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A travers l'énonciation se montre la personnalité de l'énonciateur. R.Barthes a mis en évidence le caractère essentiel de cet ethos : « Ce sont les traits de caractère que l'orateur doit montrer à l'auditoire (peu importe sa sincérité) pour faire bonne impression [...] l'orateur énonce une information et, en même temps il dit : je suis ceci, je ne suis pas cela. »192(*) . L'efficacité de cet ethos tient au fait qu'il enveloppe en quelque sorte l'énonciation sans être explicité dans l'énoncé. Même à l'écrit, la lecture fait apparaître une instance subjective qui joue le rôle du garant de ce qui est dit. On emploie le terme d'incorporation pour désigner l'action de l'ethos sur le co-énonciateur (les co-énonciateurs dans notre cas). L'énonciation amène le co-énonciateur à conférer un ethos à son garant, elle lui donne corps ; le co-énonciateur incorpore, assimile ainsi un ensemble de schèmes qui définissent pour un sujet, à travers une manière de tenir son corps, de l'habiter, une manière spécifique de s'inscrire dans le monde ; ces incorporations permettent la constitution d'un corps, de la communauté imaginaire de ceux qui communient dans l'adhésion à un même discours. Nous avons rencontré à cet effet, deux sortes de membres, ceux dont l'ethos garantit le non-dit quant à la vie privée d'Anne-Laure et ceux dont l'ethos est plus orienté vers une « politique » de mise en avant de certains critères tels que l'homosexualité de la chanteuse.
* 192 BARTHES R. « L'ancienne rhétorique » in Communications n°16, 1966