4.1.3 Améliorer
l'environnement économique et juridique des médias
Dans les pays du Nord comme au Sud, la pérennité
des entreprises de presse est, dans la majorité des cas, redevable aux
grands groupes industriels et à la publicité. Or, c'est une
lapalissade que d'affirmer que le but de la publicité est de susciter la
grande consommation ou ce que les anglophones appellent
« l'overconsuming ». Il s'agit d'un comportement
non soutenable qui est à l'antipode de ce que devrait préconiser
les journalistes du secteur de l'environnement. Et pour s'affranchir de ces
conflits d'intérêt, l'État pourrait être
appelé à la rescousse. Mais qu'on ne s'y méprenne point,
la presse est jalouse de sa liberté et les interventions de
l'État ne peuvent être que de nature ponctuelle. Aussi,
proposons-nous des actions suivantes :
Ø Mise en place d'une législation pour mettre un
frein ou limiter les effets pervers de la concentration de la presse aux mains
de grands groupes industriels.
Ø Élaboration d'une fiscalité propre aux
médias pouvant leur offrir les conditions d'une meilleure
viabilité économique et d'une plus grande indépendance
vis-à-vis du marché publicitaire des entreprises.
Ø Constitution et édition d'une base de
données, fiables et régulièrement mises à jour, des
acteurs de l'environnement par pays.
4.2 Engagement
professionnel
4.2.1 De la proximité
à la globalité
L'un des principes cardinaux dans la définition d'une
nouvelle digne d'intérêt pour la presse est le critère de
proximité. Ainsi, les problèmes environnementaux locaux devraient
avoir les faveurs de la presse locale. Encore que dans ce registre, il y a des
problématiques environnementales qui sont récurrentes (comme la
préservation de la nature, les changements climatiques, les choix
énergétiques, la pollution de l'air ou autres problèmes
urbains) au détriment de problématiques nouvelles ou paraissant
peut-être trop techniques (comme celles liées aux biotechnologies
ou aux déchets industriels). C'est également le cas des
thématiques encore mal perçues (comme les dommages liés au
tourisme, la pollution des eaux souterraines ou l'utilisation de
pesticides).
Et si l'on doit se réjouir de cet «agir
local», la presse devrait aussi se soucier du «penser global» en
mettant souvent en exergue les liens, les relations et la transversalité
des problèmes environnementaux dans un contexte universel. Dans le
domaine agricole, par exemple, l'importation et la commercialisation dans les
pays du Sud des pesticides déjà prohibés au Nord devraient
être des sujets de grande préoccupation pour les médias.
Comparativement aux pays industrialisés, l'agriculture en Afrique
utilise peu de pesticides et même si elle doit s'y mettre, elle a
l'obligation de ne pas reproduire les mêmes erreurs que l'occident. Et la
presse peut y contribuer efficacement par la publication d'expériences
connues, d'enquêtes et d'analyses plus approfondies.
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