4.2.2 Parler d'environnement
sans l'évoquer
La seule évocation du mot «environnement»
provoque chez certains rédacteurs en chef le sentiment du
«déjà entendu». Le sujet n'est plus «nouveau»
aux yeux des médias. Beaucoup ont l'impression qu'ils ont suffisamment
fait le tour de la question et qu'il faille privilégier d'autres
nouvelles en attendant des accidents écologiques ou catastrophes
naturelles. Et puis avec le concept du développement durable que
certains qualifient de concept «fourre-tout», tous les secteurs
d'activité proclament publiquement que l'environnement est une question
primordiale et se disent prêts à l'intégrer dans leur
processus de production. Certes, ce qu'on attend des journalistes, quel que
soit leur domaine de spécialisation, c'est qu'ils ne se contentent pas
de ces déclarations d'intention. Ils doivent normalement aller
au-delà et faire preuve d'entregent car selon la formule
consacrée, n'aura du succès dans les médias que ce qui est
nouveau, véridique et intéressant. Et comme le recommande Lamb
(1997), il s'agit d'appliquer son imagination et sa créativité
à faire comprendre ce qu'est le développement durable, tout en
s'arrangeant pour ne jamais prononcer ces deux mots.
L'importance et l'intérêt des questions
environnementales doivent se mesurer également à l'aune des
genres journalistiques utilisés. Ainsi, les sujets environnementaux ne
seront plus confinés et traités avec des genres journalistiques
qualifiés de moins «nobles». Ce faisant, le journalisme
environnemental pourra être aussi bien un journalisme d'information que
d'opinion. En fait, le journalisme environnemental devrait évoluer en
changeant de paradigme en ne se limitant plus à une simple transmission
d'informations sur les évènements qui tombent dans l'oubli
dès qu'ils ne sont plus d'actualité.
4.2.3 Parler des
problèmes sans oublier les solutions
C'est connu, la presse ne s'occupe pas des trains qui arrivent
à l'heure. Et dans les secteurs de l'environnement, cette attitude
habituelle de la presse a conduit le public à être plus
informé des problèmes que des solutions. Ce faisant, les
médias contribuent souvent à entretenir la peur des crises
environnementales et un sentiment de fatalisme ou d'impuissance devant les
grands enjeux planétaires. Or, ce qu'on attend de la presse, c'est
qu'elle aille au-delà de ce goût prononcé pour les
catastrophes et accidents écologiques et qu'elle s'investisse aussi dans
la vulgarisation des solutions innovantes ou existantes pour éviter le
pire. Ainsi, des «coup de projecteurs» ou des zooms sur de petites
expériences réussies de bonnes pratiques environnementales
peuvent convaincre davantage les gens à comprendre que des solutions
existent et passent par l'addition des actions individuelles de chacun.
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