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L'analyse de l'Etat et de l'Etat démocratique dans la Philosophie politique d'Eric Weilpar Davy Dossou Faculté de philosophie saint Pierre Canisius - Bachelier en philosophie 2006 |
II.2 - Etat démocratique : Etat né ex nihilo ou rejeton des vieilles autocraties ?Se demander si l'Etat démocratique est un Etat né ex nihilo revient à dire qu'il est né de rien. En d'autres termes, l'Etat démocratique serait un Etat provenant de génération spontané, c'est-à-dire ne portant pas en lui les traces ou les germes d'un système ou d'une organisation politique qui l'aurait précédé. Comme le souligne Eric Weil, l'Etat constitutionnel, que je qualifie de démocratique, est « le résultat d'une révolution ou d'une lutte, d'un refus de gouvernement autocratique »29(*) . Les démocraties modernes sont nées d'un refus : celui de l'arbitraire, du pouvoir despotique, de la dépendance envers les caprices ou les volontés obscures des puissances en place. Il y'a bien en effet à la racine de la démocratie, une méfiance du pouvoir de l'homme sur l'homme, une tentative de limiter celui-ci le plus possible, et peut-être même de rêver de sa suppression. Cette méfiance de l'arbitraire dont tout pouvoir est virtuellement porteur va de pair avec une volonté positive de le contrôler soit par des mécanismes institutionnels divers et équilibrés, soit par le désir explicite que les citoyens puissent juger par eux-mêmes de l'exercice de ce ou de ces pouvoirs. Il s'agit donc d'exiger du ou des pouvoirs qu'ils rendent compte de leurs actes, et qu'ils en rendent compte finalement à l'appréciation des citoyens, à leur jugement, par exemple à leurs suffrages. L'avènement de l'Etat démocratique est la conséquence de l'évolution économique d'une communauté qui, à un moment donné, déterminé non exclusivement mais nécessairement, ne reconnaît pas le gouvernement existant, fondé sur la violence et héritier de celle-ci. Cette communauté veut décider de son propre sort par elle-même, selon la raison, selon les nécessités rationnelles, selon le bon vieux droit antérieur à ce qui maintenant est qualifié d'oppression. Ces analyses nous amènent à soutenir que l'Etat démocratique n'est pas un Etat né ex nihilo. Il a son origine dans une autocratie qui s'est modifiée, soit par la voie du réformisme politique, soit par le biais d'une révolution. Ceci étant, l'Etat démocratique garde de quelque manière les traits de l'autocratie dont il provient. D'où, il est possible que le nouveau gouvernement soit de même structure que le précédent, autocratique, mais disposant de la confiance de cette partie des citoyens qui a déclenché la révolution contre le gouvernement antérieur. Le nouveau gouvernement sera alors, pour employer des termes courants, responsable devant le peuple : il n'aura pas seulement la confiance de celui-ci, mais sera soumis à son contrôle 30(*) * 29 Idem, p.158 * 30 Idem, p.159 |
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