IV.3.
Concernant l'influence destructrice des pratiques agricoles sur
l'environnement
Les pratiques agricoles sont considérées par un
certain nombre d'auteurs comme étant la principale cause de
déforestation dans les pays tropicaux. Plusieurs sources s'accordent sur
le fait que, l'effet du recul de la forêt dû aux pratiques
agricoles est plus élevé que l'effort de
régénération. Plusieurs auteurs (ZAPFACK et al 2015 ;
MBIDA, 1999) accordent une large place au système agraire, au
déboisement et à l'agriculture intensive, principales causes de
la déforestation. Selon Myers (1991), le taux annuel de
déforestation au Cameroun est estimé à 200 000ha. Et cette
situation est d'après AMELUNG et DIEHL (1992) engendrée à
95% par les pratiques agricoles. La forêt est détruite par les
défrichements, l'abattage des arbres et les brulis successifs de
parcelles de terre pour l'établissement des champs de vivriers et des
plantations pérennes. Ces effets destructeurs de l'agriculture sur la
forêt sont principalement liés au caractère
itinérant de celle-ci ainsi qu'à ses techniques rudimentaires. En
effet, la mise en culture récurrente des terres forestières, en
plus de réduire l'extension spatiale de la forêt dense, a un
double effet sur le peuplement de la végétation. Même si
ces auteurs reconnaissent que ces pratiques agricoles ont connues des mutations
au point de se présenter comme un système néo
traditionnel. Selon les termes de RÖSLER (1997), elles continuent de
présenter une sérieuse menace pour le couvert forestier.
Selon le rapport ORS PACA (2004), les pratiques agricoles
notamment celles utilisées en agriculture intensive ont un impact
négatif sur les sols. En effet, les pratiques agricoles exposent les
sols et par conséquent l'eau à une pollution chimique diffuse
comme l'acidification et la salinisation. Ces polluants présents dans le
sol peuvent être transférés vers les plantes
cultivées. À ce titre, l'alimentation constitue le vecteur majeur
d'exposition aux substances chimiques utilisées dans le cadre des
pratiques agricoles. L'agriculture intensive peut dans certains cas favoriser
la stérilisation des sols par l'élimination des microfaunes. Les
mêmes auteurs ont mentionné l'incidence négative des
pratiques agricoles sur les eaux. En effet, lorsque les sols sont
fragilisés par la surexposition et le déboisement, leur pouvoir
filtrant est diminué et le risque de pollution des eaux souterraines et
superficielles est donc plus important. Il convient de noter que la question
des pratiques agricoles et de la dégradation de la biodiversité
est abordée dans de nombreux travaux. Seulement ces ouvrages, articles
scientifiques, thèses et mémoires traitent très souvent de
façon globale cette question et ne l'abordent pas spécifiquement
comme c'est le cas avec la présente étude. La principale
spécificité de cette recherche est de faire une analyse de cause
à effet entre les techniques agricoles et la dégradation de la
biodiversité dans la localité de Mélong. Notre recherche
souhaite aussi rompre avec le mutisme observé sur la littérature
scientifique dans cette zone.
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