Chapitre 1.Les sources de victimisation de la femme dans le
corpus
En fonction de la société dans laquelle l'auteur
est originaire, la réalité ressort toujours en fonction du regard
du spécialiste, mais l'image de la femme a été
présentée par les auteurs francophones, ou plus
précisément ceux de la littérature africaine
écrite, sous forme d'un dénominateur commun. Le
dénominateur désigne de facto un ensemble de
constellations et de représentations liées au type de
société et qui offre aux auteurs une certaine
représentation de la femme. On peut donc se poser la question de savoir
comment la femme est-elle présentée dans la littérature
africaine. L'image de la femme telle que présentée par les
auteurs est- elle une description, une projection ou une construction ?
Partant du postulat selon lequel la littérature et la
société sont deux mondes intimement liés, des lieux
où les auteurs puisent généralement leur inspiration, leur
motivation, leur environnement empirique, l'on peut fondamentalement prendre
l'oeuvre littéraire comme une construction. L'oeuvre littéraire
étant un produit de la société, qui ressort une
réalité, on se demande si cette réalité est une
découverte ou une invention. Autrement dit, l'oeuvre littéraire
peut-elle refléter la réalité ou alors elle la construit ?
La représentation du quotidien de la femme dans la littérature
féminine camerounaise remonte au premier texte écrit par une
femme. Il s'agit de Ngonda de Marie Claire Matip. Ce texte retrace le
quotidien d'une jeune femme. Les événements qui ont marqué
son enfance sont consignés dans ce roman. Bouclée au foyer,
surexploitée au travail, éloignée de la décision
politique, niée dans sa sexualité, conditionnée par la
culture et la tradition dans l'Afrique traditionnelle, la femme apparaît
comme un être enfermé. C'est ce qui amène Pascal
BekoloBekolo à affirmer que « la littérature
féminine est un concert de cris de femmes suffoquées par leur
enfermement. Une littérature de claustration. » (Bekolo,
1997 : 99)
Différentes configurations de la situation de la femme
ressortent dans les romans de Djaïli Amadou Amal. Ce chapitre entend
ressortir les facteurs socioculturels qui permettent de maintenir la femme dans
sa situation de captivité. Ainsi, nous analyserons à partir des
ressources textuelles les croyances et les textes sacrés, puis les
cultures du peuple en présence, facteurs d'avilissement du personnage
féminin.
1.1.
Les croyances et les textes sacrés
Léopold Sédar Senghor (1945) magnifiait la femme
africaine dans son poème « Femme nue, femme noire».
L'image faite d'elle y est idéalisée. Toutefois, avec la nouvelle
génération d'écrivaines telles que CalixtheBeyala, Leonora
Miano, ou encore FatouDiome, la représentation de la femme laisse
paraître qu'elle oscille entre autonomie et asservissement. Elles
décrivent le rôle de la femme dans l'Afrique contemporaine. Elles
montrent la femme évoluant dans des contextes violents et des espaces
rongés par le chaos et des dérives qui relèvent de
l'imaginaire des peuples. La femme y est traditionnellement
représentée dans le rôle de victime. C'est dans cette veine
que se situe le style scriptural de Djaïli Amadou Amal dans
Walaandé. L'art de partager un mari et Munyal. Les larmes
de la patience.
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