2) Les indicateurs de nature comptable
Ensuite, concernant les indicateurs de nature
comptable, notons que jusqu'au milieu des années 1980, l'entreprise
communiquait essentiellement sur le résultat net ou
bénéfice par action, paramètre éminent de la
comptabilité mais aussi éminemment sujet à manipulations.
Mais une seconde génération d'indicateurs comptables est apparue
lorsque le raisonnement est passé en terme de rentabilité,
c'est-à-dire d'efficacité, qui rapporte les résultats
dégagés aux capitaux mobilisés pour les atteindre.
Dans ce sens, on peut envisager trois indicateurs de
création de valeur : le bénéfice par action, les taux
de rentabilité comptables et les capitaux propres par action.
Le bénéfice par action ( BPA ) reste
le favori de beaucoup de financiers d'entreprise : malgré ses
limites, c'est le critère le plus utilisé aujourd'hui en raison
du lien direct qui l'unit à la valeur de l'action par le multiple du
résultat net ( PER ). L'utilisation du bénéfice par
action est cependant fondée sur trois méprises : croire que
le bénéfice par action prend en compte le coût des capitaux
et donc le risque, croire que les données comptables ont une influence
sur la valeur de l'entreprise, croire que toute décision
financière qui tend à faire croître le
bénéfice par action fait croître la valeur .
En fait, le critère de BPA ne peut être
un indicateur pertinent de création de valeur que si trois conditions
sont respectées : le risque de l'actif économique doit
être le même d'un exercice sur l'autre, ou avant et après
une opération ( fusion, augmentation de capital, investissement, ...);
le taux de croissance des résultats doit être le même avant
et après une opération donnée ; la structure
financière de l'entreprise doit être la même d'un exercice
sur l'autre, ou avant et après une opération donnée.
Si ces trois conditions sont respectées,
alors on pourra assimiler croissance du BPA et création de valeur. Par
contre, si l'une d' entre elles au moins n'est pas respectée, il n'est
absolument pas possible de comparer les BPA et de dire que la croissance
témoigne d'une création de valeur et leur baisse d'une
destruction de valeur.
Les taux de rentabilité comptables recoupent
quant à eux le taux de rentabilité des capitaux propres ( ROE ),
le taux de rentabilité économique (ROCE ) et le Cash Flow
Return on Investment ( CFROI ) qui, dans sa version simplifiée rapporte
l'excédent brut d'exploitation à l'actif économique pris
en valeur brute.
A titre de précisions, il faut souligner que
les taux de rentabilités comptables peuvent être dangereux pour le
financier de l'entreprise. Il s'agit en effet de références
comptables et en aucune manière externes : tout se passe comme si
l'entreprise était dans un système clos ! Seule la
rentabilité exigée par le système financier doit
être utilisée comme minimum requis. Malheureusement, on constate
que les investisseurs et les dirigeants d'entreprise continuent à
analyser l'impact de leurs décisions sur les critères comptables
que nous venons de voir alors même que ceux-ci n'ont qu'un lointain
rapport avec la création de valeur.
Les capitaux propres par action donnent eux une image
du patrimoine de l'actionnaire ; on pourrait donc penser qu'il existe un
coefficient reliant la valeur de l'action et les capitaux propres ( le Price to
Book Ratio, PBR ).
Précisons tout de même que si les
capitaux propres sont comptablement correctement évalués, le PBR
est inférieure à 1 si la rentabilité espérée
des capitaux propres est inférieure à la rentabilité
exigée par les actionnaires et supérieure à 1 si la
rentabilité espérée est supérieure à la
rentabilité exigée.
Il faut donc noter que l'utilisation des critères
comptables qui, en soi n'est pas malsaine, ne doit pas conduire à
croire qu'en améliorant artificiellement le critère, on
crée de la valeur ou qu'il y a un rapport constant et automatique entre
l'amélioration de ces critères et la création de
valeur.
|