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Les déterminants de la réussite des étudiants du grade licence de l’université de lomé exercant une activité économique


par Kossi Kafui MOKLI
Université de Lomé - Doctorat 2021
  

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Conclusion partielle

Les résultats obtenus à la suite de cette recherche ont permis de relever et de comprendre les déterminants qui interviennent dans la réussite de ces étudiants qui exercent une activité économique. Nous avons ainsi eu la possibilité de relever les facteurs les plus influents et ceux qui ne sont pas très pertinents dans le contexte de l'Université de Lomé.

À la lumière de ces résultats, il apparait de notre point de vue que l'exercice d'une activité économique, semble a priori ne pas laisser la possibilité aux étudiants de bien étudier. Or les études académiques requièrent un triple investissement social, financier et personnel (intellectuel et motivationnel). Pour faciliter la réussite universitaire, il est nécessaire que ces trois investissements soient réunis. À partir du moment où les institutions académiques ou les familles ont la capacité d'apporter les soutiens social et financier aux étudiants leur réussite ne pourrait requérir que le troisième investissement qui relève de facteurs personnels. Toutefois, l'étudiant est appelé à produire l'une ou l'autre forme de soutien en cas de défaillance dans l'optique de réussir. Concernant la présente recherche, la production de sources de revenu est la condition de réussite des étudiants dans un contexte de crise académique ou familiale. Dès lors, notre thèse place l'acquisition d'une source de revenu comme étant au coeur de la réussite académique à condition que l'apprenant s'engage à rentabiliser son temps et à miser sur ses aptitudes intellectuelles et sa motivation. Au-delà des courants qui placent l'origine familiale (Bourdieu et Passeron, 1964) au coeur de la réussite académique, nous énonçons pour notre part que c'est la capacité de l'étudiant lui-même à se prendre en charge qui détermine sa réussite dans un contexte de pénurie des ressources.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

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Les études universitaires constituent pour beaucoup d'étudiants un défi qui n'est pas aisé à relever, au regard des contraintes auxquelles ce niveau d'enseignement les soumet en ce qui concerne les conditions d'études et d'existence. L'université est à la fois un monde de liberté et un monde assez exigeant sur un certain nombre d'aspects, notamment celui de la discipline dans le travail. L'ouverture de l'université à tous et les nécessités d'une formation de qualité qui contraste avec un manque notoire de financement semblent être à l'origine de beaucoup de difficultés, surtout dans les universités d'Afrique noire francophone.

À l'Université de Lomé, l'entrée des étudiants a depuis toujours été soumise à la seule condition d'obtention du baccalauréat. Cette université a, au fil des années, été victime de son propre succès en ce sens que les étudiants étaient bien pris en charge par le passé. De plus, ils pouvaient rapidement trouver un emploi à la fin de leur formation, et donc avaient la possibilité de parvenir à un meilleur positionnement social. Les conditions attrayantes qu'offrait cette université ont favorisé l'arrivée massive d'étudiants issus de diverses couches socioéconomiques, encore plus, celle d'étudiants issus de familles pauvres. Les difficultés auxquelles ces derniers font face, notamment avec l'amenuisement du soutien financier de l'Etat et la quasi inexistence de celui de leurs familles contraignent beaucoup d'entre eux à opter pour des solutions pouvant leur permettre de se prendre en charge durant leurs études. C'est ainsi qu'on compte à l'université de Lomé de plus en plus d'étudiants qui exercent des activités économiques en même temps qu'ils poursuivent leurs études. Il s'agit d'une réalité qui est présente dans toute université, mais si dans d'autres contextes le désir d'indépendance est aussi fortement ressenti que la nécessité de se procurer des ressources financières souvent complémentaires, dans le contexte de l'UL la plupart des étudiants font ce choix par pure nécessité de se prendre en charge, leurs parents n'ayant pas les moyens de le faire.

Il a été démontré à travers plusieurs recherches que le cumul « activité économique et études » influence de façon générale, le bon déroulement des études, soit en termes de

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réussite, soit en termes d'échec et d'abandon. Il est également souvent ressorti que c'est à partir d'un seuil (au-delà de 15 heures, 16 heures, 20 heures voire 25 heures, selon les cas) que le travail étudiant influence négativement la réussite de ceux qui s'y adonnent. Des facteurs endogènes, relatifs entre autres à la motivation de l'étudiant ont également été évoqués. Notre intérêt s'est alors porté sur les éléments déterminant la réussite des étudiants qui exercent une activité économique alors qu'ils sont a priori destinés à ne pas réussir. C'est cette préoccupation qui a orienté les questions qui étaient à l'origine de cette recherche.

Pour pouvoir répondre aux questions que nous nous sommes posées par rapport à la réussite des étudiants qui exercent une activité économique, nous avons adopté une méthodologie qui nous a permis de collecter les données nécessaires. Cette collecte de données au-delà d'être documentaire a été faite auprès des étudiants et d'autres acteurs du monde universitaire. Tant l'aspect quantitatif que qualitatif ont été pris en compte. Nous pouvons relever néanmoins quelques manquements relatifs à notre démarche qui peuvent apporter des restrictions à la généralisation des résultats obtenus. En effet, compte tenu de la méconnaissance de l'ampleur du phénomène sur le terrain, nous n'avons pas pu constituer un échantillon représentatif de chaque catégorie d'étudiants selon qu'ils exercent ou non une activité économique (nous n'avons pas de données sur le taux d'étudiants ayant un travail rémunéré au cours de l'année). En ce qui concerne les données collectées, notamment auprès des étudiants, il faut dire que ces données sont issues de leurs déclarations. La possibilité d'erreur dans les informations qu'ils nous ont données n'est donc pas à écarter et peut constituer une faiblesse pour la présente recherche. Par ailleurs, nous n'avons pas pu fournir de données chiffrées de certains indicateurs, notamment le revenu des étudiants, du fait de la difficulté pour les étudiants eux-mêmes d'en donner une estimation réaliste.

À la suite des données que nous avons collectées, du traitement de ces données et de leur analyse, nous avons pu relever quelques éléments déterminants de la réussite des

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étudiants qui exercent une activité économique par rapport à ceux qui n'exercent pas d'activité économique. Il nous est d'abord apparu que les étudiants qui exercent une activité économique et qui réussissent ont des traits communs du point de vue des caractéristiques sociodémographiques et familiales. Ce sont au regard de nos résultats, des étudiants de sexe masculin et d'âge moins avancé. En ce qui concerne leur milieu social d'origine, ces étudiants sont de famille monogame, ont des parents qui vivent ensemble, une fratrie peu nombreuse ; ce sont des étudiants dont les parents sont instruits, mais qui n'ont pas des revenus élevés. Ces étudiants ont au moins un parent vivant, mais ne vivent pas avec leurs parents. Concernant les caractéristiques de l'activité, les étudiants qui ont un travail rémunéré et qui réussissent ont souvent l'avantage d'avoir l'habitude de cumuler un travail et les études avant d'arriver à l'université, de travailler pour le compte d'un particulier ou d'une institution, de faire moins de jours d'activité et par conséquent moins d'heures de travail (moins de 15 heures) et de ne subir aucun effet de cette activité sur le plan de la santé. En plus de ces éléments favorables à leur réussite, les étudiants qui exercent une activité économique tirent profit de la facilité de satisfaire les besoins liés aux études, notamment de la possibilité de s'alimenter normalement, de se déplacer pour se rendre au cours, de se procurer les supports de cours ; ce sont aussi des étudiants qui perçoivent un soutien financier de l'Etat (bourse ou allocation d'aide), bénéficient du soutien de leurs parents pour payer leur scolarité et n'ont pas recours à des prêts. La satisfaction de quelques exigences liées aux études est également avantageuse pour la réussite des étudiants qui exercent une activité économique. Il s'agit entre autres pour ces derniers de lire souvent les cours (même si ce n'est pas quotidiennement), de faire des recherches sur internet ainsi qu'en bibliothèque, d'avoir un à deux jours d'activité dans la semaine et d'être assidus aux cours.

Au regard des résultats auxquels la présente recherche nous a permis de parvenir, les étudiants qui exercent une activité économique et qui parviennent à réussir correspondent à un profil sur le plan sociodémographique, ils ont besoin d'avoir certaines facilités du point de vue des conditions de vie et d'études. En plus, ils doivent répondre à certaines

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exigences liées à leurs études et enfin l'activité exercée doit avoir certaines caractéristiques. La mise en place de programmes ciblant ces étudiants en vue de leur offrir des activités qui puissent leur permettre de concilier les études et ces activités, tout en obtenant les ressources nécessaires à la prise en charge des étudiants doit à cet effet être envisagée par l'université.

Au terme de cette recherche, nous pouvons dire que l'exercice d'une activité économique constitue seulement sous certaines conditions un handicap pour la réussite des étudiants qui font ce choix (le plus souvent pour faire face aux difficultés financières). Toutefois, certains de ces étudiants arrivent à réussir, et même parfois, mieux que leurs camarades qui ne cumulent pas études et activité rémunérée.

Aussi pouvons-nous affirmer que lorsque les étudiants exercent une activité économique parallèlement aux études, on pourrait penser qu'ils ne disposent plus de temps pour les études. Or la réalité des études académiques engage un triple investissement : social, financier et personnel (intellectuel et motivationnel). Le manque de l'un de ces trois éléments entrave la réussite académique. Ainsi, soit les institutions académiques (et l'Etat) ont la capacité d'apporter les soutiens social et financier aux étudiants pour que le troisième soit le seul qui requiert l'effort de l'apprenant ; soit c'est le cadre familial qui est capable d'assumer ce rôle à défaut de l'accompagnement de l'institution académique elle-même. Le défaut de l'une ou l'autre forme de soutien amène nécessairement l'étudiant à ne réussir ses études que s'il est capable de produire lui-même les ressources dont il a besoin. Nous estimons donc dans le cadre de cette recherche que la production de sources de revenu est la condition de réussite à l'UL dans un contexte de crise académique ou familiale. La thèse soutenue place l'acquisition d'une source de revenu comme étant au coeur de la réussite académique à condition que l'apprenant s'engage à rentabiliser son temps et à miser sur ses aptitudes intellectuelles et sa motivation. Contrairement à Bourdieu et Passeron (1964), qui placent l'origine familiale au coeur de la réussite académique, nous énonçons que c'est la capacité de l'étudiant lui-même à se

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prendre en charge qui est déterminante pour sa réussite dans un contexte de pénurie des ressources. L'école togolaise devrait désormais former à aller vers l'entrepreneuriat ou la professionnalisation personnelle comme vecteur non négligeable de la poursuite des ambitions académiques, notamment chez les étudiants issus de familles modestes.

Étant donné que l'exercice d'une activité économique parallèlement aux études prend une ampleur notable, il est quand même important que les étudiants qui se retrouvent dans des cas extrêmes de difficulté bénéficient d'une certaine assistance en vue de leur permettre d'avoir des conditions de vie et d'études satisfaisantes. Autant l'Etat, l'institution universitaire que les familles des étudiants doivent prendre des dispositions en vue d'améliorer les conditions des plus nécessiteux.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld