2) Le respect des intérêts des parties
prenantes
Concernant le respect des intérêts des
parties prenantes, notons que la responsabilisation sociale fait la une
des journaux depuis les scandales financiers des années passées.
Comme la plupart de ceux-ci se sont traduits par la chute vertigineuse de la
valeur des titres, l'attention se focalise sur la nécessité
d'accroître la responsabilisation de l'entreprise envers les
actionnaires. Des organismes tels que les bourses, les commissions des valeurs
mobilières et la profession comptable ont concentré leurs efforts
sur le rétablissement de la confiance dans le système
d'information financière, l'intégrité de l'entreprise et
les marchés boursiers. Nous assistons cependant à une mutation
à plus long terme de la responsabilisation des entreprises.
L'effondrement d'Enron, la mondialisation, la diffusion de l'information et les
enjeux écologiques pressants comme le changement climatique transforment
notre conception du rôle de l'entreprise dans la société.
Ainsi, le droit corporatif actuellement en vigueur dans la plupart des
entreprises donne priorité aux intérêts des actionnaires,
qui ne se résument pas à la maximisation des profits, et il les
protège aussi des pratiques abusives des dirigeants.
D'ailleurs, la bourse de New York a mis en place
l'indice Dow Jones axé sur la durabilité (Dow Jones
Sustainability Index), accessibles aux investisseurs et qui suit les
performances des entreprises du monde entier remplissant ses critères.
Les analyses du Dow Jones montrent que les entreprises inscrites à
l'indice axé sur la durabilité sont des chefs de file sur le plan
de la performance. Dans sa revue annuelle de l'indice pour 2000, Dow
Jones explique que la durabilité intéresse les
investisseurs, parce que c'est une stratégie d'entreprise qui
crée une valeur à long terme pour les actionnaires en saisissant
les possibilités et en gérant les risques associés aux
développements économiques, environnementaux et sociaux.
3) La prise en compte de la responsable sociale
Pour ce qui est de la prise en compte de la
responsabilité sociale des entreprises, il s'agit certes d'un champ
nouveau mais prometteur. En effet, le mouvement de responsabilité
sociale qui s'inscrit dans une tendance plus générale en faveur
du développement durable, pousse désormais les entreprises
à jouer un rôle pionnier dan le respect, mais aussi la
création et / ou à la transformation des valeurs
éthiques.
Concrètement, cela signifie que l'entreprise
est devenue, dans le domaine de l'éthique, plus attentive aux
préoccupations de ses parties prenantes, notamment de la
société civile, dont les ONG et les médias se font les
porte-voix.
Pour comprendre le lien entre la
responsabilité sociale des entreprises et la gouvernance, prenons le cas
Home Depot, une entreprise nord américaine. En 1998, le plus important
détaillant de bois d'oeuvre du monde était sur la sellette. Le
Rainforest Action Network (RAN), organisme voué à la protection
de l'environnement, accusait Home Depot de faire affaire avec des fournisseurs
dont les pratiques d'exploitation forestière détruisaient des
forêts anciennes, selon les allégations. Dans le cadre d'une
campagne fortement publicisée, RAN a qualifié Home Depot de plus
important détaillant de bois d'oeuvre provenant de forêts de
peuplement mûr du monde, et a organisé des manifestations devant
les magasins Home Depot, au siège social de la société et
lors de réunions des actionnaires.
Pour éviter de voir sa réputation
entachée, Home Depot a réagi. Dans les 10 mois qui ont suivi, le
détaillant a annoncé un plan pour éliminer progressivement
la vente de bois d'oeuvre provenant de forêts menacées. Il a
créé un poste de direction dont le titulaire est chargé
des questions environnementales et a le pouvoir d'annuler les contrats
d'exploitation forestière conclus avec des fournisseurs non respectueux
de l'environnement.
Revenons à aujourd'hui. Home Depot dispose
maintenant de systèmes qui lui permettent de retrouver l'origine de
chaque produit du bois qu'elle vend. La société s'engage
publiquement à ne pas acheter de produits du bois non certifiés
provenant de 10 régions forestières vulnérables, et de ne
pas accepter de produits faits à partir de 40 espèces d'arbres
menacées de disparition. RAN a publiquement salué les mesures
«impressionnantes» prises par Home Depot, et un article de fond paru
dans The Wall Street Journal a présenté la
société comme un modèle dans l'art de gérer les
risques découlant des exigences imposées par les groupes de
pression militants.
On pourrait multiplier les exemples en citant le cas
de Nike et Nestlé qui ont connu la même situation dans le
passé. Ainsi, on voit que les entreprises, soucieuses de soigner leur
réputation, renforcent finalement leur valeur et l'image de leurs
produits aux yeux du public en agissant de façon éthique.
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