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Traumatisme vicariant et stratégies de coping chez le personnel soignant aux urgences


par Dorcas Kongo Dialusakumunu
Université de Kinshasa - Licence 2022
  

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RESUME

Cette étude portant sur le traumatisme vicariant et les stratégies de coping des personnels soignants travaillant aux urgences, a comme objectifs phares : Evaluer le traumatisme vicariant et identifier les stratégies de coping des personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete à Kinshasa.

Pour atteindre ces objectifs, nous avons utilisé la méthode d'enquête appuyée par les outils suivants : l'échelle secondary traumatic stress scale (STSS), la version française de l'échelle ways of coping checklist (WCC) et un questionnaire renseignant les données sociodémographiques. Ces outils ont été administrés auprès de 39 sujets travaillant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete. L'analyse des données récoltées a été rendu possible grâce au logiciel SPSS version 25.

Les résultats ont montré que les sujets inclus dans l'étude présentent un traumatisme vicariant léger (score moyen=37,74). Les stratégies de coping centrées sur le problème (moyenne=26,85) et celles centrées sur la recherche du soutien social (moyenne=23,62) sont les plus utilisées. A côté de ces stratégies, les personnels soignants utilisent aussi la pratique d'une activité sportive (69,2%), un sommeil suffisant de 4 à 6 heures par nuit (64,1%), une bonne alimentation de deux repas par jour (66,7%), l'hydratation avec 1litre et demi d'eau par jour (38,5%), le support social (41%). Une corrélation très significative au seuil de 5% entre le traumatisme vicariant et les stratégies de coping (r = 0,448) a été trouvée et cela justifie le niveau léger du traumatisme vicariant observé dans notre population d'étude car, les stratégies de coping mises en place ont permis une adaptation face au stress du traumatisme vicariant. Concernant les variables sociodémographiques prises en compte dans cette étude, seule l'ancienneté a influencé la mise en place des stratégies de coping (p=0,015). Le traumatisme vicariant n'a été influencé par aucune autre variable.

Le personnel soignant qui travaillent aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete sont exposés et souffrent du traumatisme vicariant léger malgré qu'ils utilisent les stratégies d'adaptation face à ce phénomène. Des études approfondies devraient être menées sur cette question afin d'étaler les connaissances scientifiques dans ce domaine. Cette étude montre également la nécessité d'engager les spécialistes en santé mentale dans les hôpitaux comme les psychologues cliniciens pour l'accompagnement émotionnel et la prise en charge psychothérapeutique des patients mais aussi des personnels soignants.

Mots clés : Traumatisme vicariant, stratégies de coping, personnels soignants

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SUMMARY

This study, which focuses on vicarious trauma and the coping strategies of healthcare workers working in emergency rooms, has the following key objectives : To assess vicarious trauma and identify the coping strategies of healthcare workers working in emergency rooms of hospitals in the Limeté health zone in Kinshasa.

To achieve these objectives, we used the survey method supported by the following tools: the secondary stress traumatic scale (STSS), the French version of the ways of coping check-list (WCC) scale and a sociodemographic questionnaire. These tools were administered to 39 subjects working in the emergency rooms of hospitals in the Limeté health zone. The analysis of the data collected was made possible using SPSS version 25 software.

The results showed that the subjects included in the study had mild vicarious trauma (mean score = 37.74). Coping strategies focused on the problem (mean = 26.85) and those focused on the search for social support (mean = 23.62) are the most used. Alongside these strategies, healthcare workers also use the practice of a sporting activity (69.2%), sufficient sleep of 4 to 6 hours per night (64,1%), a good diet of two meals per day (66, 7%), hydration with a liter and a half of water per day (38.5%), social support (41%). A very significant correlation at the 5% threshold between vicarious trauma and coping strategies (r = 0.448) was found and this justifies the mild level of vicarious trauma observed in our study population because, the coping strategies implemented place allowed adaptation to the stress of vicarious trauma Regarding the sociodemographic variables taken into account in this study, only seniority influenced the implementation of coping strategies (p = 0.015). Vicarious trauma was not influenced by any other variable.

Nursing staff who work in the emergency rooms of hospitals in the Limete health zone are exposed to and suffer from mild vicarious trauma despite using coping strategies to deal with this phenomenon. In-depth studies should be carried out on this issue in order to spread scientific knowledge. This study also shows the need to hire mental health specialists in hospitals such as clinical psychologists for the support and psychotherapeutic care of patients but also of nursing staff.

Keywords : Vicarious trauma, coping strategies, healthcare workers.

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0. INTRODUCTION

La vie humaine est constituée de plusieurs événements heureux et malheureux. Ainsi, l'être humain se trouve souvent confronté, indépendamment de sa volonté, à des situations désastreuses, comme des accidents, maladies, guerres, inondations, etc., qui le mettent parfois en état d'impuissance, en lui laissant des dégâts physiques, et/ou psychologiques, surtout lorsque ces événements sont appréhendés comme catastrophiques.

Une fois victime de ces évènements, l'être humain se trouve dans un état de choc émotionnel qu'il convient d'appeler selon Lebigot (2009) traumatisme psychique. Ce traumatisme intervient le plus souvent dans des situations où une personne ou un groupe de personnes perçoit sa vie en danger avec l'incapacité de la contrôler. C'est pourquoi, subir un traumatisme est une condition qui nécessite un accompagnement par des spécialistes de manière régulière et efficace. Ces spécialistes sont des personnes ayant des compétences en la matière à l'instar du personnel soignant et autres (les pompiers, les policiers, etc. ...).

Etre personnel soignant efficace exige plusieurs qualités, entre autres l'empathie, qui est cette capacité de comprendre, ressentir les sentiments ou se mettre à la place des autres personnes (Larousse, 1856). Le personnel soignant, surtout celui qui travaille aux urgences, se met dans son quotidien à la place de ses patients et essaie de comprendre leur vécu traumatique pour mieux les aider et/ou soigner.

Bien qu'il apporte les soins et soutien aux patients, le personnel soignant est aussi exposé de façon indirecte aux traumatismes de ses patients. La compassion et/ou l'empathie qui lui permet d'être touché par la souffrance de l'autre, peut provoquer un épuisement professionnel susceptible de l'exposer au processus du traumatisme secondaire caractérisé par l'apparition des symptômes liés au contact permanant aux évènements traumatiques (Laure et al. 2020).

Le risque que court le personnel soignant de développer un traumatisme vicariant a retenu notre attention et nous a ainsi poussés à orienter notre réflexion autour de ce traumatisme auprès du personnel soignant.

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0.1. Problématique

Pour son équilibre socio-économique, l'homme est appelé à exercer au moins une activité rémunératrice, qui souvent exige de lui des compétences et qualités nécessaires pour son exercice. C'est ainsi que certains métiers nécessitent de l'effort physique, et d'autres demandent des aptitudes intellectuelles, morales et/ou psychologiques.

De cette dernière catégorie, il y a des personnes pour qui la profession est d'accompagner les survivants des situations ou événements potentiellement traumatiques.

Puisque les conséquences d'un évènement (traumatique) dont la soudaineté, l'intensité et la brutalité (accidents, violences volontaires physiques ou sexuelles, guerres, expositions traumatiques dans le cadre du travail, catastrophes, attentats) peuvent non seulement entrainer un choc physique mais aussi laisser des traces durables sur le psychisme de la victime ou survivant (Bokanowski, 2010), il y a lieu d'envisager aussi la santé mentale de ceux qui accompagnent de manière quotidienne ces personnes.

Une personne qui n'a pas subi de traumatisme direct, mais entretient des contacts réguliers avec des personnes traumatisées peut au fil du temps présenter des troubles psychosomatiques ou psychologiques. Dans ce cas, on parle de traumatisme indirect, vicariant, secondaire, où « c'est la rencontre avec la personne traumatisée qui constitue en elle-même l'évènement traumatique » (Josse, 2007 cité par Beguin, 2021).

Depuis quelques années, l'intérêt pour les effets négatifs de l'intervention auprès des personnes traumatisées a fortement augmenté. L'on donne de plus en plus de l'importance aux risques que courent ces professionnels de soins dans leur milieu de travail, sachant que le stress qu'ils ressentent au quotidien peut susciter en eux le sentiment de mal-être, notamment s'il dépasse leurs capacités de résilience (Goumdiss, 2017).

L'accompagnement des survivants des événements traumatiques est donc un travail à risque impliquant différents enjeux psychologiques de la part des intervenants, comme l'empathie qui est en même temps très déterminante dans le développement du traumatisme indirect, parce que dans l'empathie on sent, on voit, on entend, on touche, et on ressent la même chose que la victime, en l'écoutant raconter ses expériences en détails dans le but d'atténuer sa douleur (Motreff et al., 2020 cités par Bellini, 2022 ; Dabin, 2020 ).

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Comme on peut le constater, il y a possibilité de développer le traumatisme secondaire ou vicariant en écoutant et étant continuellement exposé aux récits et expériences traumatiques des autres (patients ou clients), car une personne qui n'a pas subi de traumatisme direct peut présenter des troubles psycho-traumatiques consécutifs aux contacts qu'il entretient avec une personne ou un groupe de personnes traumatisées. Ce type de traumatisme peut survenir auprès de n'importe quel professionnel pour autant que ce dernier travaille avec des victimes de traumatismes (Bouvier, 2019 ; Josse, 2017).

Le traumatisme vicariant est un syndrome qui est présent dans la littérature depuis de nombreuses années (Nikita, 2022). Il se manifeste par un retrait social, des troubles de l'humeur, l'hyper vigilance, le flash-back, l'isolation, l'agressivité, la fatigue, les troubles du sommeil, les attaques de paniques... (Morjane, 2019). Il s'agit des bouleversements indirects qui surviennent chez les professionnels de prise en charge en raison de l'exposition répétée au vécu des victimes (Josse, 2017), de l'empathie ainsi que de la motivation à aider (Figley, 2002).

Bien que les statistiques sur le traumatisme vicariant et la fatigue de compassion soient peu nombreuses, des résultats de recherches sur la santé mentale des intervenants permettent de mettre en lumière les risques associés aux professions d'aide (Fortin, 2014).

Une étude menée sur le vécu professionnel des intervenants de la relation d'aide au Québec (Canada), rapporte que, sur les huit participants, deux soit 25% ont présenté un risque modéré du traumatisme vicariant, trois soit 37,5% en ont présenté un risque élevé et 37,5% autres un risque extrêmement élevé. Et aussi sur les huit, un participant soit 12,5% a obtenu un score élevé des manifestations du stress post-traumatique qui font référence au traumatisme vicariant (Fortin, 2014).

En France, Desbiendras (2019) a travaillé sur le traumatisme vicariant chez les intervenants d'urgence médico-psychologique dans le contexte des attaques terroristes dont la France était la cible ; et il est arrivé à une conclusion selon laquelle il n'y a pas de prédispositions pour souffrir d'un traumatisme vicariant, ce n'est pas non plus un signe de faiblesse mais il est plutôt dû à l'exposition répétitive aux souffrances des autres et à l'empathie qui motive l'intervention.

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Au Sénégal, précisément à Dakar, une étude qualitative sur l'engagement des professionnels auprès des enfants en situation de rue à Dakar, a rapporté qu'à l'écoute des récits des enfants, les professionnels ont évoqué de sidération psychique ainsi que des sentiments de vivre ou de voir le déroulement de la scène. Ils citent des émotions violentes, le sentiment de rester accroché à l'histoire de l'enfant et des reviviscences. Pour certains, ces récits ont également réactualisé des traumatismes personnels et des changements dans leur vision de la société (Lauer et al., 2020)

Dans les milieux hospitaliers, le traumatisme vicariant est très rependu, surtout pour les professionnels qui oeuvrent dans le service des urgences ou dans des situations sanitaires d'urgence ; nous l'avions très récemment constaté avec la pandémie à la Covid-19.

Une étude menée en Belgique auprès du personnel hospitalier ayant travaillé au seins des unités Covid-19 a rapporté que 22,7% de la population d'étude avait un stress post-traumatique sévère, et que le niveau total de traumatisme vicariant était influencé négativement par le fait d'être femme, d'avoir un salaire insuffisant, le stress, la difficulté de voir les patients mourir sans leur famille, les antécédents de burnout, et de traumatismes, ainsi que l'environnement dangereux de travail (Oosterbosch, 2021).

Outre la pandémie de Covid-19, le simple fait d'être médecin, infirmier ou tout autre professionnel de santé du service des urgences expose grandement au traumatisme vicariant. Mais pendant que les soignants des survivants des situations potentiellement traumatisantes en RDC s'engouffrent avec le traumatisme vicariant, l'abondance des travaux de recherche ne se penche que sur le traumatisme des survivants.

Il y a certes quelques études dans le monde sur le traumatisme vicariant chez les pompiers, les policiers, les agents des services d'urgences et ambulanciers, des agents de protection civile, des conseillers en accompagnement vers l'emploi (Nikita, 2022 ; Cusin & Fabre, 2017 ; Lessard, 2022 ; Barbara, 2020 ; De Cuyper, 2022) ; mais aucune à notre connaissance ne l'a évalué chez le personnel soignant des services des urgences dans quelques hôpitaux en RDC et particulièrement dans la ville de Kinshasa.

Il est vrai que sur base de ce qui précède le personnel soignant des urgences sont exposés au traumatisme vicariant. L'on constate cependant que malgré ce grand risque couru par ces intervenants, parmi ceux qui travaillent aux urgences des hôpitaux de la ville de Kinshasa, nombreux sont ceux qui travaillent depuis des années, avec divers cas reçus et traités, la pression du travail, l'assistance à des différents cas de décès, le surmenage, le

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manque du soutien psychosocial professionnel..., mais ces agents sont toujours là en service et semblent ne pas trop souffrir.

C'est ainsi que cette étude va s'intéresser à cette population soignante des urgences des hôpitaux de la ville de Kinshasa précisément dans la zone de santé de Limete afin de vérifier l'existence de ce traumatisme, comme il est bien démontré chez le personnel soignant d'autres pays. Cette étude se propose également exposées également d'identifier les pratiques de résilience ou d'adaptation utilisées par ces professionnels qui leur permettent de rester eux-mêmes malgré les risques et le stress du travail (traumatisme vicariant précisément).

Au regard de ce qui précède, nous nous posons la question principale suivante :

? Quel est le niveau du traumatisme vicariant vécu par le personnel soignant travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete ?

A côté de cette question principale, nous nous posons les questions secondaires suivantes :

? Quelles sont les stratégies d'adaptation mises en place par ce personnel afin de faire face et de s'adapter au traumatisme vicariant ?

? L'intensité de traumatisme vicariant est-elle déterminée par les stratégies de coping utilisées ?

? Les variables sexe, âge, catégorie professionnelle, état-civil, niveau d'études, ancienneté, religion et institution hospitalière influencent-elles la survenue et le développement du traumatisme vicariant ainsi que la mise en place des stratégies d'adaptation (coping) chez le personnel soignant des urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete ?

0.2. Hypothèses de l'étude

En guise de réponses provisoires, nous émettons les hypothèses suivantes aux questions de notre problématique :

0.2.1. Hypothèse principale

Les personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete souffriraient ou présenteraient un niveau élevé du traumatisme vicariant à cause de leur exposition continuelle aux souffrances de leurs patients, de la volonté de vouloir aider et de l'empathie qu'ils manifestent pour les aider.

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0.2.2. Hypothèses spécifiques ou secondaires

> Pour tenir face aux menaces du traumatisme vicariant, les personnels soignants des hôpitaux de la zone de santé de Limete utiliseraient plus les copings centrés sur le problème et ceux centrés sur la recherche du soutien social ; au détriment de ceux centrés sur l'émotion. En plus ils utiliseraient d'autres pratiques basées sur la résilience comme les activités sportives, la bonne alimentation, l'hydratation et le soutien des proches ;

> Il existerait une relation positive et significative entre l'intensité du traumatisme vicariant et les stratégies de coping utilisées ;

> Les variables sexe, âge, catégorie professionnelle, état-civil, ancienneté, niveau d'études, religion et institution hospitalière auraient une influence significative sur la survenue et le développement du traumatisme vicariant ainsi que la mise en place des stratégies d'adaptation (coping) chez le personnel soignant travaillant des services d'urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete ?

0.3. Objectifs du travail 0.3.1. Objectif principal

Cette étude qui s'inscrit dans le domaine de la psycho traumatologie cherche à évaluer le traumatisme vicariant chez le soignant des services d'urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete.

0.3.2. Objectifs spécifiques

A côté de l'objectif principal poursuivi par la présente étude, notre étude poursuit aussi les objectifs spécifiques suivants :

> Identifier les stratégies de coping utilisées par ces personnels pour faire face et s'adapter au traumatisme vicariant ;

> Déterminer la relation entre le traumatisme vicariant et les stratégies de coping de ces personnels soignants ;

> Déterminer l'influence des variables sociodémographiques sur la manifestation du traumatisme vicariant et le développement des stratégies de coping.

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0.4. Intérêt de l'étude

Cette étude revêt un double intérêt : un intérêt scientifique et un intérêt pratique.

Sur le plan scientifique, les résultats de cette étude constituent un point de départ pour les chercheurs qui voudraient approfondir la question du traumatisme vicariant chez les personnels soignants travaillant aux urgences.

Sur le plan pratique, les résultats de cette étude permettront de sensibiliser les autorités sur les risques que courent les soignants dans l'exercice de leur métier et constitueront les premières données pouvant permettre de faire un plaidoyer pour l'affectation des professionnels de santé mentale dans les services des urgences des hôpitaux généraux sur toute l'étendue du territoire national afin d'accompagner ces professionnels dans l'exercice de leur métier.

0.5. Méthodologie

Cette étude s'inscrit dans le cadre de la recherche en clinique et elle fait recourt à la méthode d'enquête appuyée par les techniques de questionnaire, d'échelle de stress traumatique secondaire (STSS) et d'échelle ways of coping checklist (WCC) version française. Ces instruments nous ont aidé dans la récolte des données auprès des soignants des services d'urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete à Kinshasa. Notre échantillon était constitué de 39 sujets professionnels de santé des services d'urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete.

0.6. Délimitation

Tout travail scientifique est délimité dans le temps et dans l'espace. Dans le temps, cette étude couvre l'année académique 2022-2023, et la collecte des données s'est effectué pendant la période allant du 15 novembre au 19 décembre 2023. Dans l'espace, les hôpitaux de la zone de santé de Limete à Kinshasa (la Clinique Bondeko et l'hôpital Saint Joseph) ont constitué le cadre physique de la présente étude.

0.7. Subdivision du travail

Hormis cette partie introductive et la conclusion, cette étude comprend trois chapitres :

? Le premier chapitre traite des considérations théoriques ;

? Le deuxième chapitre aborde l'approche méthodologique ; et

? Le dernier chapitre est axé sur la présentation, l'analyse et l'interprétation des

résultats.

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CHAPITRE PREMIER : CONSIDERATIONS THEORIQUES

Comme le titre l'indique, il s'agit dans ce chapitre de définir les concepts clés associés à notre sujet de recherche qui est : « Traumatisme vicariant et stratégies de coping auprès du personnel soignant : Etude réalisée dans les urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete à Kinshasa ». À la suite des différentes définitions sur le traumatisme, le coping et le personnel hospitalier ; nous parlerons des différentes théories sur le traumatisme vicariant et nous allons finir ce chapitre par quelques études antérieures.

1.1. Traumatisme

1.1.1. Généralités sur le traumatisme et/ou psycho-traumatisme

Le terme « traumatisme » est issu du grec ancien « traumatismos » qui signifie « action de blesser ». Toutefois, son acceptation française actuelle correspond plutôt au mot grec « Trauma » qui signifie « blessure » (Crocq, 2012).

En psychologie, le concept traumatisme psychique ou trauma a été emprunté à la pathologie chirurgicale, où il signifie une transmission d'un choc mécanique exercé par un agent physique extérieur sur une partie du corps et y provoquant une blessure ou une contusion (Josse, 2011).

Transposé à la psychopathologie, le mot a conservé cette connotation. Le traumatisme psychique est la transmission d'un choc psychique exercé par un agent psychologique extérieur sur le psychisme, y provoquant des perturbations psychopathologiques transitoires ou durables (Crocq, 1999).

Le traumatisme psychique ou trauma est défini comme un phénomène d'effraction du psychisme par les excitations violentes afférentes à la survenue d'un évènement potentiellement traumatique agressant ou menaçant pour la vie ou l'intégrité physique et/ou psychique d'un individu, qui y est exposé comme victime, témoin ou acteur (Josse, 2011).

1.1.1.1. Evénement potentiellement traumatique

D'après la cinquième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, DSM 5, l'événement potentiellement traumatique se définit comme une exposition à la mort, une menace de mort, des blessures graves, ou des violences sexuelles. L'exposition peut survenir de plusieurs façons et notamment au travail : soit le sujet est exposé directement à l'événement ; soit il en est témoin direct sur une autre personne ; soit il en est témoin

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indirect en apprenant ce qui est arrivé à un proche (l'événement doit avoir été violent ou accidentel) ; soit il est exposé de manière répétée ou extrême aux caractéristiques aversives du ou des événements potentiellement traumatiques. Un événement potentiellement traumatique peut être à l'origine de troubles psychiatriques (APA, 2013).

Selon Crocq (2012), le caractère traumatique du choc dépend de la violence de l'agression, mais aussi de l'état du psychisme qui le subit. Un événement n'est jamais infailliblement traumatique, mais tient notamment compte de la personnalité qui doit y faire face, avec ses forces constitutionnelles et sa disponibilité d'énergie. Voilà pourquoi il convient de parler plutôt d'événement « potentiellement traumatique », car parmi les sujets exposés à un évènement potentiellement traumatique, tous ne le vivront pas sur un mode traumatique. Ce n'est donc pas l'évènement qui est traumatique mais le vécu subjectif du sujet qui l'a subi.

Pour Traber (2019), l'événement potentiellement traumatique se caractérise par une exposition directe ou indirecte à la mort ou à une menace de mort, à des blessures graves ou à des violences sexuelles. En plus de ce caractère exceptionnellement menaçant ou catastrophique, cet événement peut provoquer un sentiment, plus ou moins intense, de peur, d'horreur ou d'impuissance chez les individus exposés. Par exemple, les catastrophes naturelles (tremblements de terre, tsunamis, feux de forêt), les actes de violences (agressions physiques ou sexuelles, attentats, conflits armés) ou encore les accidents (explosions, incendies, accidents de la route) sont potentiellement générateurs d'un trouble de stress post-traumatique.

Une exposition à un évènement traumatique n'entraîne pas automatiquement un trouble de stress post-traumatique (TSPT) : en moyenne seules 30 à 40 % des victimes directes vont développer un TSPT. Cependant, lorsque l'exposition est multiple, chaque réaction se cumule avec la réaction précédente, et laisse envisager la possibilité d'aboutir au développement des symptômes de TSPT (Breslau et Kessler, 2001).

1.1.1.2. Symptomatologie

Les symptômes qui se manifestent dans les psychotraumatismes et permettent d'effectuer le diagnostic sont de différentes natures : une reviviscence de l'événement traumatique (souvenirs, cauchemars, flash-backs), un évitement des stimuli associés au traumatisme (internes et/ou externes), une activation neurovégétative (troubles du sommeil, troubles de la concentration). En plus des symptômes de reviviscence, d'évitement et d'une

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perturbation de l'activation neurovégétative, il est ajouté aux critères diagnostiques des symptômes de type : altérations cognitives ou affectives (perte de réactivité émotionnelle, croyances négatives) (APA, 2013).

1.1.1.3. Classification du traumatisme

Nous pouvons catégoriser les traumatismes selon la nature de ou des événements potentiellement traumatique(s) et le degré d'exposition.

1.1.1.3.1. Selon la nature de l'événement potentiellement traumatique

Selon la nature de l'événement potentiellement, nous devons à Terr (1991) la première catégorisation des traumatismes en deux types : le traumatisme de type I et le traumatisme de type II.

a. Les traumatismes de type I

Lenore Terr (1991) décrit le traumatisme de type I comme « un évènement traumatique unique présentant un commencement net et une fin claire. Ce type de traumatisme est induit par un agent stressant aigu, non abusif » (Josse, 2007).

Le traumatisme de type I est causé par un évènement isolé, imprévu et limité dans le temps. Par exemple, ce traumatisme peut être une agression, un incendie, un accident de circulation, une catastrophe naturelle, etc. Par convention, le traumatisme de type I se soigne, se guérit beaucoup plus facilement qu'un traumatisme de type II (Terr, 1991).

Les conséquences du traumatisme de type I sont des réponses comportementales et physiologiques conditionnées à l'évènement traumatique, comme des souvenirs détaillés de l'évènement, des peurs spécifiques à l'évènement, des hallucinations ou une recherche de sens pour expliquer ce qui est arrivé, des évitements, des reviviscences, etc. (Blavier, 2016).

De la même manière qu'une personne baissée lors d'une agression peut garder un handicap physique, un traumatisme de type I peut avoir des conséquences à long terme, et constituer une source de souffrance psychique pour la victime (Josse, 2007).

Les symptômes du type I peuvent être considérés comme des puissants mécanismes de défense ayant pour fonction de protéger l'intégrité psychologique de la personne et la sauvegarde de soi. Parmi les mécanismes de défense, nous pouvons citer l'évitement, l'isolement, le refoulement, le détournement de la rage vers soi ou vers les autres (Blavier, 2016).

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b. Les traumatismes de type II

Terr (1991) cité par Josse (2007) parle de traumatisme de type II lorsque « l'évènement s'est répété, lorsqu'il a été présent constamment ou qu'il a menacé de se reproduire à tout instant durant une longue période de temps. Il est induit par un agent stressant chronique ou abusif ». Ceci fait référence aux événements comme la violence intrafamiliale, la violence politique, les faits de guerre, les abus sexuels, les traumatismes secondaires des professionnels de l'aide, les agressions répétées, le harcèlement au travail etc.

Il se remarque qu'un traumatisme de type II résulte de l'exposition répétée, prolongée et multiple à des évènements extrêmes, le plus souvent de nature interpersonnelle.

Progressivement, des mécanismes d'adaptation de plus en plus pathologiques se manifestent avec le développement du traumatisme de type II - comme par d'importants changements de la personnalité.

Solomon et Heide (1999) ont complété la théorie de Leonore Terr en ajoutant une troisième catégorie de traumatismes :

c. Le traumatisme de type III

Solomon et Heide (1999) les caractérisent `'d'évènements multiples, envahissants et violents présents durant une longue période de temps». La torture, l'exploitation sexuelle forcée, les camps de concentration lors de la guerre, les abus sexuels intrafamiliaux peuvent mener à un traumatisme de type III.

Enfin, Josse (2007) propose une quatrième catégorie pour désigner les traumatismes

d. Les traumatismes de type IV

Contrairement aux trois autres types de traumatismes, se poursuivent dans le présent pour la victime. Ils peuvent être causés par un kidnapping, des faits de guerre, des abus sexuels intrafamiliaux, des épidémies mortelles, etc

1.1.1.3.2. Selon le degré d'exposition.

Selon le degré d'exposition nous distinguons les traumatismes directs et indirects. a. Les traumatismes directs

Le traumatisme direct est évoqué lorsque la victime a été confrontée au chaos, au sentiment de mort imminente ou d'horreur. Elle peut avoir été sujette, acteur (avoir provoqué volontairement ou involontairement) ou témoin (avoir vu) de l'évènement traumatique (Josse, 2007, p.9).

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b. Les traumatismes indirects

On parle du traumatisme indirect lorsqu' un sujet qui n'a pas subi de traumatisme direct peut présenter des troubles psycho-traumatiques consécutifs aux contacts qu'il entretient avec une personne ou un groupe de personnes traumatisées. Dans ce cas, la rencontre avec la personne traumatisée constitue en elle-même l'évènement traumatique (Josse, 2007, p.9). Dans ce cas, nous parlons de traumatisme vicariant, de traumatisation vicariante ou de traumatisme secondaire.

1.1.2. Traumatismes psychiques en milieu professionnel En milieu du travail on peut rencontrer :

1.1.2.1. La fatigue de compassion

A son origine, la fatigue de compassion est définie comme une forme particulière d'épuisement professionnel affectant les donneurs de soins (Joinson, 1992 ; Lombardo & Eyre, 2011).

L'expression anglaise « compassion fatigue » est mentionnée pour la première fois par Joinson (1992) afin de définir un type de dépression particulièrement observé chez des infirmières travaillant dans les urgences des hôpitaux.

Pour Bouvier (2019), la fatigue de compassion n'implique pas obligatoirement d'être en contact avec une personne traumatisée. Cette pathologie n'est pas non plus liée au secteur professionnel. Elle représente « un débordement du professionnel ou d'un aidant, ainsi qu'un épuisement face à la souffrance d'autrui, sans que cela ne soit forcément en lien avec l'histoire traumatique de la personne aidée ».

La fatigue de compassion se définit donc par un profond désir d'alléger la souffrance d'une personne au point d'en être épuisé (Tabor, 2011).

Figley (1995) définit ce terme comme étant le coût de prendre soin (cost of caring). Les termes « fatigue compassionnelle » et « usure de compassion » sont utilisés comme synonymes au terme « fatigue de compassion »

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1.1.2.2. Le Stress traumatique secondaire

Le stress traumatique secondaire se définit comme étant les émotions et les comportements normaux découlant du fait de savoir qu'une personne significative a vécu un événement difficile ou traumatisant. Ce stress résulte du fait d'aider ou de vouloir aider cette personne (Figley, 1999).

Figley (1999) précise que ce stress n'affecte pas uniquement les membres de la famille et les amis de la personne souffrante ou ayant vécu une expérience traumatique. En effet, les professionnels de la relation d'aide en contact avec un tel individu se trouvent également en situation de vulnérabilité.

Le traumatisme secondaire est à différencier du traumatisme vicariant. C'est un terme qui englobe un grand nombre de pathologies telles que la fatigue-compassion, le burnout et le stress post-traumatique, y compris le traumatisme vicariant. Il est utilisé pour parler de `'tous les concepts décrivant une atteinte de la santé psychique d'un professionnel travaillant avec des personnes traumatisées et se manifestant par les symptômes d'un état de stress posttraumatique» (Pearlman et Saakvitne, 1995).

Le traumatisme vicariant, la fatigue de compassion et l'épuisement professionnel sont les trois réactions au stress traumatique secondaire (Newell & MacNeil, 2010 ; Williams et Sommer, 1999).

1.1.2.3. Epuisement professionnel ou Burn out

L'épuisement professionnel, également connu sous le terme de « burnout », désigne un ensemble de réactions émotionnelles, motivationnelles, comportementales et physiologiques dysfonctionnelles qui se développe face à certaines caractéristiques stressantes et/ou chroniques du contexte professionnel (Rascle & Bruchon-Schweitzer, 2006).

Contrairement à la fatigue de compassion et au traumatisme vicariant, l'épuisement professionnel provient généralement du stress associé aux demandes professionnelles comme le surinvestissement et la surcharge de travail. Autrement dit, l'épuisement professionnel n'est pas causé par la présence de matériel traumatique ou par l'exposition à la souffrance.

Pour conrad & Kellar-Guenther cités par Derdour-Campos (2018), le burn-out ou épuisement professionnel demeure un concept plus large, touchant toutes les professions et non seulement les professions de la relation d'aide.

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Le burnout est une pathologie liée à l'activité professionnelle. Les personnes en burnout sont face à une situation de mal-être physique et/ou mental liée au travail. Cette pathologie est décrite dans le DSM V comme étant une sous-dimension de la dépression. On peut distinguer le terme de `'burnout» et celui de `'traumatisme vicariant» par le fait que le burnout peut atteindre n'importe quelle profession, tandis que le traumatisme vicariant n'apparaît que chez les professionnels travaillant avec des personnes traumatisées (Bouvier, 2019).

1.1.3. Traumatisme vicariant

Le traumatisme vicariant est défini comme la transformation qui se produit chez un thérapeute ou une personne s'occupant de personnes traumatisées en raison d'un engagement empathique envers l'expérience traumatique d'une personne.

Ces changements peuvent causer des dérèglements au niveau physiologique (sensation corporelles, réactions physiologiques, etc...) et cognitif (images intrusives) et affecter l'identité personnelle et professionnelle, la perception du monde, la spiritualité, les capacités et habiletés personnelles, les besoins psychologiques, les croyances en lien avec le sentiment de sécurité, l'estime de soi, la confiance, l'intimité et le sentiment de contrôle (Saakvine & Pearlman, 1996; Sabin-Farrell & Turpin, 2003).

Le contre-transfert, l'empathie, la contagion émotionnelle ainsi que des processus cognitifs ont été proposés comme mécanismes par lesquels ces changements arrivent (Sabin-Farrell & Turpin, 2003). Le contre-transfert est considéré comme l'ensemble des réactions que peut avoir un thérapeute ou un intervenant face à son client. La contagion émotionnelle réfère plus à un mécanisme par lequel le thérapeute « capte » les émotions du client et les mime involontairement.

Le DSM-5 classe maintenant le traumatisme vicariant dans les troubles de stress post-traumatiques (TSPT) à travers la reconnaissance de l'exposition répétitive à du matériel traumatique comme potentielle cause du TSPT (APA, 2013). Les symptômes associés au traumatisme vicariant sont similaires à ceux du trouble de stress post-traumatique (TSPT), soit des symptômes neurovégétatifs ou encore d'intrusion et d'évitement. Donc, même si les symptômes sont similaires, il s'agit de deux problématiques différentes.

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Les expressions « traumatisme secondaire », « traumatisme indirect », « traumatisme par ricochet » et « traumatisme par personne interposée » peuvent également être utilisés comme synonyme au terme « traumatisme vicariant ».

1.1.3.1. Symptomatologie du traumatisme vicariant

Les symptômes du traumatisme vicariant sont de trois dimensions et s'apparentent à des manifestations du trouble de stress post-traumatique (Bell et al.,2003 ; Brady et al., 1999 ; Dunkley & Whelan, 2006 ; Hernandez et al, 2007 ; Killian, 2008 ; McSwain et al, 1998 ; Pearlman & Saakvitne, 1995 ; Salston & Figley, 2003 ; Shauben & Frazier, 1995, Sommer, 2008 ; Tabor, 2011 ; Vandeusen & Way, 2006).

Il s'agit de symptômes d'intrusion, comme des pensées, des rêves et des hallucinations, de symptômes d'évitement, comme la restriction des affects et la réduction de l'intérêt ou l'évitement d'endroit, de situations et de personnes et comme pour le stress post-traumatique, le traumatisme vicariant peut amener des symptômes neurovégétatifs comme la difficulté à s'endormir, hyper vigilance et l'irritabilité (APA, 2013 ; Cerney, 1995 ; Stamm et al., 2002).

1.1.3.2. Place du traumatisme vicariant dans les classifications internationales actuelles a. Dans le DSM-5

Dans la nouvelle édition du DSM, l'APA apporte des modifications significatives dans la reconnaissance de la traumatisation secondaire qui est inclus dans la catégorie des troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress (APA,2013).

Alors que le DSM-4 considérait que seules les victimes directes pouvaient souffrir d'un trouble post-traumatique aigu ou chronicisé (APA,2000), la nouvelle version admet qu'un sujet puisse être traumatisé du fait de sa proximité émotionnelle avec une victime directe (famille et amis proches) ou parce qu'il a été confronté de manière répétée à des récits sordides en raison de ses activités professionnelles. Nous trouvons cela dans les critères A3 et A4 du DSM-5 dans la catégorie des troubles de stress post-traumatique.

Le Critère A parle de l'exposition à la mort, à des blessures graves, ou à la violence sexuelle, effectives ou potentielles, d'une (ou plusieurs) des façons diverses quand le critère A3 parle du fait d'apprendre que l'évènement traumatique a été vécu par un membre de la famille proche ou un ami proche. En cas de décès ou de danger de décès d'un membre de la famille ou d'un ami, l'évènement doit avoir été violent ou accidentel. Et au critère A4 on parle

16

du fait de vivre une exposition répétée ou extrême aux détails pénibles de l'événement traumatique (par exemple, les premiers intervenants ou les policiers). Le critère A4 ne s'applique pas à l'exposition par le biais des médias électroniques, de la télévision, de films ou de photos, à moins que cette exposition soit liée au travail.

En conclusion, le traumatisme vicariant est aujourd'hui classé dans la catégorie des troubles liés à des traumatismes et aux facteurs de stress, précisément comme trouble de stress post-traumatique (TSPT) se référant aux critères diagnostics A3 et A4 du DSM5.

b. Dans la Classification mondiale des maladies version 10 (CIM 10)

Dans la CIM 10, le syndrome de stress post-traumatique appartient à la catégorie des réactions à un stress sévère et trouble de l'adaptation. Il est ainsi défini comme « une réponse différée ou prolongée à une situation ou à un événement stressant (de courte ou de longue durée), exceptionnellement menaçant ou catastrophique et qui provoquerait des symptômes évidents de détresse chez la plupart des individus ». Ainsi, il n'y a aucune référence à la traumatisation secondaire et donc au traumatisme vicariant dans cette classification.

1.1.3.3. Facteurs de risque et de protection du traumatisme vicariant

Ces facteurs d'influence peuvent se regrouper en deux grandes catégories (Fortin, 2014) soit les facteurs personnels et les facteurs organisationnels. Bien entendu, éviter un facteur de risque ou faire son contraire est souvent considéré comme un facteur de protection et vice-versa.

Afin d'éviter les redondances, ces facteurs ne seront abordés qu'une seule fois, soit en tant que facteurs de protection ou comme facteurs de risque.

L'ensemble des facteurs d'influence, soit les facteurs de risque (Tableau 1) et les facteurs de protection (Tableau 2), personnels et organisationnels du traumatisme vicariant sont résumés dans les deux tableaux qui suivent.

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Tableau n°1 : Les facteurs de risque du traumatisme vicariant

Facteurs personnels

Facteurs organisationnels

- Peu ou pas d'expérience

- Faible soutien immédiat et organisationnel

- Faible conscience de soi

- Milieu physique inadéquat

- Mauvaises stratégies d'adaptation

- Qualité et quantité des supervisions

- Perception inadéquate de ses

- Milieu de travail sans suivi

responsabilités

- Présence de restrictions administratives

- Objectifs irréalistes

impactant l'intervention

- Obsession pour sauver ou venger la victime

- Présence de stress organisationnel

- Investissement de beaucoup de temps et

- Politique et valeurs du milieu de travail en

d'énergie pour combler les besoins des

discordance avec la perspective du

clients

travailleur

- Vulnérabilité personnelle

- Charge de travail élevée, peu diversifiée et

- Habileté de voir et reconnaître les besoins

non représentative des compétences de

des autres

l'intervenant

- Faible réseau de soutien

- Absence de collaboration avec des

- Isolement social

ressources complémentaires

- Épuisement professionnel antérieur

- Restrictions institutionnelles avant un

- Limites personnelles non établies ou

impact sur l'intervention

irréalistes

- Constater le manque d'efficacité des autres

- Perfectionnisme

milieux d'intervention

- Recherche d'une satisfaction personnelle à

- Écoute d'événement traumatique

partir de la relation avec un client

- Type de client (en crise ou en urgence,

- Antécédents personnels de traumatismes

complexe, non-volontaire, agressive)

- Sentiment d'insécurité

- Problématiques provoquant l'animosité

- Pessimisme

 

- Impression de ne pas avoir le contrôle sur

la situation

 

- Gestion inadéquate de la colère et de la

tristesse

 

- -Techniques d'adaptation inadéquate

 

- Sentiment d'injustice

 

- Incompréhension de la présence d'un

contre-transfert

 

- Identification trop grande au client

 

18

Tableau n°2 : Les facteurs de protection du traumatisme vicariant

Personnel

Organisationnel

Général

Individuel

Conditions

Soutien

Formation

Environnement de

 

au travail

de travail

organisationne

l et
supervision

 

travail et

fonctionnement

Mode de vie

Satisfaction

Vacances

Conscience et

Formation des

Espace de travail

sain

de

Prévision de

Normalisation

nouveaux

sécuritaire,

Expression des

compassion

journées

des

employés

confortable et privé

émotions

Distance

de

effets du travail

Formation/infor

Présence d'objets

Distance avec

avec les

ressourcemen

Attitude

mation

personnels

les émotions

émotions

t

respectueuse

sur les

significatifs

Satisfaction de

Alternance

Mise en place

et supportant

répercussions

Présence d'un

compassion

entre les

d'un

Séances de

de la relation

espace

Présence de

différents

régime

ventilation

d'aide

de repos au travail

soutien

styles de

d'assurance-

et de

Formations sur

séparé des clients

social et

thérapie

maladie

«debriefing»

les

Transparence du

instrumental

Possibilité

Présence d'un

avec les

problématiques

fonctionnement

Appréciation de

de fixer un

comité

collègues

et la

organisationnel

la

nombre

de santé et

Soutien des

clientèle

Cohérence du

complexité

maximal de

sécurité au

pairs

rencontrées

fonctionnement

Optimisme

clients par

travail

Cohésion de

informer les

organisationnel

Demeurer

jour

Formation

groupe

nouveaux

 

empathique

Respect de

disponible

Supervisions en

employés des

 

Satisfaction

limites

Accessibilité

quantité et

impacts

 

personnelle

claires

à des

qualité

potentiels du

 

Voir un sens

Avoir des

consultations

suffisante

travail

 

dans la

objectifs

cliniques

Connaissances

Formation sur

 

profession

réalistes

Charge de

des

les

 

Avoir une

dans les

travail

répercussions

différentes

 

spiritualité

interventions

diversifiée et

de la

problématiques

 

personnelle

Alterner le

non

relation d'aide

et

 

Bonne

type de

démesurée

 

clients

 

connaissance de soi

responsabilit és

Équité salariale

 

rencontrés

 

Sentiment d'efficacité et de contrôle au travail Autosensibilisati on

consciente

Organiser son horaire en tenant compte de ses limites Prévoir des séances de ventilation

Assurer la sécurité Disponibilité de

congés payés Présence d'activités pour les événements particuliers

 
 
 

19

1.1.3.4. Personnes exposées au traumatisme vicariant

Fortin (2014) rapporte qu'une recension des écrits réalisée par Bell, Kulkarni et Dalton (2003) démontre que les travailleurs de différents milieux de professions d'aide peuvent développer des symptômes du traumatisme vicariant tels que :

> Les travailleurs aux urgences

> Les infirmiers

> Les policiers

> Les personnes qui interviennent auprès des victimes d'agression sexuelle

> Les travailleurs des services de protection de la jeunesse

> Les intervenants de centre d'appels téléphoniques

> Les thérapeutes travaillant avec les personnes victimes de traumatismes

> Les pompiers

> Les psychologues...

En somme, toutes les personnes qui travaillent dans la relation d'aide sont exposées au traumatisme vicariant et peuvent le développer suite à l'interaction de trois éléments suivants : l'exposition à la souffrance ou à du matériel traumatique, l'empathie et la motivation à aider.

1.2. Coping

1.2.1. Généralités sur les stratégies de coping

Lazarus et Folkman (1984) définissent le coping comme « l'ensemble des efforts cognitifs et comportementaux, constamment changeants, déployés pour gérer des exigences spécifiques internes et/ou externes qui sont évaluées par la personne comme consommant ou excédant ses ressources ». Il s'agit bien ici d'une conception transactionnelle du stress et du coping qui ne sont ni des caractéristiques de la situation, ni des caractéristiques des individus, mais des processus impliquant des actions réciproques entre sujet et environnement (l'individu pouvant modifier - et être modifié par - la situation).

C'est donc des stratégies élaborées pour tenter de maîtriser les situations aversives et/ou pour réduire la détresse induite par ces situations. Cette définition souligne bien que le coping est un processus constamment changeant et spécifique et non une caractéristique générale et stable. Elle permet de ne pas confondre les stratégies de coping (tout ce que l'individu pense et fait face à la situation) avec leurs effets (réussite ou échec). Ainsi on ne

20

peut considérer a priori une stratégie de coping comme adaptée ou inadaptée, une stratégie pouvant être efficace dans certaines situations et inefficace dans d'autres.

Selon Lazarus et Folkman (1984), il existe une relation étroite et circulaire entre la personne et son environnement, ce qui permet une première évaluation cognitive de la situation dite stressante. La stratégie d'adaptation la plus efficace est celle qui changera cette relation entre la personne et son environnement de façon optimale (Lazarus & Folkman, 1984).

1.2.2. Types de coping

A l'origine, Lazarus et Folkman (1984) ont appliqué une échelle de 67 items, la WCC (Ways of Coping Checklist), à 100 adultes qui devaient y répondre chaque mois pendant un an, en pensant à un événement récent qui les avait perturbés et à la façon dont ils avaient réagi. Ils obtinrent, en regroupant ces réponses par des analyses factorielles, huit petits facteurs se regroupant en deux stratégies générales, le coping centré sur le problème et le coping centré sur l'émotion.

On distingue jusqu'à ce jour deux grands types de coping : le coping centré sur l'émotion et le coping centré sur le problème. Pour Chabrol & Callahan (2013), le coping centré sur l'émotion regroupe les stratégies qui visent à réguler l'émotion associée à l'évènement stressant. Le coping centré sur le problème lui, implique les stratégies orientées vers le management de l'évènement. A côté de ces deux grands groupes, Greenglas (1993) a ajouté un troisième, le coping centré sur la recherche du soutien social.

1.2.2.1. Le coping centré sur l'émotion

Il vise à gérer les réponses émotionnelles induites par la situation. Selon Lazarus & Folkman (1984), le coping centré sur l'émotion comprend des stratégies cognitives qui ne modifieront pas la situation mais plutôt l'attitude de la personne envers ladite situation. Ils parlent de deux types de changement émotionnel possible prônés en thérapie cognitivo-comportementale, le recadrage et la décharge émotionnelle.

La régulation des émotions peut se faire de diverses façons (émotionnelle, physiologique, cognitive, comportementale). Il existe beaucoup de réponses appartenant à cette catégorie : consommer des substances (alcool, tabac, drogues), s'engager dans diverses activités distrayantes (exercice physique, lecture, télévision,), se sentir responsable (auto-accusation), exprimer ses émotions (colère, anxiété,). Une modalité cognitive de ce coping

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consiste à transformer la signification de la situation par exemple, en modérant sa gravité (minimisation), une autre à nier la réalité (pensée magique, dénégation). On peut utiliser à la fois un coping centré sur le problème et celui centré sur l'émotion face au même événement.

Un automobiliste victime d'un accident de la circulation peut avoir envie de frapper ou d'insulter son adversaire, puis se dire que cela n'arrangera pas la situation et se mettre à constater les dégâts et à rédiger une déclaration d'accident. En regroupant les réponses de 100 adultes aux 67 items de la WCC, recueillies chaque mois pendant un an, Lazarus et Folkman (1984) avaient obtenu de petits facteurs se rattachant au coping centré sur l'émotion :

? Minimisation de la menace, prise de distance (j'ai fait comme si rien ne s'était passé, je me suis dit que ce n'était pas si grave,) ;

? Réévaluation positive (je suis sorti plus fort de cette épreuve,) ;

? L'auto-accusation (j'ai compris que c'était moi qui avais créé le problème) ;

? L'évitement-fuite (j'ai essayé de me sentir mieux en buvant ou fumant ; j'ai essayé de tout oublier) ;

? La recherche de soutien émotionnel (j'ai accepté la sympathie et la compréhension de quelqu'un).

1.2.2.2. Le coping centré sur le problème

Cette stratégie vise à réduire les exigences de la situation et/ou à augmenter ses propres ressources pour mieux y faire face. La vie quotidienne fournit de nombreux exemples de ce type de coping, comme : négocier un délai pour payer ses factures, rechercher un emploi mieux rémunéré, consulter un médecin, augmenter ses connaissances dans certains domaines, construire un planning, rechercher des informations, ...

Le coping centré sur le problème comprend deux facteurs plus petits dont la résolution du problème (recherche d'informations, élaboration de plans d'action) et l'affrontement de la situation (efforts et actions directs pour modifier le problème).

En dehors de ces deux grands types, on distingue également d'autres types en fonction de l'orientation de la personne et son activité en réponse à un stresseur.

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Ainsi on a aussi :

a. Le coping actif : Paulhan et Bourgois (1995) décrivent le coping actif comme une action qui consiste à modifier directement les mêmes termes de la relation personne-environnement par la mise en place d'efforts comportementaux actifs, consistant à affronter le problème pour le résoudre. À l'opposé du coping actif, on trouve le coping passif, qui consiste à ne rien faire ouvertement. Cette inactivité face à un stresseur est souvent liée à un état émotionnel négatif, tel que la dépression, ainsi qu'à une attitude de déni ;

b. Le coping évitant : Ce coping consiste à détourner l'attention de la source du stress (évitement) par le biais des comportements ou des cognitions. Cette stratégie est la plus utilisée et elle met en oeuvre des stratégies cognitives et comportementales dans le déni et/ou la minimisation des problèmes rencontrés par l'individu (Cronkite et Moos, 1995). Elle peut se traduire par la pratique d'un sport, de la relaxation, ou le refuge dans les loisirs, etc. : l'individu a l'impression que ces activités anéantissent la tension émotionnelle et éprouvent un sentiment de bien-être. Ceci dit, le coping peut éventuellement engendrer une catégorie d'activités plutôt négatives, notamment des addictions (fumer, boire de l'alcool, prendre des médicaments) dans le but de fuir la détresse émotionnelle. Notons que le coping inévitable, malgré la possibilité d'un évitement plutôt adapté, semble le plus souvent être un générateur de stress par la suite (par exemple en évitant de penser aux problèmes financiers, des soucis financiers importants peuvent se développer).

1.2.2.3. Coping centré sur la recherche du soutien social

La recherche de soutien social apparaît comme un facteur distinct dans 5 études analysées par Cousson et al. (1996). Ils considèrent que la recherche de soutien social implique le fait de solliciter et d'obtenir l'aide d'autrui. Il s'agit bien dans ce cas d'une stratégie de coping élaborée par le sujet (Greenglass, 1993), et non d'une caractéristique du contexte social.

Cette stratégie se rapporte donc au fait de demander conseil à un proche ou un professionnel, partager ce qu'on ressent avec ses proches, accepter la sympathie des autres, etc.

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1.2.3. Coping et traumatisme vicariant

Comme nous l'avons mentionné dans la partie sur l'évènement potentiellement traumatique, seules 40% des personnes exposées développent un trouble de stress post-traumatique (TPST). Il parait pertinent de comprendre pourquoi certaines personnes sont plus enclines à développer des symptômes par rapport à d'autres. Les différents modèles étiologiques du TSPT cherchent à répondre à cette question. Une variable semble avoir un impact non négligeable dans le développement du TSPT dans l'ensemble de ces modèles : les stratégies de coping.

La qualité du coping mis en place a un impact indirect et direct dans le développement de la symptomatologie du TSPT. La présence d'un stress chronique fragilise les capacités de régulation physiologique du stress. Cependant, son impact sur les capacités de régulation peut être modéré par le coping mis en place (Lazarus, & Folkman, 1984).

L'impact indirect des stratégies de coping sur le TSPT réside dans le fait que les personnes qui utilisent un coping inadéquat face au stress quotidien se maintiennent dans un état de stress chronique qui perturbera à long terme leurs capacités de régulation physiologique. Une fois que les capacités de régulation physiologique dysfonctionnent, ces personnes seront plus sujettes à développer les symptômes du TSPT et donc du traumatisme vicariant s'il s'agit des professionnels en relation d'aide, en cas d'exposition à un évènement potentiellement traumatique.

L'impact direct du coping sur le TSPT réside dans le fait que le type de coping utilisé après l'événement traumatique peut favoriser le maintien des symptômes du TSPT dans le temps. C'est pourquoi, il nous parait central d'identifier, le ou les, coping(s) qui permettent la meilleure adaptation face au stress, pour prédire un moindre impact en termes de stress chronique et un moindre développement ou maintien du TSPT.

1.3. Personnel soignant

Travaillant dans un hôpital ou centre de santé spécifique, le personnel soignant constitue un corps organisé de médecins et autres prestataires de soins de santé autorisés par la loi. Ils sont autorisés par un hôpital, par le biais de privilèges d'admission, à fournir des soins médicaux dans cet établissement. Bon nombre de personnes participent à la prise en charge d'un individu pendant son séjour à l'hôpital. Divers services entrent en cause pour offrir un traitement réussi en allant de l'évaluation médicale aux soins quotidiens.

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Il faut également distinguer les personnels hospitaliers des personnels soignants, car ces derniers est le groupe de professionnels qui contribue aux soins et au traitement des patients. Ils n'interviennent pas seulement dans un établissement hospitalier, mais aussi dans un cabinet médical privé. On peut les trouver dans une maison de retraite médicalisée ou à domicile chez des particuliers.

Quatre grandes catégories du personnel hospitalier ( https://clickandcare.fr/blog/128-les-differences-entre-le-personnel-hospitalier-et-le-personnel-soignant ) peuvent être classées dont :

1. Les médecins ou le personnel médical ;

2. Les infirmiers ;

3. Les professionnels paramédicaux ;

4. Le personnel de soutien.

Tous ces professionnels joueront un rôle important dans le traitement et le rétablissement au niveau de l'hôpital. De façon synthétique, voici le rôle de chacun d'eux :

a. Le personnel médical

Le personnel médical est composé des médecins, des consultants spécialistes, des résidents et des assistants. Les différences entre personnel hospitalier et personnel soignant concernent les spécialités médicales de chaque membre. En fait, le personnel médical se spécialise souvent dans un domaine plus spécifique. Il a pour rôle d'évaluer et de gérer le traitement médical à apporter aux malades. Les médecins s'occupent du diagnostic, de la prescription des médicaments dans leurs domaines d'expertises.

Un patient à l'hôpital peut également être pris en charge par des internes ou des étudiants en médecine. Ces derniers travaillent sous la supervision des médecins principaux.

b. Les infirmières et infirmiers

Les infirmières et infirmiers gèrent la plupart des soins infirmiers et des traitements à l'hôpital. Elles sont présentes pour l'évaluation, la planification et l'administration du traitement quotidien et gérer la santé générale. Comme les médecins, les infirmières ont des rôles et des responsabilités différentes en fonction de leur expérience et leurs spécialités. Cette équipe est constituée d'infirmière responsable d'unité, d'infirmière responsable adjointe de l'unité, d'infirmières praticiennes et d'infirmières spécialisées.

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c. Les professionnels paramédicaux

Les professionnels paramédicaux sont des praticiens formés à l'université qui font partie de l'équipe de soins multidisciplinaire. Ils évaluent, diagnostiquent, traitent les maladies et s'efforcent de prévenir les maladies et les handicaps. Citons par exemple les diététiciens, les pharmaciens, les ergothérapeutes, les physiothérapeutes, les orthophonistes...

1.4. Approches explicatives du traumatisme vicariant 1.4.1. Modèle bioécologique de Bronfenbrenner

Dans cette approche, un système se caractérise par un ensemble d'éléments interdépendants et en interaction. Il peut donc s'agir, par exemple, d'un individu, d'un groupe d'individus, d'une organisation ou d'une société (Fortin, 2014).

Le postulat à la base de cette approche est que le comportement d'une personne résulte d'une adaptation progressive et mutuelle entre cet individu et l'ensemble de son environnement (Drapeau, 2008). Cette approche considère aussi l'individu dans son contexte et en évolution au travers différents systèmes. Autrement dit, une personne vit en interdépendance et en interrelation avec les systèmes dans lesquels elle vit et rencontre. Donc, chaque changement dans un système produit un changement dans les systèmes en relation, ce qui force l'ensemble des systèmes à évoluer pour retrouver un équilibre.

Selon le modèle bioécologique de Bronfenbrenner (1979) les interactions entre les systèmes ont des répercussions sur le fonctionnement et la santé des individus. Cette notion d'interrelation permet de bien comprendre les changements, notamment le traumatisme vicariant, qui s'opèrent tant chez l'intervenant que le client, dans le contexte du processus d'intervention.

Pour Fortin (2014), les interactions entre les différents systèmes se produisent au travers des « inputs » et des « outputs ». Le concept d'« input» fait référence à tout ce qui provient de l'extérieur qui entre dans le système comme de l'information, des valeurs, des règles ou des comportements. À l'opposé, l'« output» constitue tout ce qui sort du système vers l'extérieur.

Dans le cadre d'une relation d'aide, le professionnel et le client possèdent des éléments qui, lorsque mis en interaction, peuvent mener au traumatisme vicariant. Tout d'abord, l'intervenant en relation d'aide, de par sa profession, possède de l'empathie et un désir d'aider dans son système. De son côté, un client possède, dans la majorité des cas, de la

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souffrance ou un vécu traumatique. Lors du contact entre ces deux systèmes, le récit détaillé des événements pénibles est souvent utilisé comme technique d'intervention.

Autrement dit, l'intervenant reçoit comme « input » de l'information sur la souffrance du client ainsi que du matériel traumatique. Ces informations, additionnées à l'empathie et au désir d'aider, peuvent résulter en l'apparition d'un stress traumatique chez l'intervenant en relation d'aide. Toutefois, bien que touché par un stress traumatique secondaire, l'intervenant n'est pas nécessairement atteint de symptômes de traumatisme vicariant. En effet, l'approche bioécologique stipule également qu'un système est plus complexe que la somme de ses parties.

De plus, un intervenant n'est pas influencé uniquement par les clients, mais par l'ensemble des systèmes qui l'entourent. Ces différents systèmes constituent des facteurs d'influence diminuant ou augmentant le risque de l'intervenant de souffrir du traumatisme vicariant.

1.4.2. Modèle de transmission du traumatisme de Figley

En 1995, Figley (cité par De soir, 2000), dans son oeuvre `'Compassion Fatigue», décrit l'épuisement des professionnels par le stress de compassion. Selon lui, la compassion fatigue se définit par `'un syndrome d'épuisement émotionnel dans lequel le stress traumatique est transmis des victimes aux intervenants». Par le biais de son modèle, il tente de définir les mécanismes qui interviennent dans la transmission du traumatisme, de la victime à l'intervenant qui en subit un déséquilibre psychique.

Selon ce modèle, l'habilité empathique du professionnel et l'engagement qu'il a envers sa victime ainsi que l'incapacité à trouver un soulagement relatif à son rôle d'aide et de soutien via les processus de découplage émotionnel, l'incapacité de ressentir un sentiment d'accomplissement personnel pour le travail réalisé et l'aide apportée aux victimes traumatisées expliquent l'épuisement émotionnel à travers le stress traumatique secondaire chez les professionnels (De Soir, 2000).

Une interaction entre les 6 facteurs illustre le processus de stress de compassion. L'habilité empathique qui est la capacité de ressentir et de percevoir la souffrance d'autrui, est mise en lien avec la contagion émotionnelle qui se définit comme le vécu des émotions de la victime en fonction du degré d'exposition à cette dernière et la façon dont le professionnel est

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affecté par les émotions de la victime. Ces deux facteurs sont associés et reflètent la compassion qu'a le professionnel envers la victime (De Soir, 2000).

L'empathie est également associée à la préoccupation empathique qui se définit par la motivation pour agir et procurer de l'aide. La notion de motivation est importante à prendre en compte. En effet, sans cette motivation, l'empathie ne serait pas présente et le stress de compassion n'aurait donc pas lieu d'être (De Soir, 2000). Vient ensuite la réponse empathique, caractérisée par la mise en place de quelque chose pour réduire la souffrance de l'autre (Blavier, 2018), qui est influencée d'une part par la contagion émotionnelle et d'autre part par les préoccupations empathiques. Ce sont donc les habilités empathiques qui vont influencer la réponse empathique du professionnel face à la souffrance de la victime.

Selon Figley (1995), cité par De soir (2000), le découplage de la victime et le sentiment d'accomplissement sont deux facteurs distincts et ceux-ci vont influencer la diminution ou l'augmentation du stress de compassion. D'un côté, le découplage de la victime représente chez le professionnel la mise en distance -ou non- par rapport à la victime. La distance qui est mise en place doit être adéquate, c'est à dire ni trop grande, ni trop étroite.

1.5. Etudes antérieures

1.5.1. Etude de Oosterbosch (2021)

Dans cette étude portant sur « Evaluation du traumatisme vicariant et de la résilience du personnel soignant ayant travaillé au sein des unités covid-19 durant la pandémie, tenant compte des facteurs sociodémographiques de celui-ci », l'auteur a voulu évaluer l'influence des facteurs sociodémographiques sur le niveau de traumatisme vicariant et le niveau de résilience du personnel hospitalier en réponse à la pandémie de covid-19.

A cet effet, l'auteur a recouru à la méthode quantitative transversale observationnelle s'intéressant au personnel hospitalier du groupe de santé, appuyée par la technique de questionnaire. Les échelles utilisées sont l'échelle de stress traumatique secondaire (STSS), l'échelle de résilience de Connor et Davidson (CD-RISC) et un questionnaire de données sociodémographiques.

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Après les analyses descriptives, univariées et multivariées des données recueillies auprès de 352 volontaires, les résultats obtenus ont montré que le score total moyen de traumatisme vicariant de l'échantillon (n = 352) est modéré (38,020) et le score total moyen de résilience est de 70,571. Un stress traumatique secondaire sévère a été trouvé chez 22.17% de l'échantillon.

Le niveau total de résilience est influencé positivement par le soutien social, les heures de sommeil, par le fait d'être optimiste, d'être croyant ou pratiquant, d'utiliser l'humour dans les situations difficiles et le fait d'avoir des enfants. Il est influencé négativement par le stress et/ou l'expérience.

Le niveau total de traumatisme vicariant est influencé négativement par le fait d'être une femme, avoir un salaire insuffisant, le stress, par la difficulté de voir les patients mourir sans leur famille, par les antécédents de burnout et de traumatismes, par les absences de longues durées et par l'environnement dangereux de travail. Un niveau élevé de résilience est un facteur de protection contre le traumatisme vicariant.

Notons par ailleurs que cette étude met en évidence le lien qui existe entre les facteurs sociodémographiques et le niveau de traumatisme vicariant ainsi que celui de la résilience. Le point commun avec notre étude est que toutes les deux contribuent à la prévention du traumatisme vicariant en s'appuyant sur les facteurs de protections qu'il faut prôner. Néanmoins, elle se différencie de la nôtre qui s'intéresse aux différentes stratégies de coping et les pratiques sur la résiliences mises en place par les personnels hospitaliers pour faire face au traumatisme vicariant en ayant un niveau élevé de résilience.

1.5.2. Etude de Fortin (2014)

Fortin (2014) a mené une étude portant sur « le vécu professionnel des intervenants de la relation d'aide : les facteurs d'influence de la fatigue de compassion et du traumatisme vicariant ». L'auteur s'est posé la question de savoir : Quels sont les facteurs de protection et les facteurs de risques de la fatigue de compassion et du traumatisme vicariant chez les intervenants en relation d'aide ?

Les objectifs suivis par cette étude étaient entre autres documenter la réalité professionnelle des intervenants en relation d'aide, d'identifier les facteurs de risque et de protection individuels, organisationnels et sociaux de la fatigue de compassion et du traumatisme vicariant.

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Dans cette étude qualitative, d'inspiration bioécologique, l'auteur a appuyé sa méthode par la technique d'entretien semi-directif pour parvenir aux résultats. La taille de l'échantillon était de 8 sujets.

Les résultats de cette étude réalisée sur les 8 répondants composés des psychologues et des travailleurs sociaux de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean et membres de leur ordre respectif mais travaillant de façon autonome, confirment qu'une profession en relation d'aide peut provoquer des répercussions négatives chez les professionnels. Les répondants de cette étude ont d'ailleurs identifié une perturbation de leurs pensées, leurs comportements, leurs émotions, leur état de santé ou leurs rapports interpersonnels causés par leur travail. Néanmoins, de par l'ensemble des facteurs d'influence, il est possible de se protéger de la fatigue de compassion et du traumatisme vicariant. Or, il est important de constater que la mise en place des facteurs de protection et l'évitement des facteurs de risque sont une responsabilité partagée par plusieurs acteurs qui ont un rôle à jouer pour assurer la protection des professionnels de la relation d'aide.

Tout d'abord, l'intervenant a lui-même la responsabilité de certains facteurs d'influence. En effet, l'adoption de contraintes personnelles au travail, de mécanismes d'adaptation et d'une vie personnelle satisfaisante en dehors de la vie professionnelle sont des éléments déterminés par le travailleur. De plus, plusieurs formes de soutien au travail comme la ventilation, la supervision professionnelle et la formation ne sont efficaces que si le travailleur les utilise adéquatement. D'ailleurs, si ce soutien n'est pas offert directement dans le milieu de travail, il en revient au professionnel d'aller le chercher ailleurs.

Le milieu de travail a, lui aussi, une forte responsabilité pour ce qui est de protéger les professionnels de la fatigue de compassion et du traumatisme vicariant. Concrètement, l'horaire, la charge, les responsabilités, le soutien et l'environnement de travail sont des éléments devant être considérés. Un facteur particulièrement important dépend également du milieu de travail, soit l'attitude des autres professionnels. En effet, des supérieurs et des collègues conscients de la réalité des intervenants et des répercussions possibles de leur travail et qui adoptent des comportements témoignant leur soutien apportent une différence importante.

La ressemblance de cette étude avec la nôtre se trouve au niveau des facteurs d'influence du traumatisme vicariant. Elle se différencie de la nôtre par le caractère précis du facteur de protection que nous étudions (mécanismes de coping ou d'adaptation).

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1.5.3. Etude de Moreira (2019)

Il s'agit d'une étude portant sur : « l'évaluation de l'épuisement professionnel chez les infirmières oeuvrant auprès des grands brûlés et leurs stratégies d'adaptation ». Cette étude avait pour objectifs d'évaluer le niveau d'épuisement professionnel des infirmières oeuvrant au centre des grands brûlés, de décrire les stratégies d'adaptation utilisées par celles-ci et finalement, d'évaluer la relation entre l'épuisement professionnel et les stratégies d'adaptation.

Etant une étude descriptive corrélationnelle, elle a été menée auprès de 23 infirmières oeuvrant au centre des grands brûlés du Centre Hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Pour atteindre les objectifs, un questionnaire en ligne a été utilisé et ce dernier comportait 3 sections soit, la version française de Maslach Burnout Inventory (MBI) pour évaluer l'épuisement professionnel, la version française de Ways of Coping Checklist (WCC) pour évaluer les stratégies de coping et des questions sociodémographiques.

Après administration et interprétation des données par le logiciel SPSS, les résultats ont révélé ce qui suit : Le score de l'épuisement émotionnel est bas (18,3) ainsi que le score de dépersonnalisation (5,8), tandis que le score de l'accomplissement professionnel est élevé (38,5). Ces résultats révèlent que les infirmières sont peu épuisées émotionnellement et manifestent peu de dépersonnalisation dans leur travail. De plus, les infirmières des GB manifestent dans leur travail un niveau d'accomplissement professionnel élevé.

Les stratégies d'adaptation les plus utilisées sont celles centrées sur le problème (31,7) et sur la recherche de soutien social (24,3) alors que celles centrées sur l'émotion sont les moins utilisées (22,0). Les deux premières stratégies d'adaptation favorisent un niveau faible d'épuisement professionnel. Une corrélation positive et statistiquement significative a été identifiée entre le niveau d'épuisement émotionnel et l'usage de stratégies d'adaptation centrées sur l'émotion (r2 = 0,71). De plus, une corrélation négative statistiquement significative a été identifiée entre l'accomplissement professionnel et les stratégies d'adaptation centrées sur l'émotion (r2 = -0,61). Lorsque les infirmières utilisent des stratégies d'adaptation centrées sur l'émotion, elles manifestent un niveau d'épuisement émotionnel plus élevé en plus de manifester un niveau d'accomplissement professionnel plus bas. Elles sont donc plus à risque d'épuisement professionnel.

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L'auteur conclue en disant que le niveau d'épuisement professionnel identifié dans la présente étude est inférieur par rapport aux études antérieures. Les stratégies d'adaptation centrées sur le problème et sur la recherche de soutien social sont les plus utilisées par les infirmières oeuvrant auprès de Grands blessés. Deux relations avec les stratégies d'adaptation centrées sur l'émotion sont ressorties de cette étude, la première avec le niveau d'épuisement émotionnel et la deuxième avec le niveau d'accomplissement professionnel.

Cette étude se ressemble avec la nôtre au point où elles cherchent toutes à identifier les stratégies de coping utilisées par un groupe des soignants (les infirmières pour cette étude et les personnels soignants pour la nôtre) et à déterminer la relation entre ces stratégies et l'une des conséquences psychologiques du travail. Elle se différencie de la nôtre qui elle, est spécifique, cherchant à évaluer une conséquence du travail en relation d'aide (le traumatisme vicariant) auprès de tous les personnels soignants oeuvrant dans les urgences ; alors que cette étude évalue l'épuisement professionnel qui est un phénomène général à tout type de travail.

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CHAPITRE DEUXIEME : APPROCHE METHODOLOGIQUE

Toute étude qui se veut scientifique accorde une place importante à la démarche méthodologique, car cette dernière retrace les plus grandes lignes suivies par le chercheur pour arriver aux résultats. Ce présent chapitre axé sur la méthodologie présente les milieux d'étude, la population concernée, l'échantillon choisi, les méthodes et les techniques utilisées. Les difficultés rencontrées vont marquer la fin de ce chapitre.

2.1. Présentation du milieu d'étude

Notre étude a été menée dans deux institutions hospitalières que compte la zone de santé de Limete dans la ville de Kinshasa en R.D. Congo. Il s'agit de la clinique Bondeko et de l'hôpital Saint Joseph. Ainsi, nous présentons de manière brève les deux hôpitaux où s'est réalisé la collecte des données.

2.1.1. Clinique Bondeko

2.1.1.1. Aperçu historique et localisation

La clinique Bondeko est l'une des oeuvres de l'ASBL Bondeko ya Sika, une ONG créée le 11 Novembre 1967 et dont l'initiateur est le Révérend Père Arthur du Vernay de Plessis (17 Février 1923-16 Mars 2007), de nationalité Belge, membre de la Congrégation Immaculée coeur de Marie CICM en sigle.

En effet, l'idée de créer en 1982 un dispensaire du Centre Bondeko dans la commune de Limete est née de la situation médicale déficiente dans laquelle se trouvaient des habitants de la ville de Kinshasa et l'indigence de tant de malades. Cette idée fut appuyée par les membres de la communauté et tous les fidèles de la chapelle du centre Bondeko qui mirent en vigueur la dime de l'ancien testament pour le financement dudit projet.

C'est alors que le projet fut présenté, au Gouverneur de la ville de Kinshasa à l'époque, monsieur Kabayidi wa Kabayidi qui, du reste l'encouragea en proposant à ses initiateurs, le Révérend Père Arthur et les membres de la communauté, de construire de préférence un hôpital au lieu d'un dispensaire.

La proposition du Gouverneur fut favorablement accueillie et l'autorité urbaine accorde aussitôt à l'ASBL, le terrain anciennement appelé « Zamba ya Avocat » pour l'érection de l'actuelle « Clinique Bondeko ». C'est en 1985 que fut posée la première pierre

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mais, suite aux difficultés financières, les travaux de construction confié à l'entreprise « AVC-construct », ne débutèrent qu'en 1986.

Le 02 Mai 1989, il eut l'ouverture du premier bâtiment qui servit de dispensaire et à tous les malades du Centre Bondeko et ceux de la société AVC-Construct furent soignés. Les premières activités de ce dispensaire furent entre autres les consultations externes et les consultations spécialisées de pédiatrie et de gynécologie.

A cette même époque, le bloc opératoire fut déjà opérationnel et pratiquant uniquement des interventions mineures. Officiellement, la Clinique Bondeko fut ouverte à toute la population de la ville de Kinshasa en 1990 avec un seul bâtiment d'hospitalisation d'une capacité d'accueil de 6 lits.

L'année 1991 fut marquée par l'arrivée des médecins spécialistes entrainant une extension des activités de la médecine spécialisée. Une année plus tard, en 1992 l'on finalisa les travaux de construction du bâtiment réservé à l'hospitalisation des malades et la Clinique Bondeko ouvrit alors le pavillon 1 qui abrite actuellement le service de la chirurgie.

En 1993, l'on construit le pavillon 2 qui fut affecté à la médecine interne et à la pédiatrie. Au cours de la même année, les travaux de construction de la salle des urgences, avec une capacité d'accueil de 11 lits des activités médicotechniques de laboratoire, radiologie et kinésithérapie. Enfin, l'année 1994 marque le début de la construction de l'incinérateur et du bâtiment devant abriter le service de maternité.

A l'heure actuelle, la Clinique Bondeko dispose de la quasi-totalité des infrastructures utiles à son bon fonctionnement. S'agissant de l'histoire de sa gestion, cinq Médecins directeurs, se sont succédés à sa tête il s'agit notamment de :

1. Professeur NGINI EHINGU KATWAKANI (de 1989 à 1998)

2. Docteur MONSENGWO WANA (de 1991 à 1998)

3. Docteur MASOKA KAPITA Baudouin (de 1998 à 2012)

4. Docteur MUALABA TSHIAMALA (de 2012 à 2022)

5. Docteur META TSHIKAYA du 15 Mars 2022 à ce jour

En ce qui concerne sa localisation, étant l'institution de référence de la zone de santé de LIMETE, la Clinique Bondeko se situe au numéro 7259 sur l'avenue YOLO au Quartier Général MASIALA à la 7e rue Résidentiel, dans la commune de LIMETE.

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Elle est limitée :

? A l'Est par la Place commerciale de la 7e rue Limete (près de 200 mètres) ;

? A l'Ouest par la mosquée musulmane et à 500 mètres du centre hospitalier « Yolo Médical » ;

? Au Nord par l'entrée de l'Avenue des Tropiques et au Sud par le quartier Résidentiel de la 7e rue.

Ces voies d'accès faciles sont soit le Boulevard Lumumba à partir de la 7e rue Résidentiel en longeant l'avenue Yolo, soit l'avenue de l'Université à partir du Rond-point Bongolo.

2.1.1.2. Infrastructures et capacités d'accueil

Construit en style architectural mixte, c'est-à-dire pavillonnaire en forme de deux peignes et bloc en hauteur, la clinique Bondeko compte au total 10 bâtiments dont 7 pavillons d'hospitalisations.

Hormis la salle d'urgence avec une capacité d'accueil de 300 lits à l'exception des chambres privées qui disposent chacune un lit, chaque chambre compte trois lits et mesure 4,70 mètres de longueur sur 3 mètres de largeur la dimension de chaque pavillon est une longueur de 3,70 m et de largeur 3 m de hauteur avec le couloir de 2.20 m de largeur, quatre de ces 10 bâtiments abritent le service administratif.

Bref, ses infrastructures et sa capacité d'accueil lui permettant de répondre aux normes d'un hôpital qui se prête le mieux à une exploitation rationnelle avec toutes les spécialités que l'on peut trouver dans n'importe quelle institution.

2.1.1.3. Organisation fonctionnelle

Dans l'exercice de ses fonctions, le Médecin Directeur supervise deux principales divisions qui coordonnent les activités médicales et paramédicales ainsi qu'administratives et financières de toute la Clinique. Il s'agit, d'une part, de la division médicale et d'autre part de la division administrative et financière.

a) La division médicale

Elle regroupe les services médicaux : médicotechniques et nursing. Elle est placée sous l'autorité du Médecin Chef de Staff Médical qui lui-même, est nommé par le Conseil de gestion, sur proposition du Médecin Directeur.

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En cas d'empêchement de ce dernier, le Chef de Staff Médical fait d'office du Médecin Directeur. Il a pour attributions :

> D'assurer la coordination et la supervision des services relevant de sa direction ;

> De veiller à l'éducation, à la formation au recyclage et à l'encadrement des professionnels de santé et des stagiaires.

b) Division administrative et financière

Comme l'indique son nom, cette division coordonne les activités des services administratifs et financiers. Elle regroupe en son sein les services ci-après : accueil et réception, comptabilité et caisse centrale, information, logistique, mouvement des malades et personnel.

La division administrative et financière est placée sous la responsabilité de l'Administrateur-Gestionnaire titulaire, nommé par le Conseil de gestion, sur proposition du Médecin Directeur. En sa qualité de premier responsable de l'administration et des finances, l'administrateur-Gestionnaire a pour attributions :

> De cordonner et superviser les activités au sein de sa division ;

> D'assurer le secrétariat du comité de direction de la Clinique ;

> De signer conjointement avec le Médecin Directeur toutes les correspondances liant la Clinique avec le monde extérieur ;

> D'établir mutuellement le rapport d'activités notamment le bilan, le compte d'exploitation, les tableaux de synthèse et le mouvement du personnel.

2.1.1.4. Organisation structurelle

Le conseil de gestion, le comité de Direction, les divisions, les services et les bureaux appelés (Unités) sont les organes fonctionnels de la clinique Bondeko.

a) Conseil de gestion

Le conseil de gestion de la clinique Bondeko comprend neuf membres ci-dessous :

> Une présidente ;

> Un représentant de l'ASBL ;

> Un médecin directeur ;

> Un administrateur-gestionnaire titulaire ;

> Trois représentant du domaine médical ;

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> Un représentant du domaine économique et ; > Un représentant du domaine juridique.

Le conseil de gestion de la clinique Bondeko a pour attributions :

> De fixer les objectifs et concevoir la politique générale ;

> De garantir le bon fonctionnement de la clinique ;

> De nommer le Médecin-Directeur, les chefs des divisions et des services.

> D'approuver le bilan de la clinique, et

> De contrôler et évaluer les activités de la clinique

b) Comité de direction

Chargé de veiller à la bonne marche de tous les services et au strict respect du règlement d'ordre intérieur de la clinique, le comité de direction est l'organe d'exécution des décisions du conseil de gestion.

Il comprend :

> Un Médecin-Directeur

> Un Administrateur-Gestionnaire titulaire (secrétaire)

> Un chef de Staff médical

> Un chef de Nursing

> Un Pharmacien

> Un Chef du personnel

c) Médecin directeur

Autorité permanente et représentant de l'institution à l'extérieur, le Médecin-Directeur est chargé de la direction, de la coordination et de gestion courante des divisions médicales ainsi qu'administratives et financières.

Dans l'exercice de ses fonctions, le Médecin-Directeur rend compte de son travail du Président au conseil de gestion de la Clinique qui est aussi Président et coordonnateur de toutes les activités de l'ASBL Bondeko ya Sika comme nous l'indique la structure ci-après :

En collaboration avec l'Administrateur titulaire, il élabore le budget à soumettre au Conseil de gestion pour approbation mensuellement, il convoque son comité restreint trimestriellement, le comité de direction élargie.

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2.1.2. Hôpital Saint Joseph 2.1.2.1. Localisation physique

Situé dans la commune de Limete, entre 14ème et 15ème rues, l'Hôpital Saint Joseph, se trouve dans le district de la Funa, à Kin-Centre. Il est situé dans la zone de santé de Limete et est limité :

? Au Nord, par le couvent des pères dominicains ;

? Au Sud, par le quartier Motel Fikin ;

? À l'Est, par le boulevard Lumumba ;

? À l'Ouest, par le quartier Masiala, un des quartiers résidentiels de la commune de

Limete.

2.1.2.2. Historique et vocation a. Historique

Selon les archives de l'hôpital (Kangiama, 2011), cette institution médicale fut un couvent des soeurs de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus qui sont des Soeurs diocésaines de Kinshasa. Conformément au projet du feu cardinal Joseph Malula, alors archevêque de Kinshasa, le couvent qui fut transformé ensuite en Facultés Catholiques, devrait devenir une université catholique abritant entre autres facultés, celle de médecine. Un hôpital serait alors construit dans cette concession.

A l'occasion de son jubilé de vie épiscopale, le Cardinal Joseph Malula reçut un don présidentiel d'un montant de 27.676 dollars américains. Ceci provoqua le déplacement des facultés à leur emplacement actuel. Les anciens bâtiments abritant les facultés ont été modifiés et constitueront, avec ce don présidentiel, le fonds de départ de l'actuel hôpital Saint Joseph.

A l'inauguration, en 1987, il n'y avait encore qu'un dispensaire comme premier service comptant deux médecins et quelques infirmiers. Le service de la maternité verra le jour un peu plus tard.

Après la mort de son initiateur, le cardinal Malula, la gestion de l'hôpital fut confiée aux religieux dont le père Lietard Edouard. Petit à petit, les différents services verront le jour les uns après les autres et l'hôpital dispensera les soins de santé primaires.

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Présentement, l'Hôpital Saint Joseph constitue une unité hospitalière de référence du bureau diocésain des oeuvres médicales (B.D.O.M) de l'archidiocèse de Kinshasa, avec son fonctionnement actuel.

b. Missions ou vocation

Comme toute autre institution sanitaire digne de sa mission, l'Hôpital Saint Joseph a comme tâche principale de répondre aux besoins de santé de la population, et surtout :

Premièrement, de s'assurer sur les soins de santé des patients :

? En soins médicamenteux, assisté par un laboratoire biomédical et imagerie pour les examens appropriés.

? En soins adaptatifs, domaine de la médecine physique, la kiné, l'orthopédie et rééducation.

Deuxièmement, d'assurer la formation du personnel soignant (des médecins juniors, les médecins stagiaires, les administratifs et les stagiaires de tous les autres domaines, dont les psychologues cliniciens). La formation est assurée en staff, par des conférences, exposés et cours, assurés par les médecins de la structure et des visiteurs. Cette formation est organisée selon des thèmes préparés par les superviseurs et assistants et présentés lors des réunions du matin dans la salle de réunion ou en modules des services séparés.

Troisièmement, de renforcer la capacité de son chirurgien résident de la fistule à travers des exercices de formations chirurgicales ; afin de réduire les distances à parcourir par les malades en quête des soins médicaux.

2.1.2.3. Organisation de l'hôpital.

L'organe de décision de l'Hôpital Saint Joseph est le Comité de gestion. Hormis la direction générale, l'hôpital dispose de quatre autres directions suivantes : Direction administrative, Direction médicale, Direction financière et Direction de nursing.

a) Direction administrative

Cette direction a pour tâche de :

? Tenir l'administration de l'hôpital ;

? Représenter l'hôpital chez les différents partenaires ; ? Engager l'hôpital en cas de besoin.

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b) Direction financière

Les attributions dévolues à cette direction sont les suivants :

> Assurer la gestion de la trésorerie ;

> Planifier les recettes, l'exercice et les dépenses de l'exercice ;

> Contrôler les couts ; > Déterminer les tarifs.

c) Direction médicale

Cette direction est chargée principalement de l'organisation des soins et collabore avec les médecins chefs de services et pharmacien. Elle regroupe tout le corps médical et coordonne l'action de cette dernière. Elle organise les roulements de médecins. La direction médicale est subdivisée en services suivants :

Dispensaire ; Urgences ;

Réanimation ; Médecine interne ; Maternité post-partum ; Chirurgie ;

Gynécologie ; Ophtalmologie ; Pédiatrie (néonatologie) ; Pavillon privé ;

Oto-rhino-laryngologie (orl) ;

Dentisterie kinésithérapie ;

Dermatologie ;

Stérilisation ;

Pharmacie ;

Salle d'opération ;

Anesthésie ;

Diabétologie ;

Consultation prénatale.

d) Direction nursing

Cette dernière direction s'occupe de la dispensation des soins infirmiers. Elle joue les rôles ci-après :

> Regrouper les infirmiers et les techniciens chefs de services paramédicaux : organiser le roulement des infirmiers

> Étudier l'organisation matérielle, la planification et la dotation humain.

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2.2. Participants à l'étude 2.2.1. Population

La présente étude porte sur le traumatisme vicariant et les mécanismes de coping des personnels hospitaliers des urgences dans les hôpitaux de la zone de santé de Limete. De ce fait, notre population d'étude est constituée des personnels hospitaliers des urgences de l'hôpital Saint Joseph et la clinique Bondeko.

2.2.2. Echantillon 2.2.2.1. Notions

Puisqu'il est difficile d'atteindre toute la population concernée dans l'étude, il est important d'extraire de cette population un groupe des personnes ayant les caractéristiques dont le chercheur veut étudier. L'échantillon est ainsi défini comme un segment ou une partie de la communauté étudiée qui porte les caractéristiques de cette communauté et qui la représente en ce qui concerne l'objet de la recherche (Friendrich-Ebert-Stiftung, 2016).

2.2.2.2. Types d'échantillons

Sachant que l'échantillonnage est la manière d'extraire un échantillon dans une population, nous disposons deux types d'échantillonnage dont l'échantillonnage de probabilité et l'échantillonnage de non-probabilité (Mwamba, 2019).

2.2.2.2.1. Échantillonnage de probabilité

L'échantillonnage de probabilité implique de choisir les sujets d'une façon telle que leur chance d'être sélectionné ou de se retrouver dans l'étude sont connues et peuvent être calculées. Il faudrait donc commencer par définir la population que l'on veut étudier. Pour y arriver le chercheur doit utiliser une méthode non biaisée telle que pile ou face, tirage au sort ou loterie ; Cette approche est dite aléatoire (Mwamba, 2019).

Ce type d'échantillonnage est subdivisé en quatre, dont l'échantillonnage aléatoire simple, l'échantillonnage aléatoire systématique, l'échantillonnage aléatoire stratifié et l'échantillonnage en grappe.

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2.2.2.2.2. Échantillonnage de non-probabilité

Même si la sélection aléatoire des sujets est considérée comme le soubassement d'une bonne recherche, la plupart d'enquête et de recherches sont basées sur des échantillons de non-probabilité, dans lesquels les sujets ne sont pas choisis au hasard. On peut compter, selon Mwamba (2019), quatre types d'échantillons de non-probabilité dont : l'échantillonnage par quotas, l'échantillonnage par commodité, l'échantillonnage intentionnel, et l'échantillonnage par boule de neige. Dans le contexte de la présente étude, nous avons fait recours à l'échantillonnage par commodité.

Il convient de noter que ce type d'échantillon s'obtient en utilisant n'importe quel sujet ou groupe disponible. Il est souvent utilisé par rapport à d'autres types d'échantillons parce qu'il est moins coûteux et rapide.

2.2.3. Critères d'inclusion

C'est suivant les critères qui suivent que les sujets étaient retenus pour constituer l'échantillon de notre étude :

? Être personnel soignant

? Travailler aux urgences de l'un de deux hôpitaux de l'étude ? Avoir la maitrise de la langue française

? Être disponible pour répondre favorablement à toutes les questions de nos trois instruments à savoir le questionnaire d'enquête, l'échelle de stress traumatique secondaire et l'échelle Ways of coping checklist.

Tous les sujets n'ayant pas rempli les critères ci-dessus sont exclus de l'étude. 2.2.4. Caractéristiques de l'échantillon

Dans ce présent point nous présentons les différentes caractéristiques des sujets ayant constitué notre échantillon de recherche. Rappelons que l'échantillon de notre travail est hétérogène. C'est ainsi que nous présenterons les tableaux en tenant compte de chaque aspect selon les variables de l'étude (genre, âge, catégorie professionnelle, Etat-civil, niveau d'étude, ancienneté et religion). Nous avons pu atteindre 49 sujets pour notre étude dont 10 n'ont pas répondus à nos critères d'inclusion à savoir ils n'ont pas répondu à toutes les questions, ainsi notre échantillon était resté à une taille de 39 sujets.

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Tableau n° 3 : Répartition des sujets de l'échantillon selon le sexe

Sexe

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Masculin

20

51,3

Féminin

19

48,7

Total

39

100,0

Il ressort du tableau n°3 que sur 100% des enquêtés, 51,3% (soit 20 sujets) sont des hommes et 48,7% (soit 19 sujets) sont des femmes.

Tableau n°4 : Répartition des sujets de l'échantillon selon l'âge

Tranche d'âge

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Moins de 30 ans

16

41,0

30 à 45 ans

13

33,3

46 à 60 ans

9

23,1

Plus de 60 ans

1

2,6

Total

39

100,0

Les résultats du tableau n°4 nous révèlent que 41% des enquêtés (soit 16 sujets) ont un âge inférieur à 30 ans ; 33,3% (soit 13 sujets) ont l'âge entre 30 et 45 ans ; 23,1% (soit 9 sujets) ont l'âge qui varie entre 36 et 60 ans ; et 2,6% (soit 1 sujet) a plus de 60 ans.

Tableau n°5 : Répartition des sujets de l'échantillon selon la catégorie professionnelle

Catégorie professionnelle

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Infirmier

20

51,3

Chirurgien

2

5,1

Médecin généraliste

14

35,9

Anesthésiste et réanimateur

2

5,1

Médecin en santé publique

1

2,6

Total

39

100,0

Le cinquième tableau nous renseigne que notre échantillon est composé de 20 infirmiers (soit 51,3%) ; 2 chirurgiens (soit 5,1%) ; 2 spécialistes en anesthésie et réanimation (soit 5,1%) ; 14 médecin généraliste soit 35,9% et 1 médecin spécialiste en santé publique (soit 2,6%).

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Tableau n°6 : Répartition des sujets de l'échantillon selon l'état-civil

Etat-civil

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Célibataire

19

48,7

Marié(e)

20

51,3

Total

39

100,0

Le tableau n°6 montre que sur 39 sujets enquêtés, 19 sujets (soit 48,7%) sont célibataires et 20 sujets (soit 51,3%) sont marié(é)s.

Tableau n°7 : Répartition des sujets de l'échantillon selon le niveau d'études

Niveau d'étude

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Diplômé A2

2

5,1

Gradué(e)

16

41,0

Licencié(e)

4

10,3

Docteur

17

43,6

Total

39

100,0

Légende : A2 : Diplôme d'état en section sciences infirmières.

En rapport avec le niveau d'études, le tableau ci-haut révèle que notre échantillon comprend 2 diplômés A2 (soit 5,1%) ; 16 gradué(e)s (soit 41%) ; 4 licencié(e)s (soit 10,3%) et 17 docteurs en médecine (soit 43,6%).

Tableau n°8 : Répartition des sujets de l'échantillon selon l'ancienneté au service

d'urgence

Ancienneté

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Moins de 5 ans

21

53,8

5 à 10 ans

9

23,1

11 à 15 ans

3

7,7

16 à 20 ans

2

5,1

Au-delà de 20 ans

4

10,3

Total

39

100,0

Il ressort du tableau n°8 que 53,8% de notre échantillon (soit 21 sujets) ont fait moins de 5 ans aux urgences ; 23,1% (soit 9 sujets) ont une ancienneté comprise entre 5 et 10 ans ; 3 sujets (soit 7,7%) ont fait entre 11 et 15 ans aux urgences ; 5,1% (soit 2 sujets) ont entre 16 et 20 ans d'ancienneté ; et 4 sujets (soit 10,3%) ont fait plus de 20 ans aux urgences.

44

Tableau n°9 : Répartition des sujets de l'échantillon selon la religion

Religion

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Catholique

13

33,3

Protestante

9

23,1

Eglise de réveil

11

28,2

Témoins de Jéhovah

3

7,7

Kimbanguiste

1

2,6

Armée du salut

1

2,6

The way international

1

2,6

Total

39

100,0

Le tableau n°9 nous révèle que sur 100% des sujets enquêtés, 33,3% (soit 13 sujets) sont catholiques ; 23,1% (soit 9 sujets) sont protestants ; 28,2% (soit 11 sujets) prient dans les églises de réveil ; 7,7% (soit 3 sujets) sont Témoins de Jéhovah ; 2,6% (soit 1 sujet) est kimbanguiste ; 2,6% (soit 1 sujet) est croyant de l'Armée du salut ; et 2,6% (soit 1 sujet) prie à The way international.

Tableau n°10 : Répartition des sujets de l'échantillon selon les institutions hospitalières

Institution hospitalière

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Clinique Bondeko

20

51,3

Hôpital Saint Joseph

19

48,7

Total

39

100,0

Le tableau n° 10 montre que notre échantillon est composé de 20 sujets (soit 51,3%) de la clinique Bondeko et 19 sujets (soit 48,7%) de l'hôpital Saint Joseph.

2.3. Méthode et technique 2.3.1. Méthode

Il est démontré qu'aucun travail scientifique ne peut aboutir à une bonne fin sans l'utilisation d'une bonne méthode. Cette dernière aide le chercheur à organiser, programmer et structurer ses instruments et/ou outils de travail pour l'aboutissement heureux de sa tâche.

La méthode étant la marche à suivre pour atteindre un but, Kanga Kalema Vita (1999) pense à ce sujet que la méthode est un ensemble des normes qui permettent de sélectionner, de coordonner les techniques des recherches. Considérée comme un ensemble, la méthode englobe en elle les techniques et procédés.

45

Quand on parle de la méthode en sciences psychologiques, nous voyons en premier lieu l'observation qui est la seule et l'unique méthode telle que défini par Claude Bernard pour toutes les sciences de la nature (Mangoni, 2019). L'observation consiste donc à noter et rapporter systématiquement des évènements, des situations.

Il existe en sciences psychologiques, tant d'autres méthodes qui partent toujours de l'observation, entre autres la méthode expérimentale, introspective, clinique, psychanalytique ou dynamique, d'enquête (Ngub'Usim Pey Nka, 2005). C'est à cette dernière méthode que nous avons fait recours dans notre étude.

2.3.1.1. Méthode d'enquête

La méthode d'enquête dont nous avons fait recours dans notre étude est une procédure de recherche qui consiste à recueillir des données verbales ou écrites auprès des groupes ou échantillons de sujets choisis en fonction d'objectifs précis dans le but de décrire et d'analyser une situation particulière (Kutunga, 2011).

Nous pouvons comprendre la technique comme étant l'outil ou instrument qu'utilise le chercheur soit pour récolter les données de son étude, soit pour traiter les données récoltées (Manzanza, 2019).

En guise de vérification des hypothèses émises dans notre étude, nous avons recouru au questionnaire d'enquête, à l'échelle du stress traumatique secondaire et l'échelle Ways of coping checklist que nous allons présenter sur le point : instruments de mesure et variables prises en compte.

Le questionnaire nous a permis d'identifier les différentes variables sociodémographiques et certaines habitudes quotidiennes ayant de l'influence sur la santé en général et sur le traumatisme vicariant en particulier. L'échelle de stress traumatique secondaire de Bride et al. (2004) nous avons servi à l'évaluation du traumatisme vicariant auprès des sujets de notre enquête. L'échelle Ways of coping checklist a permis d'identifier les stratégies misent en place par ces sujets pour faire face au traumatisme vicariant et s'adapter.

Comme dit tantôt, nous avons dans le cadre de notre recherche utilisé le questionnaire d'enquête, l'échelle du stress traumatique secondaire (STSS) et la version française de l'échelle Ways of coping checklist (WCC).

46

2.3.2.1. Questionnaire d'enquête

Le questionnaire d'enquête est une suite des propositions ayant une forme et un certain ordre sur lequel on sollicite l'avis, le jugement ou l'évaluation du sujet interrogé (Michelin, 1971).

Wolf (cité par Ngongo, 1971) définit le questionnaire comme étant un instrument d'auto-rapport utilisé pour récolter les informations concernant les variables qui intéressent le chercheur. Il consiste en un certain nombre de questions ou items écrits ou oraux auxquels le répondant lit ou entend et répond.

Pour nous, le questionnaire est une trame des questions logiques et cohérentes à laquelle on veut obtenir des informations sur un sujet ou un groupe de sujets, lesquelles informations, seront considérées comme étant des conduites et non des simples données objectives (Manzanza, 2019).

Puisque notre recherche porte sur le traumatisme vicariant des personnels hospitaliers des urgences et les mécanismes de coping de ces derniers, le fond de notre questionnaire comprends deux thèmes essentiels dont le premier traite des questions relatives aux habitudes quotidiennes de ces personnes (sport, sommeil, alimentation, hydratation) et le deuxième regroupe les questions en rapport avec le soutien social.

Sur le plan de la forme, notre questionnaire comprend 8 questions hormis les différents éléments d'identification. Ce questionnaire a été conçu en fonction des hypothèses émises et des objectifs poursuivis par notre étude.

2.3.2.2. Echelle de stress traumatique secondaire (Bride & al. 2004) a) Nature et objectif

L'échelle de stress traumatique secondaire développée par Bride et al., est une liste de 17 questions visant à mesurer les conséquences négatives qu'un travail consistant à aider régulièrement des personnes traumatisées peut entrainer. Cette échelle permet d'évaluer les symptômes d'intrusion, d'évitement ainsi que d'hyperactivité neurovégétative (éveil).

47

b) Consigne de passation

Voici une liste de déclarations faites par des personnes qui ont été affectées par leur travail avec des personnes traumatisées. Lisez chaque déclaration et indiquez ensuite à quelle fréquence cette déclaration était vraie pour vous dans les trois derniers mois en cochant la case correspondant à côté de la déclaration. « Client » est utilisé pour indiquer des personnes avec qui vous avez été engagé dans une relation d'aide. Vous pouvez substituer un autre nom qui représente mieux votre travail, comme « consommateur », « patient », « bénéficiaire », etc.

c) Cotation et interprétation

Le résultat de cette échelle est déterminé à l'aide d'un score démontrant si la personne souffre de ce traumatisme. Les participants doivent remplir le questionnaire à l'aide d'une échelle incluant cinq possibilités de réponse (jamais = 1, rarement = 2, occasionnellement = 3, souvent = 4, très souvent = 5), le score final obtenu varie de 17 à 85.

Un score est attribué à chaque sous-dimension (évitement, intrusion et éveil) en additionnant les fréquences choisies par les participants à chaque item. Les deux tableaux ci-dessous présentent respectivement la répartition des questions selon les thèmes (les dimensions) étudiés et la structure d'interprétation de l'échelle.

Tableau n°11 : Description de l'échelle de stress traumatique secondaire

Thèmes/ Dimensions

 
 

Items

Intrusion

2,

3,

6, 10 et 13

Evitement

1,

5,

7, 9, 12, 14 et 17

Eveil ou hyper vigilance

4,

8,

11, 15 et 16.

 

Il sied de noter que l'intrusion se caractérise par des souvenirs répétitifs et envahissants, des rêves répétitifs et des cauchemars en lien avec l'événement ainsi que des flash-backs. L'évitement se reflète par des efforts visant à éviter les souvenirs, les pensées, les sentiments en lien avec l'événement provoquant un sentiment de détresse. Les symptômes d'éveil se centrent sur la perturbation du sommeil, un comportement irritable, des accès de colère, une hyper vigilance et des difficultés de concentration.

48

Tableau n°12 : Echelle d'interprétation de l'échelle de stress traumatique secondaire

Niveau ou intervalle

Signification

Moins de 28

Peu ou pas de stress traumatique secondaire

28-37

stress traumatique secondaire léger

38-43

stress traumatique secondaire modéré

44-48

stress traumatique secondaire élevé

Au-delà de 49

stress traumatique secondaire sévère

Pour obtenir ce score final permettant l'interprétation, on additionne la fréquence approuvée pour chaque dimension se trouvant au tableau n°11.

NB : Le stress traumatique secondaire c'est l'appellation du traumatisme vicariant selon le DSM5.

d) Valeurs psychométriques

A propos des qualités psychométriques du questionnaire, elles semblent de bonne qualité. La STSS obtient comme résultats un alpha de 0,94 ce qui signifie qu'elle a des niveaux élevés en ce qui concerne la cohérence interne et la fiabilité. De plus, la fiabilité permet de démontrer que chaque item reflète bien ce qu'il est censé mesurer avec un coefficient alpha de 0,83 pour l'intrusion, 0,89 pour l'évitement et 0,85 pour l'éveil. Ces scores ont été démontrés par Bride et al. (2004).

Ayant ces valeurs nous sommes assurés qu'en utilisant cette échelle, elle nous permet d'évaluer réellement ce que nous voulons évaluer, le traumatisme vicariant.

2.3.2.3. Echelle Ways of coping checklist version française

a) Nature et objectif

La version française du ways of coping checklist validée par Cousson, et al. (1996) est un questionnaire qui permet d'évaluer les types de stratégies d'adaptation utilisées pour faire face au stress. Il comporte 27 questions réparties en trois dimensions dont le coping centré sur le problème, le coping centré sur l'émotion et le coping centré sur la recherche du soutien social.

Ainsi, la dimension ayant un score élevé correspond à la stratégie la plus utilisée également.

49

b) Consigne de passation

Avant de répondre au questionnaire, une brève mise en situation est introduite c'est-à-dire que le participant devait réfléchir à une ou plusieurs situations stressantes vécues dans le cadre de son travail aux urgences. Cette mise en situation a permis d'évaluer les stratégies d'adaptation face au stress vécu au travail et non dans la vie privée

Ainsi, la consigne était celle-ci : « Après avoir choisi une situation difficile que vous viviez au travail actuellement ou non, pour laquelle vous vous sentez tout à fait concerner et qui est très angoissante, stressante, vous préciserez votre façon de réagir face à cette situation stressante. Inscrivez la situation difficile que vous avez choisi dans la première ligne.

Pour chacune des affirmations cochez la case qui vous correspond le mieux. Vous trouverez 4 chiffres qui indiquent dans quelle mesure vous utilisez l'affirmation proposée (Non : 1, Plutôt Non : 2, Plutôt Oui : 3, Oui : 4). Vous essayez de répondre à toutes les affirmations si c'est possible. »

c) Cotation et interprétation

Ce questionnaire comprend 27 questions reparties selon les types de coping tels que présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau n°13 : Description de l'échelle Ways of coping checklist

Thèmes /Dimensions

 
 

Questions

 
 
 

Coping centré sur le problème

1,

4,

7, 10, 13,

16,

19,

22,

25,

27

Coping centré sur l'émotion

2,

5,

8, 11,14,

17,

20,

23,

26

 

Coping centré sur la recherche du soutien social

3,

6,

9,12, 15,

18,

21,

24

 
 

Chaque item est coté sur une échelle de Likert de 1 à 4 points (Non : 1, Plutôt Non : 2, Plutôt Oui : 3, Oui : 4), sauf l'item 15 qui est coté en sens inverse (Non : 4, Plutôt non : 3, Plutôt oui : 2, Oui : 1). Les résultats du questionnaire sont obtenus en faisant la somme des scores d'items correspondant à chaque dimension, soit un total minimum de 27 et un maximum de 108.

50

d) Valeurs psychométriques

L'homogénéité des items qui composent les variables mesurées par l'instrument a été évaluée à l'aide d'un coefficient de consistance interne (Cousson et al., 1996). Les coefficients alpha Cronbach sont modérés pour les stratégies d'adaptation centrées sur l'émotion (0,72) et pour les stratégies d'adaptation centrées sur le soutien social (0,73), tandis qu'il est légèrement plus élevé pour les stratégies d'adaptation centrées sur le problème (0,79). Des coefficients de fidélité de type test-retest à une semaine d'intervalle ont également été vérifiés. Les résultats démontrent une stabilité temporelle adéquate pour les stratégies d'adaptation centrées sur le problème (0 ,90), pour les stratégies d'adaptation centrées sur l'émotion (0 ,84) et pour les stratégies d'adaptation centrées sur le soutien social (0 ,75) (Cousson et al., 1996).

2.3.2.4. Technique de traitement des données

Le dépouillement de nos données a consisté à reprendre, pour chaque sujet dans un tableau à double entrée, toutes ses réponses aux questions de l'enquête. Et pour le traitement de ces données nous nous sommes référés à la technique statistique avec le calcul des moyennes, écart-types et l'utilisation de quelques tests statistiques comme t de student, Kolmogorov Smirnov, anova, le test F de snédecor. Nous avons utilisé pour cela le logiciel statistique SPSS version 25.

2.3.2.5. Variables prises en compte

Dans la présente étude nous avions retenu comme variables sociodémographiques ce

qui suit :

> Sexe (en deux modalités dont : masculin et féminin)

> Age (en quatre tranches dont : moins de 30 ans, 30 à 45 ans, 46 à 60 ans et plus de 60 ans

> Catégorie professionnelle (en cinq modalités dont : Infirmier, chirurgien, médecin généraliste, anesthésiste-réanimateur et médecin en santé publique)

> Etat-civil (en deux modalités : Célibataire et marié)

> Niveau d'étude (en quatre modalités : Diplômé A2, gradué(e), licencié(e) et docteur)

> Ancienneté (en cinq tranches : moins de 5 ans, 5 à 10 ans, 11 à 15 ans, 16 à 20 ans et au-delà de 20 ans)

> Religion (en sept modalités : Catholique, protestante, église de réveil, témoins de Jéhovah, kimbanguiste, armée du salut et The way international).

51

? Institution hospitalière (en deux modalités dont : l'hôpital saint joseph et la clinique Bondeko).

2.5. Procédure d'administration des instruments 2.5.1. Pré-enquête

Cette pré-enquête nous a permis d'avoir un premier contact avec le terrain d'enquête et de récolter plus de données concernant notre sujet de recherche, ce qui nous a aidé de revoir nos hypothèses, nos instruments de récolte de données, et cela grâce à l'administration de nos instruments à 12 sujets dont 4 du genre féminin et 8 masculins, tous personnels hospitaliers à l'hôpital Saint Joseph où nous avons effectué notre stage académique de fin de cycle. Après l'administration des instruments, les résultats de la pré-enquête nous ont permis de réaménager le questionnaire c'est-à-dire supprimer, ajuster et ajouter d'autres questions en vue d'une vérification non biaisée de nos hypothèses. Nous avons également remarqué que toutes les questions des échelles choisies ont été répondues sans peine. Cette pré-enquête a été réalisé le 29 et 30 octobre 2023. Il convient de signaler que les sujets de la Pré-enquête n'ont pas participé à l'enquête proprement dite.

2.5.2. Enquête proprement dite

En cette partie de l'enquête nous avons procédé par l'administration de nos instruments auprès des personnels hospitaliers des urgences dans les institutions précitées.

Nous avons travaillé pendant trois semaines pour pouvoir contacter tous les personnels hospitaliers de deux hôpitaux de notre étude. Rappelons que seuls les sujets ayant répondu favorablement aux questions ont constitué notre échantillon de recherche.

2.5.2.1. Déroulement de la collecte des données

Etant donné qu'il ne s'agissait que des échelles Likert à remplir, nous soumettions les instruments (questionnaire d'enquête, échelle de stress traumatique secondaire, échelle Ways of coping checklist) aux sujets de l'étude en leurs expliquant au préalable le fondement de l'étude et les consignes pour répondre aux différentes questions.

Nous accordions ensuite au maximum une heure du temps aux enquêtés pour répondre car nous savions qu'ils n'ont pas que nos questionnaires à traiter étant donné que nous les prenions en plein service.

Ensuite, nous récupérions les protocoles tout en remerciant nos collaborateurs.

52

2.5.2.2. Dépouillement et traitement des données collectées

Après avoir fini la phase d'enquête sur terrain, nous avons rassemblé et identifié tous les protocoles en vue de les valider. Nous avons vérifié si chaque sujet d'enquête a répondu à chaque item conformément aux consignes données en vue d'écarter ceux qui n'ont pas répondu à toutes les questions et ceux qui ont mal répondu à certaine question (par exemple cocher deux fois dans une même question).

Le dépouillement s'est fait item par item avec le logiciel Excel tout en codifiant les variables et les possibilités de réponses dans les items. Le traitement des données s'est fait par la technique statistique, avec le logiciel SPSS Version 25 pour les calculs.

2.6. Difficultés rencontrées

La réalisation de ce travail n'était pas facile puisque nous avons rencontré certaines difficultés. La plus grande difficulté était d'ordre financier, nous étions censés payer les frais de recherches à la zone de santé d'abord, à la clinique Bondeko et à l'hôpital saint joseph. Ceci avait constitué un frein dans l'avancement de notre recherche.

Etant donné que notre population d'étude était constituée des personnels soignants aux urgences, nous avions la difficulté de les trouver disponibles pour répondre une fois pour toute aux questions de nos instruments qui semblaient kilométriques pour eux. Nous passions ainsi toute la journée à l'hôpital, attendant que nos sujets parviennent à répondre à toutes les questions. Mais malgré cela, nombreux n'ont pas répondu à toutes les questions et nous les avons écartés de l'étude.

L'autre difficulté était la rareté voire l'absence des travaux sur le traumatisme vicariant surtout en Afrique en général et en R.D. Congo en particulier.

Malgré tout ceci, seules la volonté, la détermination et la persévérance nous ont permis de contourner ces difficultés et réaliser ce travail.

53

CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION
DES RESULTATS

Dans ce chapitre, il est question de présenter, d'analyser et d'interpréter les résultats obtenus après traitement statistique des données à l'aide du logiciel SPSS 25.

3.1. Présentation des résultats

La présentation des résultats se fera à cinq volets : la présentation globale des résultats, la présentation des résultats selon les variables sociodémographiques, l'étude de la corrélation, l'étude de la normalité et de l'homogénéité des distributions de scores des sujets aux deux instruments psychologiques (Echelle de stress traumatique secondaire et l'échelle Ways of coping Checklist) et l'analyse différentielle.

3.1.1. Présentation globale des résultats

Nous présentons ici de manière globale les résultats issus de nos outils de collecte des données. La présentation globale touche les aspects liés à la statistique descriptive, notamment les indices de tendances centrale et ceux de dispersion. Notons en outre que nous recourons à la moyenne et à l'écart type pour expliquer nos résultats observés suivant les outils de récolte des données.

3.1.1.1. Résultats en rapport avec le traumatisme vicariant (N=39)

Tableau n°14 : Résultats issus de l'échelle du stress traumatique secondaire

Indices statistiques

Intrusion

Evitement

Hyperactivité

Traumatisme

Moyenne

10,51

15,90

11,46

37,74

Erreur standard de la moyenne

0,60

0,83

0,69

1,85

Médiane

10,00

16,00

11,00

38,00

Mode

6

15

8

45

Ecart type

3,79

5,19

4,32

11,57

Variance

14,41

26,99

18,68

133,78

Minimum

6

8

5

21

Maximum

25

35

25

85

Somme

410

620

447

1472

La lecture des résultats consignés dans le tableau n° 14 montre que, de manière globale, les sujets de l'étude ont un score moyen de 37,74 à l'échelle de stress traumatique secondaire. Ce qui revient à dire que les personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete souffrent d'un léger traumatisme vicariant car le score obtenu est compris dans l'intervalle 28-37 d'interprétation de cette échelle.

54

3.1.1.2. Résultats en rapport avec les stratégies de coping (N=39)

Tableau n° 15 : Résultats issus de l'échelle Ways of coping checklist

Indices statistiques

CP

CE

CRS

Coping

Moyenne

26,85

23,23

23,62

73,69

Erreur standard de la moyenne

0,73

0,82

0,91

2,02

Médiane

27,00

25,00

24,00

74,00

Mode

27

26

21

71

Ecart type

4,59

5,13

5,65

12,64

Variance

21,08

26,34

31,93

159,80

Minimum

14

8

9

32

Maximum

36

30

35

99

Somme

1047

906

921

2874

Légende : CP : coping centré sur le problème ; CE : coping centré sur l'émotion et CRS :
coping centré sur la recherche du soutien social.

Le tableau n° 15 contient les résultats qui nous indiquent que globalement, le coping centré sur le problème est le plus utilisé avec une moyenne de 26,85 par les personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete ; en deuxième position nos sujets utilisent plus le coping centré sur la recherche du soutien social avec une moyenne de 23,62 ; et en dernière position ils utilisent le coping centré sur l'émotion avec 23,23 comme moyenne.

Ceci revient à dire que pour faire face au stress traumatique secondaire c'est-à-dire au traumatisme vicariant, les personnels soignants des urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete utilisent beaucoup plus des stratégies pour s'attaquer au problème (rechercher les infirmations, élaborer les plans d'action, augmenter ses propres ressources pour faire face au stress...), ensuite pour avoir un soutien social ( se confier aux autres, partager ses peines avec les autres, accepter la sympathie des autres à son égard...). En dernière position, ils utilisent les stratégies basées uniquement sur l'émotion comme la consommation des substances (alcool, drogue...), l'auto-blâme (se sentir responsable de la situation), l'expression des émotions par la colère ou l'anxiété.

3.1.1.3. Présentation des résultats issus du questionnaire

Il sied de noter en amont que notre questionnaire rapporte les pratiques basées sur la résilience utilisée par les personnels soignants. Le questionnaire ayant 8 questions, nous présentons les résultats de chaque question dans un tableau.

55

La première question nous renseigne sur la pratique régulière du sport. Elle est construite de la manière suivante : « pratiquez-vous une activité sportive régulière ? »

Tableau n°16 : Pratique d'une activité sportive régulière

Réponse

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Oui

27

69,2

Non

12

30,8

Total

39

100,0

Les résultats du tableau n° 16 indiquent que 69,2% d'enquêtés (soit 27 sujets) pratiquent une activité sportive régulière et 30,8% (soit 12 sujets) n'ont pas la pratique régulière d'une activité sportive.

La deuxième question nous renseigne sur la type d'activités sportives pratiquées par nos sujets. Elle est formulée comme suit : « si oui, quelle activité sportive pratiquez-vous régulièrement ? »

Tableau n°17 : Type d'activité sportive pratiquée

Activité sportive

Indices statistiques

Fréquence(f)

Pourcentage (%)

Football

3

11,1

La marche

19

70,4

La boxe

2

7,4

Saut de corde

3

11,1

Total

27

100,0

Les résultats consignés dans le tableau n°17 montrent que sur 100% des enquêtés qui pratiquent une activité sportive, 70,4% (soit 19 sujets) pratiquent la marche comme sport régulier ; 11,1% (soit 3 sujets) pratiquent le football ; 11,1% (soit 3 sujets) font régulièrement le saut de corde ; 7,4% (soit 2 sujets) pratiquent régulièrement la boxe.

La troisième question aborde le temps de sommeil par nuit de nos sujets. Elle stipule ceci : « vous dormez en moyenne combien d'heures par nuit ? »

56

Tableau n°18 : Temps moyen de sommeil par nuit

Temps de sommeil

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Moins de 4 heures

5

12,8

4 à 6 heures

25

64,1

6 à 8 heures

9

23,1

Total

39

100,0

La lecture du tableau n°18 révèle que 25 sujets (soit 64,1%) dorment en moyenne 4 à 6 heures par nuit, 9 sujets (soit 23,1%) dorment en moyenne 6 à 8 heures par nuit et 5 sujets (soit 12,8%) ont un temps de sommeil de moins de 4 heures par nuit.

La quatrième question parle de l'alimentation et est formulée comme suite : « combien de repas avez-vous par jour ? »

Tableau n°19 : Nombre de repas par jour

Nombre de repas par jour

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Un repas

3

7,7

Deux repas

26

66,7

Trois repas

8

20,5

Plus de trois repas

2

5,1

Total

39

100,0

Le tableau n° 19 contient les résultats qui renseignent que 66,7% (soit 26 sujets) ont deux repas par jour ; 20,5% (soit 8 sujets) ont trois repas par jour ; 7,7% (soit 3 sujets) ont un repas par jour et 5,1% (soit 2 sujets) ont plus de trois repas par jour.

La cinquième question renseigne sur l'hydratation de nos sujets. Elle est construite comme ceci : « combien de litre d'eau buvez-vous par jour ? »

57

Tableau n°20 : Hydratation

Quantité d'eau

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Moins d'un litre par jour

4

10,3

1L par jour

10

25,6

1L et demi par jour

15

38,5

2L par jour

6

15,4

Plus de 2L par jour

4

10,3

Total

39

100,0

La lecture du tableau n°20 montre que 38,5% (soit 15 sujets) boivent un litre et demi d'eau par jour ; 25,6% (soit 10 sujets) prennent un litre d'eau par jour ; 15,4% (soit 6 sujets) boivent deux litres par jour ; 10,3% (soit 4 sujets) prennent moins d'un litre d'eau par jour et 10,3% (soit 4 sujets) vont au-delà de deux litres d'eau par jour.

La sixième question donne les informations sur les types de soutien social qu'ont nos sujets. Elle dit ceci : « Quel type de support social avez-vous ? »

Tableau n°21 : Support social

Type de support social

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Les amis

7

17,9

Les membres de famille

16

41,0

Les collègues de travail

14

35,9

Les coreligionnaires

1

2,6

Les parents

1

2,6

Total

39

100,0

Les résultats du tableau n°21 révèlent que 16 sujets (soit 41%) ont pour soutien social les membres de famille ; 14 sujets (soit 35,9%) ont les collègues de travail comme soutien social ; 7 sujets (soit 17,9%) ont pour soutien social les amis et 2 sujets (soit 2,6%) chacun, ont respectivement les coreligionnaires et les parents comme soutien social.

Quant à la septième question, elle montre la perception du soutien reçu par nos sujets. Elle est construite comme ceci : « Croyez-vous que vos proches vous soutiennent adéquatement pendant ou immédiatement après les derniers événements particulièrement douloureux vécu en lien avec votre travail aux urgences ? »

58

Tableau n°22 : Perception du soutien social

Degré d'appréciation

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Pas adéquatement

1

2,6

Peu adéquatement

6

15,4

Sans avis

5

12,8

Adéquatement

14

35,9

Très adéquatement

13

33,3

Total

39

100,0

Le tableau n°22 montre que 35,9% (soit 14 sujets) pensent que leurs proches les soutiennent adéquatement ; 33,3% (soit 13 sujets) pensent que leurs proches les soutiennent très adéquatement ; 15,4% (soit 6 sujets) disent qu'ils ont un soutien peu adéquat venant de leurs proches ; 12,8% (soit 5 sujets) sont sans avis quant au soutien de leurs proches lors des évènements douloureux vécus en lien avec leur travail aux urgences et 2,6% (soit 1 sujet) pense qu'il n'est pas soutenu adéquatement par ses proches.

La huitième question montre l'appréciation de la qualité du soutien social reçu. La voici : « comment évaluez-vous la qualité du soutien reçu de vos proches »

Tableau n°23 : Qualité du soutien social reçu

Degré d'appréciation

Indices statistiques

Fréquence (f)

Pourcentage (%)

Assez bien

5

12,8

Bien

12

30,8

Très bien

11

28,2

Excellent

11

28,2

Total

39

100,0

La lecture du tableau n°23 révèle que 12 sujets (soit 30,8%) évaluent la qualité du soutien reçu à bien ; 11 sujets (soit 28,2%) évaluent l'évalue à très bien ; 11 sujets (soit 28,2%) apprécient la qualité de ce soutien comme excellent et 5 sujets (soit 12,8%) pensent que le soutien reçu de leurs proches est assez bien.

59

3.1.2. Présentation des résultats en fonction des variables sociodémographiques

Dans cette partie, il est question de présenter les résultats du traumatisme vicariant obtenus grâce à l'échelle de stress traumatique secondaire et ceux du coping obtenus grâce à la version française de l'échelle Ways of coping checklist en fonction des variables sociodémographiques. Nous rappelons que nous avons retenus 8 variables pour notre étude dont : sexe, âge, catégorie professionnelle, état-civil, niveau d'étude, ancienneté, religion et hôpital.

Tableau n°24 : Présentation des résultats en fonction des variables sociodémographiques

 

Traumatisme

Coping

Moyenne

Ecart type

Moyenne

Ecart type

Sexe

Masculin

36

10

72

12

Féminin

40

13

75

13

Age

Moins de 30 ans

35

9

72

16

30 à 45 ans

35

10

75

10

46 à 60 ans

46

16

76

10

Plus de 60 ans

38

.

76

.

Catégorie professionnelle

Infirmier

39

6

74

12

Chirurgien

35

4

76

11

Médecin généraliste

35

12

71

14

Anesthésiste et réanimateur

56

41

89

15

Médecin en santé publique

28

.

78

.

Etat-civil

Célibataire

37

9

71

14

Marié(e)

39

14

77

10

Niveau d'étude

Diplômé A2

36

5

77

8

Gradué(e)

43

12

78

10

Licencié(e)

35

9

62

18

Docteur

34

11

72

13

Ancienneté

Moins de 5 ans

36

9

73

14

5 à 10 ans

40

9

69

8

11 à 15 ans

33

10

76

4

16 à 20 ans

34

2

85

11

Au-delà de 20 ans

51

23

84

11

Religion

Catholique

35

10

76

7

Protestante

35

8

68

16

Eglise de réveil

44

15

79

10

Témoins de Jéhovah

42

7

76

9

Kimbanguiste

35

.

71

.

Armée du salut

22

.

32

.

The way international

32

.

77

.

Hôpital

Clinique Bondeko

38

14

77

10

Hôpital Saint Joseph

38

9

71

15

Note : les cellules vides correspondent aux catégories qui ont un (1) comme effectif ce qui fait
que les écart-types sont nuls.

60

Il ressort du tableau n°24 ce qui suit :

> Les sujets masculins ont un score total de 36 à l'échelle du traumatisme et ceux du sexe féminin en ont de 40. Quant au coping, les sujets masculins ont un score total 72 alors que les femmes ont un score total de 75 ;

> A l'échelle du traumatisme vicariant, les sujets ont obtenu les scores suivants : 35 pour ceux ayant moins de 30 ans d'âge ; 35 pour ceux dont l'âge varie entre 30 et 45 ans ; 46 pour ceux qui sont dans l'intervalle d'âge de 46 à 60 ans ; et 38 pour ceux ayant plus de 60 ans d'âge. Aussi, à l'échelle du coping les sujets ont obtenu les scores ci-après :72 pour ceux de moins de 30 ans d'âge ; 75 pour ceux dont l'âge varie entre 30 et 45 ans ; 76 pour ceux qui sont entre 46 et 60 ans ; et 76 pour ceux qui ont plus de 60 ans d'âge.

> A l'échelle du traumatisme, les sujets infirmiers ont un score de 39, les chirurgiens un score de 35, les sujets médecins généralistes ont obtenu 35, les anesthésistes et réanimateurs ont un score de 56 et les médecins en santé publique ont 28 comme score. En ce qui concerne l'échelle du coping, les infirmiers ont obtenu un score de 74, les chirurgiens 76, les médecins généralistes 71, les anesthésistes et réanimateurs ont un score de 89 et les médecins généralistes ont un score de 78.

> Les sujets célibataires et mariés ont obtenu respectivement 37 et 39 comme scores à l'échelle du traumatisme ; et du côté de l'échelle du coping ils ont obtenu les scores respectifs de 71 te 77.

> Au niveau d'étude, les sujets diplômés A2, gradués, licenciés et ayant un diplôme de doctorat ont obtenu respectivement un score de 36, 43, 35 et 34 à l'échelle du traumatisme vicariant et respectivement un score de 77, 78, 62 et 72 à l'échelle WCC du coping.

> Les sujets ayant moins de 5 ans d'ancienneté ont obtenu un score de 36 à l'échelle du traumatisme vicariant et un score de 73 à l'échelle WCC ; les sujets dont les années d'ancienneté sont comprises entre 5 et 10 ans un score de 40 pour le traumatisme vicariant et un score de 69 pour le coping ; les sujets avec une ancienneté de 11 à 15 ans ont les scores de 33 et 76 respectivement l'échelle du traumatisme vicariant et à l'échelle WCC ; les sujets ayant 16 à 20 ans et ceux ayant plus de 20 ans d'ancienneté ont respectivement les scores de 34 et 51 à l'échelle du traumatisme vicariant et ils ont respectivement les scores de 85 et 84 à l'échelle WCC

61

? Les sujets catholiques ont obtenu un score moyen de 35 à l'échelle du traumatisme et

76 à l'échelle WCC du coping ; les sujets protestants ont un score de 35 à l'échelle du traumatisme et un score de 68 à l'échelle du coping ; les sujets des églises de réveil ont obtenu les scores de 44 et 79 respectivement à l'échelle du traumatisme vicariant et à l'échelle ways du coping ; les témoins de Jéhovah et kimbanguistes ont obtenu respectivement les scores de 42 et 35 à l'échelle du traumatisme et les scores de 76 et 71 à l'échelle du coping ; les sujets de l'armée du salut ont un score de 22 à l'échelle du traumatisme vicariant et un score de 32 à l'échelle du coping ; les sujets priant à The way international ont un score de 32 pour l'échelle du traumatisme et un score de

77 pour l'échelle WCC du coping.

? Les personnels soignants travaillant aux urgences de la clinique Bondeko ont un score de 38 à l'échelle du traumatisme vicariant et un score de 77 à l'échelle WCC du coping, et les personnels soignants travaillant aux urgences de l'hôpital saint joseph ont un score de 38 à l'échelle du traumatisme et un score de 71 à l'échelle WCC du coping.

3.1.3. Etude de la normalité des distributions

Dans toute étude scientifique qui utilise un instrument de recherche relevant de l'échelle d'intervalle, il est exigé au chercheur d'étudier la normalité des distributions car de cela dépend le choix des tests statistiques à utiliser au niveau de l'analyse différentielle.

En statistique, plusieurs tests éprouvent l'hypothèse de la normalité d'une distribution d'étude. On peut citer parmi ces tests : le chi-carré, la technique d'asymétrie et de la voussure, le test de Kolmogorov Smirnov, le test de Shapiro...

En ce qui nous concerne, nous avons choisi le test de Kolmogorov Smirnov à cause de son caractère pratique et de sa facilité dans l'interprétation. Le tableau n°23 présente les indices statistiques se rapportant à l'étude de la normalité des distributions des résultats de notre étude via le test de Kolmogorov Smirnov.

62

Tableau n°25 : Etude de la normalité des distributions de l'étude (p.0.05)

N

Traumatisme

Coping

39

39

Paramètres normauxa,b

Moyenne

37,74

73,69

Ecart type

11,57

12,64

Différences les plus

extrêmes

Absolue

0,11

0,19

Positif

0,11

0,10

Négatif

-0,07

-0,19

Statistiques de test

0,11

0,18

Sig. asymptotique (bilatérale)

0,07

0,10

Légende : N : effectifs ; sig : signification

La lecture des données du tableau n°25 montre que toutes les probabilités associées aux distributions des résultats de notre étude (0,07 et 0,10) sont statistiquement supérieures à la probabilité critique (0,05). Ainsi, nous acceptons l'hypothèse nulle de manque de différence entre ces distributions et affirmons que la distribution de nos résultats est théoriquement normale. Nous allons donc recourir aux tests paramétriques parce que nos variables sont homogènes.

3.1.4. Etude de la corrélation

Nous voulons ici vérifier la corrélation entre les scores des sujets à l'échelle du stress traumatique secondaire (STSS) et ceux à l'échelle ways of coping checklist (WCC). Pour cela, nous avons fait recoure à la corrélation bi-variée avec l'usage du coefficient de corrélation de Bravais Pearson. Le tableau n°22 reprend les scores de coefficient de Bravais Pearson.

Tableau n°26 : corrélation entre traumatisme vicariant et coping

 

Traumatisme

Coping

Traumatisme

Corrélation de Pearson

1

0,448**

Sig. (Bilatérale)

 

0,004

N

39

39

Coping

Corrélation de Pearson

0,448**

1

Sig. (Bilatérale)

0,004

 

N

39

39

Légende : ** La corrélation est très significative au niveau 0.01 (bilatéral).

63

Le tableau n°26 indique l'existence d'une corrélation très significative au seuil de 5% entre les scores des sujets à l'échelle du stress traumatique secondaire (STSS) et ceux de l'échelle ways of coping checklist (WCC) car en effet, r = 0,448.

3.1.5. Analyse différentielle des résultats

Dans cette section de notre travail, il est question de tester la signification des différences dues aux variables modératrices de notre étude (sexe, âge, catégorie professionnelle, état-civil, niveau d'étude, ancienneté, religion et hôpital) sur le traumatisme vicariant et les stratégies de coping des sujets de notre étude. Il est question, en d'autres termes, de confirmer ou d'infirmer les tendances apparues au niveau de la présentation des résultats en fonction des variables sociodémographiques.

Pour ce faire, nous avons recouru au test t de Student pour tester l'influence de la variable sexe, Etat-civil et hôpital sur le traumatisme vicariant et les stratégies de coping. Le recours à ce test se justifie par le fait qu'il est indiqué pour comparer les moyennes de deux groupes ayant de petits ou de grands échantillons dont les distributions sont normales (Chanquoy, 2005).

Par contre, pour tester l'influence de l'âge, de la catégorie professionnelle, du niveau d'étude, de l'ancienneté et de la religion sur les résultats de notre étude, nous avons fait recours à l'analyse de la variance. Ce choix s'explique par le fait qu'elle est indiquée pour comparer plus de deux moyennes respectant la condition de normalité.

Tableau n°27 : Influence du sexe sur les résultats

 

Test t pour égalité des moyennes

t

Ddl

Sig.

(bilatéral)

Décision

Traumatisme

-1,08

37

0,29

NS

Coping

-0 ,65

37

0,52

NS

Légende : t : valeur observée du test t de Student ,
· ddl : degré de liberté ,
· sig : signification.
N.S. : Non significatif.

Le tableau n°27 montre que la variable sexe n'a pas influencé les résultats de notre étude. Autrement dit, la variable sexe n'a pas permis de différencier les notes des sujets d'étude à l'échelle du traumatisme secondaire et à l'échelle ways of coping checklist. Cette

64

conclusion se justifie du fait que toutes les probabilités y associées (0,29 et 0,52) sont supérieures à la probabilité critique (0,05).

Tableau n°28 : Influence de l'Etat-civil sur les résultats

 

Test t pour égalité des moyennes

t

Ddl

Sig.

(bilatéral)

Décision

Traumatisme

-0,41

37

0,68

NS

Coping

-1,50

37

0,14

NS

Légende : t : valeur observée du test t de Student , ddl : degré de liberté , sig : signification.
N.S. : Non significatif.

La lecture du tableau n°28 révèle que les probabilités associées (0,68 et 0,14) sont supérieures à la probabilité critique. Ceci nous amène à conclure que la variable Etat-civil n'a pas influencé les notes de nos sujets sur le traumatisme et sur le coping. Il n'y a donc pas de différence statistique entre les célibataires et les mariés en ce qui concerne le développement du traumatisme vicariant et la mise en place des stratégies de coping.

Tableau n°29 : Influence de l'hôpital sur les résultats

 

Test t pour égalité des moyennes

t

Ddl

Sig.

(bilatéral)

Décision

Traumatisme

0,11

37

0,91

NS

Coping

1,50

37

0,14

NS

Légende : t : valeur observée du test t de Student , ddl : degré de liberté , sig : signification.
N.S. : Non significatif.

La lecture du tableau n° 29 indique que la variable hôpital n'a pas permis de différencier les notes des sujets de l'étude au niveau de l'échelle de stress traumatique secondaire et de l'échelle ways of coping checklist. Cette conclusion se justifie par le fait que toutes les probabilités y associées (0,91 et 0,14) sont supérieures à la probabilité critique (0.05).

65

Tableau n°30 : ANOVA des résultats à l'échelle du stress traumatique secondaire

(STSS)

 

Somme des
carrés

Ddl

Carré
moyen

F

sig

Décision

Age

Intergroupes

9,31

22

,423

0,36

0,99

NS

Intragroupes

19,05

16

1,19

 
 
 

Total

28,36

38

 
 
 
 

Catégorie profession- nelle

Intergroupes

68,99

22

3,14

1,53

0,19

NS

Intragroupes

32,70

16

2,04

 
 
 

Total

101,69

38

 
 
 
 

Niveau
d'étude

Intergroupes

23,07

22

1,05

0,95

0,56

NS

Intragroupes

17,70

16

1,11

 
 
 

Total

40,77

38

 
 
 
 

Ancienneté

Intergroupes

29,60

22

1,35

0,56

0,90

NS

Intragroupes

38,30

16

2,39

 
 
 

Total

67,90

38

 
 
 
 

Religion

Intergroupes

47,74

22

2,17

0,70

0,79

NS

Intragroupes

49,95

16

3,12

 
 
 

Total

97,69

38

 
 
 
 

Légende : Ddl : degré de liberté ; F : test F de snedecor ; sig : signification ; NS : non

significatif

Il ressort du tableau n°30 que toutes les variables (âge, catégorie professionnelle, niveau d'étude, ancienneté et religion) n'ont pas influencé les résultats à l'échelle STSS. En effet, les probabilités associées de ces variables (0,99 ; 0,19 ; 0, 56 ; 0,90 et 0,79) sont supérieures à la probabilité critique (0,05).

Ceci veut dire que le développement du traumatisme vicariant chez les personnels soignants oeuvrant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de limete ne dépend pas de l'âge, de la catégorie professionnelle, du niveau d'étude, de l'ancienneté ou de la religion. Tous sont victimes de la même manière.

66

Tableau n°31 : ANOVA des résultats à l'échelle Ways of coping checklist (WCC)

 

Somme
des carrés

Ddl

Carré
moyen

F

sig

Décision

Age

Intergroupes

18,53

22

0,84

1,37

0,26

NS

Intragroupes

9,83

16

0,62

 
 
 

Total

28,36

38

 
 
 
 

Catégorie professionnelle

Intergroupes

66,69

22

3,03

1,39

0,25

NS

Intragroupes

35,00

16

2,19

 
 
 

Total

101,69

38

 
 
 
 

Niveau d'étude

Intergroupes

24,27

22

1,10

1,07

0,45

NS

Intragroupes

16,50

16

1,03

 
 
 

Total

40,77

38

 
 
 
 

Ancienneté

Intergroupes

54,56

22

2,48

2,98

0,02

Sign

Intragroupes

13,33

16

0,83

 
 
 

Total

67,90

38

 
 
 
 

Religion

Intergroupes

72,36

22

3,29

2,08

0,07

NS

Intragroupes

25,33

16

1,58

 
 
 

Total

97,69

38

 
 
 
 

Du tableau n°31, on constate que la variable ancienneté a influencé sur les stratégies de coping car la probabilité y associée (0,02) est inférieure à la probabilité critique (0.05). Par contre, les variables âge, catégorie professionnelle, niveau d'étude et religion n'ont pas influencé le coping. Cette conclusion se justifie par le fait que toutes les probabilités y associées (0,26 ; 0,25 ; 0,45 et 0,07) sont supérieures à la probabilité critique (0.05).

Ceci veut dire qu'avoir une ancienneté élevée dans le service d'urgences permet aux personnels soignants de développer plus de stratégies d'adaptation (coping) pour faire face au stress du travail et au traumatisme vicariant. Cependant l'âge, la catégorie professionnelle, le niveau d'étude et la religion n'influencent pas significativement le développement des stratégies de coping pouvant permettre de faire face au traumatisme vicariant.

3.2. Discussion des résultats

Après la présentation et l'analyse des résultats, nous procédons à leur discussion. Il s'agit de donner un sens aux résultats observés et les comparer à ceux des études antérieures. Nous confrontons également nos résultats avec nos hypothèses afin de déterminer si elles sont confirmées ou infirmées. Et tout cela conformément aux objectifs que nous nous sommes assignés : évaluer le traumatisme vicariant au sein des membres du personnel soignant travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete, identifier les stratégies de coping utilisées par ces personnels pour tenir bon et faire face au traumatisme vicariant,

67

déterminer la relation entre le traumatisme vicariant et les stratégies de coping de ces personnels soignants, déterminer l'influence des variables sociodémographiques dans la manifestation du traumatisme vicariant.

Il ressort des résultats à l'échelle STSS que nos sujets ont obtenus de manière globale un score de 37,74 se situant dans l'intervalle de 28-37 d'interprétation et correspondant à un niveau léger du traumatisme vicariant. Cela nous permet d'attester que les personnels soignants travaillant aux urgences dans les hôpitaux sont exposés et souffrent du traumatisme vicariant mais à un niveau léger contrairement au niveau élevé comme nous l'avions envisagé.

Ces résultats poussent à infirmer notre première hypothèse qui stipule que les personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete souffriraient ou présenteraient un niveau élevé du traumatisme vicariant par le fait de leur exposition continuelle aux souffrances de leurs patients, de la volonté de vouloir aider et l'empathie manifestée pour les aider.

Ces résultats rencontrent ceux de Fortin (2014) où il a été constaté que la profession de relation d'aide peut provoquer des répercussions négatives chez les professionnels.

Les répondants de cette étude ont identifié comme effets négatifs de leur travail la perturbation de leurs pensées, comportements, émotions, l'état de santé ou les rapports interpersonnels.

Pour ce qui concerne notre travail, nous avons en effet noté les répercussions suivantes chez nos sujets : le syndrome d'intrusion (avec un score moyen de 10,51) qui se rapporte à des souvenirs répétitifs et envahissants, aux rêves répétitifs et des cauchemars en lien avec l'évènement (le travail aux urgences pour notre cas) ainsi qu'aux flash-backs ; le syndrome d'évitement (avec un score moyen de 15,90) qui se reflète par des efforts visant à éviter les souvenirs, les pensées , les sentiments en lien avec l'évènement provoquant un sentiment de détresse ; et le syndrome d'éveil ( avec un score moyen de 11,46 ) qui se centrent sur la perturbation du sommeil, un comportement irritable, des accès de colère, une hyper vigilance et des difficultés de concentration. Cela, malgré le fait que nous les avions identifiés à un niveau bas que chez Fortin (2014).

68

Nos résultats contredisent ceux de Oosterbosch (2021) où il a été constaté que les personnels soignants souffrent du traumatisme vicariant modéré avec un score moyen de 38,020.

Malgré le fait que ces personnels soignants souffrent du traumatisme vicariant ou ont un traumatisme vicariant, ils ont développé des stratégies pour s'adapter et faire face à ce stress.

Les résultats issus de l'échelle WCC ont montré que nos sujets utilisent beaucoup plus les stratégies de coping centrés sur le problème (CP) avec un score moyen de 26,85 et ceux centrés sur la recherche du soutien social avec 23,62 comme score moyen. Ceci veut dire que ces personnels soignants utilisent dans la plupart de temps les actions ci-après pour faire face au traumatisme vicariant : la réduction des exigences de la situation, l'augmentation de ses propres ressources pour faire face au problème, la recherche des informations sur la situation, l'élaboration des plans d'actions et leur mise en pratique, le partage de la situation avec les proches, la recherche de l'aide d'un professionnel, etc....

A côté de ces stratégies de coping, les personnels soignants utilisent aussi quelques pratiques de la vie basées sur la résilience. Les résultats issus du questionnaire nous rapportent que la majorité de nos sujets d'étude (69,2%) pratiquent une activité sportive régulière. L'activité sportive la plus pratiquée étant la marche (48,7%), ces personnels soignants dorment en moyenne 4 à 6 heures par nuit (64,1%) ; ils ont deux repas en moyenne par jour (66,7%), ils s'hydratent bien avec 1litre et demi d'eau par jour (38,5%). Le support social majoritaire de nos sujets est composé des membres de famille (41%). Ces personnels soignants pensent que leurs proches les soutiennent adéquatement (33,3%) pendant ou immédiatement après les événements particuliers douloureux vécus en lien avec leur travail aux urgences et ils évaluent bien la qualité du soutien reçu de leurs proches (30,8%).

Au regard de ce qui précède, nous confirmons notre deuxième hypothèse selon laquelle pour tenir face aux menaces du traumatisme vicariant, les personnels soignants des hôpitaux de la zone de santé de limete utiliseraient plus les copings centrés sur le problème et ceux centrés sur la recherche du soutien social ; au détriment de ceux centrés sur l'émotion ; et ils utiliseraient d'autres pratiques sur la résilience comme les activités sportives, le support social, la bonne alimentation, l'hydratation et le soutien des proches.

69

Ces résultats vont de pair avec ceux de l'étude de Moreira (2019) où il a été rapporté que les stratégies d'adaptation les plus utilisées par les infirmières du centre des grands blessés sont celles centrées sur le problème (31,7) et sur la recherche de soutien social (24,3) alors que celles centrées sur l'émotion sont les moins utilisées (22,0). Les deux premières stratégies d'adaptation favorisent un niveau faible d'épuisement professionnel.

En outre, nos résultats montrent une corrélation très significative au seuil de 1% entre le traumatisme vicariant et les stratégies de coping étudiées dans cette investigation (r = 0,448). Ces résultats nous permettent de confirmer notre troisième hypothèse postulant qu'il existerait une relation corrélative entre l'intensité du traumatisme vicariant et les stratégies de coping utilisées. Cette relation explique donc le niveau léger du traumatisme vicariant observé dans notre population d'étude car, en effet, les stratégies de coping mises en place ont permis une adaptation face au stress du traumatisme vicariant quand bien même certains sujets ont un niveau de traumatisme plus élevé que la moyenne de tous.

L'analyse différentielle a révélé que seule l'ancienneté dans le service des urgences a influencé le développement des stratégies de coping et que les autres variables de l'étude telles que le sexe, l'âge, la religion, le niveau d'étude, l'Etat-civil, la catégorie professionnelle et l'hôpital n'ont eu aucune influence ni sur le traumatisme vicariant et moins encore sur les stratégies de coping. Ces résultats nous amènent à infirmer la grande partie de notre dernière hypothèse qui stipule que le traumatisme vicariant et les stratégies de coping varieraient selon quelques variables sociodémographiques telles que le sexe, l'âge, la catégorie professionnelle, l'état-civil, l'ancienneté, le niveau d'étude et la religion, et de ne confirmer qu'une partie montrant que le développement des stratégies de coping varie selon qu'on est plus ancien ou pas dans le service des urgences.

70

CONCLUSION

Ce travail que nous concluons a porté sur « traumatisme vicariant et stratégies de coping auprès du personnel soignant. Etude réalisée dans les urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete à Kinshasa ». L'objectif principal poursuivi par la présente étude était d'évaluer le traumatisme vicariant au sein des soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete. Cet objectif a donné lieu aux questions suivantes pour son atteinte :

> Quel est le niveau du traumatisme vicariant vécu par le personnel soignant travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete ?

> Quelles sont les stratégies d'adaptation misent en place par ces personnels afin de faire face et s'adapter au traumatisme vicariant ?

> L'intensité de traumatisme vicariant est-elle déterminée par les stratégies de coping utilisée ?

> Les variables sexe, âge, catégorie professionnelle, état-civil, niveau d'étude, ancienneté, religion et institution hospitalière influencent-elles la survenue et le développement du traumatisme vicariant ainsi que la mise en place des stratégies d'adaptation (coping) chez le personnel soignant travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete ?

Face à ce questionnement, les hypothèses suivantes ont été émises :

> Les personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la Zone de santé de Limete souffriraient ou présenteraient un niveau élevé du traumatisme vicariant par le fait de leur exposition continuelle aux souffrances de leurs patients, de la volonté de vouloir aider et l'empathie manifestée pour les aider.

> Pour tenir face aux menaces du traumatisme vicariant, les personnels soignants des hôpitaux de la zone de santé de Limete utiliseraient plus les copings centrés sur le problème et ceux centrés sur la recherche du soutien social, au détriment de ceux centrés sur l'émotion ; et ils utiliseraient d'autres pratiques basées sur la résilience comme les activités sportives, le support social, la bonne alimentation, l'hydratation et le soutien des proches ;

> Il existerait une relation corrélative entre le traumatisme vicariant et les stratégies de coping utilisées ;

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? Le traumatisme vicariant et les stratégies de coping varieraient selon quelques variables sociodémographiques telles que le sexe, l'âge, la catégorie professionnelle, l'état-civil, l'ancienneté, le niveau d'étude, la religion et l'institution hospitalière.

Pour vérifier ces hypothèses et atteindre les objectifs auxquels nous nous sommes assignés, nous avons recouru à la méthode d'enquête, opérationnalisée par les techniques de questionnaire d'enquête, de l'échelle de stress traumatique secondaire (STSS) et de la version française de l'échelle waus of coping checklist (WCC).

Ces instruments nous ont permis de récolter les données auprès de 39 personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete en l'occurrence la clinique Bondeko et l'hôpital Saint Joseph. Les données récoltées ont été traitées grâce au logiciel statistique SPSS version 25.

Après présentation, analyse et interprétation des résultats, nous avons constaté ce qui

suit :

? Les personnels soignants travaillant aux urgences des hôpitaux de la zone de santé de Limete ont un niveau léger du traumatisme vicariant. Cela nous a permis d'attester que les personnels soignants travaillant aux urgences dans les hôpitaux sont exposés et souffrent du traumatisme vicariant.

? Nos sujets utilisent beaucoup plus les stratégies de coping centrés sur le problème et ceux centré sur la recherche du soutien social, les stratégies de coping centrées sur l'émotion sont les moins utilisées. A côté de ces stratégies de coping, ces personnels soignants utilisent aussi quelques pratiques de la vie liées basées sur la résilience telles que la pratique d'une activité sportive régulière où la majorité pratique la marche. Ces personnels soignants dorment en moyenne 4 à 6 heures par nuit ; ils ont deux repas en moyenne par jour ; ils s'hydratent bien, ayant tous un support social et celui qui est majoritaire c'est les membres de famille. Ils pensent que leurs proches les soutiennent adéquatement pendant ou immédiatement après les événements particuliers douloureux vécus en lien avec leur travail aux urgences et ils évaluent bien la qualité du soutien reçu de leurs proches.

? Il y a une relation positive et très significative entre le traumatisme vicariant et les stratégies de coping étudiées dans cette étude. Ce qui explique le niveau léger du traumatisme vicariant observé dans notre population d'étude car en effet, les stratégies de coping mises en place ont permis une adaptation face au stress du traumatisme

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vicariant quand bien même certains sujets ont un niveau de traumatisme plus élevé que la moyenne de tous ;

? Seule la variable l'ancienneté dans le service des urgences a influencé le développement des stratégies de coping et les autres variables de l'étude telles que le sexe, l'âge, la religion, le niveau d'étude, l'Etat-civil, la catégorie professionnelle et la variable hôpital n'a eu aucune influence tant sur le traumatisme vicariant que les stratégies de coping.

Ces constats nous ont permis d'infirmer notre première hypothèse sans rejeter totalement l'existence du traumatisme vicariant au sein de notre population d'étude, de confirmer totalement nos deux hypothèses suivantes et partiellement la quatrième hypothèse en infirmant une grande partie de celle-ci. Ainsi nous pouvons dire que nos objectifs ont été tous atteints et nous formulons les suggestions suivantes :

? Au pouvoir public : d'engager les psychologues cliniciens dans les hôpitaux pour la prise en charge et l'accompagnement des membres du personnel soignant qui présentent les difficultés après des expériences stressantes vécues en lien avec leur travail car, il est important que ces personnels soient en équilibre mental afin de mener à bien leur travail ;

? Au personnel soignant : de toujours recourir à un psychologue clinicien lorsque les stratégies personnelles et l'apport des proches ne permettent pas de reprendre l'équilibre mental perdu après un événement troublant vécu au travail. Ceci permettra d'éviter le développement des pathologies psychologiques graves ;

? Aux scientifiques et étudiants en psychologie clinique : approfondir des recherches sur les questions des conséquences d'un travail en relation d'aide surtout en République Démocratique du Congo afin d'orienter les interventions des psychologues auprès de ces aidants qui semblent être abandonnés à leur propre sort.

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