvaise utilisation des prêts couplés à la tendance
à défavoriser l'agriculture, la complexité de l'action
des pouvoirs publics, l'état des infrastructures, la
dégradation générale de la gestion des affaires
publiques.
Ces programmes tablent sur des mesures de régulation
conjoncturelle et de reformes structurelles en vue de réallouer les
ressources vers les secteurs productifs et de permettre une plus
grande compétitivité des économies nationales. Ils
réclament l'adoption, en deux volets complémentaires -
stabilisation et ajustement économique - d'une série de
mesures qui concernent les rééquilibres financiers internes
et externes, la dévaluation, la libéralisation des prix,
l'austérité fiscale, la réformes des structures,
l'établissement de nouveaux modes de gestion et de nouvelles
règles.
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