CHAPITRE II : REPONSES DES INSTITUTIONS
INTERNATIONALES
& ECHEC
« Decades of economic development [in
Haiti] have proven that it is not poverty but dependance which has
destroyed the capacity of societies to provide an improving standard of
living for the masses of the population. »
Kari POLANYI-LEVITT, ``Haiti's National Income : Another
View'',
Sunday Express, 30 June 1991
Pour comprendre la situation actuelle, il y a lieu de passer
en revue les politiques anti-crises qui ont été initiées
dans le pays, en particulier celles liées à la dimension
économique. Dans la perspective des Institutions internationales, en
se lançant dans l'ajustement structurel, Haïti entamait la
première étape, cruciale, d'une évolution qui devrait
créer des conditions économiques favorisant une croissance et un
développement durables. En fait, cette crise financière a
contribué à accentuer considérablement les
déséquilibres qui prirent naissance dix ans plus tôt dont
l'impact le plus visible a été la dégradation du niveau
de vie des haïtiens particulièrement des couches
populaires urbaines et rurales. Ses conséquences seront
considérables et mettront à nu la fragilité du
modèle économique adopté durant la décennie
antérieure. La crise s'est ensuite diffusée à toutes les
sphères du pays avec pour toile de fond des déséquilibres
structurels, alimentée par une instabilité socio-politique
récurrente et continuelle.
1 LES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL :
a) Contexte d'élaboration dans les Pays en
développement
Durant la seconde moitié de la décennie
soixante-dix, un changement radical s'est produit dans la pensée
économique sur le développement. Ce nouveau
paradigme d'inspiration néo-classique fortement teinté de
monétarisme a pris un rôle déterminant sinon dominant dans
les débats théoriques et/ou politiques sur le
développement et la coopération internationale. Un changement est
intervenu à
un moment où les pays en développement subissaient
de plein fouet les effets de la crise économique
et financière internationale et, où la
pensée du développement se trouvait en pleine crise suite
au constat de l'épuisement du modèle de développement
axé sur les interventions de l'Etat. « L'impact de
ce changement est très important sur les politiques
économiques mises en place dans le monde industrialisé
mais constitue un véritable bouleversement pour un grand nombre de pays
du Sud »39.
39 AZOULAY Gérard, Les théories
du développement. Du rattrapage des retards à l'explosion
des inégalités, Presses Universitaires de
Rennes, 2002, p. 209.
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Crises, réformes économiques et pauvreté
en Haïti
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Basé sur ce modèle, les pays « en retard de
développement » se sont considérablement endettés
pour mettre en place de grands projets d'investissements - qui
s'avèreront non rentables - sans toutefois arriver à atteindre
ni la croissance souhaitée ni à satisfaire les besoins
essentiels de leurs populations. Jusqu'à l'éclatement de
la crise, ces pays ont bénéficié
d'entrées massives de capitaux, particulièrement des
prêts bancaires à des taux avantageux - surtout dans le cadre du
recyclage des pétrodollars, et de l'accroissement régulier des
prix des produits de base sur les marchés mondiaux. La situation s'est
estompée lorsque l'économie mondiale s'est retrouvée tout
au début des années 80 dans une grande récession qui sera
lourde de conséquences pour les pays débiteurs, en ce qui
concerne leur capacité à s'acquitter des lourds
emprunts contractés. Au retournement de la conjoncture
internationale, simultanément les prix des produits primaires ont
chuté et les taux d'intérêts ont augmenté. Ces
pays ont alors connu de très forts déficits de leurs balances des
paiements courants et n'ont pu les compenser suffisamment par un
accroissement de leur endettement auprès du système
bancaire international.40
Ceci mettra à nu leur vulnérabilité et
leur incapacité, d'ordre structurel, à réagir au climat
international défavorable et à assurer le service de leurs
dettes. Aussi est-il devenu de plus en plus difficile pour ces pays de
trouver le financement nécessaire pour s'acquitter de leurs
dettes et poursuivre les investissements dans un contexte
national marqué par la faible diversification des secteurs
d'exportation, la stagnation de l'agriculture, la détérioration
des infrastructure matérielles, la difficulté d'attirer de
nouveaux investissements, l'insuffisance au niveau des secteurs de santé
et de l'éducation.
les institutions de Bretton Woods ont été
appelées pour préconiser des solutions financières
et économiques permettant au pays en développement de
sortir de cette crise. Les réformes initiées s'inscrivent
dans cette perspective qui visent à contrer la stagnation et la
régression de ces économies
en favorisant la croissance et terminer avec le modèle
d'inspiration keynésienne.
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