I.1.2. Le brulis en voie de
disparition
Les paysans de Mélong pratiquent l'agriculture sur
brulis. L'allumage des feux de brousse et de forêt fait partie des
techniques employées surtout en saison sèche. En effet, trois
à quatre semaines après l'abattage des arbres, le paysan met le
feu aux rameaux et troncs d'arbres lorsqu'ils sont secs.
Généralement lorsque le défrichement et l'abattage des
arbres se sont bien déroulés, le champ brule bien de façon
à ce qu'il ne reste que des morceaux de troncs d'arbres, auquel cas, on
organise des journées de nettoyage systématique du champ qui
consiste à dégager la terre de toute la saleté (reste de
branchage) Ces feux de défrichement et feux culturaux sont
utilisés pour défricher des morceaux de forêt, de galeries
forestières et de jachères et installer ses cultures ou les
étendre. En outre, par le système de l'écobuage des terres
agricoles et l'incinération des résidus de récoltes, le
paysan fertilise son champ à l'aide de la cendre obtenue. Les feux
cynégétiques permettent d'avoir une meilleure visibilité
et une pénétration facile en brousse, mais sont aussi
responsables de plusieurs sinistres. Après cette phase, le paysan
nettoie le sol et le débarrasse des troncs d'arbres qui ont
résistés au feu en les déposant en bordure du champ.
Ainsi, la terre est nue, prête à recevoir les semis. Toutefois,
lorsque le champ est laissé au repos parce qu'il ne produit plus, il ne
sera plus défriché, mais tout simplement brulé par le feu.
Cette période de mise en repos est appelée jachère et sa
durée est de plus en plus réduite de nos jours.
Photo 2 : Feu de défrichement à
Mankwa
Source : Enquête de terrain décembre
2020
D'après cette photo 2 sur le brulis, nous constatons
qu'elle laisse apparaitre des résidus de brulis et d'autre part, un sol
complètement dénudé. Ici le feu a été mis
sur une jachère sans avoir préalablementcoupé les herbes.
Ce choix est fait généralement quand il n'y a pas de culture dans
le champ qui peut êtredétruit par le feu. Aussi faute aux moyens
et l'urgence des travaux, le paysan en procède ainsi.
I.1.3 La pulvérisation
En saison pluvieuse, le brulis et les feux de brousse devenant
moins évidents, certains paysans utilisent des herbicides comme
procédé dedésherbage. Ce procédé consiste
à pulvériser des herbicides sur les herbes grâce à
un pulvérisateur. Ce qui facilite la tâche au paysan qui
économise ainsi la force physique du désherbage manuel.
A
B
Photo 3 : Parcelle de terre illustrant
l'utilisation de l'herbicide
Source : Enquête de terrain aout
2020
Après observation de cette photo 3, on aperçoit
une végétation dont la teinte jaune met en évidence
l'utilisation des herbicides représentée par la lettre A. A
l'opposé se trouve une végétation verte
représentée par la lettre B, encore non affectée par ces
produits chimiques. Il est important de noter que l'utilisation des herbicides
a un but. En effet, selon les paysans, elle permet d'éliminer les
mauvaises herbes surtout en saison pluvieuse où le défrichement
n'est pas évident. Il est à noter également que les
paysans utilisent toutes sortes de pesticides à savoir les fongicides
(Manèbe, Manocozèle, Ridonil plus, Zinèbe, Bedomyl,
Merpan, Peltar), les insecticides et les nématicides (Methyl, Parathion,
Dursban, Furadan, Actellic, Dimethode...). Ces produits (qui s'incorporent
à la sève des plantes) sont aux choix des paysans. Ils peuvent
utiliser les produits de substitution quand ils ne trouvent pas l'un de ces
produits sur le marché local. Ces pesticides utilisés sont
généralement en poudre. Les herbicides viennent en quelque sorte
simplifier le travail des agriculteurs qui n'utilise plus sa force manuelle.
Et même cette simplification des opérations de
travail du sol continue, notamment avec lasuppression du labour. Cette
technique de culture sans labour est de plus en plus utilisée par les
paysans qui après avoir pulvérisé les herbicides sur une
parcelle, sèment directement. La Technique Culturale
sansLabourconsisteà ne pas retourner le sol à l'aide d'une houe
comme c'était le cas au par-avant. Cette technique s'oppose donc au
labour conventionnel (labour entre 20 et 30 cm avec retournement). Ici, le
labour est réduit ; c'est-à-dire que le travail du sol est
superficiel avec semis direct sous couvert végétal. Ces
techniques (pulvérisation et non labour) ont été mises en
place afin d'apporter des réponses aux exigences économiques
(diminution des charges de mécanisation) et environnementales (lutte
contre l'érosion, stockage du carbone, biodiversité) de
l'agriculture actuelle.
Figure 8 : Proportion de
représentativité des techniques de désherbage
utilisées par les agriculteurs.
Source : Enquête de terrain décembre
2020
D'après cette figure 8, le
défrichement à la machette reste la technique la plus
utilisée par les paysans, soit un taux de représentativité
de 54%. La part négligeable du brulis (2%), peut s'expliquer par le
risque en couru à bruler les champs y compris celui du voisin. Les 44%
représentant l'utilisation du labour. Nous pouvons aussi constater que
pour préparer leurs plantations, plus de la moitié des personnes
interrogées associent plusieurs techniques à la fois. Ainsi,
avant la mise en culture d'un champ, ce dernier suit d'abord les étapes
de défrichement qui consiste à couper les arbustes et les herbes
dans la parcelle à cultiver. A la suite de l'élimination des
herbes, arbrisseaux et arbustes, les gros arbres sont coupés pour
aérer et libérer l'espace devant accueillir les cultures. Enfin
est mis dans la parcelle le feu, ceci dans le but non seulement de bruler les
arbres et herbes antérieurement coupés, mais aussi les plus gros
arbres dont la coupe demeure difficile.
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