Sur le plan légal, des lois et
règlements ont été édictés sur
l'enseignement des cultures nationales. Que peut-on en dire ?
En 1996, la Constitution du Cameroun manifeste la
volonté du Cameroun de rester une nation unique et ouverte. Car, dans
l'alinéa 3 de son article 1, il est écrit que « La
République du Cameroun adopte (...) oeuvre pour la protection et la
promotion des langues nationales ». En d'autres mots la loi
fondamentale entend oeuvrer non seulement pour la protection, mais davantage
pour aussi pour la promotion des cultures nationales.
En 1998, La loi d'orientation fixe les objectifs de
l'éducation au Cameroun. L'un de ces objectifs consiste à faire
de l'apprentissage de la culture, l'un de ses objectifs. Ainsi, l'on peut lire
dans cette loi que l'éducation vise « l'Éducation a pour
objectifs : la formation des citoyens enracinés dans leur culture, mais
ouverts au monde (et) la formation culturelle de l'enfant
»
En 2001, l'enseignement supérieur ou encore le
milieu universitaire connait une loi
d'orientation de l'enseignement intègre parmi
ses orientations la « promotion du
bilinguisme, des cultures et des
langues nationales ». Il s'agit de la loi loi n°005 du 16 avril
2001 portant orientation de l'enseignement supérieur.
En 2002, est créée «
l'Inspection Provinciale de Pédagogie chargée de l'enseignement
des lettres (...) langues nationales ». Cette loi intervient dans le
cadre du décret n°2002/004 du 4 janvier 2002 portant organisation
du MINEDUC. Cet organe témoigne de la volonté de
systématiser l'enseignement des cultures nationales.
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Il apparait donc de toute évidence que
l'enseignement des cultures nationales Camerounaises bénéficie
d'un encadrement juridique conséquent. Qu'en est-il de l'approche
théorique de l'enseignement des cultures camerounaises ?
L'approche théorique des cultures nationales
concerne la littérature produite par différents auteurs, sur
l'enseignement des cultures nationales. Qu'en est-il alors ?
Temkemg, en 1987, dans le Mémoire de DIPEN II
intitulé « Compétence interculturelle et efficacité
de l'action didactique en classe de langue », postule que l'interculturel
joue un rôle essentiel dans l'éducation en permettant de s'ouvrir
au monde, de découvrir les autres et ainsi de vivre en harmonie avec
eux. Pour tester cette idée qu'il avance, il évalue l'impact que
peut avoir la compétence interculturelle de l'enseignement sur les
apprenants lors du processus enseignement-apprentissage de la langue. Il
conclut que la compétence interculturelle de l'enseignant a un effet
bénéfique sur son efficacité. Il suggère ainsi pour
favoriser le développement de cette compétence interculturelle
chez l'apprenant, cela passe par l'expansion des espaces culturels, notamment
les bibliothèques.
Biteene, en 2005, dans son mémoire de DIPES II
dont le titre est : La portée culturelle du conte en classe de
6ème pour une transmission efficace et une valorisation des cultures
auprès des apprenants, dit que : le conte dans le système
éducatif joue un rôle important. Selon elle, son rôle
essentiel est dans la transmission et la valorisation de la culture
auprès des apprenants. En effet, par l'intrigue, par les personnages,
par les espaces évoqués, le conte participe à rapprocher
les apprenants en situation d'apprentissage. Ainsi, par la richesse culturelle
du conte, il donne aux apprenants une meilleure compréhension de leur
culture et les rapproche les uns des autres, pour une meilleure
intégration.
Boubakour, en 2012 écrit un article dont le
titre est : « Les dimensions et les perspectives de l'enseignement des
langues-cultures ». Dans cet article-là, elle démontre que
la dimension culturelle occupe de plus en plus un rôle essentiel dans
l'enseignement des langues. Ainsi, Elle débute sa présentation en
démontrant que, l'enseignement du FLE a de plus en plus un rôle
essentiel dans l'enseignement des langues et cultures. Par la suite, elle met
en avant l'idée selon laquelle, l'enseignement des langues peut avoir
des relations avec l'identité culturelle et les représentations
en tant qu'instance de représentation de soi et les visions de l'Autre.
La langue déclare-t-elle, représente l'identité. Il est
essentiel que
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l'apprenant puisse exprimer son identité
personnelle tout en acceptant et en comprenant les divergences qui seraient
présentes avec celle de l'autre, et en comprenant la complexité
qui réside dans la relativité entre les différents
systèmes. Ainsi, la classe de langue se transforme en un espace
où la langue et culture de l'apprenant et les cultures des autres se
rencontrent. Cela qui se développe grâce à la mise en
présence et du rapprochement ainsi que du dialogue. En fait, selon elle,
la classe de langue-culture étrangère a pour objectif principal
de fournir aux apprenants à la fois une compétence linguistique
et une connaissance de la culture étrangère en appropriant ses
implicites et non-dits et en établissant des comparaisons et des
analyses des différents systèmes culturels présents. Aussi
recommande-t-elle que les cours de civilisation française,
séparés de la littérature, soient perçus comme un
moyen d'acquérir divers savoirs, compétences et comportements
liés à la culture française. Selon elle, les objectifs de
ce type d'enseignement sont d'acquérir une compétence
culturelle.
Mama Ngah, en 2012, dans un Mémoire de DIPES
intitulé : Didactique de la littérature et dialogue interculturel
: le cas de Mâ de Gaston Paul Effa en 2nde A4, montre que la classe de
FLE est une classe de diversité culturelle. En effet, dit-il, l'oeuvre
qu'il étudie étant une oeuvre camerounaise, véhicule
à travers ses personnages et ses intrigues, les réalités
socioculturelles du Cameroun. Cela entraine que les apprenants s'approprient
davantage de leur culture. D'après cette étude-là, les
apprenants se connaissent davantage eux-mêmes et se font mieux
connaître par les apprenants des autres cultures. Il estime que cela
contribue à la communication interculturelle et au respect
mutuel.
Ethé Messina, en 2013, écrit un article
intitulé : Pour une approche de l'enseignement des langues et cultures
nationales par le biais des radios et télévisions camerounaises.
Dans cet article-là, l'auteure se propose d'examiner la contribution des
médias, précisément la radio et la
télévision dans l'enracinement culturel des camerounais. Ainsi
pour elle, le rôle joué par les media est un rôle
éducatif. En effet, pour elle, les media exerce l'enseignement et la
promotion des cultures nationales. Cela aide à la construction des
identités culturelles de jeunes du Camerounais. Ces rôles sont
joués en usant des méthodes comme, la musique, les sketches, les
informations. Ainsi, les médias deviennent des supports d'enseignement
et de d'apprentissage de la culture.
Mouto Betoko en 2013, a écrit un article
intitulé : La place de la culture et des langues maternelles dans
l'enseignement en Afrique francophone contemporaine. Dans cet
article-là, il remarque que : malgré la volonté
réelle des pays d'Afrique francophone de valoriser le patrimoine
culturel à travers des oeuvres littéraires dans le programme
scolaire, l'activité d'enseignement apprentissage de la culture se fait
principalement en français. Par
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ailleurs, il met en évidence le fait que
l'apprentissage de sa propre culture permet à l'apprenant de se
familiariser, de comprendre et d'accepter les diversités culturelles
nationales et internationales, ce qui entraîne une ouverture d'esprit
accrue. Il est donc essentiel d'acquérir des compétences
interculturelles.
Djoukouo Talla, en 2015 écrit un
Mémoire de DIPES intitulé : Les compétences
interculturelles des élèves-professeurs de langue
française : cas des étudiants du niveau quatre des
filières des lettres bilingues et lettres françaises. Dans ce
travail de recherche-là, il s'agit de montrer la place de
l'interculturel dans la formation de sa population à l'étude que
sont les élèves- professeurs. Il en résulte que les
élèves-professeurs des filières étudiées ne
possèdent pas des compétences interculturelles, mieux encore
elles sont limitées. Cependant, ils reconnaissent la
nécessité d'en posséder en classe de langue
étrangère. Car, elle permet d'établir une communication
interculturelle.
En 2015, Fozing et Hotou produisent un article
intitulé :
L'enseignement de la culture nationale à
l'école primaire au Cameroun. Dans cet article, ces auteurs se proposent
d'analyser l'influence que les facteurs comme, la maîtrise de la
méthodologie et les modalités d'évaluation, ont sur
l'enseignement de la culture nationale à l'École primaire au
Cameroun. Après un devis mixte de recherche, les auteurs aboutissent
à la conclusion selon laquelle, le peu d'engouement observé chez
les enseignants du primaire résulte de la non-maitrise à la fois
des mythologies d'enseignement que des méthodes d'évaluation. Les
deux auteurs terminent en proposant comme solutions à cette
situation-là, la formation des enseignants à la maitrise de la
discipline, ses méthodologies d'enseignement, ses modalités
d'apprentissage et l'élaboration d'un curriculum approprie.
En 2016, Kamaha écrit un ouvrage
intitulé : La didactique des cultures nationales dans les écoles
normales d'instituteurs. D'après elle, l'introduction récente de
la discipline langues et cultures nationales dans les ENIEG,
précisément dans les années 20132014, a entrainé
des biais dans la formation des futurs enseignants du primaire. Ces biais sont
ce qu'elle nomme obstacles. Et, elle identifie deux types d'obstacles. Le
premier est d'ordre méthodologique, le second est d'ordre
épistémologique. Il s'agit ainsi du déficit de formation
et de celui de contenus d'enseignement, que cet ouvrage alors, se propose de
combler.
Manifi Abouh, en 2021, a écrit un article
intitulé : La langue d'enracinement culturelle dans l'éducation
multilingue au Cameroun. Dans cet article, l'auteur interroge l'objectif
d'enracinement culturel des apprenants en perspective avec la
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ethnolinguistique du pays. En d'autres mots, l'auteur
se demande quelle langue ou quelle culture enseigner dans des classes de
diversité culturelle comme celles camerounaises. Il montre que, tandis
que l'objectif est d'enraciner les jeunes Camerounais à leurs cultures,
les pouvoirs publics essayent par tous les moyens d'enseigner toutes les
cultures et langues du pays. Cependant, dans les zones urbaines qui se
caractérisent par leur diversité et leur pluralité, cet
objectif n'est pas atteignable.
Les travaux ayant un lien direct ou rapproché
avec notre sujet ayant été présenté, il s'agit de
démontrer notre positionnement en commençant par relever les
limites de cette littérature.