5.1. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
Interpréter les résultats consiste
à donner un sens aux résultats de la recherche menée. Si
l'analyse des données est extérieure au chercheur en ce sens que
les données dépendent du terrain, l'interprétation de ces
données quant à elle, est le sens que le chercheur attribue
à ces données.
Pour mener cette interprétation, il faudrait au
préalable faire un rappel à titre indicatif des hypothèses
de recherche. Il s'agit en l'occurrence des hypothèses de recherche
suivantes : Les perceptions négatives des apprenants sur l'enseignement
des cultures nationales empêchent l'acquisition de la compétence
interculturelle.
Les obstacles matériels et
méthodologiques dont font face les enseignants ne favorisent pas
l'acquisition de la compétence interculturelle.
Ces deux articulations constituent la structure de
notre interprétation qui est faite dans les lignes
suivantes.
5.1.1 Perceptions négatives des élèves
et non-acquisition de la
compétence interculturelle
D'emblée, les apprenants ont des perceptions
négatives de l'enseignement des cultures nationales. Ces perceptions
négatives sont les causes de la non-acquisition de la compétence
interculturelle assortie à cet enseignement.
En effet, les résultats obtenus confirment
effectivement que les apprenants développent une perception
négative de l'enseignement des cultures nationales ce qui empêche
qu'ils développent la connaissance et la pratique des cultures des
autres. Par rapport à cette hypothèse, le questionnaire a
été administré aux apprenants et les enseignants da la
ville Mbalmayo que sont les enseignants EPPAO 1 et EPPAO Bil ainsi que de
l'ENIEG de Mbalmayo. De la même façon, des entretiens ont
été faits avec certains
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enseignants. Bien plus, des observations ont
été faites pendant que nous dispensions des enseignements ou
certains de nos collègues.
Il ressort des résultats de ces
différents procédés que : les apprenants sont inter
culturellement incompétent du fait des perceptions négatives
qu'ils ont de l'enseignement des cultures nationales. Ces perceptions
négatives se manifestent par le désintérêt manifeste
des apprenants vis-à-vis de l'enseignement des cultures nationales et
à travers des attitudes négatives qui résultent des
facteurs extérieurs au système éducatif comme les
préjugés et les stéréotypes.
D'abord les préjugés. En effet, les
apprenants ont des idées reçues sur les autres cultures.
D'ailleurs comme le note Belinga Bessala (2013) chez l'apprenant : «
Il y a toujours un recours spontané aux anciennes connaissances face aux
nouvelles qui se présentent » (p. 53). C`est dire que les
apprenants ont des notions présupposées sur les cultures
nationales.
Ces prénotions fonctionnent comme des obstacles
au développement de la compétence interculturelle. Cette
influence négative des préconceptions sur l'acquisition des
nouveaux savoirs a déjà été attestée par
Jodelet (1994) qui pense que les représentions sont des connaissances
qui empêchent l'acquisition des nouveaux savoirs (p. 156).
Par ailleurs, la source de ces préjugés
est extérieure au système éducatif. Cela a
été soutenu déjà par Fozing et Hotou (2015) qui
pensent que les parents sont parfois les facteurs qui influencent un
enseignement inefficace des cultures nationales à l'école
primaire.
De même, la théorie de l'apprentissage
social de Bandura (1969) nous permet de comprendre la prégnance sur les
apprenants de ces préjugés issus des facteurs extérieurs
à l'école. En effet, à travers le processus de modelage,
les apprenants incorporent des schèmes de pensée qui fonctionnent
pour eux comme des repères pour agir.
Ensuite le désintérêt des
apprenants. Lors de nos observations il a été remarqué
que, par rapport à d'autres disciplines d'enseignement, les apprenants
ont un désintérêt manifeste pour la discipline des cultures
nationales. Cela a été attesté à plusieurs reprises
lorsque nous passions les différents cours. Ainsi, nous avions
remarqué que les apprenants, pour la majorité étaient
moins actifs pendant le cours des cultures nationales et l'était plus
aux cours de Géographie ou d'histoire par exemple.
Un tel désintérêt s'explique
à la lumière de perspective théorique interactionniste. En
effet, dit Blumer (1969) : « Les êtres humains agissent envers
les choses sur la base du sens
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qu'elles ont pour eux » (p. 2). En fait,
si les apprenants sont moins attentionnés aux cours des cultures
nationales, c'est parce qu'ils estiment que ces cours n'ont pas un sens
important pour eux.
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