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Le Cameroun sous les fourches caudines du fmi d'après les journaux: 1988-2006


par Symphorien Loïc EMBOLO
Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire des relations internationales  2023
  

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2.1.Favoriser l'expansion des entreprises occidentales

L'une des accusations portées contre le FMI se rapporte à l'atteinte à la souveraineté de l'État et au bien-être des peuplesà travers ses interventions. L'accusation se baseen effet sur la méthode brutale utilisée par le Fonds pour changer le régime économique du pays, soit une thérapie de choc où l'injonction tient lieu des politiques de privatisation, de dérèglementation, de libéralisation des changes et de mouvement de capitaux, d'équilibre budgétaire et d'inflation491(*). Il s'agit là d'une méthode qui évoque plus le diktat que la libre négociation entre partenaires égaux, comment le comprendre ?

En effet, du moment où le Mexique a annoncé qu'il n'est plus en mesure de rembourser sa dette extérieure en août 1982, les bailleurs de fonds internationaux perdent ainsi confiance et refusent désormais d'alimenter le flux de capitaux vers les pays endettés, tel que le Cameroun à cette époque492(*). Or, après la reconstruction de l'Europe dans les années 1960,de nouvelles orientations politiques sont données aux missions du FMIpar les pays occidentaux dans le but derestituer leur hégémonie et leur sphère d'influence sur les anciennes colonies nouvellement indépendantes. Ainsi, une aide pour les pays du Sud sur fond d'intérêt général est créée, et la supervision confiée au FMI et à la BM493(*). C'est donc ainsi que le FMI devient le seul recours qui accepte de prêter l'argent nécessaire, qui permet surtout de sauver les créanciers privésoccidentaux.

Arrivé en prêteur de dernier recours, au taux fort bien sûr, ne pouvaient bénéficier de son assistance financière que les pays qui acceptent les conditions et décident de mener la politique décidée par ses experts : ce sont les fameuses conditionnalités du FMI. En d'autres termes, la politique économique de l'État endetté passe sous le contrôle du Fonds et de ses experts multilatéraux494(*).Cela étant dit, il était donc illusoire de penser que les politiques d'ajustementimposées par le FMI devaient être suffisamment outillées pour résoudre les problèmes économiques et sociaux propre au Cameroun, et encore moins de soucier du respect de sa souveraineté et son intégrité.

Lorsque les autorités camerounaises recourent au soutien économique et financier du FMI en 1988, une cohorte de mesures d'austérité lui sont imposées dans le but de mieux préparer le pays satisfaireles intérêts étrangers au détriment du développement économique et social du Cameroun.Dans la presse locale et internationale,le débat partage les opinions.Selon Le Messager, cette intervention du FMI setraduite par l'accentuation des inégalités et l'accumulation sans limite de richesses au bénéfice exclusif d'une infime minorité tandis que l'écrasante majorité de la population vit dans des conditions de plus en plus précaires.

En effet, la liquidation et la restructuration des entreprises publiques,par exemple, réduitle contrôle qu'exerçait le gouvernement sur l'acquisition d'entreprises nationales.Les mesures de contrôle sur les mouvements de capitaux, le contrôle de changes etla nationalisation des entreprises sont abandonnés et supprimés au profit des transnationales occidentales495(*).Ce qui a entrainéune perte de contrôle d'éléments stratégiques pour le développement etles services d'intérêts publics par l'État, accentuant ainsi la précarité du niveau de vie des Camerounais qui voient se réduire les services auxquels ilsavaient accès, rapporte le journal français Le Monde496(*).

Entre 1990 et 2002, une poignée d'entreprises transnationales, à l'instar de Bolloré, contrôlaient la majeure partie de la production nationale sur les secteurs bancaire, infrastructurel, de la distribution, du tourisme, des moyens d'information, etc. En 1995 par exemple, seulsles USA, le Japon, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni se partageaient plus de 75% des entreprises installées au Cameroun avec un chiffre d'affaired'environ 85,9% de l'État497(*).En effet, les PAS permettent aux transnationales occidentales d'infiltrer toutes les couchesindustrielles de l'État et de créer une concurrence déloyale sur le marché camerounais498(*). Carles pratiques qui suivent ces privatisationsvont généralement à l'encontre de toute rationalité et bon sens économiquedes États en crise selon J. Stiglitz499(*).

Les programmes d'ajustement ne constaient pas seulement à ajuster la balance de paiement au Cameroun, mais également à ajuster le pays lui-même, la politique et la structure sociale à un contexte mondial que, par définition, il ne contrôlait pas. C'est ainsi que la notion d'ajustement structurel créé un contexte nouveau de crise économique et de l'endettement. Car dans cet État naissent un niveau de demande trop élevé, un niveau de consommation et d'investissement reposant fortement sur les importations, une baisse des prix réels d'exportation, un niveau d'efficacité économique trop bas et une accumulation trop élevée du volume de la dette500(*).

* 491 Mohamed Salah, L'irruption des droits de l'homme..., p.68.

* 492Fozing, L'éducation au Cameroun..., p.50.

* 493Legzouli, «Les mécanismes d'aide au développement..., consulté en ligne sur www.these.fr, le 11 juin 2023 à 13h 30.

* 494Fozing, L'éducation au Cameroun..., p.50.

* 495E. Toussaint, «Enjeux politiques de l'action de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le développement et du Fonds Monétaire International envers le tiers-monde'', Thèse de Doctorat en Sciences politiques, Université de Liège-Université de Paris 8, 2004, p.40.

* 496 Anonyme, «Privatisation au Cameroun : les entreprises publiques bradées aux multinationales occidentales'', in Le Monde, 15 juillet 2002, consulté en ligne sur www.lemonde.fr, le 2 mars 2023 à 16h21.

* 497 Ibid.

* 498S. E. Banyongen, «Les institutions de Bretton-Woods : Étude de cas de l'IPPTE au Cameroun (la rencontre d'une logique de l'information stratégique avec les dynamiques socio-culturelles)'', Thèse de Doctorat, Faculté des Arts, département de communication, Université d'Ottawa, Canada, 2007, p.21.

* 499J. Stiglitz, La grande désillusion..., p.23.

* 500G. Garcia, La dette externe, obstacle majeur à la réalisation du droit au développement, Bruxelles, CADTM, 2004, p.34.

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