Intérêt et importance des questions environnementales dans la presse francophone : éléments d'analyse à partir d'une étude de cas des quotidiens montréalais Le Devoir, La Presse et Le Journal de Montréalpar Henri Assogba Université Senghor d'Alexandrie - DEA Gestion de l'environnement 2005 |
3.5 La concentration des médiasSelon le centre d'études sur les médias de l'université Laval, la propriété des quotidiens québécois en 2002 se répartit comme suit : sept titres (dont La Presse) à Gesca (Power corporation), deux titres (dont Le Journal de Montréal) à Quebecor, un à CanWest Global, un à Hollinger et finalement Le Devoir, qui demeure le seul quotidien indépendant. Et comme le montre la figure 3, les groupes Gesca et Québecor se partagent 97% du tirage francophone québécois, ce qui laisse un maigre 3 % au Devoir. Graphique 16 : Tirage des quotidiens francophones selon la propriété en 2002 Source : Centre d'études sur les médias, Université Laval, 2002 Au Québec comme ailleurs, la concentration des entreprises de presse comporte des avantages et permet d'assurer la survie de certains médias. Mais, cette collusion avec les pouvoirs économiques laisse soupçonner des conflits d'intérêts pour une pratique sans entraves du journalisme environnemental. Et selon le Conseil de presse du Québec, la concentration de la propriété de la presse québécoise est porteuse d'un certain nombre d'effets potentiellement pervers, tels que : Ø Risque d'uniformisation et de standardisation du contenu des médias d'information, au détriment de l'expression d'un large éventail d'idées et de leur libre circulation; Ø Monopolisation du marché publicitaire mettant en péril la survie d'entreprises de presse indépendantes ou de médias fragilisés; Ø Subordination de l'information aux impératifs économiques de l'entreprise, d'où risque de censure et d'autocensure; Ø Perte d'autonomie éditoriale des salles de rédaction et des rédacteurs en chefs (Conseil de presse du Québec, 2001). En France, on peut citer, à titre d'illustration, cette mise en garde de l'héritier de l'empire Dassault, propriétaire de soixante-dix journaux, lors de sa rencontre avec le bureau de la société des rédacteurs du Le Figaro, sa nouvelle acquisition : Je souhaiterais, dans la mesure du possible, que le journal mette plus en valeur nos entreprises. J'estime qu'il y a quelquefois des informations qui nécessitent beaucoup de précautions. Il en est ainsi des articles qui parlent des contrats en cours de négociation. Il y a des informations qui font plus de mal que de bien. Le risque étant de mettre en péril des intérêts commerciaux ou industriels de notre pays34(*). En effet, comment concilier, par exemple, le souci de gestion et d'utilisation rationnelle des ressources défendu par les journalistes du secteur de l'environnement et la grande consommation prônée par les multinationales à qui appartiennent les journaux ? * 34 Propos cités par Ignacio Ramonet, (2005). «Médias en crise». Le Monde diplomatique, N° 610, Janvier 2005 |
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