3.3 La crise de la presse
écrite
Sous cette expression de «crise de la presse
écrite» se cache tout un faisceau de causes. Mais nous ne
retiendrons ici que les raisons les plus fréquemment invoquées.
Avec l'avènement de la radio puis de la
télévision, beaucoup ont annoncé la mort programmée
de la presse écrite. Cette dernière, même si elle a
survécu dans le temps, continue de souffrir de la concurrence des
médias audiovisuels. Outre les médias audiovisuels, plusieurs
activités contemporaines (divertissement et loisirs) ont aussi
contribué à l'érosion des habitudes de lecture. Ainsi, de
plus en plus, la soif d'informations est étanchée par d'autres
canaux que la presse écrite. Et à ce propos, Ramonet
écrit :
Vouloir s'informer sans effort est une illusion qui
relève du mythe publicitaire plutôt que la mobilisation civique.
S'informer fatigue, et c'est à ce prix que le citoyen acquiert le droit
de participer intelligemment à la vie démocratique (Ramonet,
1993, p.28).
L'offensive de la presse gratuite (Métro et
24 Heures à Montréal et dans les grandes villes
occidentales) et de la presse électronique contribue également
à fragiliser la presse écrite et à la stagnation de sa
diffusion. Ces raisons combinées à plusieurs autres finissent par
rendre précaire la santé financière des entreprises de
presse.
3.4 La presse, otage des
annonceurs
En règle générale, un journal est vendu
deux fois : aux lecteurs et aux annonceurs. En effet, le prix de vente
d'un quotidien aux lecteurs est souvent inférieur à son prix de
revient réel. Et c'est la publicité qui vient, dans la
majorité des cas, combler le déficit. Les annonceurs, par le
biais de la publicité, subventionnent donc les lecteurs des journaux et
sont de plus en plus indispensables à la survie des entreprises de
presse. Et de ce fait, la publicité se révèle parfois une
arme économique ou un moyen de persuasion jusqu'à influer sur la
ligne éditoriale d'une publication. Cette répartition des
ressources issues de la publicité et des ventes varie d'un continent
à un autre : elle est en moyenne de 45/55 pour la presse grand
public en France, de 70/30 aux États-unis (Guérin et Pouthier,
1993) et 80/20 au Bénin (Adjovi, 2001). Mais l'achat d'espaces
publicitaires dans un journal dépend, avant tout, de son audience et de
l'étendue de sa diffusion.
Au-delà de toutes ces considérations, il faut
ajouter que chaque annonceur est libre de faire de la publicité dans les
quotidiens de son choix. Encore que l'âge d'or de la publicité
relève désormais du passé puisque la publicité est
en baisse surtout pour la presse écrite. Cette dernière ne doit
généralement sa survie qu'au phénomène de
concentration des médias ou du rachat par des grands groupes financiers
ayant des intérêts dans plusieurs secteurs d'activité.
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