Le Cameroun sous les fourches caudines du fmi d'après les journaux: 1988-2006par Symphorien Loïc EMBOLO Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire des relations internationales 2023 |
CHAPITRE III : ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES ET SOCIO-POLITIQUES DES PASAU CAMEROUN, 18 ANS APRESAprès l'échec relatif des politiques d'ajustement autonomes mises en place à partir de 1986, la pression des bailleurs de fonds,et la réticence des autorités nationales en 1987, c'est finalement en septembre 1988 que le gouvernement acceptede signer avec le FMI le premieraccord dans le cadre des programmes d'ajustement312(*).Adoptées comme techniques innovatrices pour canaliser l'activité économique au Cameroun,peut-on dire que les programmes du Fonds ont réussi le pari qui était de permettre au Cameroun d'améliorer ses performanceséconomiques, politiques et sociales, 18 ans après ? I. ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES La période qui s'étale de 1989 à 2006 est une période cruciale pour l'économe camerounaise. Durant ces années, le Cameroun connait une croissance économique significative, marquée par une augmentation du produit intérieur brut (PIB), de l'investissement et l'emploi.Cette dynamique est étroitement liée à la mise en place de politiques de dérèglementation visant à libéraliser l'économie et à favoriser un environnement propice à l'investissement. Dans cette partie, nous examinons l'impact de ces tendances économiques sur le développement global du Cameroun, afin d'offrir un éclairage précieux sur cette période clé de son histoire. 1. La dérèglementation des politiques économiques La dérèglementation des politiques économiques se traduit par la libéralisation du marché camerounais et l'installation d'une concurrence dans le secteur industrielle.
En 1989 le gouvernement camerounais adopte des politiques publiques consistant à réduire les barrières commerciales et à promouvoir l'intégration du Cameroun dans l'économie mondiale. Le désengagement progressif de l'État des activités agricoles se traduit par la suppression des taxes à l'exportation, la réduction substantielle de l'encadrement de la production par des sociétés publiques, la libéralisation de la commercialisation, et l'élimination du contrôle des prix et de la qualité du café et du cacao par l'État313(*). En 1990,le Cameroun supprime l'ONCPB et adhère à la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), et à la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), ce qui a facilité la libre circulation des biens, des services et des personnes. Les produits agricoles et le pétrole prédomine dans la feuille des exportations du Cameroun. Le pétrole représente plus de 50% des exportations totales du pays, tandis que les autres produits comprennent le gaz naturel, les fèves de cacao, le café, le coton, l'aluminium et l'or. Le principal partenaire du Cameroun est l'UE qui représente 45% des exportations totales et les autres incluant la Chine et les Etats-Unis le reste314(*). En 1994, le gouvernement se dote d'un code d'investissement accordant de larges avantages fiscaux et douaniers aux investisseurs étrangers. Il s'agit d'une loi qui vient renforcer l'Ordonnance présidentielle n°90/001 qui créée le régime de la Zone Franche Industrielle (ZFI) dans la région portuaire de Douala. Les principaux objectifs sont : la promotion de nouveaux investissements productifs dans les secteurs clés comme l'agroalimentaire, les technologies de l'information et les services ; l'augmentation des exportations ; et la création d'emploi315(*). C'est cet instrument de développement des échanges qui restaure la stratégie de l'Industrialisation par Substitution aux Exportations (ISE) et crée l'Office National des Zones Franches Industrielles (ONZFI) en 1991. Par ailleurs, les importations et les exportations en zone franche ne sont assujetties ni à une licence, ni à une autorisation, et encore moins à une limitation de quotas. Aucun contrôle de prix ou de marges bénéficiaires ne s'applique aux produits et services des entreprises des ZFI. En effet, les avantages fiscaux et douaniers se déclinent en termes d'exonérations totales jusqu'en 2000,notamment pour tout droits d'enregistrement et de timbre de toutes natures, tous les impôts et taxes en vigueur, et sur le transfert de devises et la libre circulation des capitaux316(*). Cela a encouragé la création de 48 entreprises sur la zone franche entre 1992 et 2000. En outre, cette évolution industrielle est également dû à la publication de la Loi n°94/01 du 20 janvier 1994 par le ministère de l'Environnement et des Forêts, interdisant l'exportation de certaines essences forestières à l'État brut. Sur le terrain, les sociétés sont donc poussées à se convertir en sociétés de transformation afin de survivre, ce qui a favorisél'augmentationdes investissements cumulés en zone franche Cameroun. Ils passent de 13, 8 millions de FCFA en 1992/93 à 17,5 millions en 1999/00, puis à 77,4 millions en 2000/01317(*). En effet, 66% de ces investissements sont essentiellement d'origine étrangère et principalement européennes en provenance de la France, de la Belgique et de l'Italie. Mais concernantles opportunités d'emplois, seuls 6096 emplois sont permanents, avec environ 1786 emplois saisonniers, soit un taux relativement faible lorsque l'Institut Nationale de la Statistique divulgue un chiffre de 800 milles chômeurs en 2000. Par ailleurs, les exportations réalisées par les entreprises de la zone franche atteint près de 100 milliards de FCFA en l'an 2000, représentant ainsi 70% des exportations totales du pays contribuant à améliorer la balance des paiements du Cameroun qui passe d'un solde déficitaire de 123,760 milliards de FCFA en 1990 à un solde excédentaire de 205,694 milliards de FCFA en 2000318(*). Lorsque ces performances régressent en 2001, le gouvernement camerounais signe unilatéralement un accord de partenariat économique avec l'Union européenne, ouvrant ainsi le marché européen aux produits camerounais et encourageant l'investissement européen dans le pays319(*). D'après les journaux, cela permet au Cameroun d'être actif dans le commerce international entre 2001 et 2006. Le flux d'exportation de pétrole, du bois, de cacao, et de café augmente. Durant l'exercice 2004/05, le Cameroun produit et exporte près de 180 milles tonnes de fèves de cacao, au moment où la production baisse en Côte d'Ivoire et au Ghana à cause des troubles politiques et sociaux qui interrompent les livraisons de cacao320(*). Concernant le cadre commercial, la SONARA réalise un chiffre d'affaires d'environ 740 millions d'euros en 2005, grâce à la multiplication des exportations en zone CEMAC et vers d'autres pays comme le Nigéria. Seul 7% de pétrole sortant de cette usine est vendu localement321(*). La commercialisation du café et du coton connait également un boost grâce à l'action du Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC) et l'Office National du Café et du Cacao (ONCC) qui supervisent la commercialisation d'environ 46,5 milles tonnes du café robusta en 2005, plaçant ainsi le Cameroun au 6e rang des producteurs mondiaux322(*). Pour ce qui est du coton, la SEDECOTON et la CICAM transforment et exportent près de 260 milles tonnes de coton fibre, tandisque les graines issues de la transformation servent à la production d'environ 15 millions de litres d'huile et 51 milles tonnes de tourteaux également destinées à 96% à l'exportation323(*). Par ailleurs, les contraintes rencontrées sur le marché mondial par les produits camerounais feront du marché camerounais l'un des moins ouvert du continent,avec pic en dessous de la moyenne de l'Afrique subsaharienne et mondiale, soit de 46,1 en 2006 par la suite324(*).Comment le comprendre ? SelonCameroon tribune, le café camerounais par exemple a fait face à la contrainte d'écoulement sur le marché mondial entre 1990 et 2005 à cause de l'hétérogénéité des lots qui a fait peser une grande incertitude sur le produit.Après la libéralisation de la filière café et la chute du prix aux agriculteurs, des soins illégaux sont apportés aux caféières par les planteurs. L'utilisation de l'engrais faiblie, l'entretien des plants diminue, le lavage du café dans les marigots après la récolte pose un problème sanitaire, et l'insuffisante fermentation et triage suite à un mauvais dépulpage s'avère défavorable pour le développement des arômes, diminuant ainsi l'astringence325(*). Or, sur le marché mondial, les torréfacteurs ont besoin de connaitre parfaitement legoût, le calibrage etl'arôme du produit pour que leur café, qui mélange plusieurs origines et des qualités différentes, soit le plus constant possible afin de réponde fidèlement à leur clientèle. Cette mauvaise qualité du produit a donc fait perdre la crédibilité des exportateurs camerounais qui onteu du mal à obtenir des crédits nécessaires pour préfinancer leurs stocks et fournir une garantie bancaire à leurs partenaires internationaux. Plus aucune banque ne voulait s'engager avec un exportateur qui n'est pas sûr de récupérer sa mise le jour de la livraison326(*).Mais après l'amélioration des termes de l'échange et la hausse des prix de produits de base sur le marché mondial en 2000, le Cameroun s'enferme dans une logique d'économie de rente, traduisant ainsi sa forte dépendance envers les cours mondiaux de matières premières agricoles.Les secteurs pétrolier et agricole ont constitué les principaux pôles d'exportation du pays avec 49% et 34% des produits exportés, contre 13% de produits manufacturier en 2006327(*).En outre, cette dérèglementation des marchés entraine également des répercussions sociales néfastes en termes d'emplois perdus et la résilience de l'industrie locale face à la concurrence étrangère.
Après l'ouverture du marché camerounais au transnationales étrangères, une rude concurrence s'installe dans l'industrie locale, notamment pétrolière, sylvicole et cacaoyère, stimulant l'innovation et encourageant les entreprises à proposer de meilleurs produits et services. Concernant l'industrie pétrolière, l'avènement de la concurrence loyale, incite la SNH à améliorer son efficacité, sa compétitivité, et la diversification des produits pétroliers disponibles sur le marché, rapporte Le Quotidien de l'Économie. En effet, de la libéralisation commerciale débouche dans ce secteur une cohorte de transfert d'investissements étrangers, un climat de pression sur les prix, une nécessité d'innover, un accès à de nouveaux marché, et des risques liés à la volatilité des prix, après l'arrivée d'entreprises internationales telles que Perenco, Addax Petroleum et Victoria Oil& Gas, sur le marché camerounais328(*). Ainsi, pour faire face à la concurrence, la SNH a dû mettre en place des subterfuges efficaces, notamment de la maitrise des ressources, l'établissement des partenariats, le développement d'une expertise technique solide et la diversification de ses activités, auxquels on ajoutele soutien du gouvernement camerounais qui met en place des politiques favorables à cette société. Ce qui a permis à cette dernière d'accroitre ses opérations et activités, d'augmenter sa production, de s'adapter, d'être à la hauteur des entreprises étrangères disposant de ressources et de technologies plus avancées, de se démarquer et de maintenir sa position sur le marché malgré la concurrence étrangère. Pour répondre à la demande nationale et internationale, en 2005 par exemple, elle produit environ 23,5 millions de barils de pétrole brut avec une production moyenne d'environ 64 milles 400 barils par jour329(*). Dans le secteur du bois et les produits dérivés, la réforme du secteur forêt-bois de 1990 permet une gestion durable des forêts et le développement d'un secteur industriel performant. Cela se renforce en 1997, avec l'adoption de deux mesures fondamentales créant une industrie du bois pour chaque unité forestière d'aménagement exploitée et interdisant l'exportation en grume de la plupart des essences traditionnelles. Ce qui a eu un impact fort sur le nombre d'usines et la capacité de transformation dans le pays, soit 85 usines pour 3 millions de mètre cube par an en 2000330(*). Durant cette période, l'industrie du bois se conforme aux normes internationales et augmente les exportations. Mais il convient également de souligner que ces performances se fragilisent par la suite à cause de sa forte dépendance aux cours mondiaux du bois, son manque d'assise financière nécessaire à l'amélioration de la compétitivité, et du déséquilibre entre l'offre et la demande qui se crée sur le marché après le fort développement du secteur industriel et du secteur informel. Dans l'industrie cacaoyère, l'année 1994 rompt la lassitude des planteurs et marque le point d'achèvement de la libéralisation de la filière avec la suppression du système de stabilisation des prix au producteur et des prélèvements étatiques sur les filières. L'annonce habituelle de la campagne cacaoyère, début août, fixé par décret présidentiel depuis 1956 disparait au profit des négociations libre de prix entre planteurs et acheteurs331(*). Le gouvernement adopte le système de prix flexible au producteur, sous le poids des pesanteurs extérieurs, d'où la dissolution de la Caisse de Stabilisation en 1991. L'ONCPB est substituée par l'Office National du café et du cacao (ONCC), et les principales fonctions qui lui sont confiées sont : la gestion de la stabilisation annuelle des coûts intermédiaires, le contrôle de la qualité du cacao, la réalisation d'études liées aux filières et l'établissement d'une liaison avec le ministère du Développement industriel et du Commerce dans ses prises de décision. En effet, cette nouvelle structure devait fournir des informations à ce ministère grâce à son système d'information sur les cours mondiaux du café et cacao à la bourse de Londres (FOX LONDON). Et pour plus d'efficacité, le Comité Interprofessionnel du Café et du Cacao (CICC) est créé en 1992332(*).Il s'agit d'une cellule indépendante d'information sur les prix de ces produits. Selon Cameroon tribune, cette libéralisation se fait de façon lente pour des raisons politiques.En effet, le régime en place redoutait l'effet boomerang qu'une accélération du processus de libéralisation pouvait avoir au Cameroun où la situation est déjà pléthorique. C'est la raison pour laquelle les structures dites de «développement'' telles que l'ONCPB et la Caisse de stabilisation ont été liquidé en douceur. Ce qui a permis aux producteurs de vendre directement leur production aux acheteurs internationaux333(*). Malgré la mauvaise qualité du cacao camerounais à cause du non-respect de bonnes pratiques agricoles par les producteurs, les acheteurs se sont quand même livrés à la course au tonnage et parfois à des pratiques illégales matérialisées par le mélange des qualités comme l'achat du cacao humide et peu fermenté. 2. Une croissance économique diversifiée et soutenue L'évolution de la croissance économique d'un pays se réfère généralement à la manière dont l'activité économique change au fil du temps et se mesure par le taux de variation du produit intérieur brut (PIB) réel sur une période donnée334(*). Après une tendance relativement négative entre 1988 et 1993, c'est finalement en 1994, après près d'une décennie de dégradation, que le Cameroun convertit positivement son niveau de production intérieure.
Le niveau de production d'un État renvoie généralement à l'ensemble de richesses dégagées par les différents secteurs et branches de l'économie nationale. Après une période au rouge, marquée par une involution économique entre 1987 et 1993, la libéralisation des secteurs productifs et la dévaluation de la monnaie locale en 1994 permettent au Cameroun de maintenir une croissance moyenne de 3,5% jusqu'en 2005, comme le montre le tableau ci-dessous. Tableau n°5 : Évolution du PIBde l'État camerounais entre 1989 et 2005 Source :données recueillies dans les journaux, rapport du FMI et de la Banque mondiale Source : Graphisme réalisé à base des données du tableau ci-dessus Selon le graphisme ci-dessus, la production du Cameroun connait une involution grave avec un PIB moyen de -3% entre 1989 et 1993, soit le plus faible de l'Afrique, aggravant davantage la crise de la dette du pays.Les multiples dérapagesobservés lors de l'exécution de certains critères quantitatifs des PAS expliquent cette faible production, selon les journaux.En 1993 le bilan économique est quasiment négatif à quelques exceptions prêtes. Par ailleurs, la cohésion qui débouche de la dévaluation du FCFA en janvier 1994, les moyens d'accompagnement de la dévaluation du FCFA apportés par la France aux pays de la zone franc, et l'aide des bailleurs de Fonds, permet à l'État camerounais de retrouver le chemin du développement et de la croissance, avec un taux moyen de 3% entre 1994 et 2005. En 1995, la rigueur apportée dans la mise en oeuvre des programmes d'ajustement au Cameroun, notamment dans la coordination des politiques budgétaires, le transfert du poids de la dette et des arriérés vers les institutions de Bretton Woods, la mise en place d'un système de surveillance multilatérale des politiques monétaires et budgétaires, permet à l'État camerounais de connaitre un gage de stabilité économique remarquable, favorisant l'accroissement du PIB à un taux de 2,89%, soit une hausse de 1,13% par rapport à 1994335(*). En 1996, l'aide apporté par les bailleurs de Fonds dans le cadre des programmes d'ajustement favorise l'expansion de l'agriculture, de l'industrie, et du dynamisme de l'activité exportatrice du pétrole. Cela a permis le redressement des comptes budgétaires de l'État et la balance de paiement. Le solde budgétaire primaire passe à plus de 5% du PIB jusqu'en 1997, d'où le maintien d'un taux de croissance moyen de 4,2% jusqu'en 1999,reflétant ainsi la parfaite reprise de la production économique camerounaise dans le cadre de l'initiative PPTE336(*). Par ailleurs, face à l'exubérance des difficultés économiques que traverse le pays en l'an 2000, caractérisées par la sécheresse qui affecte le secteur agricole et la chute du cours des matières premières sur le marché mondial, le niveau de production intérieure du pays régresse à 3,83%337(*). Selon Cameroon tribune, les cultures ont gravement été touchées, entrainant des pénuries alimentaires dans certaines région. Des sources d'eau potable ont également été touchées, ce qui a eu un impact sur la santé de la population locale. Cela amène les autorités camerounaises à mettre en place des mesures d'urgence comme la fourniture d'aide alimentaire, mais contribue également à sensibiliser davantage aux défis du changement climatique. Mais après la conclusion de la deuxième facilité économique et financière triennale en 2000, dans le cadre des programmes d'ajustement, cofinancé par le FMI, la BM, le FAD, la BAD et la France, le Cameroun connait un afflux d'investissement étranger dans les secteurs productifs de l'économie et une forte demande intérieure. Cela a permis d'améliorer les conditions de vie des Camerounais entre 2002 et 2003, ce qui explique donc le maintien d'une croissance moyenne de 4,47% durant cette période338(*). Pour consolider et stimuler davantage cette croissance, le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) cofinancé par les bailleurs de Fonds est adopté par le gouvernement en avril 2003. Mais les dérapages observés dans son exécution en 2004 empêchent le Cameroun d'atteindre le point d'achèvement, comme envisagé en octobre 2000339(*). En 2005le PIB chute drastiquement à 19,51 milliards de dollar, soit un taux de 2,22%, malgré l'améliorationsubstantielle de la politique macroéconomique au cours de la première moitié de l'exercice budgétaire 2005/06 et du bénéfice d'un nouveau programme appuyé par la FRPC au cours de la seconde340(*). Par ailleurs, il serait tout de même illusoire d'analyser l'évolution niveau de production intérieure du Cameroun sous une dette publique importante et dans un contexte où l'accès au financement est limité à certains acteurs sans toutefois évoquer l'apport des secteurs clés de son économie.
Après la libéralisation, les secteurs agricole, minier, industriel et infrastructurel sont les principaux secteurs économiques ayant favorisé la hausse du niveau de production au Cameroun entre 1989 et 2006. Concernant le secteur agricole, l'organisation des filières d'exportation cacao-café est démantelée et les politiques d'innovation, d'investissement et de changement structurel, notamment le désengagement progressif de l'État, dans le cadre des accords avec le FMI concentre les terres agricoles entre les mains de grandes entreprises agro-industrielles, ce qui permet d'améliorer la productivité de culture pérennes et vivrières malgré de nombreuses lacunes341(*). Selon la presse locale Mutations, les politiques libérales du FMI et le Projet d'Appui à l'Agriculture Africaine (PAAA) dont la mission est d'aider les trois pays pilotes (Cameroun, Ghana et Mali) améliorent la politique agricole et incitent le développement d'une économie d'échelle dans la productivité entre 1990 et 2005342(*). La Caisse de stabilisation est dissoute en 1990, sous la pression des instances internationales, au profit de l'adoption d'un système de prix flexible au producteur basé sur les contrats de vente déjà passés et des prévisions sur le marché mondial. Mais cette lassitude est rompue en 1994 avec la suppression du système de stabilisation des prix au producteurs, des prélèvements étatiques sur les filières café et cacao, et la dévaluation du FCFA le 11 janvier qui permettent de doubler le prix du kilogramme et d'augmenter progressivement la demande des produits vivriers sur les marchés urbains343(*). En effet, dès la campagne cacaoyère du mois d'août, les planteurs se retrouvent face aux acheteurs pour négocier le prix du cacao alors qu'il était fixé par décret présidentiel depuis 1956344(*). Cela permet donc d'améliorer sensiblement l'environnement socio-économique des agriculteurs et d'instaurer une concurrence saine basé sur les principes de la rentabilité économique et de la compétitivité à l'exportation entre cultures vivrières et cultures pérennes au sein des micro-exploitations. La production moyenne de cacao par exemple est de 18,8 sacs en moyenne par exploitation entre 1993-1994 et de 20,3 sacs après la dévaluation. Ainsi la commercialisation de ces cultures d'exportation permet à l'État camerounais d'accroitre ses recettes d'exportation et d'améliorer la santé budgétaire de l'État. Cette hausse de production améliore également le bien-être des citoyens qui voit augmenter leur revenu après le doublement du prix du kilogramme. En outre, les enquêtes de terrain ont également permis de desceller de nombreuses lacunes telles que l'exclusion des petits agriculteurs locaux des marchés à cause leur manque de compétitivité face aux produits importés, l'augmentations du prix des intrants, et la pollution de l'environnement. En mars 2004, Cameroon tribune met en exergue la dégradation de l'environnement agraire due à une agriculture intensive axée sur les cultures d'exportation au détriment des cultures vivrières destinées à la consommation locale. Après le doublement du prix des intrants sur les marchés, un regain d'intérêt pour les cultures pérennes n'a pas tardé à se faire ressentir. Dans l'ensemble de la zone cacaoyère par exemple, les planteurs reprennent l'entretien des cacaoyères en commençant par le débroussaillement des plantations plus ou moins délaissées depuis la campagne 1988/89345(*). Cela favorise par la suite la surexploitation des terres arables, l'augmentation de la déforestation, et la perte de la biodiversité du pays. Car pour maintenir une bonne production, les petits agriculteurs se sont retrouvés obligés de recourir à des pratiques agricoles non durables, telles que l'utilisation excessive d'engrais et de pesticides, responsables d'une pollution massive des sols, et surtout une des causes majeures de pollution des eaux souterraines346(*). Concernant le secteur minier, ne disposant pas d'une industrie minière capable d'assurer une exploitation endogène des mines jusque-là, c'est au début des années 2000 que les plans d'ajustement démembrent l'intervention de l'État et encourage l'investissement étranger dans l'exploitation minière. En 2001, un code minier, incité par les institutions de Bretton Woods, est adopté dans le but de confier l'exploitation minière à des compagnies privées étrangères. Cela permet au secteur minier d'entrer dans une nouvelle ère caractérisée par un afflux d'entreprises étrangères, notamment les sociétés d'exploitation canadiennes, australiennes, sud-africaines et autres qui favorisent l'augmentation significative de la production minière au Cameroun, l'augmentation de la TVA et la dégradation des conditions de vie de plusieurs Camerounais347(*). Avant l'adoption du nouveau code minier qui favorise la libéralisation du secteur minier en 2001, c'est la loi 64/LF/3 du Conseil 1964 qui régissait l'exploitation minière au Cameroun. Et durant cette période, le Cameroun ne produisait que la cassitérite et l'or, tous deux exploités de manière artisanale et semi-industrielle, respectivement dans le Mayo-Darlé et l'Est du pays,excepté les hydrocarbure et l'aluminium, selon le rapport des Nations Unies sur l'industrie minière de l'Afrique centrale348(*). Mais après la libéralisation du secteur minier en 2001, l'afflux d'investissement étranger qui en résulte permet d'augmenter l'exploitation des mines, ce qui a probablement haussé la production de l'or (environ 300kg en 1989 à 4000kg en 2003), du diamant (300 milles carats en 2005 contre 1000 en 1989), du fer (1,5 millions de tonnes en 2006 contre 50 milles tonnes en 1989), et de la bauxite (50 milles tonnes en 1989 à plus de 500 milles tonnes en 2006)349(*). Seule la production du cobalt et le nickel diminue après l'effondrement des prix sur le marché mondial. Mais en termes de conséquences socio-économiques sur le plan national, les compagnies privées étrangères contribuent peu à l'emploi des jeunes, aux caisses de l'État, à l'économie nationale et à la délivrance de services publiques à la population. Majoritairement stationnées dans les enclaves sécurisées et bénéficiant de conditions fiscales favorables, l'action des compagnies minières étrangères permet certes d'ajouter de la valeur dans le PIB de l'État camerounais, soit près de 4% en moyenne entre 2000 et 2005, mais ces exploitations les ont été plus bénéfiques qu'à l'État Camerounais. Et cela s'explique par le fait que certaines mines jugées non rentables sont fermées par ces compagnies, privant ainsi plusieurs creuseurs de leur principale source de revenus, selon Cameroon tribune350(*). En 2002 la privatisation et la restructuration des entreprises miniers telles que la CameroonDevelopment Corporation (CDC) et la Société Camerounaise des Mines (SOCAMIN) a soit mis au chômage plusieurs Camerounais ou détériore les conditions de travail des Camerounais qui conservent leur emploi, d'où les actions de protestation de la part des populations que certaines compagnies n'ont pas hésité à réprimer violemment avec le soutien des forces de police (confer privatisation de la CDC). Ces circonstances rendent ainsi difficile l'accès aux services sociaux de base telles que l'éducation et les soins de santé par manque de moyens pour les couches les vulnérables, rapporte le quotidien national Le Jour351(*). Concernant le secteur industriel, la filière est libéralisée en 1990 dans le but d'encourager les investissements privés. Ce changement de paradigme met l'accent sur l'industrie du pétrole, l'industrie du bois et l'industrie de cacao, et entraine une relative multiplication par près de 4 le PIB du Cameroun. Dans l'industrie pétrolière, la libéralisation permet au pétrole de tenir une place structurante pour les finances publiques et l'équilibre des comptes extérieurs jusqu'en 2006, compte tenu de l'épuisement des réserves pétrolières, malgré les perspectives de mise en place d'un régime de croissance «post-pétrolier'' visant à diversifier l'économie afin d'asseoir la croissance sur une trajectoire plus soutenue352(*). Grâce à la faible diversification de l'économie camerounaise et la prépondérance des exportations de biens primaires, le secteur pétrolier représente 7% du PIB en 1995 et atteint 10% en 2006, ce qui représente plus du quart des recettes budgétaires sur la décennie 1990 et environ 45% des recettes d'exportations353(*). En effet les exportations des hydrocarbures sont restées stables au Cameroun entre 1990 et 2006. Concernant l'industrie du bois, la filière devient l'une des activités économiques les plus importantes du Cameroun durant la décennie 1990. Après les réformes amorcées sur le secteur forestier, la filière industrielle du bois évolue fortement dans la gestion durable des forêts et constitue un secteur industriel de transformation du bois performant entre 1994 et 2000. La capacité de transformation augmente, tout comme l'activité vers l'exportation. Cela permet à cette filière de constituer, grâce aux recettes d'exportation engendrées par la transformation et des grumes, la seconde source de devises du pays, soit 20% des recettes d'exportation, derrière les produits pétroliers qui comptent pour 50% en 2001354(*). Pour ce qui est de l'industrie du cacao, la filière connait une croissance soutenue après la décision de diversifier et développer les secteurs hors pétrolier. C'est la raison pour laquelle le Cameroun devient l'un des principaux producteurs de cacao en Afrique et dans le monde avec une production moyenne de 115 milles tonnes de fève par an. Cela est due à cause de la conjugaison de plusieurs facteurs, notamment la stimulation des investissements dans ce secteur grâce à la libéralisation, la mise en place des politiques et programmes adéquats pour améliorer la productivité et la qualité du cacao par le gouvernement, et la croissance de la demande sur le marché mondial, ce qui permet d'augmenter la production et les exportations du cacao355(*). Selon Cameroon tribune, la culture du cacao est également soutenue par les écoles paysannes conduites par le projet SustainableTreeCrops Program (STCP) de l'International Institute of Tropical Agriculture (IITA)qui favorisent des exploitations de plus grande taille, une production plus intensive et des rendements trois fois plus élevés que la période 1987-1994356(*). En effet, l'objectif de ce projet était d'accroitre les rendements des paysans en encourageant une bonne santé de l'exploitation, notamment l'élagage, la gestion de l'ombre, le désherbage et la récolte phytosanitaire, afin de réduire l'incidence de la pourriture brune et d'améliorer les connaissances des paysans sur les maladies et les ravageurs357(*). Quinze ans après le début du processus de libéralisation du secteur agricole en générale et de la filière cacao en particulier, la cacao culture est restée la principale culture commerciale des exploitations agricoles du pays. Les revenus issus de la vente de cacao contribuent de manière significative à l'économie nationale du Cameroun, car elles représentent une ressource importante pour les recettes de l'État et permettent aux planteurs de réaliser la plupart des investissements (foncier, moyen de locomotion, équipement agricole, etc.), de faire face aux multiples dépenses du ménage (scolarité des enfants, frais santé, etc.) et de supporter les dépenses sociales diverses (paiement de la dot, deuil, etc.). Concernant le secteur des infrastructures, l'impact de la libéralisation sur le terrain reste mitigé malgré l'afflux d'investissements étrangers dans le secteur. En 1989, Le Messager met en lumière l'enclavement des routes, des écoles, les hôpitaux et d'autres infrastructures essentielles au Cameroun après la réduction des dépenses publiques de l'État. Car dans le but de restructurer les finances du pays, certains projets de construction et de rénovation sont retardés ou annulés, laissant de nombreuses infrastructures dans un état de délabrement358(*). Ce qui a accentué les défis auxquels le pays est confronté sur le plan social, notamment des difficultés d'accès aux services essentiels, tels que l'éducation et la santé. Au-delà de ce point de vue de Le Messager, Cameroon tribune rapporte par contre que la crise économique a certes stoppé le développement des infrastructures entamé depuis l'indépendance et annihilé les efforts de maintenance, mais les réformes entreprises par le gouvernement entre 1990 et 2005 dans les principaux secteurs infrastructurels permettent de ralentir la dégradation du parc infrastructurel359(*). Ainsi, malgré leur insuffisance, le pays améliore considérablement le taux d'accès aux infrastructures en générant une offre qui anticipe la demande. Les problèmes tels que le manque d'entretien des routes (route nationale 1 (RN1), route nationale 3 (RN3), route nationale 5 (RN5), etc.), les pannes fréquentes d'électricité, les difficultés d'accès à l'eau potable et les lacunes dans les infrastructures de communication diminuent considérablement360(*). Le nombre de kilomètre de routes bitumées pour 1000 habitants passe de 0,27 à 0,34 tandis que les réseaux d'adduction d'eau potable, de puits, et des forages sont construits. Les pénuries d'électricité qui ont perturbé la vie des ménages et entrainé le ralentissement de la croissance économique du pays depuis les années 1990 sont atténuées avec la construction et la mise en service de plusieurs centrales thermiques diesel et d'une centrale thermique au fioul lourd portant le potentiel de production de l'AES-SONEL à 933 MW361(*). Durant l'exercice budgétaire 2005/06, le concessionnaire de service AES-SONEL engage un programme de réhabilitation, de renforcement, et de rénovation des ouvrages de production, de transport et de distribution d'électricité devant aller jusqu'à 2012, pour un coût global de 250 milliards de FCFA. En outre, l'accès des populations à l'éducation, à la santé, et l'approvisionnement en eau s'améliore grâce au Plan d'Action National Energie pour la Réduction de la Pauvreté (PANERP) élaboré par le gouvernement362(*). Concernant le secteur financier, les efforts de libéralisation engagés durant la décennie 1990 débouchent à une relative évolution positive en 2005. Après avoir signé des accords avec le FMI sous le cadre des programmes d'ajustement, les autorités camerounaises mettent sur pied des politiques de liquidation, de scission et de privatisation dans le but de mettre fin à la crise bancaire, de promouvoir les investissements, d'encourager les banques à accorder des prêts aux entreprises privées, et d'améliorer leur responsabilité363(*). Mais face à l'exubérance de la crise financière, le chef d'État conjugue dans un premier temps les liquidations à la signature d'un décret portant le minimum du capital social des banques à 1 milliards de FCFA au lieu de 300 millions en 1990. Dans un second temps, le retrait progressif de l'État est amorcé dans la plupart des entreprises camerounaises, et la privatisation des entreprises entamées. Dans le cadre sous régional, la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) est créée le 16 octobre 1990 dans le but de réguler le système bancaire camerounais comme dans tous les autres États de la CEMAC364(*). Par ailleurs, cette libéralisation du secteur financier camerounais partage également les opinions au sein de la presse locale qui estime d'une part que cela contribue à moderniser le secteur, à réglementer et à améliorer la gouvernance financière ; et d'autre part à augmenter la dette extérieure du pays, et accroitre les inégalités sociales et les défis tels que la faible inclusion financière et une dépendance accrue à l'égard des bailleurs de fonds internationaux365(*). Ce point de vue de Le Messager est partagé par Le Quotidien de l'Économie, qui rapporte que l'augmentation des taux d'intérêt rend difficile l'accès au crédit pour de nombreux camerounais. Car la réglementation et la supervision du secteur financier entrainent une augmentation des risques liés aux activités financières, aboutissant parfois à des cas de fraude et de corruption dans le secteur financier camerounais366(*). II. ANALYSEDES PERFORMANCES SOCIO-POLITIQUES Adoptés comme mesures innovatrices pour canaliser l'activité économique du pays et améliorer le bien-être des citoyens en 1988, les programmes d'ajustement du FMI vonts'apparenter une expérience extraordinaire qui engendre des coûts sociaux et politiques à la fois prévus et imprévus selon l'opinion publique témoigné par les journaux367(*). 1. L'impact des PAS sur le système politique camerounais Durant l'exécution des programmes d'ajustement, notamment entre 1988 et 2006, les autorités camerounaises vont entreprendre des réformes institutionnelles et redéfinirles politiques publiques.
Ces changementsconcernent laréforme du code électoral de 1990, la révision constitutionnelle de 1996,et la réforme du code pénal de 2005. En effet, la réforme du code électoral de 1990 introduitune démocratie pluraliste fondée sur la souveraineté du peuple ; la pluralité des partis ;l'organisation des élections libres, transparentes et justes ; le respect des droits fondamentaux de la personne et l'égalité des citoyens devant la loi conjuguéeavec des valeurs de tolérance, de coopération et de compromis. Sur le terrain, la Commission nationale de recensement général des votes est créée, la double nationalité pour les candidats à la présidence est supprimée,le scrutin à deux tours pour les élections présidentielles est introduit,les bulletins de vote sécurisés sont utilisés, et les débats télévisés entre candidats sont organisés368(*). Présenté en un tout cohérent et facile à consulter l'ensemble des règles gouvernant les questions électorales au Cameroun, l'opposition, la société civile et les observateurs internationaux,accueillent le nouveau code avec enthousiasme et optimisme.Auparavant présenté par les partis politique camerounais de l'opposition comme un instrument au service de l'ordre dirigeant qui l'utilise pour se maintenir au pouvoir par le truchement de l'ordre institutionnel acquis à sa cause, cette réforme s'avère une avancéeimportante sur la scène politique camerounaise, selon les opinions exprimées dans les journaux. Car ce code apporte des dispositions novatrices dans la participation politique et des améliorations dans la répartition des compétences entre les organes, rapporteLe Messager369(*). La hiérarchie d'autorité entre Conseil électoral et Direction Générale, et l'objectivité, la transparence et la sincérité des scrutins sont clairement établies370(*). Mais après les élections législatives de mars 1992 et les élections présidentielles d'octobre 1992, ce texte va se retrouver au coeur des controverses, et les acteurs politiques de l'opposition vont pousser le pouvoir en place à créer un organe de gestion des élections. C'est ainsi que l'Observatoire National des Élections (ONEL) est créé en 2000 pour donner un peu plus de crédibilité au processus électoral371(*). Au-delà de ces dispositions novatrices, le nouveau Code fera également l'objet d'une vive controverse sur l'arène politiquecamerounaise à causedes insuffisances, des ambiguïtés et des multiples discrédits observés durant les campagnes électorales de 1992, 1997, 2002, 2004, etc. Fort limités sur le plan pratique,cecode est très vitecristallisé pour son impartialité.Car malgré la ruse de l'histoire, cela conduit difficilement à un changement d'homme au sommet de la pyramide, ce qui ne permet pas de mettre un terme aux tensions d'autorité apparues depuis 1972 et qui affectent incontestablement la nation372(*).Et pour l'opposition politique nationale,ce code présente une entrave à l'accès au palais d'Étoudiparce que ses dispositions régulatrices du jeu politique permettent d'assurer l'hégémonie quasi certaine du parti au pouvoir au détriment des autres leaders sur la scène politique nationale373(*). À l'analyse, il convient de souligner que cette réouverture démocratique au Cameroun dans un contexte de misère expose les Camerounais à la débrouillardise et à l'instrumentalisation politique. Ils s'agitent en prêtant le flanc à l'opportunisme des intérêts égoïstes personnels, claniques, tribaux ou ethniques des promoteurs du retour à la démocratie. Cela étant dit, nombreux sont les Camerounais qui décident également de créer des partis politiques débouchant au libertinage politique qui est donc exploité à bon escient par le gouvernement en place dans le cadre de la division scientifique de l'électorat en faveur de son parti, le RDPC374(*). Ainsi donc,le nouveau Code électoral ne saurait à lui tout seul justifier les échecs et la fébrilité des partis de l'opposition dans leur recherche effrénée de conquête du pouvoir d'État. Concernant la révision constitutionnelle de 1996, elle représente l'une des étapes majeures dans le processus de démocratisation du Cameroun.Plusieurs réformessont mises en avant, notamment la consolidation du multipartisme, la bicaméralisassions du parlement et la reconnaissance des droits de l'opposition. Cela permet de renforcer la stabilité politique au Cameroun375(*).D'après ce texte de référence incontournable dans le gouvernement du Cameroun dès 1996, la durée du mandat présidentiel est limitée à 7 ans renouvelables une seule fois. En d'autres termes, après son élection en 1997, le président Biya pouvait se représenter pour la toute dernière fois comme candidat aux élections présidentielles qu'en 2004. En effet,cette disposition impose l'alternance au pouvoir à tous les citoyens Camerounais dans le contexte d'un État de droit et s'oppose à l'éternisation du président en exercice au pouvoir. Aussi, des nouvelles mesures, tels que la création du Senat au sein du parlement, permetd'assurer une alternance pacifique au pouvoir,d'éviter les dérives autoritaires, et de renforcer le rôle du parlement dans le système politique camerounais, selon La Nouvelle Expression376(*). Par ailleurs, malgré les mesures novatrices pour consolider la démocratie et la notion de pluralisme dans cette loi fondamentale, elle était loin de donner satisfaction à tout le peuple camerounais. Le Messager le reproche d'accorder au chef de l'État des pouvoirs étendus, notamment en matière de nomination et de révocation des gouverneurs de provinces, des juges et des procureurs par exemple, ce qui a suscité des inquiétudes au sein de la population publique sur l'équilibre des pouvoirs, de l'indépendance de la justice et de l'impartialité de la constitution377(*). Les collectivités territoriales connaissent une plus forte dépendance enversle pouvoir central, entravantainsi leur capacité à prendre des décisions autonomes et à répondre aux besoins spécifiques de leurs populations, favorisant par la suite la corruption et le clientélisme au Cameroun378(*). Concernant la réforme du code pénal de 2005,le gouvernement modernise et adapte le code pénal àl'évolution de la société camerounaise. Après, plusieurs années de débats et de consultations entre acteurs de la société civile et du système judiciaire, c'est finalement en 2005 que le président Biya promulgue le nouveau code pénal. Il supprime la peine de mort pour certains crimes, comme le vol à main armée,et introduit des peines alternatives à l'emprisonnement, telles que le travail d'intérêt général, selonCameroon tribune379(*). Par ailleurs,Le Messagerexprime son dégoût contre la réduction des peines pour certains crimes, tels que le viol et l'inceste, dénoncées comme étant trop clémente et ne prenant pas suffisamment en compte les droits des victimes380(*). Au-delà de ce point de vue de Le Mesager, la presse privée tire également la sonnette d'alarme surles entraves qu'encourent la liberté d'expression et les droits de l'homme au Cameroun, si les dispositions du nouveau code pénal étaient mises en oeuvre de manière abusive par les autorités. Cela étant dit, il n'est pas si difficile de trancher, cette loi permetd'enrichir l'arsenal juridique camerounais à traversl'abrogation du code d'instruction criminelle et d'un ensemble des textes anciens jusqu'alors appliqués. Car le retrait des textes anciens consacre la conciliation entre plusieurs pratiques différentes liées au bi-juridisme camerounais sur le plan de la loi pénal de forme381(*).Selon Simon-Pierre HemleDjobSotong, «lesnormes du droit international des droits de l'homme sontintégrées dans la procédure pénale camerounaise dans les dispositions relatives à l'enquête préliminaire''382(*). En effet, le nouveau Code pénal camerounais s'est armé des mécanismes nécessaires pour faire face aux défis de l'harmonisation de la loi pénale de forme au Cameroun, et de l'intégration des aspects techniques novateurs. Les bouleversements intervenus au Cameroun au cours des décennies 1980 et 1990, dans le cadre de l'ajustement structurel, se traduisent par la mise en oeuvre de politiques publiques libérales et de lutte contre la pauvreté. En 1990, la loi n°90-031 du 10 août 1990 régissant l'activité commerciale au Camerounabroge les dispositions antérieures et pose les bases de lalibéralisation économique, assure le désengagement progressif de l'État, favorise l'entrée en scène de nombreux opérateurs privés sur le marché camerounais, et favorise le développement d'une concurrence saine et loyale383(*). Au nom de cette loi, le gouvernement initie des politiques incitatives aux investissements étrangers et à la stimulation de la croissance. Sur le terrain, le gouvernement supprimeles subventions sur les produits de première nécessité,privatiseles entreprises publiques, réduitles barrières douanières, libéralisele secteur financier et adopte la dévaluation de la monnaie locale.Cela a permis de matérialiser par la suite le développement d'un entrepreneuriat privé et des coalitions d'acteurs publics et privés384(*). SelonCameroon tribune, ces politiques sont bénéfiques pour l'économie camerounaise dans la mesure oùelles permettent de stimuler les exportations, de renforcer la compétitivité des entreprises camerounaises sur le marché international, d'augmenter l'accès au crédit, et de diversifier l'économienationale385(*).Cela explique donc la nette amélioration de la gestion et de la rentabilité des ex entreprises publiques privatisées,etla réductiondu fardeau de l'État en matière de subventions.En contrepartie,Mutationsévoque pour sa part la suppression des subventions sur les produits de première nécessité,l'augmentation des prix et la baisse du pouvoir d'achat des ménages par exemple comme conséquences néfastes de ces nouvelles politiques386(*).Selon ApollinaireKaffo,les conditions de vie deviennentdifficiles. «Le prix du verre de riz qui était à 25FCFA non dévalué au début des années 1980 passe à 350f après la dévaluation de 1994'' rapporte-t-il387(*). Concernant la réduction des barrières douanières,elle favorise la concurrence étrangère au détriment des entreprises locales.Les grandes entreprises internationales inondent le marché avec leurs produits à des prix compétitifs, rendant ainsi difficile la rivalité des petites entreprises locales qui ont dûmettre la clé sous le paillassoncomme des bibliothèques en faillite à cause de la baisse des ventes et des revenus, rapporte Le Messager388(*). Aussi, le manque de transparence dans le processus de privatisation des entreprises publiques entraine la suppression de nombreux emplois dans les entreprises et l'absence de protection sociale pour ceux qui conservent leur emploi.Ce qui expose lestravailleursà une grande vulnérabilité etune grande précarisation de l'emploi au Cameroun.En effet,lorsque les entreprises privées commencent à proposerdes CDD (Contrats à Durée Déterminée)et desemplois temporaires, la planification d'un avenir devientdifficile pour les travailleurs qui ne bénéficient plus d'une sécurité financière à long terme. Le cas de la privatisation de la CDC est assez révélateur. Face à l'échec de l'ajustement en 1987, les institutions de Bretton Woods vont faire pression sur le gouvernement, dans le cadre des programmes d'ajustement, pour qu'il privatise les sociétés d'État comme condition préalable pour bénéficier des prêts. C'est ainsi que les plantations de thé de la CameroonDevelopment Corporation (CDC) sont vendues au consortium sud-africain BrodonFinex PTY Limited qui gérait le secteur du thé sous le nom de Cameroun Tea Estate (CTE), en 2002389(*). Cette action a des conséquences négatives sur les travailleurs et les habitants des environs qui bénéficient grandement de la société. Plus de 1700 de ses employés sont mis au chômage technique390(*). Concernant les politiques de lutte contre la pauvreté, le retrait de l'État entraine l'injonction des partenariats publics-privés d'où l'élaboration de la Dimension Sociale de l'Ajustement (DSA) de la Banque mondiale etla Facilité d'ajustement structurel (FAS) du FMI dans le butde réduire à tout prix les effets négatifs des PAS sur les couches vulnérables que sont les femmes, les enfants et les vieillards391(*). Sur le terrain,le gouvernement camerounais met en place des programmes d'éducation et de formation professionnelle dans le butd'améliorer les compétences et les opportunités d'emploi. Il s'agit du Programme de Recherche Appliquée à la Formation Professionnelle (PRAFP), de la création des centres de formation professionnelleà l'Université de Douala et l'Université de Dschang, et la mise en place des initiatives de microcrédit et de coopération internationale392(*). En 1992, le Ministère de l'Agriculture met sur pied un dispositif d'accompagnement à la création et à la légalisation des organisations de producteurs qui s'articule autour de la Central Unit for Rural Organisation Reform (CUROR) et du Fonds d'Appui aux Organisations Rurales (FONDAOR)393(*).À l'analyse, cela permet de responsabiliser davantage les agriculteurs, de diversifier la production agricole, de valoriser le potentiel de production et les possibilités de commercialisation existantes, et de protéger la production nationale. En 1994, le Cameroun adhère au Programme Spécial pour la Sécurité Alimentaire (PSSA) initié par la FAO pour faire face à la pauvreté dans les pays en développement dans le butde lutter contre la faim et la sécurité alimentaire. Les premiers décaissements devant soutenir l'exécution du programme se font en janvier 2002, soit 8 ans plus tard. Mais malgré ce retard, ce programme permetd'accroitrela production végétale,de sécuriserles productions, d'améliorerle revenu monétaire des producteurs, surtout ceux des femmes et des jeunes,d'améliorerle système de stockage des céréales, en particulier dans les zones à risques, et d'améliorer l'état nutritionnel des populations au Cameroun394(*). Par ailleurs,pour renforcer ces mesures, les autorités camerounaises collaborent davantage avec les bailleurs de Fonds dans l'élaborationle Document de stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) en 2003. Il s'agit d'unprojet vêtu de 8 objectifs essentiels à savoir : réduirel'extrême pauvreté et la faim, promouvoir l'éducation primaire pour tous, l'égalité des sexes etl'autonomisation des femmes,réduirela mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, promouvoir un développement écologiquement viable, et enfin lamettreen place un partenariat mondiale pour le développement395(*).Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement consolide le secteur agricole, qui redevientle moteur de développement économique et social du pays, promeut l'organisation professionnelle et interprofessionnelle des différents opérateurs économiques, et améliore la sécurité alimentaire des populations grâce à l'augmentation des productions et de l'ensemble des revenus396(*). Malgré laforte dépendancede ce document à plusieurs facteurs internes et externescomme la bonne gouvernance, la transparence et l'allocation efficace des ressources, l'évolution de l'économie mondiale, les chocs externes et internes, ainsi que les situations de conflit ou de crise qui influencent la lutte contre la pauvreté, force est de reconnaitre en 2006 quel'impact réel du DSRP sur la réduction de la pauvreté au Camerounest significatif, malgré l'insuffisance des attentes.Cela explique donc l'élaboration des stratégies plus cohérentes dans le cadre du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi qui devient le nouveau cadre national du développement économique et social en 2009. 2. Une nettereconfiguration sociétale Selon les données recueillies dans Cameroon tribune, Le Messager et Mutations,les programmes d'ajustement du FMI ont un impact mitigé sur les inégalités sociales au Cameroun entre 1989-2006.
L'application des programmes d'ajustement sur la période1989 et 2006est lourde de conséquences sur les inégalités sociales.En milieu rural, les fonds spécialisés tels que la FONADER, l'ONCPB et la Caisse de Stabilisation créés pour assurer l'octroi des prêts subventionnés aux agriculteurslocaux, et d'assurer le financement du développement rural et la stabilisation des prix à travers les mécanismes de prélèvement sur les recettes des produits d'exportations sont liquidés. En août 1990, le Fonds National de Développement Rural (FONADER), institution spécialisée pour assurer l'octroi des prêts subventionnés aux paysans qui ne peuvent accéder facilement aux autres institutions formelles de crédit, est dissout selon la loi n°90/012 du 10 août 1990397(*).En juin 1991 c'est au tour de l'ONCPB et de la Caisse de stabilisation camerounaise de tous les produits d'exportations en culture familiale d'être dissoutes398(*). On assiste donc par la suite à l'application direct de la libéralisation dans un secteur stratégique qui a longtemps constitué une base d'accumulation économique essentielle au Cameroun. Le planteur moyens'est ainsi retrouvé dans un désidérata économique sévère à cause de la multiplication des duperiesdes acheteurs dans la négociation des prix du kilogramme de cacao ou du café, rapporte Cameroon tribune399(*). En outre,lorsque le gouvernementréforme le code de travail et contracte le budget public d'environ 71%, les chefs de ménages perdent leur emploi et leur source de revenue, ce qui ne résout pas l'écart du niveau de vie entre riches et pauvres.Les hôpitaux et les centres de santé se démunissent en médicament essentiels et en matériel médical,entrainant les temps d'attentes trop long, un mauvais accueil des patients et la mise en place d'une politique de tarificationélevéeet difficile à endosser pour les plus vulnérables, selon les journaux. Cela expliquedonc la moindre utilisation des services de santé modernes formels en faveurdesmicro-unités informelles, destradipraticiens et des techniques d'ordre spirituel par les ménages à faible revenu entre 1992 et 2006, malgré les initiatives prises par le gouvernement pour instaurer un accès plus facile aux médicaments et aux soins, pour éviter la fermeture des hôpitaux et des centres de santé, et pour améliorer leur gestion propre et la prise en charge des patients, conformément à l'initiative de Bamako de 1992400(*).Carselon les journaux, la mal gouvernance favorise l'imposition d'une«fiscalité informelle''aux ménages par certains agents médicaux, rendant encore plus onéreux l'accès aux soins de santé. Dans le domaine de l'éducation, la baisse régulière du budget et des revenus des ménages entraine la détérioration des équipements, la perdition des écoles, et la difficile scolarisation des enfants. Ceux issus dans ménages plus vulnérables sontparfoisretirés des écolesd'après les journaux. En milieu rural, le taux d'analphabétisation des personnes âgées de 11 ans et plus passe de 67% en 1990 à 73% en 1994 après la suppression des subvention agricoles et la libéralisation des marché401(*). Au sein des unités domestiques, un contexte nouveau «d'économie domestique de pénurie'' s'installe, entrainant une baisse de consommation par tête de 50%. Plusieurs agents du secteur public et privé perdent leur emploi après la révision du code de travail de 1990. Pour les salariés qui conservent leur emploi, une double baisse de salaired'environ 75% intervient en 1993 et en 2002 dans l'ensemble de la fonction publique. Ainsi, un jeune cadre qui touchait un salaire de 300millesFCFA le 1er juillet 1987 gagne en janvier 1994, 102 millesFCFA, et un commis qui gagnait 53,5 millesFCFA en 1987 gagne 15,5 millesFCFA en 2002402(*). En conséquence, la pauvreté qui touchait 1% des ménages à Douala et Yaoundé en 1983 passe à 32% en 2001403(*). Cette paupérisation de la population en milieu urbain entraîne la hausse de la corruption, l'intensification des migrations de retour et les changements d'habitudes citadines.La fréquence de consommation de viande et de repas quotidien diminue.Les citadinsrecourent de plus en plus à la friperie, aux chaussures en écailles, aux mototaxis et au ligne de taxis clandestins404(*). La solidarité africaine s'adapte,la réciprocité des dons et des aides s'installe entre personnes, et les échanges entre campagnes et villes se rétrécissent. Les liens familiaux sont mis en veilleuse à cause de la très grande difficulté à assurer les obligations sociales dans une situation de baisse des revenus. Par ailleurs, ces difficultés des hommes avec leurs sources de revenus renforcent le poids des femmes dans les ménages grâce à la vente des surplus vivriers405(*). Selon Cameroon tribune, ce contexte de paupérisation des ménages débouche à l'apparition d'une corruption obligatoire au Cameroun. Paraphrasant le témoignage,M. Ibrahim Ngou, Président du groupe des transports,les «taximen'' subissent une corruption obligatoire de la part des forces de l'ordre lors des contrôles routiers, que l'on soit en règle ou non.Car«refuser de payer signifie que votre dossier reste, et qu'au prochain control, c'est le véhicule qui est retenu'' ajoute-t-il406(*). Dans le Ministère des Postes et de Télécommunication par exemple, le fonctionnement devient comme celui d'un État dans un État avec un budget annexe où les fonctionnaires et agents du département ne connaissent ni baisse des salaires, ni retards grâce aux comptes hors circuits où est déposé l'argent gagné par la corruption. Car lorsqu'une zone rencontre des problèmes, il faut passer par des «tuyaux'' et débourser une somme de 60 000 FCFA aux techniciens afin d'être immédiatement servi et éviter les longues attentes sans aboutissement, rapporte le quotidien national Cameroon tribune407(*). L'exode rural cesse d'être un phénomène d'actualité en raison des difficultés d'insertion en ville par manque d'emploi,ce qui adétruit l'imagerie traditionnelle de la ville au Cameroun. Selonles enquêtes menées sur le terrain, M. O. F. Ngono,a pu affirmer que :«i bongo bengabeminkangambobengabedzamning à tsissuan''.Ce qui veut dire dans la langue de Molière que «seuls les enfants éveillés avaient la possibilité derésider en ville à cette époque''408(*).Il faut de ce pas entendre par «enfant éveillé'' celui-là qui pouvait faire preuve de résilience faceà la baisse ou suppression de revenues, aux licenciements massifs, au difficile accès aux médicaments, à l'insuffisance des plateauxtechniques dans les hôpitaux départementaux, et la quasi-inexistence du personnel médical dans certains centres de santé nouvellement construits409(*).Dans les provinces septentrionalesl'insuffisance des puits et forages débouche au partage des quelques points d'eau entre populations et animaux, malgré les risques de contamination. Aussi, lacriminalité connait une marge de progression importante tant en province qu'au sein des villes, aboutissant parfois à de formes d'agressions violents.En effet,la participation des habitants au développement et l'idéale de nouvelles gouvernance données par les dirigeants du pays s'hypothèquentavec l'insécurité qui règne en grand maître au Cameroun entre 1999 et 2005. Selon A. Djimeli, la décennie2000débuteen cauchemar pour les habitants du Camerounqui ont même pensé à un début d'apocalypse, à cause des tueries en séries des enfants (4 enfants tués le 25 décembre 1999),des ressortissants étrangers (Gabriel Nourri, charcutier français résidant à Douala est assassiné en janvier 2000), et des cadres du gouvernement(uncadre au ministère de l'Économie et des Finances et un cadre au ministère de la Justice en 2000)410(*). En février 2000, l'ambassadeur des Etats-Unis et le chargé d'affaires des Pays-Bas sont molestés par un groupe de brigands au Cameroun,dégradant ainsi l'image de marque de ce pays en matière de droit. Cela a attisé l'inquiétude de la communauté internationale de façon générale et de l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique en particulier qui adresse une lettre de80 exécutions sommaires au Président Paul Biya par la suite. Ce qui explique donc la campagne de remaniementministérielle de mars 2000, soit 1 mois plus tard, dans le but de renforcer la sécurité nationale. De ce fait, un nouveau ministre de la justiceest nommé, un commandement opérationnel unifié est créé à Douala, les moyens des forces de sécurités de Yaoundé sont renforcés, et un centre régional des Droits de l'homme est installé à Yaoundé en juin de la même année411(*).
Face à l'échec des politiques de relance du développement rural, de la création d'emplois en milieu urbain et des manifestations syndicales contre les mesures d'austérités,le secteur informel, caractérisé par petits métiers de rue,se développe en milieu urbain. Dans les zones rurales, les agriculteurs abandonnent la culture du cacao, du café et du coton au profit des cultures vivrières, de la pêche, de la chasse et du travail à la tâche. En effet, Le Messager et Cameroon tribune nous renseignent que l'adoption de la Nouvelle Politique Agricole (NPA) en 1990et le lancement du programme de privatisation camerounais, sans réunion de conditions fondamentales devant assurer le succès, débouchent à la privatisation des poids lourds de l'économie camerounaise à l'instar de la REGIFERCAM, la SODECAO, le FONADER, la SOCAPALM, la CAMAIR, la CDC, et la CAMSHIP, conformément à la loi n°89/030 du 29 décembre 1989 autorisant le Président de la République à définir le régime de laprivatisation et complété par le décret n°90/1423 du 3 octobre 1990412(*).Plusieurs Camerounais sont mis au chômage, pourtant ces salaires faisaient vivre plusieurs familles.Cela explique donc de vives contestations syndicales dans les rues de Yaoundé et de Douala. Les enseignants suspendenttemporairement les cours dans les établissements, les conducteurs ramollissent les trafics routiers,etles commerçants ferment leurs magasins en soutient aux protestations sociales413(*).En effet, ces grèvessontporteuses d'un message fort envoyé au gouvernement et au FMI pour trouver des solutions alternatives à l'austérité, afin de protéger les droits des travailleurs et d'investir dans les programmes sociaux pour aider les plus vulnérables. Mais pour le gouvernement,ces mesures sont nécessaires pour redresser l'économie du pays et rembourser la dette extérieure. Car entre 1985 et 1993, des phénomènes suivants sont observés : une baisse du revenu par tête de 40%, accompagnée d'une baisse drastique du taux d'épargne de 35% du PIB à 10%, un déficit budgétaire non résorbé de 12% du PIB, une conversion au libéralisme des décideurs encore insuffisante, un système financier défaillant malgré la restructuration financière des banques commerciales et la liquidation des banques de développement414(*). Cela malgrélaconclusion d'une Facilité d'Ajustement Structurel (FAS) et l'adoption de la Dimension Sociale d'Ajustement (DSA) proposées par le FMI et la Banque mondiale. Lesprincipales mesures qui y sont préconisées dans ces programmes sont : la protection des groupes les plus vulnérables (en accordant un accès aux fournitures, aux alimentations et à la santé des milieux défavorisés), et la mise en place des mesures compensatoires et des dispositions transitoires, soit l'introductiondes primes de départ des agents publics, d'appui financier, et la fourniture de formation aux sortants des systèmes scolaires415(*). Cela explique donc la mise sur pied des institutions telles que le Fonds National de l'Emploi (FNE), leProgramme de Développement Communautaire (PRODEC), leProgramme «Femme et Développement'' (PFD), le Programme «Santé et Population'' (PSP), et la maîtrise la croissance démographique, qui ne parviennent pas à satisfaire les attentes des millions de Camerounais416(*). En 1991, les universités deviennent le théâtre des mouvements de contestations estudiantines, qui se déroule sur fond de grève.Elles s'intensifienten 1993 aprèslasuppressiondes bourses accordées aux étudiants et l'augmentationdes frais d'inscription dans les universités, passant de 3300 FCFA à 50000 FCFA, soit une augmentation vertigineuse de 1415%417(*).Et cela dans cette mouvance de contraction des finances de l'État. Les étudiants vont exprimer leurs mécontentements dans toutes les villes abritant une université publique, notammentà Yaoundé, Douala, Buea, Ngaoundéré, etc. Selon la presse locale tels que Le Messager,Cameroon tribune et L'oeil du Sahel, les étudiantsde l'université de Yaoundé organisent une marche pacifique et des «sit-in'', violemment réprimé par les forces de l'ordre, le 17 mai 1994, faisant état de plusieurs blessés et nombreuses incarcérations418(*). ÀDouala et Ngaoundéré, les étudiantsarborententre 1999 et 2002 des comportements antisociaux : incendies des véhiculent administratifs, destructions du matériel de travail, barrage des routes avec des pneus incendiés, etc.419(*)Au Nord du pays,les débordements estudiantins sont marqués par la mise au point des barricades sur la nationale n°1, bloquant ainsi toute communication entre les provinces du Nord, de l'Extrême Nord et du centre, empêchant la libre circulation sous régionale420(*). Ce qui a constitué un obstacle majeur au bon déroulement des cours et d'activités économiques durant cette période.Au-delà de ce qui précède,L'oeil du Sahel rapporte également des actes isolés de vandalisme qui sont issus de ces contestations. Ils se soldent par des dégâts matériels chiffrés à plus d'un milliard de FCFA selon les autorités nationales421(*). À l'analyse, cette situation d'insécurité qui planedans les campus et les voies publiques s'avéré donc une équation difficile à résoudre pour le gouvernementqui décide de revenir sur sa décision concernant la suppression des bourses d'études pour les étudiants les plus démunis, même si la hausse des frais universitaires reste inchangée. En 1995, une nouvelle vague de protestations éclate dans le pays après l'augmentation du prix du carburant et du ticketdes transports en commun. Toujours dans l'optique d'augmenter les recettes fiscales du pays, le gouvernement procède à une hausse du prix d'essence de 92 FCFA, passant de 178 FCFA le litre à 270 FCFA422(*). Ce qui débouche donc d'une part à l'augmentation des tickets dans les transports en commun, aggravant davantage le mécontentement des populations qui contestent depuis lors la bonne foi des autorités en place, et d'autre part la chute des ventes de la SONARA et l'entrée massive d'essence de contrebande (le zouazoua) du Nigéria423(*). Par ailleurs, grâce aux «opérations daurade'' dans le Sud-Ouest et le conflit de Bakassi, le gouvernement réussit à écouler techniquement tout l'essence nigérian sur le territoire et à procéder à nouveau à une hausse des prix de 20%.Le litred'essence et de gasoil atteint donc respectivement 280 FCFA et 260 FCFA en février 1995424(*).Les usagersse retrouvent donc à payer deux fois plus le prix des tickets de bus et de taxis. Cette hausse du prix du carburant à la pompe provoque une grogne généralisée, surtoutdes travailleurs et étudiants qui dépendent fortement des transports en commun pour se déplacer, rapporte Le Messager425(*).En réponse à ces contestations, le gouvernement va mettre sur pied un Comité de suivi pour évaluer l'impact de la hausse des prix sur les populations les plus vulnérables et d'étudier d'éventuelles mesures d'accompagnement par le gouvernement. Parmi les mesures prises, nous relevons l'introduction du système de «solde-paie'',qui devait avoir pour but d'assurer une gestion équitable des ressources financières du pays selon les autorités gouvernantes426(*). Mais sur le terrain, ce système de rémunération des fonctionnairesentraine plutôtla diminution significative des salaires des enseignants, allant jusqu'à 50% pour certains d'entre eux427(*). Cela explique doncles multiples manifestations organisées par les Enseignants devant le Ministère de l'éducation et des Finances pour faire entendre leur mécontentementdans l'espoird'amener le gouvernement à revoir cette décision et à revaloriser leur statut. Pour apaiser les tensions, une table ronde est organisée entre gouvernement et syndicats des Enseignants, où des mesures telles quel'augmentation des ressources allouées à l'éducation, la promesse d'augmentation de salaire, la suspension temporaire de certaines mesures d'austérité, le recrutement de nouveaux enseignants, et le renforcement de la sécurité dans les écoles sont décidés428(*). Ces mesures sont réaffirmées par le chef d'État lors dutraditionnel discours de la veille de la fête de la jeunesse de 2000, lorsquel'instauration de la gratuite de l'enseignement primaire,dont l'effective est prévue pour cours de la rentrée scolaire 2000/2001,conformément aux recommandations des états généraux de l'éducation de 1995 et de celles de Dakar de 2000429(*). Mais sur le terrain, toutes ces belles promesses de ne suivent pas. Seule l'instauration de la gratuité de l'enseignement primaire est annoncée en 2000 par le chef d'État,lors du traditionnel discours de laveille de fête de la jeunesse. Cependant le budget allouéà l'éducation public reste inférieur à l'indice moyen fixé par le calendrier des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En 2001, le gouvernement n'accorde que 15,7% des recettes publiques à son système éducatif contre 19% pour la moyenne des pays africains de niveau de développement comparable, et 20% selon les OMD430(*). Concernant le problème de la revalorisation salariale des enseignants,les données recueillies à la direction du MINEDUC révèlent que les enseignant ont continué de subir les humeurs des délégués et des responsables des services extérieurs des Finances, ce qui explique les retards toujours observés dans les paiements des salaires et la budgétisation tardive des ressources allouées pour payer les instituteurs. C'est dans ces conditions onéreuses que ces fonctionnaires ont continué d'exercer431(*).Au-delà de toutes ces tentatives vaines,nombreux Camerounais trouvent duréconfort dans les acteurs qui étaient pourtant non-prioritaires auparavant. En milieu urbain, les licenciements massifs dans le secteur formel entrainent l'essor du secteur informel, caractérisé par les petits métiers offrant des débouchées aux personnes vouées au chômage en fin d'étude ou aux licenciées.Parmi ces métiers, on relève la création incontrôlée d'institutions micro finance (IMF), conformément à la loi n°90/053 du 19 décembre 1990 et la loi n°92/006du 14 août 1992 par les banquiers licenciés du secteur formel, la multiplication des petits commerces dans la distribution des biens alimentaires, l'apparitiondes coupeurs d'ongles, des «peseurs d'hommes'',et la multiplication des cireurs de chaussures, de vendeurs de beignets, de laveur de voitures, etc.432(*)En effet,la pratique des petits métiers de rue devientun éventail très large, remplissant une fonction très vitale dans les villes du Cameroun avec des revenus loin d'être négligeable. En 1992 par exemple, 70% des intéressés gagneraient plus de 100 milles FCFA par moisgrâce à l'auto-emploi dans le secteur informel selon K. Fouadop433(*). La presse locale encourage ces initiatives pour leur importance dans la régulation de la crise économique et sociale au Cameroun. L'un des auteurs ayant particulièrement abordé le sujet est Jean-Paul Tchakounté, un journaliste spécialisé dans les questions économiques et sociales. Dans ses articles, ce dernier souligne le rôle crucial des petits métiers de rue dans la création d'emplois informels, la résilience des populations face à l'instabilité économique, la solidarité communautaire et la contribution à l'économie locale. Il metégalement en lumière la capacité des travailleurs de rue à s'adapter aux conditions économiques difficiles et à maintenir une certaine stabilité financière malgré les défis rencontrés434(*). En milieu rural, les agriculteurs opèrent une reconversion.L'agriculture pérenne est progressivement remplacée par l'agriculture vivrière, la pêche et le travail à la tâche.Les associations et les tontines se développent au détriment des banques formelles.Selon A. Kaffo, «les grands champs de café à l'Ouest du pays, et précisément dans le village de Babadjou, deviennent progressivement de grands jardins fruitiers et d'agriculture vivrière''435(*). Au centre,«les vastes champs de cacaoyer deviennent les lieux de rencontre des avocatiers, des orangers, des safoutiers, des manguiers, etc.''436(*), nous rapporte sa majesté Ambassa durant notre entretien. En 1993 par exemple,la totalité des revenus escomptés des cultures vivrières, fruitières ou maraichères se rapproche de celles du café et du cacao dans les revenus globaux du pays, soit 35,9% pour les premières contre 44% pour les secondes437(*). Cela s'explique par la reconversiondes planteurs, qui ne sont plus prêts à jouer leur va-tout pour les cultures d'exportationau moment où le kilogramme du cacaose vend à 200FCFA et celui du café robusta à 150 FCFA en 1992-1993, alors quele prix de produits vivriers augmente renchérit sur le marché local438(*). À cet effet, les femmes qui contrôlaient la commercialisation des vivres ont pu avoir un rôle économique crucial au sein des ménages. Hormis l'agriculture vivrière, les populationsrurales se convertissent égalementau travail à la tâche comme la pêche,quioccupe progressivement une place importante dans l'emploi du temps des ménages et les revenus annuels. Selon S. AngoMengue, les paysans des deux sexes consacrent 64% de leur temps de travail à la pêche, soit 650 heures par an sur un total de 1015 heures, délaissant ainsi leur plantation qui ne rapporte plus assez439(*). Celadébouche à l'effondrement de la qualité et la quantité de production du cacao et du caféentre 1993 et 2005. ÀAyos par exemple, la production de cacao de grade 1 passe de 274 à 12 tonnes, tandis que celle de café passe de 204 à moins de 50 tonnes pour les grades supérieurs440(*). III. LES INDICATEURS DE MESURE DU DEVELOPPEMENT AU CAMEROUN A L'ATTEINTE DU POINTD'ACHEVEMENT DE L'IPPTE Selon le quotidien nationalMutations, c'est par le communiqué n°06/85 du 1er mai 2006 que le FMI et la Banque mondiale font savoir que le Cameroun a atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE, devenant ainsi le 19e pays du genre441(*).Mais au moment où ce pays décroche ce fameux sésame, il serait donc illusoire de ne pas tenir compte des indicateurs économiques du développement, afin d'évaluer la pertinence de ces programmes d'ajustement qui ont longtemps polarisé les débats. 1. Les indicateurs économiques du développement Deux indicateurs permettent de mesurer concrètement le développement d'un pays. Il s'agit du Produit Intérieure Brute (PIB) et le PIB par Habitant.
L'étude du PIB d'un pays durant une période donnée permet d'évaluer sa production et son poids économique durant cette période. Lorsque l'initiative PPTE est conjointement proposéeaux États sous ajustement structurel en septembre 1996 par le FMI et la BMà Lyon, le but était de s'assurer qu'aucun pays ne soit confronté à une charge d'endettement qu'il ne puisse gérer. En d'autres termes, cette initiative s'inscrivait dans le cadre de la conversion de la dette dans les pays fortement endetté, et aucun pays ne pouvait appliquer les programmes du FMI sans être endetté. Cependant, après avoir été déclaré off Track en 1996,c'est en octobre 2000 que l'adhésion du Cameroun à ce programme est approuvée par le FMI442(*).Cela permet aux autorités de mettre en place une nouvelle dynamiquedans les politiques publiques de gestion économique. Après le rendez-vous manqué de 2004 et l'obtention d'un moratoire auprès des IBW, c'est finalement à la fin du premier trimestre 2006 que le Cameroun atteint le point d'achèvement, après la mise en oeuvre satisfaisante des réformes structurelles et macroéconomiques, conformément au communiqué n°06/85 du 1er mai 2006 publié par le FMI et la Banque mondiale, et rapporté par Mutations443(*). Au cours de la mise en oeuvre du Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (2003-2006), le PIB enregistré au Cameroun est de 3,32%, soit un taux en dessous des 5,8% des États africains au Sud du Sahara et des 4,23% observée dans ce pays au cours de la période 2000-2002444(*). Cela peut s'expliquer par l'absence d'une mise en application concrète d'un programme formel du FMI au Cameroun. Durant cette période, seule la demande intérieure constitue le moteur exclusif de la croissance.Elle contribue à hauteur de 3,54%, tandis que les exportations nettes s'illustrent par leur contribution négative de -0,22%, et les dépenses de 0,44% avec un taux d'investissement moyen de 17,8% du PIB entre 2003 et 2006445(*). Cela explique donc le fait que la croissance économique soit restée fragile au Cameroun. Les principaux phénomènes observés durant cette période sont :un solde extérieur déficitaire d'environ 44,1 milliards de FCFA et une balance commerciale hors pétrolier également déficitaire d'une moyenne de -432 milliards de FCFA446(*).À l'analyse, seul le problème de l'inflation est plutôt bien maitrisé avec un taux de 1,9%. S'agissant de l'évolution monétaire, l'IPPTE permet de résoudre les principaux problèmes liés à la crise d'endettement et celui de la négociation de la dette multilatérale du Cameroun.Après avoir bénéficié d'un allègement de 144,7 milliards de FCFA lors du point de décision en octobre 2000, le stock de la dette publique du Cameroun passe de 4890,3 milliards de FCFA en 2005 à 1427,6 milliards en mai 2006, soit une réduction de 30% dans le cadre multilatéral et d'un allègement de 75 milliards de FCFA dans le cadre bilatéral sur une période de 10 ans447(*). Selon les points de vue exprimés dans le quotidienMutations,cela représente un nouveau départ, une occasion unique pour l'État camerounais. Car grâce à ce dégagement de ressources, le Cameroun devrait envisager sa nouvelle voie,notamment celle susceptible de conduire une politique économique plus autonome. En d'autres termes, cet allègement est un moyen particulièrement efficace de financer le développement dans la mesure où une fois acté, il libère des ressources budgétaires considérable pour la mise en oeuvre de politique économique de développement448(*).
Après la dévaluation de 1994 du Franc CFA, le Cameroun se positionne sur une trajectoire de croissance molle avec un PIB par habitant variant entre 646,2 et 686,6 dollars en moyenne jusqu'en 2003, soit une stabilisation de 1,4% par an449(*). Cette croissance est en grande partie dépendante à 90% de la consommation privée et l'investissement privé. Car durant cette période, le chômage est exprimé avec plus d'acuité, notamment de 21,5% en 1996 et de 18,6% en 2001, suite aux fermetures d'entreprises publiques et privées, aux licenciements dans la fonction publique et au gel des recrutement dans les secteurs publics et privés450(*). Mais entre 2004 et 2006, durant l'application du DSRP, le PIB par habitant connait une relative hausse de 300 dollars. Ainsi, au moment où le Cameroun atteint le point d'achèvement en avril 2006, son PIB par habitant est de 984 dollars américains, notamment grâce aux belles performances macroéconomiques dégagées par la bonne exécution des programmes d'ajustement451(*). Grâce à l'appui des programmes du FMI, le gouvernement camerounais : - prépare et met en oeuvre un DSRP complet entériné par les conseils de l'IDA et du FMI ; - maintient un cadre macroéconomique stable en moyenne de 3,8% entre 2001 et 2005 grâce à la forte expansion d'activités dans le secteur tertiaire et agricole qui permettent de compenser l'importante baisse de la production pétrolière ; - utilise avec satisfaction les économies dégagées par l'allègement intérimaire conformément à l'accord conclu lors de l'atteinte du point de décision qui permet au gouvernement d'adopter une nomenclature permettant d'identifier les programmes et projets relatifs à la lutte contre la pauvreté; - exécute avec brio les réformes structurelles appuyées par le troisième crédit d'ajustement structurel (CASIII), notamment la privation de la SOCAPALM, la CAMSUCO, la SODECOTON, la CDC et la CAMAIR, ainsi que la réforme des sous-secteurs maritime, ferroviaire et routier ; - fait preuve de bonne gouvernance et prend des mesures de lutte contre la corruption regroupé autour du Programme National Quinquennal de bonne gouvernance qui permet d'améliorer l'administration et la justice ; - et enfin conduit avec succès les réformes sociales essentielles, notamment la réforme en 2000 du secteur éducatif ayant abouti à la construction de 3768 nouvelles salles de classe en novembre 2005 et la restructuration du Ministère de la Santé qui aboutit à l'organisation de vastes consultations à travers le pays dès 2002452(*). C'est la raison pour laquelle la décision de faire du Cameroun le 15e pays africain à atteindre le point d'achèvement le 28 avril 2006 est prise à l'unanimité par le Conseil d'administration du FMI après de nombreuses missions de revue conduit à tour de rôle et à des époques différentes par Menahem Katz, Edouard Maciejewski, Doris Ross et DharneshwarGhura, au Cameroun453(*). Après examen du premier, deuxième et troisième rapport soumis aux conseils de l'IDA et duFMI en mars 2004, décembre 2005 et février 2006, le Conseil d'administration conclu à cette date du 28 avril 2006 que toutes les conditions étaientréunies pour permettre à l'État camerounais de redevenir un pays à revenu intermédiaire sur le plan économique454(*). Les Camerounais des 4 coins du pays accueillent cette nouvelle étape avec beaucoup d'enthousiasme et d'optimisme. Bien que n'étant pas en réalité une fin en soi,la population y voit une mise à la disposition de Yaoundé d'importants financements destinés à sortir le pays du sous-développement, selon les opinions recueillies parCameroon tribune455(*). Le Cameroun bénéficie de l'annulation de sa dette multilatérale de 30% et d'une baisse de sa dette bilatérale vis-à-vis de certains partenaires comme la France qui conclut un contrat de désendettement-développement (D) d'une valeur de 75 milliards de FCFA sur une période de 10 ans par exemple. Ainsi,l'argent dépensé pour le service de la dette estconverti en fonds d'investissement dans des secteurs de développement prioritaires comme l'éducation, la santé, les routes, ce qui a permis à l'État camerounais de s'en sortir avec un PIB par habitant de 1100 dollars américain durant cette année de référence456(*). 2. Les indicateurs sociaux du développement à l'atteinte du point d'achèvement Les indicateurs sociaux du développement, notamment l'Indice de Développement Humain (IDH), l'Indice de Développement Humain ajusté des Inégalité (IDHI) et l'Indice d'Inégalité du Genre (IIG) se sont nettement améliorés à partir de 2000, après une longue phase de dégradation.
L'IDH est un indicateur composite qui mesure le niveau de développement humain d'un pays en prenant en compte des dimensions telles que le revenu par habitant, l'espérance de vie et le niveau d'éducation457(*).Selon le rapport national sur le suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté national est quasiment stable entre 2001 et 2007, passant de 40,2% à 39,9%. D'aprèsCameroon tribune, seuls4 Camerounais sur 10 vivent en dessous du seuil du revenu annuel de 232.547 FCFA, jugé nécessaire pour permettre à un individu à Yaoundé de s'offrir un «panier minimal'' de dépenses essentielles alimentaires et non-alimentaires à l'atteinte du point d'achèvement.Ces dépenses concernent généralement la santé, l'éducation et le logement458(*). Concernant l'espérance de vie à la naissance, elle demeure relativement dégradée en mai 2006, malgré les efforts consentis dans le domaine de la santépar le gouvernement. Pendant que le taux de mortalité des moins de 5 ans se stabilise à 144% entre 2004 et 2006, l'espérance de vie à la naissance est d'environ57 ans chez les femmes et de 54 ans chez les hommes, selon les données fournies par l'INS459(*).Ces chiffres peuvent varier légèrement en fonction des sources et des méthodes de calcul utilisées. Cependant, après l'annulation de la dette extérieure du Cameroun entre 2000 et 2006, les conditions économiques du pays s'améliorent, ce qui permet de renforcer les investissements dans les secteurs clés tels que la santé et l'éducation. Cela a contribué à améliorerprogressivement l'espérance de vie au fil du temps à cette époque. Pour l'ensemble des décès des femmes en âge de procréation (15-49 ans) en 2004, seuls 19% seraient dus à des causes maternelles contre 26% en moyenne entre 1991 et 1997460(*). Pour ce qui est du niveau d'éducation à l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE, le Cameroun réalise des progrès en la matière avec une augmentation du taux de scolarisation et la qualité de l'enseignement. En effet, depuis 1997, le gouvernement reprend le recrutement des enseignants formés et jusque-là en chômage comme l'indique le tableau ci-après. Tableau n°6 : Évolution des effectifs des enseignants au Cameroun entre 1989 et 2006
Source : MINEDUC/DPRD/SDP Entre 2001 et 2006, la situation éducative s'améliore sensiblement. Les enseignants jusque-là formés et en chômage sont contractualisés pour réduire le déficit constaté dans l'encadrement des élèves.Ainsi le taux net de scolarisation connait une légère hausse de 0,3 point, au moment oùl'alphabétisation des hommes de 15 à 24 ans passe de 82,3% à 83,1%, tandis que pour les femmes du même âge passe de 0,79 à environ 0,88461(*). Au cours de l'année scolaire 2006/07, les 3120 357 élèves du primaire recensés sont encadrés par 72827 enseignants, dont 1967 constitué d'enseignants non permanents462(*).
Les préjudices dont sont victimes les femmes et les filles au Cameroun lors de l'atteinte du point d'achèvement en avril 2006 sont une source majeure d'inégalités et l'un des obstacles les plus important au progrès du développement humain dans cet État durant cette période. Selon les indices rendant compte des inégalités hommes-femmes, notamment l'IDHI qui permet d'évaluer le niveau de développement humain en tenant compte des inégalités et l'IIG qui reflète les inégalités dont souffrent les femmes en termes de santé reproductive, d'éducation, de représentation politique et sur le marché du travail,le rapport garçons-filles et hommes-femmesest élevé en 2006, soit de 0,89 contre 0,83 durant la décennie 1990 et 2006463(*). Comment le comprendre ? Ayant évolué de façon instable depuis lors et connu une montée spectaculaire en 1987, le nombre de personnes vivant dans l'extrême misère resteconsidérableau Cameroun après l'atteinte du point d'achèvement, ceci malgré l'augmentation de la richesse mondiale et la remise de la dette au début des années 2000464(*). Cela s'explique par le fait que les richesses soient essentiellement concentrées entre les mains de la haute classe,aggravant ainsi les écarts considérables entre les plus riches et les plus pauvres. Sur le plan géographique, on observe une concentration des activités, des revenus et des populations dans certaines zonesprésentant un avantage comparatif (notamment Yaoundé et Douala), indurant ainsi un phénomène d'exclusion des groupes vulnérables ou marginalisés, dont les femmes, les personnes âgées, les jeunes et les personnes vivant avec un handicap465(*). Cela a continué de menacer la cohésion sociale.Si le taux de scolarisation dans le cycle primaire et secondaire semble indiquer l'estomption dans les disparités entre sexes, les inégalités à l'âge adulte restent très marquées. Le taux de participation au marché du travail est plus faible. En 2006, seules 8% environ des femmes exercent dans l'administration en 2006466(*).Ce qui explique donc leur taux élevé de chômage et leur présence massive dans le secteur informel. Si les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, le pourcentage d'hommes bénéficiant d'une pension de retraite est supérieur à celui des femmes. Ce qui témoigne de l'inefficacité des systèmes de sécurité sociale. Ce manque d'autonomisation des femmes et des filles permet de les rendre vulnérable aux atteintes portées à leur intégrité physique. En 2006 en moyenne 47% des femmes subissent des violences au sein du couple selon l'Institut National de la Statistique467(*). Et à cela s'ajoute également le fléau de la corruption. Au moment où le Cameroun atteint le point d'achèvement de l'IPPTE, des pratiques illicites tellesRackets, pot-de-vin et détournent de fonds publics font du Cameroun l'un des pays les plus corrompus du monde, selon le magazine Jeune Afrique468(*). Développée au Cameroun depuis le début des années 1980,la corruptionbénéficie d'une tolérancede la part du gouvernement qui a préféré baisser les salaires des fonctionnaires pour combler les déficits plutôt que d'éradiquer définitivement ce fléau. Cela alégitimécette pratique au sein de l'administration et favorisé l'avènement d'autres pratiques peu orthodoxes comme le développement d'une comptabilité parallèles, caractérisée par la non déclaration de certaines ressources, soit le développement d'une économie mafieuse parallèle469(*).Ainsi, le 28 avril 2006, le Journal du Cameroun rapporte que la corruption atteint des proportions nécessitant des mesures plus radicales que celles appliquées jusque-là,ayant permis l'accumulation de fortunes subites au sein de la haute et moyenne administration470(*). Cette corruption s'estégalement révéléesous la formede pratiques homosexuelsau sein de l'administration selon les rumeurs. En 2006le bimensuel La Météo, le journalLa Nouvelle Afrique, et l'Anecdotequi publient une liste de 50 personnalités supposées homosexuelles où on y trouve de hauts responsables politiques, administratifs, et des chefs de cadre d'entreprises.Par la suite, les principaux éditeurs de ces publications vont subir la foudre duministre de la communication, M. Pierre MoukokoMboujo, qui pointe d'un doigt accusateur les difficultés économiques de ces médias, le chômage de la population et l'écart grandissant du niveau de vie entre une minorité riche et une majorité pauvreté comme responsables de ces allégations471(*). Mais selonles opinionsexprimées à cette époque,nombreux sont les Camerounais qui estiment que pour obtenir un poste, une promotion, gagner un appel d'offre, ou décrocher un concours administratif, il fallait se livrer aux appétits d'un homme, connue sous la nomination de « promotion canapé''472(*). Le 25 décembre 2005 par exemple, l'Archevêque de Yaoundé, Mgr Victor TonyeBakot, dénonçait les rapports charnels entre personnes du même sexe au nom d'un emploi, ou d'octroi d'une prétendue promotion473(*).Le 30 janvier 2006, le quotidien Mutationsdénonce le mal que cette pratique peut engendrer au Camerounet invite la population à y mener un combat féroce. Au moment de clore ce chapitre oùil était question de faire le bilan des performances des PAS entre 1988 et 2006, soit en 18 ans d'application, il ressort que les thérapies menées par le FMI n'ont pas été à la hauteur des objectifs fixés à quelques exceptions prêtes.Ce n'est après la dévaluation du Franc CFA en 1994 et après l'intégration à l'initiative PPTE en 2000 que le PIB du Cameroun connait une croissance molle jusqu'en 2006 avec un taux moyen de 4%.Cependant, au moment où le Cameroun atteint le point d'achèvement de l'initiative PPTE en avril 2006, marquant symboliquement l'apogée de la crise économique, on se demande donc quel avenir pourrait avoir cette collaboration Cameroun-FMI ? * 312 Anonyme, Cameroun : Évolution économique rétrospectives..., p.43. * 313OCDE et MINADER, «Analyse des interactions entre les politiques macroéconomiques et le développement agricole'', 2006, consulté en ligne sur www.oecd.org/dataoecd/49/28/1, le 23 février 2023 à 22h21. * 314 Anonyme, «Cameroun-Exportation'', consulté en ligne sur www.tradingeconomics.com, le 26 avril 2023 à 12h15. * 315 A. 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