III.3.
Délimitation épistémologique
Dans le contexte actuel où le monde est
confronté à une crise économique, alimentaire et
environnementale sans précédente accentuée par la
croissance démographique et le chômage des jeunes, la diminution
des offres d'emplois, la sous scolarisation, l'absence d'intégration, la
pollution etc. le Cameroun s'est lancé dans une approche de
l'agriculture de deuxième génération. C'est-à-dire
une agriculture moderne plus intensive, productive et compétitive.
Toutes ces mutations au plan économique, spatial,
technique, politique et social imposent ainsi à chacun une
réflexion approfondie sur les problèmes liés à la
survie des populations qu'elles soient rurales ou urbaines. C'est à dire
trouver comment mener une activité pour survivre soi-même et sa
famille. L'agriculture est un modèle de survie des populations de
Melong. Ce travail dont le thème est « Impact des
dynamiques agricoles sur l'environnement dans l'arrondissement de
Melong »s'inscrit ainsi dans cette optique de valorisation
de cette activité mais en tenant compte de l'environnement. Ainsi cette
étude s'intéresse à faire un état des lieux de
cette activité génératrice de revenu dans l'arrondissement
de Melongtout en dégageant ses mutations et ses impacts sur le plan
environnemental, économique et social.
IV.REVUE DE LA LITTERATURE
Il existe une littérature abondante dans le cadre des
études concernant les pratiques agricoles. Ainsi, plusieurs auteurs se
sont penchés sur les conséquences des pratiques agricoles sur
l'environnement. Cependant, les ouvrages que nous avons consultés, nous
ont permis de regrouper notre revue de littérature selon trois
perspectives : Approche portant sur les rapports ville-campagne, celle
faisant allusion à l'influence désastreuse des pratiques
agricoles sur l'environnement et l'autre montrant les apports positifs de ces
pratiques.
IV.1.
Approche portant sur les rapports ville-campagne et l'importance de
l'agriculture
ELONG et PRISO, (2011) dans initiation à la
géographie rurale et urbainedécrivent les interrelations qui
existent entre les milieux urbains et ruraux ou entre la ville et sa proche
campagne. Elles permettent de comprendre le fonctionnement des campagnes et des
villes à travers les villes du Cameroun. La question de l'urbanisation a
été bien abordée par ces auteurs dans cet ouvrage, pour
eux c'est un fait lié à la croissance démographique et
économique. Les centres urbains sont dominés par les
activités de production et services, la ville étant un haut lieu
d'échange. Les besoins en approvisionnement en produits divers
augmentent en fonction du rythme soutenu de la croissance démographique.
Le deuxième (PRISO) aborde la question de la banlieue, celle-ci varie
entre 25km à plus de 80km du centre-ville, et avec les facilités
de transport, approvisionnent le centre en produit.
Cette étude contribue énormément à
notre travail, dans la mesure où elle nous permet de comprendre non
seulement les relations entre la ville et sa proche campagne mais aussi
pourquoi la dynamique agricole dans l'arrondissement de Melong. Et aussi notre
thème étant situé dans l'axe de l'entre deux
c'est-à-dire entre le milieu rural et celui urbain, cet ouvrage
constitue un guide à notre travail. Avec le taux d'urbanisation et
démographique croissant, la demande en produit agricole a
augmenté. Aussi les localités d'approvisionnement ici peuvent
être considérées comme banlieues et font parties de la zone
d'étude de notre thème de recherche.
KENGNE FODOUOP dans ses différents articles
publiés en 1991, 1998, 2000, 2002 et BOPDA Athanase (2000) etc. ont
développé des thèses sur le développement des
activités économiques en Afrique et ce sont par la
intéressés aux dynamiques économiques et leurs
corollaires. Tous dans leurs travaux ont essayé de faire une
classification et des caractéristiques générales de ces
activités qu'ils ont qualifié d'informelles. Ils décrivent
la marginalité dans la qu'elle elles sont pratiquées et les
conséquences sociales et environnementales qu'elles engendrent. Pour ces
auteurs, le développement des activités économiques est
lie à la croissance démographique des villes et à
l'attraction que celles-ci exercent sur les régions environnantes. En se
situant dans le contexte de la crise économique, qui a engendré
de nombreux problèmes, ces auteurs expliquent que les populations
camerounaises en particulier pour lutter contre la pauvreté et le
chômage, ont développé des activités qui pour la
plus part sont informelles (bayamsellam).
Pour Lewis (1955), l'agriculture est source de formation du
capital. Elle libère la main d'oeuvre faiblement productive pour
alimenter les autres secteurs notamment l'industrie en constituant ainsi un
marché pour les produits industriels fournisseurs des devises permettant
de financer les importations.
Selon BELLA (2009), le secteur agricole, de par son potentiel
de profits, attire des Investissements Directs Etrangers (IDE), créant
de ce fait des emplois et ouvrant de nouveaux créneaux d'investissements
au profit des entrepreneurs locaux pour une augmentation de la production
locale. Dans ce même ordre d'idée, la Banque Mondiale (2008)
estime que l'agriculture contribue au développement de plusieurs
manières. D'abord, en tant qu'activité économique, «
l'agriculture peut alimenter la croissance de l'économie nationale,
offrir des opportunités d'investissement au secteur privé et
être le principal moteur des industries apparentées et de
l'économie rurale non agricole ». Ensuite, les industries et les
services associés à l'agriculture dans les chaînes de
valeur contribuent souvent pour plus de 30 % au PIB dans les pays en mutation
et les pays urbanisés. Enfin, elle pense que l'agriculture constitue un
instrument de développement unique en tant qu'activité
économique, moyen de subsistance et fournisseur de services
environnementaux.
Pour la B.M. (2008), la manière dont l'agriculture
favorise le développement diffère d'un pays à un autre
selon la façon dont chaque pays l'utilise pour alimenter la croissance
et réduire la pauvreté. Dans les pays à vocation agricole
à l'instar des pays d'Afrique sub-saharienne, l'agriculture est le
principal moteur de la croissance. Dans les pays en mutation tels que la Chine,
l'Inde, l'Indonésie, le Maroc et la Roumanie, elle n'est plus un facteur
primordial de la croissance économique ; elle contribue en moyenne pour
seulement 7 % à l'augmentation du PIB. Dans les pays urbanisés,
la contribution directe de l'agriculture à la croissance
économique est encore plus réduite (5 % de l'augmentation du PIB,
en moyenne).
KUZNETS (1964) pour sa part, distingue quatre voies par
lesquelles l'agriculture concourt au développement économique.
D'abord, à travers ses produits, l'agriculture est source de nourriture.
Elle permet d'alimenter la main d'oeuvre des autres secteurs. Elle procure
à l'industrie les matières premières. Un secteur agricole
productif fournira des produits bon marché. D'où une
amélioration du niveau de rémunération réelle et
donc une possibilité d'accumulation pour les autres secteurs. De plus,
l'augmentation de la production agricole a un effet sur la croissance du PIB.
Ensuite, le secteur agricole peut constituer une demande de biens industriels
et des services. Une amélioration de la productivité dans ce
secteur devrait permettre l'amélioration des revenus du monde paysan et
par conséquent l'accroissement de leur consommation. Le secteur agricole
peut ainsi faciliter l'émergence de nouveaux débouchés
pour les industries. En outre, l'agriculture est source de devises pour
l'ensemble de l'économie à travers l'exportation de ses produits.
Ces devises peuvent permettre d'importer des machines et matières
premières dont a besoin l'industrie pour se développer. Enfin,
l'agriculture dégage le plus souvent un surplus de main d'oeuvre qui est
considérée comme un important facteur de production aux autres
secteurs, notamment l'industrie.
BAKO (2011) s'est intéressé aux problèmes
de financement de l'agriculture burkinabé en mettant en exergue les
potentialités et les défis de cette agriculture afin
d'appréhender les besoins de financement du secteur et d'analyser les
problèmes de son financement. Une analyse économétrique
réalisée à partir d'un modèle à correction
d'erreur a révélé qu'il existe une relation de long terme
entre la production agricole et les financements publics et que ces
financements ont un impact positif à court et à long terme sur la
croissance agricole. Les simulations réalisées montrent
qu'à partir d'un taux de croissance des financements publics agricoles
de 9% sur la période 2009-2015, le pays pourrait atteindre les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) en matière de
réduction de la faim.
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