5.1.2 Difficultés matérielles et
méthodologiques et non-acquisition de la compétence
interculturelle
Les obstacles matériels et
méthodologiques empêchent la non- acquisition de la
compétence interculturelle des apprenants dans l'enseignement des
cultures nationales.
En effet, dans l'enseignement des cultures nationales,
les enseignants font face à de nombreux obstacles matériels.
Ainsi, nous avons remarqué aussi bien dans les réponses aux
questionnaires que dans les observations que, les ressources matérielles
pour l'enseignement des cultures nationales sont rares. Cela entraine que les
enseignants non pas le choix de recours à diverses ressources ce qui
n'est pas le cas dans les autres disciplines.
En fait, la discipline des cultures nationales n'a pas
de livre au programme. Cela a été attesté dans les
résultats de nos analyses et nos observations. Lorsque nous devrions
préparer les cours de cultures nationales, nous avions voulu nous
inspirer des ressources du livre au programme. C'est alors qu'en demandant
cette ressource à l'enseignante qui nous encadrait, elle nous
révèle que le seul matériel disponible est le curriculum.
Cela explique bien pourquoi lors du questionnaire et les entretiens, la
majorité des enseignants affirment que le curriculum est l'unique
ressource dont ils se servent pour élaborer leurs
enseignements.
En outre, l'obstacle méthodologique apparait
aussi comme un obstacle majeur. La méthodologie dans ce cadre concerne
la composition de la classe et la transmission des savoirs.
De la composition des classes. Il apparait des
résultats de la collecte des données que, les différentes
aires culturelles du Cameroun sont présentes dans les salles de classe.
C'est donc dire que les classes sont de fait et en réalité
multiculturelle. Or, cette difficulté pose de nombreux problèmes
aux enseignants. Les difficultés ici concernent le choix de la culture
à enseigner et même la langue à utiliser.
C'est ainsi que lors de nos entretiens, les
enseignants ont déclaré à plusieurs reprises que face
à la diversité des classes, ils ont des difficultés
à choisir la culture à enseigner et préfère alors
recourir à la facilité de n'enseigner que la culture dominante,
précisément la culture Beti.
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Et même, dans le choix de n'enseigner que la
culture Beti, il y a encore des problèmes du choix de la culture
à enseigner. Ainsi, il nous souvient cette dispute que nous avons
observé une matinée entre deux enseignantes, sur le sens d'une
tournure idiomatique dans un proverbe qui était appris ce matin-
là aux élèves. Les deux ne s'accordaient pas sur la
tournure exacte du proverbe. Il nous souvient que ce matin-là, le cours
avait été interrompu.
L'autre difficulté à laquelle sont
confrontés les enseignants est celle méthodologique. En effet,
d'après les résultats issus du questionnaire, les enseignants
utilisent une méthodologie transmissive pas favorables à
l'interculturalité des apprenants.
Ainsi, il ressort des résultats du
questionnaire que la méthodologie traditionnelle ou celle dite
transmissive est celle dont font recours les enseignants. C'est ainsi que les
cours sont préparés et transmis aux élèves sans que
ces derniers soient associés au processus.
Nous avons appris par exemple des entretiens, que les
enseignants avaient recours à cette méthode du fait de la
non-maitrise des cultures nationales par les apprenants. Nous avons
observé durant notre enquête effectivement que les cours sont
dispensés sans la réelle implication des apprenants.
Pareillement, Fozing et Hotu (2015) identifient déjà ces
obstacles méthodologiques comme une source de l'inefficacité de
l'enseignement des cultures nationales au primaires.
La perspective théorique constructiviste de
Piaget nous permet justement de comprendre cet état de fait. En
réalité, d'après cette théorie, la connaissance de
l'apprenant résulte d'un processus constructif et de co- construction.
En fait, c'est à partir des interactions échelonnées avec
les autres apprenants que l'apprenant arrive à acquérir des
connaissances.
En conséquence, l'enseignant se doit d'adopter
une approche méthodologique à même de favoriser
l'implication des apprenants dans la construction de leurs savoirs. En fait,
comme le note déjà Belinga Bessala (2013), le plus important dans
le processus d'enseignement est non moins la possession des connaissances que
la manière dont elles sont données aux apprenants.
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