Le Cameroun sous les fourches caudines du fmi d'après les journaux: 1988-2006par Symphorien Loïc EMBOLO Université de Yaoundé 1 - Master 2 en Histoire des relations internationales 2023 |
CHAPITRE I : FACE AUX DEFIS DE L'HEURE, LE CAMEROUN RECOURT AU FMIAprès le vent des indépendances de 1960, le continent africain est resté confronté à des difficultés socio-politiques et économiques dans la majorité des États. Mais à un moment donné, on a l'impression que le Camerounsemblé s'en sortir.Plusieurs instances internationales appréciaient l'évolution du pays. En septembre 1982, lors de la conférence des bailleurs de fonds des pays de l'Occident à Toronto par exemple, un Brevet du pays africain le plus dynamique est même attribué à cet État42(*). Mais au cours de l'exercice budgétaire 1985/86, soit 2 ans plus tard, pourquoi l'économie camerounaise s'effondre-t-elle, atteignant la catégorie de mauvais élève classés par la Banque mondiale ? I. UNE ECONOMIE ENTRE RESILIENCE ET CONTROVERSE Pendant que les économies africaines font face à de rudes épreuves entre 1960 et 1980, celle du Cameroun semble en mesure d'éviter la crise grâce à l'abondance des richesses du sol, du sous-sol et du pragmatisme des dirigeants.Sous le choix du libéralisme planifié, l'administration met progressivement en place une parfaite ossature économique axée sur l'agriculturedès 1961. Ce qui permetau Cameroun de maintenirsa croissance économiqueà un taux moyen de 4% entre 1960 et 197643(*). Mais en 1977 la découverte et l'exploitation des gisements pétroliersdeKolé, Bavo, Bao Bakassi, Barombi, Inoua, Ekoundou Sud et Nord, Asoma et Kombo Nord,font du Cameroununeldoradopétrolier comme ses voisins le Gabon et le Nigéria avec des réserves estimées à plus de 200 millions de barils en 198444(*).C'est ainsi que le pétrole devient l'élément essentiel de l'économie et des devises de l'État.Et après la substitution du libéralisme planifié au développement autocentréexprimé,le PIB du Cameroun serelèveà un taux moyen de 8% par an entre 1980 et 198445(*). Par ailleurs, l'effondrement de l'activité économique aux Etats-Unis fait surgir un durcissement de la politique commerciale mondiale, soit un renforcement du protectionnisme dans les pays capitalistes. Aux traditionnels droits de douanes portés à des prix records s'ajoutent la hausse des taux d'intérêt, la dévaluation volontaire du dollar américain à Plazza, la réinstauration des taxes, des quotas, des normes sanitaires et d'autres roueries administratives46(*). Ce qui a favorisé le repli des économies sur elles-mêmes, laissant place à des répercussions qui crée un contexte d'incertitude dans l'économie camerounaise. Il s'agit notamment de la chute du cours des hydrocarbures, de la contraction des pris de produits pérennes et dela détérioration des termes de l'échange. Et selon Cameroon tribune, un déséquilibre budgétaire se créedonc dans cet État,changeantainsi le bel avenir du pays en un sentiment de doute profond quia conforté les tenants de l'afro-pessimisme47(*). 1. L'économiecamerounaise : une brillante exception en Afrique ? C'est connu on le sait,après l'indépendance,l'économie camerounaise comme dans la plupart des pays du Sudest totalement dépendante de l'agriculture primitive. Mais contrairement au Sénégal qui vit presque exclusivement de l'arachide, ou du Gabon qui exporte exclusivement les bois tropicaux, le Cameroun dispose de ressources très diversifiées, notamment le cacao, le café, le coton, les produits du palmier à huile,la banane, le mil, les ignames, l'arachide et le maïs48(*). Étant bien doté sur le plan agricole, le président Ahidjo faitle choix du libéralisme planifié dans le butde faire du Cameroun le grenier de l'Afrique centrale,d'où la mise en place progressived'une parfaite ossature économiqueentre 1960 et 1985. En effet, les résultats de ce dur labeur n'ont pas tardé à combler les Camerounais et la plupart des bailleurs de Fonds qui le rangent dans la liste de pays sûrs du continent africain49(*).
Au moment où tout semble mal parti pour les économies du continent africain après les indépendances, exactement comme le prédisait l'Agronome français René Dumont, le Cameroun par contre marque des points. Le pays va connaitre une phase de prospérité forte et rapide grâce aux initiatives audacieuses de réforme entreprises par les autorités dans lessecteurs agricoles, infrastructurel, commerciaux,et des hydrocarburesdans l'optique de renforcer le potentiel économique et social du pays50(*). Sur le plan agricole,le gouvernement renforce l'exécution des plans FIDES (Fonds d'Investissement pour le Développement Économique et Social des territoires d'Outre-mer) initié par la France coloniale en 1945 et 1953, généralement connu sous la nomination de plans quinquennaux en 196051(*). Les principaux objectifs visés étaient d'améliorer l'agriculture extensive et de doubler le revenu national par tête entre 1960 et 1980. Cela est confirmé par ces proposdu président Ahmadou Ahidjo rapporté par Le Monde Diplomatique : «l'objectif primordial a toujours été de consolider la nation camerounaise et de promouvoir son développement généralisé, concourant à l'épanouissement de l'homme camerounais''52(*). Ce qui explique doncla mobilisation et l'orientation des capitaux de l'Étatdanslessecteurs de l'agricultureet de l'infrastructure durant cette période. Par ailleurs,du moment où les objectifs du 1er et 2ème plan ont été partiellement atteints en 1971, le chef d'État décide de donner du tonus à l'économie camerounaiseenlançant la «révolution verte'' en mars 1973et en multipliant la créationdes agro-industries dans le pays afin de développer une agriculture extensive durant l'exécution de troisième plan53(*). Et dès 1974, la «révolution verte''devient le ferde lance de la politique du gouvernement dans sa quête d'accroitre la production rurale et animale,d'améliorerles revenus et les conditions de vie du paysan, et de favoriser une participation plus active du paysan à l'effort national du développement. Dans le secteur agro-industriel, la Société de Développement de l'Hévéa du Cameroun (HEVECAM) démarre un projet de 15.000 hectares d'hévéa à Kribi, la Société Sucrière du Cameroun (SOSUCAM) se fixe un objectif de croisière d'une production de 100.000 tonnes de sucre par an, la Cameroon Sugar Company (CASUCO) nait avec un objectif de production de 2500 tonnes par an, tandis que la Société Camerounaise de Tabac (SCT) décide d'encadrer efficacement 10.000 producteurs de tabac de cape dans la province de l'Est, selon les archives du journal français Le Monde54(*). Le 5 novembre 1974,le Cameroun signe avec la Belgique un arrangement particulier relatif à l'application des sciences nucléaires à l'agriculture à Yaoundé.Puis, suite à une initiative conjointe entre le gouvernement camerounais et l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), un laboratoire des radioisotopes à l'agriculture est créé au sein de l'École Nationale Supérieure Agronomique (ENSA) la même année. Subventionné par le PNUD et aidé techniquement par l'agence d'exécution de l'AIEA, ce projet apporte une aide complémentaire pour la construction d'une serre annexe et pour l'extension de la fourniture d'équipement scientifique et logistique afin de promouvoir l'enseignement et la recherche universitaire dans le domaine du développement agronomique au Cameroun55(*). Concernant particulièrement la culture du cacao au Cameroun, Cameroon tribunerapporteégalementque dans le cadre du troisième plan quinquennal, trois objectifs sont définis, notamment la mise en valeur des terres, la modernisation de l'agriculture et une rentrée des devises. Pour ce faire, le projet de production de 150 milles tonnes de cacao soutenu par le STABEX est conçu, bénéficiant du soutien de l'AFP qui octroie un prêt de 98,5 millions de FCFA à la Caisse Centrale de Coopération Économiquedu Cameroun56(*). En 1976, l'Organisation National de Commercialisation de Produit Brut (ONCPB) est ouverte pour contrôler les opérations commerciales et assurer une défense efficace des producteurs en soutenant les cours. En d'autres termes, c'est elle qui assume une partie des frais d'évacuation du produit des plantations jusqu'au port d'embarquement57(*). Dans leSud du pays, de nouvelles plantations sont créées, à l'instar des palmeraies villageoises autour des plantations de la SOCAPALM. Il s'agit d'une initiative qui démarre au cours de la campagne 1977-1978 et quiimplique un personnel formé et spécialisé dans les techniques modernes de culture du palmier à huile sélectionné58(*). Dans le Nord, l'évolution en dent de scie de la production cotonnière durantl'exercice 1968/1969 amène la SODECOTON à porter les superficies cultivées à 55 milles hectares, auxquels s'ajouteront quelques milliers d'hectares de culture traditionnelles. Le gouvernement subventionne cette culture d'une enveloppe de 3 milliards de FCFApour l'ensemencement et les protections. À côté de cela s'ajoutent également l'introduction et la distribution de variétés sélectionnées à cycle court adaptées aux conditions climatiques de la province du Nord, répondant aux exigences de l'évolution de la technologie59(*). Selon Cameroon tribune, plusieurs banques agricoles et commerciales s'installent au Cameroun dans le but oeuvrer pour l'éclosion des Petits et Moyens Entreprises (PME).L'instruction gouvernementale exige qu'elles consacrant un certain pourcentage de leurs dépôts à long terme aux PME60(*).Le 22 février 1979, le vice-ministre des finances camerounais, Hamadou Moustapha et M. Chawki Keidoudi, Vice-Président de la banque africaine de développement (BAD) signent à Abidjan, un accord de garantie dans lequel la BAD accorde un prêt de 5 millions d'Unité de Compte (UC), soit 1.4288 milliards de FCFA sous forme de linge de crédit à la Banque Camerounaise de Développement (BCD) afin de financer le coût en devise des PME pour lesquelles le gouvernement accorde une grande importance pour asseoir son indépendance économique61(*). En dehors des structures qui existaient déjà telles que le Centre d'Assistance aux Petits et Moyen Entreprises (CAPME) chargé des études de factibilités, le FONADER chargé des prêts au monde rural et la Banque Camerounaise de Développement (BCD) qui octroie des prêts aux PME ; le Fonds de Garantie aux Petits et Moyen Entreprises (FOGAPE) se voit attribuer de nouveau rôle. Par le décret présidentiel du 13 juin 1984, il devientune nouvelle structure habilitée à prendre des participations dans le capital social des PME ; à accorder des prêts directs pour le financement, le renouvellement et l'acquisition des immobilisations ;et à apporterune assistance technique en matière de formation, d'information, de conseil et de tenue de comptabilité62(*). Le secteur de l'agriculture de subsistance bénéficie de la Mission de Développement des cultures vivrières (MIDEVIV) qui est une société publique dont la mission est d'assurer les fonctions de commercialisation et d'assistance à la production des cultures vivrières. Elle assure également l'approvisionnement des planteurs en semences améliorés.C'est dans le cadre de cette mission quele plan national semencier est élaboré avec le concours de la FAO en 198063(*). Le dispositif de la MIDEVIV devait également permettre d'assurer le transport des produits vers les zones urbaines aux fins de commercialisation dans des centres créés en centralisant l'offre et en veillant à la qualité des produits proposés sur le marché de la consommation64(*). Dans le secteur infrastructurel,Cameroon tribune rapporte la bataille énergétique engagé par le gouvernement pour améliorerles infrastructures aériennes, routières, ferroviaires et maritimes. Concernant le transport aérien, les autorités gouvernantes décidentde rompre avecAir Afrique, dont le Cameroun est le plus grand contribuable,dans le but de créersa propre compagnie aérienne «laCameroon Airlines corporation (Camair-co)''. Une initiative qui devient effective en 1974, lorsqu'un avion avec un équipage 100% camerounais décolle de l'aéroport de Yaoundé65(*). Concernant les infrastructures maritimes et ferroviaires,le 3e plan quinquennal arrête deux grands projets, dontl'aménagement du port de Douala et la rectification du chemin de fer entre Douala et Yaoundé. Le 10 août 1977, le Ministre des transports, M. John NkengongMonie, signe avec la Caisse Centrale de Coopération Économique (CCCE) une convention de 1,5 milliards de FCFA, associant investissement public et privé,pour les travaux d'extension du port de Douala et de la rectification de certains tronçons, selon Cameroon tribune66(*).La première phase des travaux est caractérisée par la construction des postes de quais et des ateliers de réparation navale dans le secteur maritime et de la rectification du tronçon Yaoundé-Otélé.Acculé par l'insuffisance d'investissement, le projet s'appuieégalement sur les concours d'autres bailleurs financiers tels quela République Fédérale d'Allemagne et le Canada67(*). Pour ce qui est des infrastructures routières,une politique visant à maintenir en bon état le réseau existant, à améliorer, et à étendre le réseau bitumé est adoptée.Pour ce faire, un budget de 6.5 milliards de FCFA est accordé au ministère des transports en 1979 pendant la commission interministérielle de l'exercice budgétaire 1979/8068(*).En effet, ce budget devaitpermettre de désenclaver la plupart des zones rurales par la construction et l'entretien des pistes de production,la construction et l'entretien des routes reliant chacune des provinces du pays à la capitale, etd'embellir les routes de centres urbains69(*). Sur le terrain, les résultats ne tardent pas à combler les Camerounais qui voientle pays devenir un immense chantier d'innovation. Dans le sud du Cameroun par exemple, les projets de construction du pont sur la rivière Mborro etde la réfection de la route à Ambam sont lancés, tout comme le projet BAC deNgoazik70(*).En 1980 le pays apparait dans une situation plus solide du point de vue infrastructurel par rapport aux quinze années précédentes.Sur l'étendue du territoire national, plusieurs tronçons rail-route sont en cours de réalisation, notamment les tronçons Ngaoundéré-Garoua, Mora-Maroua, Douala-Tiko, Bafoussam-Bamenda, Kumba-Memfé, Lobé-Ndian ou encore Melong-Dschang71(*). Concernant les échanges commerciaux, le Président Ahidjo décide derenforcer le contrôle des prix etdes taxesd'un grand nombre de produits importés afin de rendre leur prix abordable sur le marché local en 197472(*).Ce qui permetau pays de se substituer de la «Stratégie d'Industrialisation par Substitution aux Importations'' (SISI) adoptée depuis 1960, comme la plupart des pays en voie de développement, au profit de la «promotion des exportations'' (PE)73(*). En effet, contrairement à la SISI qui visait à satisfaire la consommation locale par la production domestique, la politique de PE introduite dès 1970 vaà la conquête des marchés étrangers. Cette volonté exprimée dans le 3ème plan quinquennalsouhaiteaugmenter la production et l'exportation des cultures pérennes, des produits manufacturés, et du pétrole, d'où la multiplication des agro-industries,des PME, et les petites et moyennes industries (PMI)74(*). Dans le secteur des hydrocarbures,l'exploitation des gisements est attribuée aux compagnies française (ELF-Serapca) et Etats-Uniennes (Pecten, du groupe Shell) en 197775(*). Puis la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) et la Caisse de Stabilisation des prix des hydrocarbures sont crééesen 1980 dans l'optique de gérer les intérêtscamerounais dans ce secteur.Ce qui va permettre au Cameroun de connaitre uneprospérité économique forteet rapide entre 1980 et 1985 avec des réserves pétrolières estimées à plus de 200 millions de barils, selon Cameroon tribune76(*). Le taux de croissance triple pratiquement,passant d'environ4,5% en 1980 à environ 13% en 1985 au moment où l'or noir devient le moteur de l'économie camerounaise avec une participation aux recettes de plus de 60% sous le choix délibéré du développement autocentré77(*). Au-delà de tout ce qui précède, il est également judicieux d'évoquerles efforts d'améliorationdu fonctionnement de l'administration par les chefs d'États Ahidjo et Biya.Pour rendre plus apte l'administration à affronter les tâches de développement qui sont chaque jour plus complexes, un Comité Technique d'Étude des Problèmes Administratifs (CTEPA) est mis sur pied, et les missions qui lui sont assignées sont :examiner le fonctionnement de tous les services publics tant au niveau central que provincial, et proposer des réformes très pertinentes78(*). Cela explique donc les belles performances de l'économie camerounaise sur la décennie 1975-1985. Sur la décennie1975-1985, le Cameroun s'est forgé une notoriété louable, soit celui d'un État qui respecte et honore ses engagements. Grâce àses énormes progrès socio-politique et économique, un «Brevet du pays africain qui se porte le mieux'' est même attribué à cet État en 1982, lors de la conférence des bailleurs de fonds des pays de l'occident à Toronto, d'où le miracle Camerounais79(*).SelonCameroon tribune, le Cameroun a eu le mérite de recevoir ce prix à cause de sa performance presqu'unique en Afrique sur le plan socio-politique et économique avec un taux de croissance moyende8%, une balance de paiements équilibrées, un endettement modéré et un service de ladette raisonnable80(*). Sur le plan social, le gouvernement camerounais fait d'énormes progrèspour améliorerle niveau de vie de la population.Les indicateurs mesurant plus largement le bien-être,notamment l'espérance de vie et l'instruction s'améliorent nettement. En effet, cela est le fruit de la construction et de l'amélioration des hôpitaux et des écoles par le gouvernement, mais également de la création des agro-industries telles que la SODECOTON, la SODECAO et de l'instauration de l'ONCPB en 1976 qui favorisentl'augmentation du revenudes planteurs, ce qui a permis aux parents de mieux soigner et scolariser leurs enfants81(*). Le 2 novembre 1979, un décret portant augmentation du prix d'achat du kilogramme du coton est signé par le président Ahidjo, au moment où les cours mondiaux sont au plus bas, traduisant ainsi la volonté du gouvernement d'encourager les paysans pour leur dur labeur82(*). Selon les données recueillies dans le quotidien nationalCameroon tribune, la SOCAPALM distribue des primes non remboursables, provenant d'une subvention que le gouvernement décide d'allouer au projet «palmeraies villageoise'', aux planteurs en 1979.Pour chaque hectare planté, le planteur reçoit gratuitement durant la première année 6 milles FCFA pour le défrichement et engrainage terminés, 4 milles FCFA pour piquetage et roulaison terminés, 8 milles FCFA pour semis de couverture et deux entretiens. Et pendant la deuxième année, 8 milles FCFA pour le premier et deuxième entretien du champ, soit 4 milles FCFA par tour. Durant la troisième année, les tarifs sont de 6 milles FCFA pour le premier et deuxième entretien, soit 3 milles FCFA par tour83(*).Ce qui fait en sortequ'au terme de la quatrième année, le planteur aurait reçu gratuitement des primes d'encouragement pour un montant de 41 milles FCFA pour ce cas de figure. Dans le même sens, une somme de 6,936 millionsde prime est distribuée à 149 planteursdans le département de la Manoua pour l'arrachage et la replantation des cacaoyères et caféiers84(*).Ce qui a favorisé la hausse du PIB par habitantdes Camerounais qui passe de 160 dollars américains en 1961 à 980 dollars en 1986après la valorisation des prix des produits de base d'exportation85(*). Dans le secteur de la santé, un budget de 9 milliards 389.655 millions est alloué au ministère de la santé publique durant l'exercice budgétaire de 1977/78 dans le but de vaincre l'insuffisance quantitative et l'acheminement anarchique des produits pharmaceutiques dans les hôpitaux et dans l'arrière-pays86(*). Ce qui a permis la construction d'hôpitaux et descentres de santé dans plusieurs provinces du Cameroun, soit au moins un par département, selon les informations fournies parCameroon tribune87(*).Dans le Suddu Cameroun par exemple, l'hôpital départemental d'Ebolowa, le centre élémentaire de Tchangue, et le centre développé de Ma'ansont construits.Celaafavorisé le recul du taux de mortalité etla hausse de l'espérance de vie qui passe de de 39,4 ans à 45,9 ans chez les hommes et de 42,6 ans à 49,2 chez les femmes88(*). Dans le secteur éducatif, la construction de nouvelles infrastructures scolaires sur l'étendu national, à l'instar du lycée mixte d'Ebolowa, du collège d'enseignement secondaire et lu collège d'enseignement général d'Ambam dans le Sud Cameroun par exemple ; l'achèvement du centre universitaire de Buea à l'Ouest ; et l'extension de la faculté des sciences et la cité universitaire de l'université de Yaoundé au centre, aboutissent à : - la moralisation de l'éducation qui s'est concrétisée par une présence marquée des enseignants à leurs postes de travail, et par une plus grande prise de conscience de la noblesse de leur mission ; - l'établissement d'une carte scolaire adaptée aux conditions démographiques ; - rapprocher les écoles des élèves ; - l'institution dans l'enseignement technique d'un comité d'étude sur le développement de cet ordre d'enseignement ; - l'opérationnalisation de la décentralisation universitaire ; - l'adoption progressive des programmes scolaires adaptés aux réalités nationales89(*). Une véritable révolution s'est opérée dans le système éducatif camerounais. Dans le secteur administratif, des augmentations de salaires sont faites afin d'améliorer le niveau de vie des Camerounais. Elles se font d'un pourcentage de 8% à 10% selon les catégories dans le secteur public, et de 12% pour les travailleurs de 1er zone, 14% pour les travailleurs de 2e zones, et de 15% pour le travailleur 3e zone dans le secteur privé, selon Cameroon tribune90(*). Pendant ce temps, les domestiques et les employés de maison voient leur revenu augmenter de 10% pour les catégories 1 à 4, et de 8% pour les catégories 5 à 891(*). En effet, ces conditions mélioratives témoignent de la sollicitude particulière du gouvernement à l'égard des Camerounais pour un partage équitable entre différentes catégories d'agents économiques. Sur le planpolitique,le dynamisme des dirigeants les amène à pratiquer une diplomatie active et offensivesur fond de non-alignement pour trouver des solutions aux problèmes mondiaux de l'heure, notamment le déficit budgétaire, le problème d'investissement et de l'endettement, rapporte Cameroon tribune92(*). En effet, la diversification despartenairespermet à cet Étatde se distinguer en Afrique par ses relations diplomatiques que par les accords de coopération qu'il établit avec les pays étrangers tant de l'Ouest que de l'Est.Notamment avec l'Irak, le Gabon, etc. Seul en juin 1979 par exemple, l'Ambassadeur gabonais S.E. Hubert Okouma, et l'Ambassadeurirakien, S.E. Abdul Karim Mohammed Najimsont accrédités au Yaoundé93(*). Cela se perpétuesur le règne du second chef d'État Paul Biya, carlorsqu'il accède à la magistrature suprêmele 6 novembre 1982, il recommande également une diplomatie de participation active et positive. Ce qui explique donc le passage régulierdes émissaires étrangers au Palais de l'unité de Yaoundé recueillir l'avis du président ou l'informer sur un quelconque problème donné94(*). En janvier 1985 par exemple, plusieurs délégations étrangères foulent le sol camerounais pour des problèmes d'intérêt mutuel. Il s'agit de la délégation du congrès américain, sous le patronage d'Howard E. Wolpe qui, devant assister à une conférence à l'institut afro-américaine à Libreville, décide de séjourner à Douala dans le but de discuter avec les autorités nationales des problèmes d'intérêts mutuel ; des Ministres ivoiriens ; et du ministre de la culture, de la jeunesse et des sports de la Mauritanie M. Ba Mahmoud et sa délégation, qui étaient tous porteurs d'un message de la part de leur président, selon Cameroon tribune95(*). À cette liste exhaustive s'ajoute la visite du Président Equato-guinéenTheodoro Obiang NguemaMbazogo, qui arrive au Cameroun pour remercier le Chef d'État de son appui moral et économique pour l'adhésion de la Guinée à l'UDEAC96(*). Par ailleurs, ce rayonnement si puissant de l'État camerounais amène certains médias internationaux afro-pessimistes, à l'instar de Jeune Afrique et Le Mondediplomatiqueà braquer irrésistiblement leurs projecteurs sur le Cameroun97(*). Sur le terrain, cette diplomatie offensive pratiquée par les chefs d'État permet au Cameroun d'être une terre d'accueil pour les investissements étrangers essentiels à la réalisation d'une infrastructure solide. Durant la réalisation du chemin de fer Trans-camerounais destronçons Yaoundé-Ngaoundéré, Yaoundé-Maloumé, Douala-Edéa et l'extension du port autonome de Douala par exemple, le Cameroun bénéficie des concours financiers de la France, de la Communauté ÉconomiqueEuropéenne (CEE), des USA, de la République Fédérale d'Allemagne, du Canada de la BM, de la BAD et de la Banque Arabe pour le développement Économique de l'Afrique (BADEA)98(*). Dans le secteur de l'énergie, les travaux d'aménagement des barrageshydroélectrique de Sonloulouet de Lagdo sont menés grâce aux aides de l'Arabie Saoudite, la BADEA, la Banque Islamique de Développement (BID), l'Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (OPPP), la Chine, du Koweït,duQatar ainsi que de la France et la CEE par le biais de la Banque Européenne d'Investissement (BEI)99(*).Cameroon tribune rapporte également l'assistance del'Union Soviétique dans la construction de deux écoles de formation des techniciens d'agriculture des eaux et forêts au Cameroun. Au-delà de ce qui précède,la politique intérieure permetde raffermir l'unité nationale etde réorganiserles grands services de l'Étatet des ministères telsque le Ministère du Commerce et de l'Industrie (MINCI), le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique, le Ministère de l'Information et du Marché public. Ce qui a favorisé la réalisation de grands projets dans l'agriculture, l'infrastructure, le commerce et une gestion contrôlée de l'endettement.En 1979 par exemple, les réformes entreprises dans le secteur agricole permettent une production record de 95 milles tonnes de café contre 81 milles en 1977 etune production cotonnière dépassant les 60 milles tonnes contre 41 milles en 1978, selonCameroon tribune100(*). Ces bonnes performances place le Cameroun quatrième producteur mondial de cacao derrière la Côte d'Ivoire en 1980. Selon Etienne Ntsama, alors ministre camerounais des Finances, « le Cameroun est un pays assez favorable'' disait-il lors de la deuxième réunion des gouverneurs des banques centrales de la zone franc tenue à Yaoundé en 1985101(*). Carpendantque de nombreux pays sont confrontés à de sérieux problèmes alimentaires et où la famine tend à devenir endémique, le Cameroun peut s'enorgueillir d'avoir atteint une relative autosuffisance alimentaire grâce à son tableau économique et financier, dont le comice agro-pastoral de Bamenda de 1984 fait référence. En effet, le Comice agro-pastoral de Bamenda qui se tientdu 13 au 15 décembre 1984 est, selon les journaux, le plus grand évènement de la vie économique du pays depuis l'indépendance. Ila donné l'occasion aux nombreux visiteurs, hôtes de marque et observateurs présents d'apprécier de manière objective la vitalité et le dynamisme de l'économie camerounaise à travers les produits exposés102(*). Le premier à l'ère du Renouveau,ce comice tient toutes ses promesses, aussi bien au niveau de la participation quede la quantité et de la qualitédes produits grâce au dynamisme des Camerounais et au pragmatisme des dirigeants.Hormisles représentants traditionnels du monde rural, on y voit également la présence de grandes sociétés, de banques, des maisons de commerce et de certains pays amis et partenaires étrangers, tels que les USA, le Canada, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et même le Nigéria à cet évènement103(*). Au-delà de cette représentation homogène des États des quatre coins du monde, l'autre trait notoire du comice de Bamenda est l'importance accordée aux réalisations techniques agricoles et au développement communautaire à travers les essais et démonstrations présentées au chef de l'État et à sa suite. Il s'agit notammentd'une pépinière de 350000 plants des différentes cultures et essences forestières camerounaises, d'un exemple de village modèle, d'un essai de labour attelé, d'une démonstration de la production du biogaz et de ses différentes applications, etd'une association entre la pisciculture et l'élevage104(*).Grosso modo, ce comicea étéun véritable baromètre d'une économie en bonne santé, garante de l'autosuffisance alimentaire et de progrès substantiels dans tous les secteurs d'activités de la nation. Concernant le secteur des transports,le pays se dote et améliore les infrastructures existantes.Dans l'aviation civile,la Cameroon Airlines (CAMAIR) connait sa période de gloire avec MouliomNjifendjou comme PDG malgré les difficultés tels que la concurrence accrue des vieilles compagnies comme Air France et UTA, beaucoup plus expérimentées ; la crise économique mondiale prépondérante ; la gestion mafieuse des dirigeants ;et la politique imposée par certains États et le non-paiement des dettes contractées par les États membresd'Air Afrique105(*). Le pays construit l'aéroport de Douala le 12 juin 1977, l'aéroport de Garoua en 1980 ettotalise environ trente-neuf aérodromes sur l'étendue du territoire, notamment àKoutaba, Bafoussam et autres. Concernant les infrastructures routières,Cameroon tribune rapportele bitumage de plusieurs grands axes,notammentl'axe Douala-Yaoundé, le tronçon Bafia-Bafoussam, la route Yaoundé-Bafoussam, Bafang-Banganté, Limbé-Idenau et le tronçon Bamenda-Nso de la Ring Road. Dans la banlieue de Yaoundé, la nature fuit devant la gloutonnerie des Bulldozers, tandis que Kumba renait du bitume par exemple106(*). Cela a favorisé les déplacements confortables des Camerounais et l'intensification des échanges de biens et services entre les provinces et milieux. Ainsi, pendant que les observateurs dubitatifs rapportent que l'économie camerounaise se détériore à l'oeil nu, le peuple camerounais s'émerveille devant les réalisations infrastructurelles. Pour ce qui est des infrastructures ferroviaires, plusieurs réalisations, notamment l'expansion du réseau ferroviaire, la modernisation des infrastructures, l'acquisition de nouveaux trains, l'introduction de nouvelles technologies, et le renforcement de la sécurité sont relevés par les journaux durant la période 1970-1985. La ligne de Yaoundé-Ngaoundéréest achevéeafin d'améliorer la connectivité entre les différentes régions et de faciliter les échanges commerciaux entre le Nord et le Sud du pays. Pour moderniser ce secteur, le gouvernement investit dans l'achat de nouveaux trains et wagons, ce qui a permis l'amélioration de la capacité de transport et le confort des passagers. Sur la ligneDouala-Yaoundé, les locomotives et matériel ferroviaire roulant démodés sont remplacés107(*). Les systèmes de gestion informatisés sont introduites et la sécurité du personnel renforcéeafin deprévenir les accidents, et optimiser la planification et l'exploitation du réseau, ce qui a permis l'amélioration de la ponctualité des trains et de réduire les retards108(*). Concernant les exportations, le commercedu pétrole et des produits pérennes s'améliore graduellement. Entre 1981 et 1985, le Cameroun atteint une production record de plus de 10 millions de tonnes decacao et café en 1985, ce qui a permis de combler le déficit du solde extérieur des années 1970109(*).Et à côté de cela,Jacques Tillier révèle également que«le Cameroun, véritable oasis de l'Afrique, devient en très peu de temps le grenier de l'Afrique centrale etcommence à ravitailler les boucheries canadiennes, belges et états-uniennes en 1985''110(*). Cela a permis d'améliorer le budget, les recettes d'exportation, les dépenses et le taux de croissance économique du pays comme le présente le tableau ci-dessous. Tableau n°3 : Évolution du taux de croissance, des recettes et des dépenses au Cameroun entre 1977 et 1985
Source :données recueillies dans, L'économie camerounaise, un espoir évanoui, de J.J. Aerts. Source : Graphique réalisé à partir des données du tableau ci-dessus. Selon le tableau ci-dessus, l'abondance et le pragmatisme des dirigeant propulse la croissance du PIB à un taux moyen de 13% en 1981, les recettes de 15% et les dépenses de 14%. Mais faceaux défis conjoncturels du début des années 1980, la croissance du PIB se maintient à un rythme soutenu de 8% alors que les recettes augmentent de 24% et les dépenses de 22% en 1984,ce qui a permis de classer le Cameroun dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire par la banque mondiale. Concernant le niveau d'endettement,le gouvernementfait le choix délibéré de réduire la dette extérieure du pays et celui de maintenir une partie importante des recettes pétroliers dans les comptes à l'extérieur. En 1980 l'endettement du Cameroun, dans la mesure où on la connait, apparait moins élevé par rapport à ses voisins à la ronde.Cet équilibre budgétairejustifie la volonté de l'État d'amorcer le développement du pays, par le biais de l'investissement autonome, destiné à combler les déficits grandissants des entreprises publiques et parapubliques111(*).Après un tel bilan aussi positif et riche de promesse, quel homme ne serait pas fier d'avoir réussi une telle oeuvre dans ce Cameroun que chacun s'accorde à reconnaitre le mérite d'une Afrique en miniature ?s'interrogeait Cameroon tribune. Par ailleurs, face à la chute du cours des matières pérennes, la dévaluation du dollar américain, la hausse des taux d'intérêts et le manque des entreprises locales à atteindre les objectifs pour lesquels elles ont été créées, le Cameroun entre finalement dans la catégorie des mauvais élèves classé par la Banque mondiale en 1987, soit 2 ans plus tard. 2. Le difficile destin de l'économie camerounaise La diversification de l'économie camerounaise n'empêche pas à cet État de couler dans la crise en 1987 malgré les prédictions d'un avenir radieux. Après avoir connu une prospérité forte et soutenue grâce à l'abondance des ressources nationales et le pragmatisme des dirigeants entre 1977 et 1985,la vulnérabilité du Cameroun sur le marché mondial face aux défis de l'heure entraine une involution des indicateurs de performance économiqueen 1986112(*).
L'involution économique du Cameroun à partir de 1985 est justifiée parle renforcement des politiques protectionnistes aux USA, la sécheresse et la menace des criquets migrateurs quiaffecte brutalement la santé économique du pays. La dévaluation du dollar à la Conférence de Plazza en 1984 rend très difficile et aléatoire toute prévision économique. Concernant le Cameroun de façon particulière,un exportateur camerounais qui vendait son cacao aux Etats-Unis d'Amérique à cette période, ne pouvait être sûr du montant de sa recette puisque le cours du dollar pouvaitfluctuer entre la date du contrat et celle du paiement, ce qui représentait un manque à gagner considérable pour ce dernier113(*). Par ailleurs, pour réduire ce risque de change, l'exportateur devait donc réaliser en avance une opération de couverture en constituant des prévisions l'obligeant à mettre en place un service de trésorerie assez onéreux au détriment des efforts financiers pour accroitre sa productivité, rapporte Cameroon tribune114(*). En effet, la dévaluation du dollaraméricain conjuguée aux roueries protectionnistes progressivement renforcés avait pour corolaire la pratique de l'import-substitution, soit la réduction des importations et la hausse des exportations des produits subventionnés sur le marché mondial. Ainsi, les pays de l'occident qui encourageaientl'augmentation des productions agricoles diminuent leurs importations en provenance de la zone Afrique centrale, ce qui expliquedonc la baisse des recettes d'exportation du Cameroun et la chute du cours de ces produits pérennes. Ses avoirs extérieurs nets se ramollissent à 128 milliards de FCFA le 30 septembre 1986 contre 158 milliards de FCFA un an plus tôt, aprèsl'examen des membres du comité monétaire camerounais115(*).Et dans un pays, quand les sources de recettes tarissent, la situation devient difficile. Au cours de l'année 1986, les exportations de cacao rapportent74 milliards de FCFA contre 94 milliards de FCFA en 1985et les exportationsdu café robusta et arabica82 milliards contre 110 milliards de FCFAla même année116(*). Cette baisse des recettes aégalement eu un impact significatif sur le prix du kilogramme de cacao et café,ce qui a favorisé la conversion des planteurs vers l'agriculture de subsistance et la pêche. «À l'Ouest du pays, les grandes plantations de café se transforme progressivement engrands jardins de cultures vivrières, notamment de pommes de terre, d'arachides et autres'', selon Apollinaire Kaffo117(*).En 1987, les exportations de produits de base ne représentent plus que 2,4% du PIB contre 8% sur le tableau en 1980. Il était donc devenuillusoire pour le Cameroun de compter continuer de compter, comme par le passé, sur les filières agro exports pour stabilisation le déséquilibre macroéconomique. En se spécialisant dans l'exportation des produits de base et dans importation des produits manufacturé après l'indépendance, le Cameroun est devenu dépendant de l'extérieur que ce soit du côté de l'offre de de la demande.Le pays s'est donc exposé aux fluctuations économiques extérieures lui permettant de tirer avantage que des rares cycles de hausse de la demande sur les marchés internationaux.La décennie 1980 est révélateur là-dessus parce qu'elle démontre l'incapacité extrême de cet État à faire face aux nouveaux défis économiques imposés par la mondialisation à savoir : satisfaction des besoins dans un contexte de concurrence accrue et âpre118(*). De cette analyse, il ressort donc quele miracle camerounais ne reposait que sur des bases fragilesdu boom pétrolier qui apeu transféréla technologie dans l'économie nationale. Car après la découverte et l'exploitation des gisements pétroliers au milieu de la décennie 1970,la croissance lente et peu intégrée de l'économie du pays s'est projetée à un rythme de surchauffe économique artificielproduisant de nombreux déséquilibres connussous la nomination de «boom économique''119(*). Ainsi,face à la dévaluation du dollar américain et aux désaccords qui règnent au sein de l'OPEP, lebudget de l'État subit la foudre d'une contraction de 419 milliards de FCFA au cours de l'exercice 1986/87, puis de 233 milliards l'exercice suivant120(*). Hormis la stagnation des produits de base sur le marché mondiale,la dévaluation du dollar participe également à un net recul de la productionindustrielle locale. Comment le comprendre ? En effet, à côté des problèmes internes cité par Cameroon tribune tels que la corruption, la bureaucratie excessive, le manque d'infrastructures adéquats et la mauvaise gestion, la baisse de la valeur du dollar américain favorise l'inondation du marché international des produits américains au détriments des produits des autres États à des prix défiant toute concurrence. Ce quiexplique donc la faillite des entreprises de taille moyenne d'Europe et du Tiers-monde comme ce fut le cas d'ALLUCAM, SEMERY et autres au Cameroun au cause de la baisse de la demande de produits et une perte de confiance des investisseurs locaux et étrangers121(*). Pris en étau entre déficit budgétaire et poids des pesanteurs extérieures, le gouvernement camerounais élabore, avec l'appui financier de la France et de l'Allemagne, un plan de rigueur en 1987 dans le but delimiter les irrégularités.
La chute drastique des recettes d'exportation conjugué à la réticence du gouvernement à recourir au FMI contraintle chef d'État Paul Biya à élaborer, avec l'appui financier de la France et de l'Allemagne, un plande rigueur conciliant aspect économique, institutionnelle et politiquedans le but de limiter les irrégularités et le gaspillage : il s'agit du «plan antilope'' de l'exercice budgétaire 1987/88122(*). Sur le plan économique,le budget implique une surveillance accrue des engagements de l'État, la réduction du train de vie des administrations publiques, l'assainissement de la gestion des finances publiques via l'application stricte de l'orthodoxie budgétaire et la protection sans faille de la trésorerie de l'État123(*).Carentre 1980 et 1986, des scandales autour des fraudes douanières, des paiements de fonctionnaires fictifs et l'attribution de logements auraient causé la volatilité d'environ 2000 milliards de FCFA dans les caisses de l'État,d'où l'introduction de peines de prisons pour toute personne reconnue coupable de fraude et la suppression de toute mission économique à l'étranger estimée couteuse et non rentable124(*). Sur le plan institutionnel, les textes accordant les avantages aux personnels de la fonction publique, selon le Statut Générale de la Fonction Publique (SGFP), sont révisés. Il s'agitnotamment des textes sur la réception d'un salaire fixe et régulier, l'assurance maladie et l'assurance retraite, le droit à certain nombre de jours de congé payé chaque année, l'attribution de logement ou la réception d'une allocation logement pour couvrir les dépenses de logement,l'allocation de transport pour couvrir les frais de déplacement domicile-travail ou de déplacement professionnels,l'allocation pour aider à payer les frais de scolarité, etc.125(*). Selon le circulaire n°00027/MINFI/B du 1er juillet 1987des archives du MINFI, les virements de crédits, de dépenses du personnel et les dépenses de matériel administratifs sur l'utilisation du téléphone, des véhicules administratifs, de la gratuité de l'eau et de l'électricité, des frais de relève, de l'ordonnancement des pensions, des frais de déplacement, des dépenses de carburant ou d'habillement sont interdits126(*). Une gestion stricte du patrimoine renvoyant au contrôle de l'attribution des logements est adoptée.En dehors des exceptions énumérées dans le décret n°85/1284article 11 alinéa 2, tous les déplacements à l'intérieur et à l'extérieur du pays s'effectuent en classe économique, tandis que les engagements de dépense dans l'alimentation des internats, des hôpitaux, des prisons et des casernements de l'imputation 01-603-00 sont bloqué de 5%127(*). Les répartitions des travaux de construction ou d'aménagement des bâtiments et des routes, les bons d'engagement sont appuyés d'un devis descriptif préalable accepté et visé par les services techniques compétents. À cet effet, une cellule de contrôle de prix est créée au sein de la Direction du budget et des contrôles provinciaux des finances dans l'optique de veiller au contrôle strict de la facturation des biens et services fournis à l'État, tout en identifiant les fournisseurs et leur existence juridique128(*).En cas de demande suffisamment motivée par un ministère quelconque, les virements de crédits ne sont autorisés que par le Ministre des finances sur proposition du Ministère du Plan et de l'aménagement du territoire129(*). Sur le plan politique, le ministre du commerce et de l'industrie, M. NomoOngolo Edouard, fait appel à plus de coopération dans la sous-région pour entraver les effets pervers de la crise et pour réduire la portée sur les jeunes nations, lorsdes travaux du Comité de commerce des douanes et de l'immigration tenu à Yaoundé entrele 16 et le 21 janvier 1987130(*).Pour ce dernier, les échanges commerciaux doivent constituer la base même des coopérations économiques entre les État membres de la sous-région afin de limiter l'extraversion des économies et la dépendance sous-régionale vis-à-vis des marchés extérieurs.Cela explique donc la limitation progressive de barrières douanières par les instances politiques des État membres131(*). Par ailleurs, toutes ces mesures prises sur le plan local et sous-régional n'ont pas permis de contenir l'évolution de la crise au Cameroun, d'où le recours au soutien du FMI en septembre 1988. II. LES RAISONS JUSTIFIANT LE RECOURS AU FMI Faceaux tentatives vaines d'auto ajustement et à la pression des institutions extérieures, les autorités camerounaises prennent le chemin de New York pour recourir au soutien financieret aux conseils économiques du FMI. 1. Les raisons microéconomiques et macroéconomiques Face à l'échec de l'ajustement autonome,le Cameroun entre dans une spirale de crise économique sévère et d'instabilité politique et sociale.
L'application des mesures de rigueur élaborées par le gouvernement n'ont pas permis d'arrêter ou de contenir le mouvement enclenché parla diminution des recettes d'exportation,la détérioration de la balance des paiements, la gestion économique jugée inefficace, et l'endettement excessifau Cameroun. En effet, les contraintes changeantes imposées par l'économie mondiale caractérisées par l'effondrement de 40% à 65% des cours des matières premières, notamment du cacao, du café, du coton, du caoutchouc et du pétrole en moins de 5 ans, entraine la baisse des recettes d'exportation et la détérioration de la balance des paiements au Cameroun, d'où la déclaration mémorable du président Biya à la télévision nationale le 19 février 1987 : «la crise est là et elle a atteint le Cameroun''132(*).Fortement dépendant des cultures pérennes et des cultures vivrières, la fluctuationmondiale de leurcours accroit la pression sur les ressources financières du pays, d'où le déficit budgétaire et le problème de balance de paiementrencontré au Cameroun en 1987133(*). C'est cela qui a été à l'origine d'un endettement élevé et de l'accumulation d'arriérés intérieurs et extérieurs important. Le prix du kilogramme de cacao à l'exportation chute de moitié, passant de 1102 FCFA en 1984/85 à 552 FCFA, tandis que les ressources financières du café chutent de 11% en 1987134(*). Concernant les cours de pétrole,il faut noter que le Cameroun a su profiter de la hausse des prix du baril de pétrole par les pays de l'OPEP entre 1978 et 1986. Maisaprès la chute du prix du pétrole de manière significative sur le marché international en raison d'une surabondance de l'offre sur le marché mondial en 1984,larépercussion sefait ressentir sur les recettes budgétairesdu Cameroun dont le pétrole contribue à hauteur de 60% en moyenne135(*).Le pétrole perd 2/5 de sa valeur, ce qui aggrave l'écart de la dette. Le prix du pétrole brut qui était en moyen de 35 dollars en 1985 s'établit à moyen de 20 dollars 1987, engendranten filigrane la faillite des banques, l'explosion de la dette et la fermeture d'entreprises136(*). Au cours de l'exercicebudgétaire de1987/88, le secteur bancaire, qui ne compte qu'une banque centrale (BEAC) et quelques banques commerciales, notamment la Société Camerounaise de Banque (SCB), la Banque Internationale pour le Commerce et Industrie au Cameroun (BICIC), la Société Générale des Banques du Cameroun (SGBC), rencontre des disfonctionnements. Notamment de graves pénuries de liquidité, une crise de solvabilité, une crise de rentabilité, une faible capitalisation et une mauvaise structure du portefeuille avec une grande proportion des créances douteuses sans garanties. Le déficit entre les dépôts et les crédits croît de 100 à 326 milliards de FCFA entre 1985 et 1989137(*). Plusieurs banques agricoles mettent la clé sous le paillasson à l'instar de la BCD, le FONADER, et le FOGATE.Le peu de banques qui survivent ne sont plus en mesures de prêter à des entreprises en difficultés à cause de la contraction des recettes d'exportation. Cela a favorisé la réticence des investisseurs étrangers deviennent, le retrait des établissements financiers étrangers du pays etl'augmentation des défauts de paiement,d'oùles longs fils d'attentes devant les guichets. Concernant la fermeture des entreprises, le manque de performance de ces agro-industries, créées à des sommes astronomiques et fortement dépendant des subventions l'État, font d'elles de véritables hémorragies pour les finances publiques. La SOCAME et la CELLUCAM, qui n'atteint pas les objectifs pour lesquels elles sont créé avant de disparaitre, détériore le solde budgétaire qui passe d'un déficit de 15 milliards durant 1985/86 à 464 milliards durant l'exercice 1986/87138(*). Par ailleurs, ces évènements inédits dans l'histoire économique du pays empêchent le Cameroun de continuer de solder sa dette extérieurequi s'estime à plus de 302,7 milliards de FCFA en 1987. Cette situation onéreuse creuse l'écart du niveau de vie entre Camerounais, d'oùles bouillonnements politiques et sociaux au Cameroun en 1988.
Au-delà de l'urgence financier qui accule le gouvernement à cette époque, la presse nationale et internationale couvreégalementle bouillonnement d'un Cameroun en gestation des tensions qui s'aggravent entre l'État et la société aboutissant à l'instabilité politique et sociale. Parmi ces turbulences, on retientlamanifestation de la faim de février 1988 marquée par des émeutes à travers le pays et les élections présidentielles anticipées. Selon les enquêtes menées sur le terrain, les manifestations de la faim de février 1988 renvoie à une série de protestation qui éclatent dans plusieurs villes du pays en raison du difficile accèsaux produits de première nécessité et de la détérioration des conditions de vie de nombreux Camerounais. En effet, l'extension des agglomérations et le faible niveau de revenu de la plupart des ménages font que seuls les beaux quartiers et les groupes sociaux aisés soient correctement desservis en eau, éducation, électricité et en soin de santé, tandis que la masse des défavorisés est délaissée dans un état élevé de morbidité139(*). Pour exprimer leur colère, les manifestants descendentdans les rues et appellent à des réformes économiques et politiques adéquates.Selon Cameroon tribune, ces manifestations débutent dans la ville de Ngaoundéré, région du Nord Cameroun, et se propagent rapidement dans d'autres régions du pays afin que les autorités gouvernantes prennent des mesures urgentes contre l'accès à l'emploi et l'accès aux services sociaux de base140(*). Concernant la problématique de l'emploi au Cameroun en 1988, les mesures de centrages affectent le marché du travail et augmente le taux de chômage parmi les jeunes diplômés de moins de 30 ans, soit 60% de la population. En effet,l'Étatcamerounais réduitle budget public,réduitle personnel dans les entreprises publiques, et suspendles recrutements, à l'exception des prises en charge des élèves sortis des écoles de formation, selon les archives riches consultés au MINEFI141(*).Ainsi, les jeunes générations plus qualifiées se retrouvent de plus en plus exclus du marché de l'emploi tandis que la main d'oeuvre vieillie baigne dans le secteur moderne. Cela a plongé une grande partie de la main-d'oeuvre dans le secteur informel sans accès à la protection sociale ni à des conditions de travail décentes,motivant beaucoup de gens à rentrer au village142(*). Durant l'exercice budgétaire de 1987/1988, le recul du rôle de l'Étatentrainela réduction les budgets alloués au ministère de la santé et de l'éducationde 20% en 1987 puis de 29% en 1988, d'où la balkanisation de l'organisation du système de soins de santé et d'éducation dans le pays143(*). Dans les hôpitaux publics, on relève une pénurie de personnel médical, d'équipements et de médicaments, rendant ainsi difficile l'accès aux soins de santé de base à bon nombre de Camerounais. Lacouverture santé dont bénéficiaient bon nombre de Camerounais est supprimée et la construction des centres médicaux d'arrondissement sont arrêtés par le ministère de la santé144(*).Pourtant, en dehorsdes fonctions sanitaires, ces établissements jouaient également un rôle politique important. Ils étaient la manifestation de la présence de l'État, surtout de l'importance accordé à un arrondissement donné. Dans le secteur éducatif, la réduction budgétaire confronte ce secteur à de nombreux défis durant l'exercice 1987/1988.Après de progrès notables réalisés au cours de la période 1980-1985, après la mise en place des politiques visant à améliorer l'accès à l'éducation pour tous les citoyens, la réduction budgétaire dans le ministère de l'éducation confronte le système éducatifà plusieurs défis. Notamment l'inégale accès à l'éducation, le manque de ressources financières et matérielles, la vétusté des infrastructures scolaires,le manque d'enseignants qualifiés et le surpeuplement des salles. Celaaentrainé dans les régions rurales et les zones défavorisées un manque d'accès à une éducation de qualité et une limite d'opportunités d'apprentissage pour de nombreux enfants, selon Cameroon tribune145(*). Également, les infrastructures defourniture en eau potable eten électricité sont insuffisantes ou inexistantes dans certaines régions du pays. Sur le plan politique, l'élection présidentielle du 26 avril 1988a lieu après coup d'État manqué de 1984 et l'avènement de la crise économique en 1985 où le président sortant et unique candidat M. Paul Biya est assuré d'être réélu, rapporte Le Monde146(*). Ces résultats plébiscitaires à transparence contestée constituent une rupture paradigmatique dans la trajectoire politique camerounaise. D'une part,les Musulmans quiperdent beaucoup de leur pouvoir, non seulement à Yaoundé mais aussi dans le Nord du pays, constituent un fief d'opposition contre le RDPC de Paul Biya dont les répercussions ne sont pas anodines après l'élection d'avril 1988. D'autre part, le mauvais management de la crise économique par le régime du président Biya met en rogne le bon nombre de Camerounais qui contestent cette élection et de la légitimité du régime en place, d'où les manifestations dans les grandes villes du pays147(*). 2. Le poids des pesanteurs extérieures L'involution économique du Cameroun au milieu de la décennie 1980, fait sombrer le pays dans une léthargie qui pose la question de la place et le rôle de ce pays pivot en Afriquesubsaharienne et sur le plan international. Lorsque la France voit ses intérêts et celui de ses alliés menacés dans ce «pré carré'' après l'échec de l'ajustement autonome, des mouvements conspirationnistes obligent le locataire d'Étoudià recourirà l'assistance du FMI dont il a vivement critiqué en 1987. Le Cameroun est la chasse gardée du capital colonial français à cause de son abondance en ressource du sol et du sous-sol depuis 1922. Après l'indépendance de façade du 1er janvier 1960, c'est finalement le 13 janviers 1960, soit 10 jours après l'assassinat de Felix Moumié en Genève par la«Main rouge'', que les accords bilatéraux régissant les relations franco-camerounaises, jusqu'ici provisoires, sont signés de manière définitive entre le gouvernement de De Gaulle et celuid'Ahidjo148(*).Il s'agit notamment de l'accord sur la dette coloniale pour remboursement des bénéfices de la colonisation, de l'accord sur la confiscation automatique des réserves financières nationales, de l'accord sur le droit de premier refus sur toute ressource brute ou naturelle découverte dans le pays,de l'accord sur la priorité aux intérêts et aux entreprises françaises dans les marchés publics et appels d'offres publics, et de l'accord sur l'obligation d'envoyer en France, un bilan annuel et un rapport d'État des réserves149(*). De part ces accords, Paris devait garder un accès privilégié surles matières premières du Cameroun au bénéficed'entreprises françaises, auquel se joints certains groupes du marché commun CEE. Ainsi, lorsque leCameroun devient un El Doradopétrolieren 1977, plusieurs accords,jamais révélés, sont conclus avecles compagnies pétrolières française et allier telles Elf Aquitaine, Shell, Total ou encore ExxonMobil, qui investissent massivement dans le pays pour exploiterles vastes réserves de pétrole offshore150(*).Tenace et exalté après la chute des cours mondiaux de pétrole et de matières premières en 1985, créant une régression des recettes d'exportations dans le pays, le gouvernement camerounais se démène à trouver des soutiens diplomatiques, financiers et matérielsafin de combler le manque de recouvrement d'intérêts des compagnies étrangère se dévoile. Face à cette pression économique, le chef d'État renégocieles accords avec l'Élysée et les compagniesétrangères avant de prendre le chemin de New York en 1988. A priori, le président Biya refuse dans un premier temps de recourir aux programmes du FMI en 1987 et décide de s'investir dans un ajustement local, mais cela tourne court à cause du déficit budgétaire et la mauvaise gouvernance. Mais dans le but de sauvegarderles nombreux et puissants intérêts des entreprises françaises,notamment avec Total, et surtout le groupe Bolloré qui contrôle l'exploitation du port de Douala et de la CAMRAIL,Paris va mettre la pression sur les autorités de Yaoundé lorsqu'il impose de lourdes taxes douanièresaux produits sortant du Cameroun, afin qu'ilrecourt à l'assistance du FMI. À cela s'ajoute le retrait de plusieurs filiales des banques occidentales du système bancaire camerounais et la réductiondes volumes d'aide française nette qui deviennent largement conditionnés151(*). Ainsi, lorsque le gouvernement camerounais engage des négociations avec le Club de Paris et de Londres pourrééchelonner sa dette extérieure, la condition sine qua nonequi lui est imposée par la Franceestcelle de négocier un accord de prêt avec le FMI152(*).En fait, Paris exige que le Cameroun soit engagé dans un programme appuyé par le Fonds pour être habilité à bénéficier d'un accord de rééchelonnement. Ce qui explique doncla signature du premier accord de confirmationet du premier accord de rééchelonner de la dette extérieure, d'un montant de 621 milliards, du Camerounen septembre 1988153(*). Au-delà des considérations économiques, le poids des pesanteurs politiques extérieuresont également contraint le gouvernement camerounais à recourirau soutien financier et aux conseils économiques du FMI en 1988. En1960,les scandales de rétro-commission et les trafics d'influence permettent au président De Gaulle via son homme de main Foccartd'instaurer une realpolitik dans les sommets de l'administration camerounaise, ce qui aconstitué un discret mais puissant lobby français au Cameroun154(*). En effet, la légende voudrait que la France, «patrie des droits de l'homme'', ait généreusement offert l'indépendance à ses anciennes colonies d'Afrique noire en 1960. Mais les données dignes d'intérêts recueillies sur le terrain racontent une toute autre histoire, soit celle d'une guerre brutale, violente, meurtrière, qui a permis à Paris d'inventer un nouveau système de domination qui est la Françafrique. Cette guerre secrète se déroule au Cameroun entre 1950 et 1960. Confrontées à un vaste mouvement social et politique porté par l'UPC, les autorités françaises décident de passer en force en utilisant, comme en Algérie,des tortures, bombardements de masse, action psychologique, afin d'éradiquer militairement les contestataires et à installer un gouvernement pro-français à Yaoundé155(*). Ainsi, lorsque le président camerounais critiques l'action du FMI en 1987, et déclare «qu'avec ou sans le FMI, le Cameroun sortira de la crise'', une note diplomatique, traduisant le mécontentement de l'Élysée,parvient à Étoudi. Aussitôt,le président Biya effectue une visite de courtoisie àPariset rencontre son homologue français François Mitterrand afin de«discuter de la manière dont la France pourrait aider le Cameroun à faire face à ses problèmes économiques''.Du retour de cette visite,les décisions prises par le président de la République camerounaise seront clairement opposées à sa position antérieure vis-à-vis des IBW. Ce qui permet de conclure que ces décisions ont été fonctions d'objectifs et de contraintes politiques non directement observables, car en 1988le gouvernement décide de prendre le chemin de New York pour recourir aux programmes du FMI156(*). Au-delà de cette manoeuvre diplomatique, l'ancienne métropole avait également toutes les cartes en main pour déjouer les plans de Yaoundéen ce qui concernait le recours au FMI.À cette époque, et comme toujours, la politique monétairedu Camerounest totalement dépendante des fluctuations de la politique monétaire de la France, et étant le principal partenaire économique du Cameroun, la France menace d'imposer des sanctions sur les exportations camerounaises. À côté de cela, il est également judicieux de noter que toutes les autorités gouvernementales ou presquesont le produit des écoles françaises, ce qui a représenté un moyen de pression sur l'État Camerounais157(*). La forte admirationdes autorités camerounaises envers leur bienfaiteur et pourfendeur la France dont le soutien aux réalisations de projets est presque racheté depuis 1960 illustre à merveille cette maxime du président gabonais Omar Bongo «l'Afrique sans la France, c'est une voiture sans chauffeur''158(*). Grâce à ces contraintes politiques exercées par la France, l'élite en place, souvent formé en France, s'estmême convaincue de son incapacité à prendre des décisions nécessaires face à l'ancienne métropole qui maintient et affirme une position forte et ouverte, à la fois comme bailleur de fonds et référence culturelle principale.Parmi cette élite formée en Francevient en tête de liste le nom du natif de Mvomeka'a qui est de loin le meilleur élève de la France à la fin des années 1980, et «le meilleur élève de François Mitterrand'' selon Jeune Afrique159(*). Né le 13 février à Mvomeka'adans l'arrondissement de Meyomessalale, département du Dja-et-Lobo, province du Sud, Paul Biya effectue ses études primaires à l'école de la Mission Catholique de Nden (Zoétélé) où il obtient le CEPE en 1948, suit une formation au pré-séminaire Saint Tharcissius d'Edéa de 1948 à 1950, puis une formation au petit séminaire d'Akono de 1950 à 1954. En 1954, il intègre le lycée général Leclercoù il obtient un Baccalauréat 1ère partie en juin 1955, puis un Baccalauréat 2e partie ensérie philosophie en juin 1956, après quoi s'envole pour France où il poursuivra ses études en supérieures. À l'issue de ses études, il obtient une Licence et un Diplôme d'Études Supérieures en Droit Public à la Sorbonne, un Diplôme de l'Institut d'Études Politiques de Paris, plus connu sous le nom de «Sciences Po'', option Relations internationales, et un Diplôme de l'Institut des Hautes Études d'Outre-Mer, section administrative160(*).Ce qui fait donc de lui le meilleur élève de la France à la fin des années 1980,et «le meilleur élève de François Mitterrand'' selon l'avocat Yondo Black161(*). III. AUX ORIGINES DU FMI ET DES PROGRAMMES D'AJUSTEMENT STRUCTUREL (PAS) Dans lebut de reconstruire l'Europe après la Deuxième Guerre mondiale, d'éviter la répétition des crises comme celle de 1929 et d'assurer le leadership des USA sur le monde, 44 pays alliés sous l'initiative du gouvernement américain planchent très tôt sur la création d'institutions financières internationales fortes et capables d'imposer des règles au secteur financier privé. C'est ainsi qu'en 1944 naitrons à Bretton Woods le FMI et la Banque mondiale,sous l'administration de Franklin Roosevelt. C'est en pleine seconde guerre mondiale, soit en 1941 que débute l'élaboration et la discussion sur les institutions internationales à mettre en place une fois la guerre terminée afin de répondre à la volonté des alliés d'établir un système de change fixe. La profonde dépression économique étasunienned'après première guerre mondiale a eu un effet contagieux sur l'ensemble du capitalisme mondial.Comment le comprendre ? Lorsque l'Allemagne interrompt le remboursement de sa dette de guerre envers la France, la Belgique, l'Italie et la Grande Bretagne, ces pays cessent de rembourser leur dette extérieure à l'égard des USA. C'est la raison pour laquelle les Etats-Unis réduisent radicalement l'exportations de leurs capitaux entre 1928 et en 1931162(*).Pendant que les pays endettés ne disposent plus d'assez de dollars pour rembourser, les Etats-Unis refusent de se faire rembourser en nature, ce qui expliquedonc la multiplication des dévaluations par les pays dans le but de conquérir des parts de marchés aux dépends des autres163(*). Pendant ce temps, les Etats-Unis créé en 1934 l'Export-Import Bank of Washington(Eximbank)afin de protéger et de défavoriser les exportateurs américains, eten contrepartie les exportations sont garanties par l'octroi des crédits à long terme à des étrangers pour qu'ils importent des produits des USA. C'est la raison pour laquelle L'Eximbank ne déboursait de l'argent qu'après avoir reçu la preuve que les produits sont embarqués vers l'étranger, soit vers l'Amérique latine et Caraïbe, la Chine et la Finlande164(*). Au départ, la somme totale de prêts octroyé est de 60 millions de dollars, mais lorsque le volume augmente, la somme atteint les 200 millions en 1940. Par ailleurs, sous l'initiative des Etats-Unis, la Banque interaméricaine, regroupant la Bolivie, le Brésil, la Colombie, la République dominicaine, l'Équateur, le Mexique, le Nicaragua et le Paraguay est créée en 1940. Selon E. Toussaint, quatre raisons poussent l'administration de Roosevelt à la création de cette banque. Primo, le gouvernement comprend qu'il doit prêter de l'argent pour qu'on lui achète ses produits, et doit aussi acheter les exportations des pays à qui il veut vendre ses marchandises. Secundo, Washington considère Wall Street et les grandes banques privées comme responsables de la crise de 1929 et de son prolongement. Il faut donc se doter d'un instrument public pour agir sérieusement. Tertio, le gouvernement de Roosevelt veut convaincre les gouvernements latino-américains d'entrer activement dans le jeu de relations renforcées avec les USA. Et quarto,une banque devait être créée pour s'assurer que les emprunteurs remboursent leurs dettes165(*). Ce même principe sera également appliqué au FMI et à la Banque mondiale. Ainsi, suite aux résultats positifs qui s'en suivent, à l'instar d'une croissance économique et d'un regagne d'une marge importante d'autonomie, l'administration Roosevelt débute activement en 1942 les discutions sur l'ordre économique et financier à établir dans l'après-guerre, d'où la création du FMI et la Banque mondiale à Bretton Woods en 1944. Le FMI, ou Fonds de stabilisation, comme le Plan white le dénommait, estcrééà Bretton Woods, dans l'État du New Hampshire aux USA, le 22 juillet 1944 après la signature des accords par des représentants de 44 pays réuni pour discuter de la reconstruction de l'économie mondiale après laSecond Guerre mondiale166(*).Mais bien avant cela, à l'entame de cette Conférence monétaire et financière des Nations unies, connue sous le nom de conférence de Bretton Woods,l'idéologie de l'Économiste Britannique John Maynard Keynes s'oppose àcelle de l'Américain Harry Dexter Whitelors des pourparlers. Notamment leProposals for an International Clearing Union,qui propose une facilitéd'accès au crédit,une compensationdes créances et des dettes des pays, contreleProposal for a united nations stabilizationfund qui limite plutôtles recours au crédit et orientel'action de l'institution monétaire vers l'équilibre des balances des paiements et la stabilisation des taux de change167(*). Après une longue phase de plaidoirie entre la délégationdes USA menée par Henry Morgenthau et Harry White, et la délégation britannique menée par Lord John Maynard Keynes,c'est finalement le plande White instituant le FMI et la Banque mondiale quiest ratifié par une large majorité du Congrès en 1945, cela malgré l'hostilité de Wall Street et le parti républicain face à plusieurs éléments fondamentaux du projet White168(*). Malgré la dénaturation du projet original par les concessions faites par Roosevelt sur la création d'une monnaie propre à la banque, le recours à son propre capital pour faire des prêts et la stabilisation du cours des matières premières, ce n'est qu'en 1947 que Wall Street appuiera vraiment la Banque et le Fonds.Seul Moscoune ratifie pas les accordsfinaux et dénonce ces institutions (FMI et Banque mondiale) comme étant subordonnées à des objectifs politiques d'une seule grande puissance'', à l'assemblée générale de l'ONU en 1947169(*). Dès lors, quels ont été les objectifs et les missions attribuées aux FMI ? Selon le mémorandum du Conseil des relation étrangères du 1er avril 1942, le FMI devait être créé pour «réglementer les investissements internationaux de capitaux privés en prévoyant des possibilités judiciaires et d'arbitrage pour le règlement des différends entre créanciers et débiteurs et pour écarter le danger de l'utilisation par les pays créanciers de leurs revendications comme base pour des exigences politiques, économiques ou illégitimes.''170(*) Ainsi, lorsque les accords instituant cette institution sont ratifiés en 1945, l'article 1 de la charte des statuts stipule que les principaux objectifs arrêté sont : - la promotion de la coopération monétaire internationale ; - lafacilitation, l'expansion et l'accroissement harmonieux du commerce international ; - lapromotion de la stabilité des changes, le maintien, entre les États membres, des régimes de change ordonnés et d'éviter les dépréciations concurrentielles ; - l'aide à établir un système multilatéral de règlements des transactions courantes entre les États membre et à éliminer les restrictions de change qui entravent le développement du commerce international ; - donner confiance aux États membres en mettant les ressources générales du Fonds temporairement à leur disposition moyennant des garanties adéquates, leur fournissant ainsi la possibilité de corriger les déséquilibres de leurs balances des paiement sans recourir à des mesures préjudiciables à la prospérité nationale ou internationale171(*). Ces objectifs ont permis au Fonds de se fixer trois types de mission, notamment la mission de financement, la mission de régulation et la mission de consultation. Concernantla mission de financement, le Fonds prête auxÉtats membres ce qu'il possède à l'équivalent de 200% de leur quote-part en monnaie nationale,réparti en5 tranches de 25%172(*). Pour ce qui est dela mission de régulation, il s'agit des obligations des membres en matière de régimes de change, de surveillance des politiques de taux de change des pays membres et de régulation de la finance via le mécanisme de la conditionnalité173(*). Et lorsque les PAS sont mis en exécution, le FMIeffectue également des missions de consultation, afin d'être updatesur l'utilisation ressources empruntées et l'évolution économique de l'État. En effet, ces missions devaient permettre de maintenir un contexte favorable à l'essor du commerce mondial et de reconstruire l'Europe après la guerre. C'est donc dans ce sens qu'oeuvre le FMI durant la période des «trente glorieuses'' européenne. Par ailleurs, la circulation de 53 milliards de dollars dans le monde, soit un montant 5 fois plus que les stocks d'or des Etats-Unis en août 1971, entraine la perte de confiance envers le billet vert. C'est la raison pour laquelle les USA mettent fin au système de change fixe, soit la convertibilité du dollar en or, lors des accords de Jamaïque en 1976 et en contrepartie redéfinissent le rôle des programmes d'ajustement dont l'exigence veut que,lorsqu'un pays est confronté à des difficultés financières pouvant compromettre la stabilité de son système, le FMI lui accorde des prêts pour garantir sa solvabilité et empêcher l'éclatement d'une crise économique174(*). Cette institution devient donc la « banque centrale des banques centrales et trésors publics''. À l'origine, les programmes d'ajustement structurel sont conçus pour aider les pays en développement à manager les problèmesrécurrents d'endettement et de mouvements de capitaux. Mais face aux problèmes économiques pressants de déséquilibres économiques, decorruption et de mauvaise gouvernance, ces programmesse convertissent enun ensemble de mesures de réduction des déséquilibres macro-économiques et de libéralisation économique.
Au moment où se déroule la Conférence monétaire et financière des Nations unies, connue sous le nom de conférence de Bretton Woods, du 1er au 22 juillet 1944, deux idéologies d'Économistes de renom s'opposèrent, d'un côté celle du Britannique Keynes et de l'autre celle de l'américain Harry White.Et lorsque le plan américain est préféré par la majorité du Congrès en 1945 au détriment des visées britanniques, les Etats-Unis, uniques pays créditeurs, voulaientcontrôler le capital qu'il proposeraiten imposant une formule de prêts conditionnés,mais l'opposition de la Grande Bretagne, de l'URSS, du parti républicainet l'hostilité de Wall Street obligent le choixd'une formule des «prêts automatiques''175(*). Cela explique donc l'absence des politiques d'ajustement dans la charte initiale du FMI. Mais face à l'insistance des problèmes récurrents de mauvaise gouvernance, de corruption et d'endettement des États africains, le FMI introduit dans sa chartedes règles et procédures d'utilisation deses ressources en 1968 : c'est ce qui constituera donc les premiers programmes d'ajustement176(*).En effet, ces conditionsdevaient permettre aux Étatmembres de rembourser leurs dettes auprès des banques privées dans lesquelles ils s'étaient endettés pour financer leur développement. Maisalors en 1970, la majorité des pays subsahariens sont confrontésaux problèmesde dégradation des termes de l'échange, d'endettement croissant, de choc pétrolier,decrise économique etdedétournements de fonds. Ce qui permet donc l'interruptiondes remboursementsdu capital et les intérêts des emprunts contractéspar ces États durant toute la décennie 70. C'est donc pour cette raison que le FMI décide d'impliquer la Banque mondiale dans l'élaboration de ses nouveaux programmes d'ajustement en 1979 afin de permettre un retour d'investissement177(*). Le régime de Bretton Woods implose durant la décennie 1970 face aux problèmes croissants de crises pétrolières, de fluctuation du dollar, de solvabilité des PVD et du détachement du dollar de l'or178(*).Par ailleurs, pour reconstruire un nouvel ordre économique mondial,la Francepropose le retour à l'étalon d'or, chose que n'approuvent pas le président Nixon qui veut supprimer toute référence à l'or afin de résoudre le problème de fluctuation monétaire que traverse les Etats-Unis à cette époque. Néanmoins, après une longue période de controverses et de rumeurs conspirationnistes,la Conférence de Jamaïque vient enfin prononcer le verdict en faveur des USA en 1976. Les accords signés à l'issu de cette conférence permettentdonc d'imposer la vision américaine d'un nouveau système monétaire international qui maintient la prééminence du dollar, démonétise l'or et adopte le Droit de Tirage Spécial (DTS) comme principale monnaie de réserve du FMI179(*). Du coup, le Fonds perd son rôle de gardien du système de taux de change fixe et retrouve un nouveau rôle dans les années 1980-1990 lorsqu'il fait dépendre son aide de l'adoption de programme d'ajustement structurel élaboré avec la BM. Impuissant face à l'ampleur des déséquilibres occasionnés par la crise de la dette, le FMI fait évoluer son action qui ne peut plus se limiter à une simple contraction de la demande extérieure pour rétablir l'équilibreextérieur. Elle décide de se situer dans la durée et d'impliquer une orientation plus prononcée vers la restauration de l'offre et de la croissance dans l'économie. Pour ce faire, le Fonds décide de combiner ses modèles monétaires aux modèles réels de la Banque mondiale lors de la réforme de ses statuts en 1979, ce qui confère à l'ajustement le caractère qui lui faisait défaut dans le modèle monétaire simple180(*). Lesdeux principaux objectifs poursuivis par ce modèle intégré d'ajustement sontd'aider les PVD à retrouver une situation économique plus saine d'une part et d'assurer la survie du système bancaire international mis en péril par des placements inconsidérés d'autre part181(*). Dans ces nouveaux programmes sontincluentdes principes comme la libéralisation du commerce, la privatisation des entreprises publiques, la réduction des dépenses publiques et la réforme fiscale, dans le but de stimuler la croissance économique,d'augmenter les investissements étrangers et d'améliorer l'efficacité des entreprises182(*). Pour conclure ce chapitre, où il était question de traiter des raisons ayant entrainé le recours du Cameroun au FMI, il ressort qu'après avoir connu une prospérité économiques forteet rapide entre 1977 et 1985 avec un PIB moyen de 8%, grâce à l'abondance des ressources nationales et le pragmatisme des dirigeants,la détériorations des termes de l'échange, la chute du prix du baril de pétrole, la dévaluation du dollar américain et l'échec de l'ajustement autonome entraine l'arrêt de l'État providence au Cameroun. Ainsi, pris en étau entre une sévère crise interne et poids des pesanteurs extérieurs durant l'exercice budgétaire 1987/1988,les autorités camerounaises se résolvent enfin à prendre le chemin de New York pour recourir au soutien financier et aux conseils économiques du FMI en 1988 selon les journaux. * 42Pigeau, Au Cameroun de Paul Biya..., p.19. * 43Anonyme, «Dossier Cameroun : Une économie à toute épreuve'', in Jeune Afrique, consulté en ligne sur www.JeuneAfrique.com, le 16 septembre 2022 à 10h03. * 44Anonyme, «Le Cameroun, nouvel eldorado pétrolier en Afrique'', in Le Monde, consulté en ligne sur www.lemonde.fr le 13 novembre 2022 à 15h41. * 45 J. C. Willame, «Cameroun : les avatars d'un libéralisme planifié'', in Politique africaine, n°18, 1985, p.44. * 46Aerts et Als, L'économie camerounaise..., p.7. * 47Ibid. * 48P. Decraene, «En dépit d'une industrialisation rapide, l'économie du Cameroun repose surtout sur l'agriculture'', in Le Monde diplomatique, n°1325 du 13 avril 1971, p.21. * 49Willame, «Cameroun : les avatars d'un libéralisme planifié''..., p.44. * 50E. Messina Mvogo, «Le Cameroun et le nouvel ordre économique international 1974-1981'', Mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2001, p.15. * 51L. Kemayou Happi, «Projet de loi n°15/PJL/AN portant approbation du premier Plan quinquennal de développement économique et social'', Yaoundé, 16 décembre 1960, p.18. * 52Éditorial du président Ahmadou Ahidjo, «Faire une authentique nation'', in Le Monde diplomatique, numéro spécial, septembre 1971, p.17. * 53P. Decraene, «Les planificateurs de l'économie camerounaise se sont fixé des objectifs précis et réalistes'', in Le Monde diplomatique, septembre 1971, p.20, consulté en ligne sur www.le-monde-diplomatique.fr, le 9 novembre 2022 à 08h18. * 54Éditorial du ministre de l'agriculture de la République Unie du Cameroun M. G. A. Tchoungui, «La révolution verte au service du développement'', in Le Monde, 19 juillet 1976, consulté en ligne sur www.lemonde.fr, le 10 novembre 2022 à 11h02. * 55C. Datchoua Soupa, «Notre agriculture peut miser sur l'énergie nucléaire'', in Cameroon tribune, n°132, mardi, 3 décembre 1974, p.2. * 56Ibid. * 57Pigeau, Au Cameroun de Paul Biya... p.25. * 58 Interview entre W. Nko et le Directeur des palmeraies de la SOCAPALM, in Cameroon tribune, n°1388, jeudi, 1er février 1979, p.5. * 59 A. Boyomo, «Coton : Certitudes et espoirs'', in Cameroon tribune, n°1617, samedi 3 novembre 1979, p.3. * 60D. Fotso, «Le centre d'assistance des PME : Un instrument national de promotion collective'', in Cameroon tribune, n°1388, jeudi, 1er février 1979, p.7. * 61Cameroon tribune, n°1414, samedi, 3 mars 1979, p.4. * 62J. Ngadjeu, «Economie : De nombreuses mesures de relance prises en 1984'', in Cameroon tribune, n°3160, dimanche 7 et lundi 8 janvier 1985, p.20. * 63J. D. D. AwoumouAmougou, «La libéralisation des marchés et le développement durable en Afrique : le cas du secteur agricole au Cameroun'', Mémoire de Master en Administration publique, Université Louis Pasteur Strasbourg, 2006, p.10. * 64Ibid. * 65 Ma Pondi, «Un envol irrésistible..., p.19. * 66A. Ndzinga, «Extension du port de Douala : 1,5 milliards de francs prêtés au Cameroun par la CCCE'', in Cameroon tribune, n°1487, Samedi, 2 juin 1979, p.4. * 67Interview exclusive du Président de la RépubliqueAhmadou Ahidjo et du journaliste E.Ngog-Hob,in Camerroon tribune, n°115 du mercredi 13 novembre 1974, p.3. * 68A. Ahanda, «A quoi serviront les budgets des services publics ?'', in Cameroon tribune, n°1510, vendredi 29 juin 1979, p.4. * 69Ibid. * 70Cameroon tribune, n°1412, jeudi 1er mars 1979, p.8. * 71Interview du Président Ahidjo et du journaliste Ngog-Hob..., p.3. * 72Ibid., p.2. * 73M. Kouty, «Guide pratique d'analyse de politique commerciales : Adaptation locale pour le Cameroun. Analyse du commerce et des politiques commerciales du Cameroun'', Yaoundé, Centre d'études et de recherche en économie et gestion, Université de Yaoundé II, 2015, p.2. * 74Ibid. * 75Aerts et Als, L'économie camerounaise..., p.12. * 76Interview du Président Ahidjo et du journaliste Ngog-Hob... p.2. * 77Pigeau, Au Cameroun de Paul Biya... p.25. * 78Éditorial du Président de la RépubliqueAhmadou Ahidjo à Afrique Industrie, in Cameroon tribune, n°1386, mardi,30 janvier 1979, p.3. * 79Aerts et Als, L'économie camerounaise... p.26. * 80H. Bandolo, «Fin aujourd'hui de la visite du Président Paul Biya en France'',in Cameroon Tribune, n°3195, jeudi, 7 février 1985, p.16. * 81T. Kamje, «Cameroun-USA : le Cameroun est bien préparé pour affronter le défi de l'avenir'', in Cameroon tribune, n°3173, 1985, p.2. * 82Boyomo, «Coton : Certitudes et espoirs''..., p.3. * 83Interview du Directeur de la SOCAPALM etdu journaliste W. Nko, in Cameroon tribune, n°1388, jeudi, 1er février 1979, p.5. * 84Cameroon tribune, n°1691, vendredi, 1er février 1980, p.8. * 85 B. Gauthier, «La dynamique du secteur manufacturier africain en période d'ajustement structurel : le cas du Cameroun'', in Revue Région & Développement, n°3, 1996, p.4. * 86Ahanda, «A quoi serviront les budgets des services publics..., p.4. * 87Ibid. * 88Cameroon tribune, n°1412, jeudi, 1er mars 1979, p.8. * 89Ahanda, «A quoi serviront les budgets des services publics..., p.4. * 90Anonyme, «Revalorisation substantielle des salaires'', in Cameroon tribune, n°1639, jeudi, 29 novembre 1979, p.1. * 91Ibid. * 92Cameroon tribune, n°1488, dimanche 3 et lundi 4 juin 1979, p.1. * 93Cameroon tribune, n°1487, samedi, 2 juin 1979, p.15. * 94Ma Pondi, «Un envol irrésistible..., p.19. * 95Cameroon tribune, n°3179 du dimanche 19 janvier 1985, p.3. * 96 Ma Pondi, «Un envol irrésistible..., p.19. * 97Kouamo, «L'homme de l'année..., p.10. * 98 Interview du PrésidentAhidjo à Afrique Industrie..., p.3. * 99Ibid. * 100Cameroon tribune, n°1391, samedi 3 février 1979, p.1. * 101M. Onomo, «Zone Franc : pas de bonne monnaie sans bonne économie'', in Cameroon tribune, n°3172, vendredi 11 janvier 1985, p.3. * 102A.-V. Ekani, «Le comice agro-pastoral de Bamenda : le reflet d'une économie en bonne santé'', in Cameroon tribune, n°3169, dimanche 6 et lundi 7 janvier 1985, p.22. * 103Ibid. * 104Ibid. * 105Editorial de M. J. L. Njamkepo, «L'aviation civile arrive au Cameroun en 1934'', in CCAA News, 29 novembre 2010, consulté en ligne sur www.ccaa.aero, le 14 mars 2023 à 06h08. * 106J. Mboudou, «La chevauché des infrastructures'', in Cameroon tribune, n°3164, mardi 1 et mercredi 2 janvier 1985, p.2. * 107Ekani, «Le reflet d'une économie en bonne santé..., p.23. * 108Ibid. * 109Cameroon tribune, n°3172, vendredi 11 janvier 1985, p.3. * 110Journal du dimanche, 1984, p.3. * 111Herrera, La nature de la crise financière camerounaise..., p.48. * 112AwoumouAmougou, «La libéralisation des marchés..., p.3. * 113C. 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Kaffo, 48 ans, Mécanicien, Yaoundé le 15 janvier 2023. * 118AwoumouAmougou, «La libéralisation des marchés..., p.3. * 119Willame, Cameroun : les avatars d'un libéralisme planifié..., p.45. * 120Okala, «Analyse socio-économique..., p.70. * 121Tchakounté, «L'évolution erratique du dollar..., p.4. * 122Cameroon tribune, n°3763, jeudi 1er et vendredi 2 janvier 1987, p.3. * 123MINFI, Circulaire n°00027/MINFI/B du 1er juillet 1987 portant instruction relatives à l'exécution et au contrôle de l'exécution du budget de l'État, des organismes subventionnés et du budget annexe pour l'exercice 1987/1988, p.1. * 124Brunel, Les difficultés du Cameroun..., p.140. * 125Statut Général de la Fonction Publique, p.13. * 126 MINFI, Circulaire n°00027/MINFI/B du 1er juillet 1987..., p.9. * 127 Ibid. * 128Cameroon tribune, n°3763, jeudi 1er et vendredi 2 janvier 1987, p.3. * 129MINFI, Circulaire n°00027/MINFI/B du 1er juillet 1987..., p.3. * 130Cameroon tribune, n°3775, vendredi 16 janvier 1987, p.5. * 131Cameroon tribune, n°3779, mercredi 21 janvier 1987, p.7. * 132G. De Bernis et J. Léonard, «Le fardeau de la dette africaine : Une ruineuse course aux crédit extérieurs'', in Le Monde diplomatique, 1986, consulté en ligne sur www.lemonde-diplomatique.fr, le 04 juin 2023 à 2h33. * 133C. JuompanYakam, «Les recettes de l'économie camerounaise pour éviter la crise'', in Jeune Afrique, consulté en ligne sur www.jeuneafrique.com, le 15 mai 2023 à 5h56. * 134NjikeNyatchou, «L'évolution de la dette..., p.69. * 135Okala, «Analyse socio-économique..., p.70. * 136P. Artus et Als, «Les effets d'un prix du pétrole élevé et volatil'', Rapport, Paris, 2010, p.12. * 137 M. TafamKoagne, «La problématique du financement de l'industrie manufacturière au Cameroun (1946-99)'', Mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé 1, 2005 p.30. * 138NjikeNyatchou, «L'évolution de la dette..., p.73. * 139P. 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