La création de valeur dans l'entreprise: le role de la gouvernance et des leviers financierspar Mbaye Fall Diallo Université Paul Cezanne Aix Marseille 3 - Master Gestion 2001 |
C. Les limites du management par la valeur financièreMalgré ses nombreux avantages et son rôle croissant dans le système managérial le management par la valeur financière comporte des limites qui remettent parfois en cause son utilisation5(*). Ainsi, l'abandon de l'EVA par le groupe ATT montre que le MVF est un exercice stratégique difficile. En effet, en 1992, la firme adopte l'EVA et met en place un plan d'incitation concernant environ 1100000 salariés. Deux ans après, deux nouvelles mesures non financières apparaissent : la valeur ajoutée pour le client et la valeur ajoutée pour le personnel. En 1997, ce système est abandonné au profit des ratios comptables traditionnels. La mesure était trop complexe à comprendre pour la plupart des salariés, malgré un important effort de formation. Les limites des leviers financiers sont multiples. 1) Champ d'application limité et normes de performance irréalistesD'abord, leur champ d'application est limité et les normes de performances souvent irréalistes. C'est pourquoi, l'approche du MVF n'est pas bien adaptée aux activités bancaires et financières car le montant des capitaux investis est déterminé en partie par la réglementation prudentielle. De même, dans les entreprises en démarrage ( start- up ) , les flux de revenus prévisionnels sont trop incertains pour être utilisables. Enfin, la valorisation des entreprises de haute technologie n'est pas fondée sur l'optimisation des capitaux employés, mais plutôt sur la vitesse de réaction ou la capacité à imposer une innovation technologique, ou encore sur l'aptitude à gérer des options pour le développement futur, en particulier dans les technologies de l'information. De plus, les objectifs de rentabilité des capitaux propres de 15% annoncés par certains dirigeants de grandes entreprises sous la pression de leurs actionnaires institutionnels ( notamment les fonds de pension ) ne peuvent pas être toujours atteints et, surtout, maintenus dans la durée. 2) Transfert des risques de l'actionnaire vers le salariéEnsuite, le risque supporté par l'actionnaire est souvent transféré vers le salarié. L'objectif de maximisation de la valeur pour l'actionnaire implique un déplacement du partage de la valeur ajoutée au profit des actionnaires et une réduction du risque résiduel qu'ils supportent. L'importance de ce déplacement dépend du rapport de force entre actionnaires, dirigeants et salariés. Les contraintes de rentabilité internalisées par les managers peuvent les conduire à réduire d'abord les coûts salariaux et l'emploi pour diminuer le risque supporté par l'actionnaire. C'est dans ce contexte que se sont développés des ajustements de plus en plus rapides de l'emploi, une recherche accrue de flexibilité et des pratiques de rémunérations variables. * 5 Cf. Annexe 4 qui met en avant les points faibles de quelques critères. |
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