V.PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
Au Cameroun, le secteur agricole joue un rôle vital dans
l'économie du pays dont il en est le moteur. D'après le«
Cadre de Programmation Pays (CPP) » qui est un élément clef
de la réforme de la FAO en collaboration avec le MINADER, le secteur
agricole représente environ un quart du PIB soit 22,9% et
génère la moitié des revenus des exportations non
pétrolières.
Toujours, d'après ce document (CPP), il occupe 63% de
la population active et environ 70% de la population en dépend pour sa
survie. Environ 90% des ménages ruraux sont engagés dans une
activité économique agricole et un tiers d'entre eux tire un
revenu des cultures de rente. Il est par ailleurs la base de la
sécurité alimentaire du pays par les produits qu'il est
appelé à offrir pour l'autoconsommation des plus de 10 millions
de ruraux camerounais et pour l'alimentation des populations urbaines
estimées à plus de 10 millions. Son importance dans le maintien
de l'équilibre écologique et la protection de la nature est
maintenant largement reconnue.
Reconnaissant cette place de l'agriculture, la volonté
politique clairement affirmée par les plus hautes autorités, en
premier lieu le Chef de l'Etat qui dans son message de fin d'année 2012
affirmait « qu'afin de booster le développement de l'agriculture
camerounaise, il faut opérer une véritable révolution
agricole. Il s'agit de passer à une agriculture de seconde
génération. » Pour favoriser l'amélioration de la
productivité, les engrais et les pesticides sont fortement
subventionnés. La Stratégie de développement du secteur
rural (SDSR) estime que pour réaliser « La modernisation du monde
rural et l'accélération de la croissance », les défis
suivants doivent être relevés : (i) renforcement des
capacités de l'ensemble des acteurs (ii) réalisation de grands
aménagements agricoles, (iii) mise en place des infrastructures de
désenclavement des zones de production, (iv) facilitation de
l'accès aux services financiers (crédit, épargne,
intrants) par l'appui à la promotion des organisations des producteurs
de base, à savoir, les GIC, les Fédérations de GIC et les
Coopératives (v) promotion de la mécanisation agricole ; (vi)
gestion durable des ressources naturelles, (vii)'intensification des
systèmes de production ; (viii) promotion des filières
agro-alimentaires et de la transformation des produits pour obtenir plus de
valeur ajoutée, plus de productivité au niveau des exploitations
et plus de compétitivité au niveau des échanges
commerciaux nationaux, sous régionaux , régionaux et mondiaux ;
(ix) diversification des exportations agricoles qui restent concentrées
sur quelques produits de rente qui accusent d'ailleurs un recul relatif sur le
marché mondial (x) valorisation des opportunités qu'offre la
mondialisation dans le cadre des marchés régionaux et
internationaux. Cependant, dans l'objectif d'atteindre l'agriculture de second
génération, il n'est mentionné la prise en compte de
l'environnement. La modernisation de l'agriculture a certes permis de subvenir
aux besoins alimentaires de la population croissante. Toutefois, les pratiques
agricoles, souvent qualifiées d'intensives, engendrent des impacts
importants sur l'environnement et menacent à long terme la
durabilité de l'agriculture. Quand on sait que l'agriculture durable est
celle qui se réfère principalement à la capacité de
rester productif tout en maintenant la base des ressources.
En effet, l'agriculture durable est d'après Gips
(1984) ; une agriculture écologiquement saine,
économiquement viable, socialement juste et humaine. Economiquement
saine, c'est-à-dire qu'elle préserve la qualité des
ressources naturelles et qu'elle améliore la dynamique de l'ensemble de
l'agroécosystème de l'homme aux micro-organismes du sol, en
passant par les cultures des animaux.Le meilleur moyen d'assurer cette
dynamique reste une gestion du sol, et de la santé des cultures, des
animaux et des êtres humains, grâces à des
procédés biologiques (autorégulation). Quant aux
ressources locales, elles sont utilisées de manière à
minimiser les pertes d'éléments minéraux, de biomasse et
d'énergie et à éviter toute pollution, l'accent
étant placé sur l'utilisation de ressources renouvelable.
Economiquement viable, c'est-à-dire qu'elle permet aux agriculteurs de
produire suffisamment pour assurer leur autonomie et/ou un revenu, et de
fournir un profit suffisant pour garantir le travail et les frais
engagés. La viabilité économique se mesure non seulement
en termes de production agricole directe (rendement), mais également en
fonction des critères tels que la préservation des ressources et
la minimisation des risques. Socialement équitable, c'est-à-dire
la répartition des ressources et du pouvoir est telle que les besoins
essentiels de chaque membre de la société sont satisfaits, et que
leurs droits concernant l'usage des terres, l'accès à un capital
approprié, l'assistance technique, et les possibilités de
marché, sont assurés.Humaine, c'est-à-dire que toute forme
de vie (végétale, animale et humaine) est respectée, que
la dignité fondamentale de tout homme est reconnue, que les
différents rapports humains et institutionnels utilisent des valeurs
essentielles telles que la confiance, l'honnêteté, l'amour-propre,
la coopération et la compassion, et que l'intégrité
culturelle et spirituelle de la société est
préservée et entretenue. Adaptable, c`est-à-dire que les
communautés rurales sont capables de s'adapter aux changements
incessants des conditions dans lesquelles évolue l'agriculture
(croissance démographique, politiques, demande de marché, etc.).
Pour l'OCDE la durabilité en agriculture désigne le processus par
lequel des pratiques agricoles économiquement efficientes, respectueuses
de l'environnement etsocialement acceptables permettent de répondre
à la demande de produits (aliments, fibres et autres productions)
Dans cet engouement national autour de l'agriculture,
l'arrondissement de Melong n'est pas en reste. Les populations se sont
lancées sans réserve. Les différentes réformes dans
le domaine agricole ne sont pas sans conséquences pour l'environnement
de l'Homme, dans la mesure où elles peuvent entrainer une modification
de l'environnement. Nous pouvons citer par exemples la consommation toujours
plus accrue de l'espace à des fins agricoles, synonyme d'une
déforestation d'égale ampleur ; le temps de jachère de
plus en plus réduit. Comme conséquence, la
végétation naturelle n'a pas le temps de se reconstituer et les
qualités du sol ne peuvent pas être restaurées. Tous ces
antécédents réunis aboutissent au constat d'une dynamique
dans l'espace et dans la composition spécifique du couvert forestier de
la zone d'étude. Ceci est d'ailleurs observé lors de nos
observations de terrain à travers lesquelles on remarque non seulement
la présence des faciès de dégradation de la forêt
originelle, mais aussi de vastes étendues de jachères et /ou de
cultures. Pour accroitre les rendements, les paysans vont apporter des
modifications sur les techniques usuelles et en introduire de nouvelles. Ces
paysans à travers leurs pratiques agricoles, contribuent à la
modification de l'environnement de la localité.En effet, certaines
pratiques agricoles ne vont pas dans la logique de la durabilité des
ressources disponibles. Le défi politique est la quête d'une
cohabitation de l'agriculture et de la préservation de l'environnement.
Mais, le fait est que très souvent les objectifs des paysans comme
accroitre leur production ne prennent pas en compte la quête de cette
cohabitation. Ce faisant, beaucoup de chemin reste à faire pour une
intégration effective de l'agriculture et de l'environnement. Au terme
de cette analyse, il ressort un problème : celui du non prise en compte
de l'environnement dans les dynamiques agricoles que connait l'arrondissement
de Melong qui subit une dégradation sauvage de la part de ses
populations.
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