· Culture : activité technique
Dans son sens original, l'étymologie du
concept culture renseigne qu'il vient du mot latin « colere »
et signifie « habiter, cultiver, honorer ». Dès lors, la
culture fait référence aux activités d'exploitation de la
nature. C'est l'approche définitionnelle donnée par Arendt (1992)
en disant :
La culture, mot et concept, est d'origine romaine.
Le mot « culture »
dérive de colere - cultiver, demeurer,
prendre soin, entretenir, préserver - et renvoie primitivement au
commerce de l'homme avec la nature, au sens de culture et d'entretien de la
nature en vue de de la rendre propre à l'habitation humaine (p.
271).
Il s'agit donc dans cette prime approche, de lier la
culture à la nature, notamment aux activités agricoles. Mais
très tôt ce rapport à la nature du concept culture sera
supplanté par celui de son rapport à l'esprit humain. La culture
sera alors envisagée comme objet et moyen d'apprentissage.
· Culture: possession des savoirs
Bien plus, la culture désigne l'ensemble des
connaissances dont dispose un individu et les moyens de les acquérir. Ce
sens-là émerge dans l'antiquité romaine. En
réalité, c'est justement dans la Rome antique que cette
conception émerge. Pour Arendt :
« Il semble que le premier à utiliser
le mot pour les choses de l'esprit et de l'intelligence soit Cicéron. Il
parle de excolere animum, de cultiver l'esprit, et de culture animi au sens
où nous parlons aujourd'hui encore d'un esprit cultivé »
(1992, p. 271).
C'est donc à travers la plume de l'auteur
romain Cicéron que le concept culture apparait pour la première
fois dans le sens des connaissances accumulées par un individu. Ce
dernier l'utilise par les termes « cultura animi » ou
« culture de l'âme ». Par-là, il s'agit de
designer l'activité à travers laquelle l'individu s'instruit. En
d'autres mots, la culture
26
désigne le moyen et l'objet d'acquisition des
savoirs. La culture apparait donc là, dans sa dimension
individuelle.
> Approche anthropologique
La science anthropologique qui naît à la
fin du XIXème siècle, prend pour objet d'étude
: la culture. Aussi va-t-elle contribuer à la systématisation de
ce concept-là. Le sens de la culture dans cette discipline met alors en
exergue sa dimension socioculturelle ou collective.
· Culture: tout complexe
La définition classique de la culture admise
dans le champ de l'anthropologie, est celle proposée par Tylor. Selon
lui :
Culture ou civilisation, entendue dans son sens
large est un tout complexe qui comprend les connaissances, les croyances,
l'art, la morale, le droit, les coutumes, les moeurs, ainsi que toutes les
autres habitudes et aptitudes acquises par l'homme en tant que membre d'une
société (1871).
Ainsi, de cette approche taylorienne de la culture,
des implications peuvent être tirées. La culture se compose de
divers éléments. En effet, la culture comporte des
éléments qui sont à la fois d'ordre matériel et
d'ordre immatériel. Les éléments intangibles de la culture
sont encore dits mentifacts. Ce sont ceux qui sont listés dans la
définition taylorienne de la culture. Citons : les connaissances, les
croyances, l'art, la morale, le droit, les coutumes, les moeurs. En sus de
cela, l'on pourrait ajouter : la langue, les systèmes d'écriture,
les rites, etc... Il s'agit des réalités d'ordre intellectuelle,
les savoirs. Mais la culture implique aussi des éléments
matériels ou avoirs. Il s'agit des avoirs. Citons entre autres : les
modes vestimentaires, les paysages géographiques, les objets, les
outils, les instruments divers, etc.
· Culture: apprentissage
La culture se caractérise aussi par son
caractère appris. En réalité la culture s'apprend. Dans ce
sens-là, elle s'oppose au comportement inné chez l'humain. C'est
dans ce sens-là que Linton dit que : « une culture est une
configuration de comportements appris et des résultats de comportement
dont les éléments composants reçus et transmis par les
membres d'une société particulière » (1945). En
effet, la culture désigne ce que l'individu acquiert des
générations passées. Cet acquis ne résulte et n'est
possible que dans le cadre d'une vie en société.
27
Par ailleurs, l'acquisition de la culture par
l'individu vise à conformer le comportement des individus aux normes de
la société. En effet, la société exige des
individus l'observance des codes de conduite qu'elle ellébore. Il s'agit
d'assurer une harmonie et une cohésion entre les individus qui
constituent ladite société. De la sorte, la culture devient un
élément partagé par tous les membres d'une
société. Cela conduit donc à l'intégration des
individus au sein de la vie en société.