Chapitre 4 : Vers un
«traitement durable» de l'information environnementale
Dans ce dernier chapitre, nous essayerons de voir après
le portrait sommaire de la pratique du journalisme environnemental aussi bien
à Montréal (Québec) qu'à Cotonou (Bénin),
des pistes susceptibles d'être exploitées pour un meilleur
traitement de l'information environnementale dans la presse francophone. En
fait, il s'agit d'aller au-delà de l'intérêt cyclique et de
la couverture empirique que les médias font des questions
environnementales. Les actions envisagées se feront à plusieurs
niveaux.
4.1 Renforcement institutionnel
ou réformes institutionnelles
4.1.1 L'éducation
à l'environnement
L'introduction de l'éducation à l'environnement
dès le bas âge aura le bénéfice d'avoir un adulte
qui ne soit plus, a priori, un néophyte en ce qui concerne les enjeux
environnementaux majeurs. D'ailleurs, beaucoup de pays l'ont compris et se sont
engagés dans cette voie. L'objectif est moins d'apporter de nouvelles
connaissances à travers une nouvelle discipline que de développer
des méthodes d'approche intégrant chacune des disciplines
déjà enseignées. Il s'agira, dans certains cas,
d'introduire des réformes ou, dans d'autres, d'effectuer un renforcement
institutionnel dans les systèmes éducatifs ou encore des
réajustements dans les contenus d'enseignement. Cela est d'autant plus
vrai que les médias constituent l'un des acteurs de l'éducation
à l'environnement. Dans le contexte de l'éducation formelle, les
journaux (la presse écrite) constituent une ressource pédagogique
d'une grande richesse et facilement accessible. Or, de la qualité et de
l'abondance de cette ressource pédagogique dépendent
l'intérêt et l'importance des questions environnementales dans la
presse.
4.1.2 Vers plus de
spécialisation des journalistes
Tout journaliste sorti d'une structure de formation devrait
avoir un «background» lui permettant de comprendre et
d'intégrer dans son travail quotidien les questions environnementales.
Ainsi, des situations cocasses comme des journalistes «non aguerris»
demandant à leurs interlocuteurs les questions auxquelles ces derniers
souhaiteraient répondre pourront être évitées.
Mais cette connaissance générale de
l'environnement préconisée pour tout journaliste ne doit, en
aucune manière, remplacer l'apport, l'éclairage et l'expertise
des journalistes spécialisés dans les secteurs de l'environnement
au sein des rédactions. Ces derniers comprennent mieux les grands enjeux
environnementaux et vont au-delà de la simple transmission de nouvelles.
En effet, les écoles et centres de formation des journalistes devront
proposer des programmes de spécialisation en environnement. En Afrique
occidentale par exemple, ce n'est qu'en 1998 que le Centre d'études des
sciences et techniques de l'information (le CESTI basé à Dakar) a
introduit un programme de spécialisation en environnement dans la
formation de ses journalistes. Des formations à la carte peuvent
être organisées, au besoin, dans des domaines précis.
Loin de s'exclure, ces deux approches (connaissance
générale des journalistes en environnement et
spécialisation pointue) sont complémentaires et sont toutes deux
nécessaires pour le «traitement durable» que nous proposons
dans la couverture de l'information environnementale par la presse.
A ce propos, la décennie internationale (2005 - 2015)
pour l'éducation en vue du développement durable lancée
par les Nations Unies et mise en oeuvre par l'UNESCO apparaît comme une
opportunité qui pourrait bien améliorer la prise en compte des
questions environnementales dans la presse.
|