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Contribution de l'enseignement-apprentissage des cultures nationales à  la compétence interculturelle des apprenants du niveau 3 du cycle primaire de la ville de Mbalmayo


par Grégoire ATANGANA MBARGA
École Normale Supérieure de l'Université de Yaoundé 1 - DIPEN 2 2024
  

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CHAPITRE I : PROBLÉMATIQUE DE L'ÉTUDE

Selon Danet et Elengabeka (2013) : « la problématique est l'art de bien poser un problème, c'est-à-dire d'interroger un sujet pour en dégager des questions pertinentes » (p. 34). D'après Beaud (2006, p. 55), « la problématique c'est l'ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi ». De plus, selon Kouam & Mbonda (2008, p . 89) : « c'est l'ensemble construit autour d'une interrogation fondamentale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettront d'analyser le sujet choisi ».Dans un travail universitaire comme le mémoire de recherche, la problématique va donc consister pour Schneider (2006), à la « Présentation du contexte de l'étude. Description succincte du choix de l'étude, formulation et définition du champ d'investigation. Précisions sur la signification de l'étude : les enjeux théoriques et pratiques » (p. 8).

En conséquence, le présent chapitre qui porte sur la problématique de l'étude en cours, s'articule autour de six points. En premier, le contexte et la justification du sujet sont exposés. En second, le problème de recherche est formulé. Au troisième moment sont posées les questions de recherche. En quatrième lieu, les hypothèses de recherche. Les objectifs de l'étude seront formulés au cinquième moment. L'intérêt ainsi que la délimitation de l'étude constituent les moments, respectivement de la sixième et de la septième articulation. Nous débutons la problématique de cette étude, par le contexte et la justification de la recherche.

1.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE LA RECHERCHE Cette section présente tour à tour, le contexte dans lequel émerge la recherche en cours, ainsi que les raisons du choix du sujet.

1.1.1. Contexte de la recherche Pour Kouokam Magne (2020) :

Le contexte sert à situer sa pensée ou l'idée principale que l'on veut analyser [...] Faire un contexte veut dire trouver des éléments autour du sujet, notamment des faits d'actualités, qui justifient le choix de ce sujet. Il s'agit de montrer l'environnement dans lequel le sujet se situe

En fait, dans le contexte, il d'agit de décrire, mieux, faire une présentation exhaustive des faits qui entourent le sujet à l'étude. Une telle démarche n'est pas fortuite. En réalité, elle obéit à un ordre logique. Voilà pourquoi il est prescrit que : « La présentation

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du contexte gagne à s'inscrire dans une approche qui permet d'aller du général au particulier. En employant la métaphore de l'entonnoir, on peut voir à quoi ressemble un contexte » (Kouokam Magne, 2020). Telle est l'approche adoptée dans cette section. Les faits retenus pour présenter le contexte vont du global au local.

La deuxième guerre mondiale, si elle a eu de nombreuses conséquences négatives, il faut néanmoins reconnaitre qu'elle a permis d'assoir un nouveau type de relations entre les États, et de reconfigurer la nature du système international. Ce système-là se caractérise par la recherche effrénée de la puissance. Cette volonté de puissance conduit alors de temps à autre, à la violence. En effet, aux lendemains de cette grande guerre, certains États se réuniront à Francisco à l'effet de définir les nouvelles bases du fonctionnement du monde. De ce fait, ils créeront l'Organisation des Nations Unies (ONU).

Dès lors, le parcours du texte fondateur qui régit cette organisation internationale (Charte des Nations Unies), nous permet ainsi de lire aux alinéas 3 et 4 de l'article 2 qu'il est interdit de recourir à la violence sous quelque forme que ce soit (ONU, 1945). Si ces interdits y sont mentionnés, ils n'excluent toutefois pas qu'un État puisse user des moyens pacifiques à l'effet d'assoir son hégémonie. Depuis lors, les États usent de moyens ainsi que des mécanismes divers, mais pacifiques ou doux, qui leur permettent ainsi d'asseoir leur hégémonie sur les autres États. Parmi ces mécanismes, figure en bonne place la culture. C'est ce que l'internationaliste Nye va théoriser sous le concept « soft power » pour signifier le fait que : les facteurs tangibles de la puissance tendraient de plus en plus à être supplantés par les facteurs non tangibles, telle la cohésion nationale ou la culture (Roche 2001, p. 96).

Et dans cet élan, de nombreux États usent donc des facteurs non tangibles pour assoir leur hégémonie sur la scène internationale. On pourrait ainsi citer : le domaine cinématographique avec pour les USA, le cinéma hollywoodien ; l'Inde, le cinéma bollywoodien ; le Nigeria, le cinéma nollywoodien. Citons aussi le domaine linguistique, l'hégémonie des langues anglaises et françaises, respectivement par le Royaume Uni de Grande Bretagne et la France. En outre, la Chine avec sa médecine ou le Brésil avec son festival culturel la « Samba », manifestent aussi leur hégémonie dans les domaines évoqués.

Mais, il faut noter qu'un facteur non tangible, n'est pas en soi un moteur géostratégique.

Pour le dire autrement, la culture prise en elle-même ne constitue pas une force. Pour jouer son rôle de facteur de puissance, la culture doit être considérée et fait usage comme tel par l'acteur. L'acteur est entendu ici au sens de Rojot (2003) comme toute entité qui peut, grâce aux ressources et stratégies dont elle dispose, influencer une sphère donnée. D'après Ndam Njoya, le Cameroun devenu un acteur du système international de par son accession à

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l'indépendance (1979, p. 5-6), se voudrait alors être considéré comme un acteur stratégique et influent de la scène internationale. Et pour y parvenir, le Cameroun use de ses ressources au rang desquelles, la culture. C'est cela que l'on peut lire dans la loi fondamentale du Cameroun. En effet, dans le préambule de la Constitution du 18 janvier 1996 modifiée et complétée par la loi n°2008/001 du 14 avril 2008, il est écrit parlant de l'usage de la culture que : « Fier de sa diversité linguistique et culturelle, élément de sa personnalité nationale qu'elle contribue à enrichir » (p. 2). C'est dire que la culture camerounaise constitue un élément de son rayonnement et de son influence.

Ainsi, l'on dénombre au Cameroun une pluralité de cultures. Cette pluralité se manifeste par la mosaïque ethnolinguistique, de même qu'une variété géographique et naturelle. En effet, selon Hombert (2009) derrière le Nigeria et devant le Congo qui comptent respectivement 553 et 215 langues et ethnies chacun, le Cameroun avec 279 langues, est classé parmi les six (06) États du monde où l'on parle plus de 200 langues. Cette diversité culturelle selon Mveng (1985,68-69), constitue le socle de l'identité du Cameroun.

Par ailleurs, depuis la fin de la guerre froide symbolisée par la chute du mur de Berlin, le monde a basculé dans un système nouveau. Il s'agit, du libéralisme. Ce système nouveau a eu pour corollaire l'ouverture. Bien plus, la finalité ultime de cette ouverture-là est la mondialisation ou globalisation courante. En réalité, le système libéral a conduit à l'émergence de ce que Mcluhan a appelé « village global ou planétaire ». Selon ce philosophe Canadien (1989, p. 67), « The new electronic interdependence recreates the world at the image of a global village ». En abondant dans le même sens, De Carlo affirme :

« Le rapport avec l'altérité est donc devenu un sujet incontournable pour la compréhension d'un monde, où les échanges et la circulation non seulement de biens et de capitaux, mais aussi d'individus, de groupes, d'idées, d'informations, de projet, de vie...s'intensifient de jour en jour » (1998, p. 35).

Autrement dit, à travers les contacts culturels induits par l'essor des réseaux d'échange et de transport, les mobilités internationales des personnes et même la colonisation, il résulte une accentuation des contacts entre les différentes cultures du monde.

Cependant, ces brassages culturels entrainent le phénomène de l'homogénéisation culturelle. En claire, certaines cultures risquent se dissoudre dans les cultures des autres. On assisterait alors à la disparition de certaines cultures au profit d'autres. Véritablement donc, les États africains en général, le Cameroun en particulier a perdu de son patrimoine ainsi que de ses valeurs culturelles. Cela résulte à la fois de la mondialisation, et davantage de la

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colonisation. Ainsi au Cameroun, la colonisation en interdisant l'enseignement les langues locales, a substitué ces dernières par des langues étrangères, en l'occurrence le Français et l'Anglais, contribuant ainsi à une assimilation culturelle.

De même, la globalisation entraine l'abandon des us et coutumes locaux, pour

l'adoption sans filtres des manières de vivre venues d'ailleurs. L'on assiste alors une sorte

d'extraversion et une aliénation culturelle. Et, comme nous le révèle Piou (2012, p. 2), la perte

du patrimoine culturel a contribué à la perte des valeurs identitaires et séculaires des sociétés

qui composent le Cameroun. Ainsi, pour pallier à cette perte, des actions concrètes sont

menées en faveur de la sauvegarde du patrimoine culturel du Cameroun. C'est dans ce sens-là

que s'inscrivent les politiques publiques en faveur de l'enseignement des cultures nationales.

Autant dire que, la volonté du Cameroun en entrant dans la mondialisation, est de préserver et sauvegarder sa culture. D'abord, cette volonté est inscrite dans la loi fondamentale de l'État du Cameroun. Dans l'alinéa trois (3) de l'article premier de la Constitution camerounaise il est dit que : « La République du Cameroun adopte l'anglais et le français comme langues officielles d'égale valeur. Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute l'étendue du territoire. Elle oeuvre pour la protection et la promotion des langues nationales » (p. 1). En d'autres mots, en s'ouvrant à l'autre par le truchement des langues française et anglaise, le Cameroun envisage des stratégies pour conserver et protéger sa culture.

Par suite de quoi donc, depuis les états généraux de l'éducation tenus en 1995, les pouvoirs publics camerounais se sont résolus d'intégrer dans les systèmes scolaires, des programmes d'enseignement des Cultures nationales. C'est dans cette même logique que s'inscrit l'article cinq (5) alinéa un (1) de la loi d'orientation de l'éducation, qui stipule que l'éducation a entre autres objectifs, « la formation de citoyens enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde ». En fait, par l'enseignement des cultures nationales, l'apprenant s'ouvre au monde tout en restant enraciné dans la diversité culturelle constitutive du pays.

Ayant ainsi présenté les faits qui entourent le sujet à l'étude, aussi bien dans une perspective internationale que nationale, il faut dire ce qui nous a motivé à choisir un tel sujet. Ce qui revient à dire qu'il faut donner la justification de la recherche.

1.1.2. Justification de la recherche

Lorsque l'on parle de la justification de la recherche, il s'agit d'expliquer le choix du sujet. En d'autres mots, le chercheur est appelé à donner les raisons ayant motivé le choix

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de la recherche qu'il entend mener. À ce propos-là justement, N'da (2015,) soutient que par la justification du choix du sujet, « Le chercheur évoque les motivations qui ont suscité son intérêt pour ce sujet », c'est-à-dire « d'où il sort » ou « comment on en est venu à le choisir parmi tant d'autres du domaine de recherche ». Pour le présent sujet, le choix est accompagné des motivations de deux sortes. Les unes sont des raisons personnelles, les autres sont des raisons scientifiques. Au premier chef, les raisons personnelles. Notre progéniture vient régulièrement auprès de nous pour s'enquérir de tel ou tel autre des éléments culturels. Très souvent, il s'agit de l'appellation des éléments du quotidien en lien avec l'être humain, les animaux, les plantes, les végétaux, etc. En fait, ce sont des questions données pour la préparation des séances de cours suivants des cultures nationales. Cette pratique est connue sous l'appellation de pédagogie inversée. C'est dire qu'autant notre progéniture vient s'enquérir des faits culturels de sa société, ses camarades d'autres cultures en font autant. Nous avons donc toujours voulu savoir si dans le cadre de cet enseignement-là, notre progéniture acquiert les éléments culturels de ses camarades en classe de cultures nationales. Concrètement, nous avons toujours voulu savoir si à travers l'enseignement des cultures nationales, les apprenants apprenaient des autres cultures.

Qui plus sont, les raisons scientifiques. En consultant la littérature disponible, il apparaissait de plus en plus que la compétence interculturelle n'était abordée que dans la perspective des études des langues étrangères. En réalité, il est question dans ces études de traiter des rapports envisageables en situation de contact entre personnes de cultures différentes, mais dans une perspective internationale. Il nous a donc semblé utile de savoir si dans l'enseignement des cultures nationales, la dimension interculturelle s'y trouve et donc, de la documenter, cette fois-ci dans une perspective interne au Cameroun riche de sa diversité culturelle en contact permanent.

Telles sont les deux motivations qui fondent l'étude que nous menons dans ce travail en cours. Mais, pour continuer à mener cette recherche, il faut d'abord dire ce qu'elle se propose de résoudre. C'est cela qui consiste à la formulation du problème de recherche.

1.2. FORMULATION ET POSITION DU PROBLÈME DE

RECHERCHE

Partant de la pensée selon laquelle « la science naît dans les problèmes et finit dans les problèmes » (Popper, 1986, p. 185), il en ressort que le problème est ce qui fonde tout processus de recherche. Dès lors, l'on ne saurait débuter une étude sans en

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formuler le problème. C'est la raison pour laquelle Popper (1985) dit que « la science ne commence que s'il y a problème » (p. 329).

En outre, plusieurs acceptions du problème de recherche existent. D'après l'étymologie, le mot problème est issu du latin et du grec « problema ». Il signifie : « problème, question à résoudre » (Gaffiot , 1934) ; « obstacle, question proposée, sujet de controverse » (Bailly, 1895). En effet, le problème se conçoit comme une difficulté. Kouam & Mbonda (2008) enrichissent cette approche étymologique en affirmant que :

Le problème est étymologiquement ce que l'on trouve pro-jeté devant soi. Sur un plan pratique, c'est un obstacle qu'on trouve devant soi et qu'on a quelque mal à franchir. Et sur un plan théorique, le problème est une difficulté pro-posée en vue d'une résolution (p. 21).

En réalité, l'existence du problème scientifique est non moins de fait, qu'une construction du chercheur. Car, « Il n'y a pas de problème de recherche en soi : un problème n'émerge que si quelqu'un, quelque part, accepte de voir une situation comme un problème » (Gosselin, 1994, pp.138-139). En fait, le problème de recherche est une formulation du chercheur. Dès lors :

Formuler le problème, c'est exprimer en termes sans équivoque, dans un énoncé non interrogatif, la situation qui exige qu'une recherche soit menée pour que la lumière soit apportée aux brouillards des interrogations. C'est montrer à l'aide d'une argumentation que l'exploration empirique du problème est nécessaire, pertinente, et qu'elle peut contribuer à l'avancement des connaissances. (Nd'a, 2015, p. 54).

En fait, dans la formulation du problème de recherche selon N'da :« Il s'agit donc de présenter la situation, avec les faits qui s'y attachent, et de dire ce qui fait problème » (2015 :54). En conséquence, le problème de l'étude en cours se formule comme suit :

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