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Déforestation et dégradation de l'environnement au Cameroun 1960-2010.


par Marcel Koviel Songo
Université de Youndé I - Master en histoire 2012
  

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D-LES RESULTATS DES REFORMES FORESTIERES DE 1994, ENVIRONNEMENTALES DE 1996 ET LEURS TEXTES D'AMENAGEMENT

0 Ibid.

0 Ibid.

0 Ibid.

0 Arrêté n° C 69/ MINEP du 08 mars 2005 fixant les différentes catégories d'opérations dont la réalisation est

soumise à une étude d'impact d'impact environnemental.

0 Ibid.

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L'aménagement des forêts, la réduction des titres d'exploitation à deux, l'attribution des concessions par appel d'offres après étude d'une commission sont autant d'innovations qui ont rendues l'activité forestière rentable et bénéfique pour l'économie du pays et certaines collectivités locales. L'interdiction d'exploiter certaines essences d'arbres allait développer la transformation locale en créant plusieurs emplois dans l'avenir dans le secteur des forêts.

En effet, les résultats de la loi de 1994 ne se sont pas fait attendre. En dehors de l'augmentation de la contribution du secteur forestier au PIB, la lutte contre la pauvreté à travers la rétrocession d'une partie des recettes fiscales aux collectivités, la création d'emplois et la mise en place des forêts communautaires et communales.

Après les réformes forestières de 1994, on a remarqué une profonde augmentation de la contribution des revenus au PIB. Ainsi, cette contribution est passée de 1, 53 milliards en 1992 à 258 milliards en 20040. Dans son objectif de lutter contre la pauvreté, le gouvernement camerounais a réservé 40% de recettes fiscales au communes et 10% aux populations riveraines0. Pour ce qui est des emplois régénérés par le secteur forestier, on a aussi constaté une augmentation des chiffres. Les chiffres que le rapport 2006 du MINEFI estime à 13270 emplois0. L'autre aspect positif des résultats de ces réformes est la création des forêts communautaires et communales. En 2009, le nombre des forêts communautaires est estimé à 35 alors que les forêts communales sont estimées à 180. D'autres aspects positifs de ces résultats sont à noter. Il s'agit de l'élaboration d'un plan de zonage, le seul dans la sous région, le passage progressif à la certification forestière, l'adoption d'un mécanisme d'adjudication des titres et l'introduction des trois niveaux d'observateurs indépendants pour la gestion transparente du secteur0.

Beaucoup d'observateurs saluent la politique d'appel d'offres. Pour eux, cette politique emmène la compétitivité dans les offres des soumissionnaires, en plus à travers les critères de sélection, la commission élimine des sociétés irresponsables. L'un de ces observateurs est Giuseppe Topa0, il affirmait à Jeune Afrique Intelligence en juin 2000 que : `' Avec le système d'appel d'offres, le Cameroun a mis en place un système d'attribution des concessions, de contrôle de l'exploitation et de protection de la nature qui pourra devenir à

0 Verbelen, `'Exploitation abusive des forêts», 1999, p. 25.

0 Bigombé Logo, `'Foresterie communautaire et réduction».

0 `'Audi économique et financier», MINEFI, 2006, p. 50.

0 Bigombé Logo, `'Foresterie communautaire et réduction», 2008.

0 `'Ministère des forêts et de la faune», http. //Cameroun50, 2010.

0Giuseppe Topa, expert forestier principal de la Banque mondial pour la région Afrique.

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long terme l'un des plus performants dans le monde''0. D'une manière générale, les travaux des commissions ont permis de donner un signal fort dans la lutte contre l'exploitation illégale par l'élimination des soumissionnaires fortement impliqués dans l'exploitation frauduleuse. C'est ce qui est arrivé à la SIM en 2000. Elle s'est vue exclue des appels d'offres de concessions de l'année 2000 pour faute lourde0. Le relèvement des critères a permis d'écarter bon nombre d'aventuriers et à rendre le secteur plus difficile d'accès, l'attribution des titres à des opérateurs qui ont investis durablement0.

Mais, beaucoup reste encore à faire, car certaines de ces dispositions n'ont pas été appliquées ou sont mal adaptées au contexte camerounais. Par exemple celles qui prévoyaient la transformation à 70% de l'essence localement et l'interdiction d'exportation des grumes cinq ans après l'application de la dite loi. On peut dire que la loi de 1994 n'a pas encore atteint les objectifs escomptés. Car nous avons constaté qu'elle a plusieurs failles. Ses manquements sont son manque de respect et son application subjective par les autorités compétentes. Cette loi semble complexe et floue dans certaines de ses dispositions. On note une diversité des sources favorables à des interprétations fluctuantes. Par exemple la liste des pièces demandées pour la confection du dossier d'appel d'offre. Ces pièces varient selon que l'on se réfère aux pièces demandées par l'article 65 du décret 095-531, aux pièces demandées par l'administration des forêts pour ces offres d'appel, aux pièces à fournir par les soumissionnaires prévues par l'article 23 du code des marchés0. Cette diversité des sources permet d'écarter ou de conserver en lice tel ou tel dossier. Le nombre de pièces demandées par l'administration des forêts est le plus complet, mais sans doute également superflu. Est-il nécessaire de demander le bilan de cinq années comparées, le plan d'investissement et les réalisations sociales pour que soit déclaré recevable le soumissionnaire ? Tout se passe comme si l'objectif de l'administration était d'écarter le plus possible de soumissionnaires sur des critères non financiers, dans les conditions parfois douteuse vu les conflits d'intérêt qui concerne certains membres de la commission0. Prenons le cas de Bonaventure Takam. L'attribution en 2001 d'une concession de presque 100 000 hectares à sa SCTB était paradoxale. Car l'offre de Takam était la plus basse de l'adjudication, plus basse même que les offres perdantes0. A ces lacunes s'ajoutent encore l'attribution à des non professionnels, la

0 Ibid. p. 58.

0 Ibid. p. 27.

0`'Audit économique et financier '', MINEF, 2006, p.50

0 Ibid. p. 50.

0 Ibid. p. 52.

0 Labrousse, Verschaves, Les pillards de la forêt, 2002, p. 72.

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pratique de la fermage, la concurrence entre les filiales soeurs d'une même entreprise. S'agissant de ce genre de cas de concurrence truquée, dans les adjudications de 2000, deux filiales de Rougier, à savoir la CAMBOIS et la SFID étaient concurrentes pour une concession remportée par la première. Ainsi, quelle sorcellerie deux filiales du même groupe en concurrence ne sauraient au courant ni du nom ni de l'existence de leur compétiteurs éventuels ? Pourtant en se référant à la jurisprudence française qui est la plus exigeante en la matière, on peut constater que sont interdites :

Toute pratique tendant à permettre ou faciliter la coordination des offres des entreprises soumissionnaires, ainsi que les échanges d'informations entre elles antérieurement à la date ou le résultat de l'appel d'offres est connu ou peut être que ces échanges portent sur l'existence des compétiteurs, leurs noms, leur importance, leur disponibilité en personnel et en matériel, leur intérêt ou leur absence d'intérêt pour le marché considéré ou le prix auquel ils se proposent de soumissionner0.

Pourtant dans la liste des soumissionnaires de juin 2000, un bon nombre de soumissionnaires qui se battaient pour une même concession étaient des sociétés associées. Conséquence, le rapport de l'observateur indépendant révèle paradoxalement que les soumissionnaires qui étaient seuls en compétition pour une UFA ont soumissionné quasiment au prix plancher. Ce qui peut laisser croire qu'ils ont eu connaissance qu'ils étaient seuls en compétition0.

Le non respect de certaines dispositions forestières par les autorités compétentes est une véritable entorse dans l'atteinte des objectifs fixés. En octobre 2000, Guisepe Topa disait que : `'Dans le cadre de sa stratégie de planification, le MINEF a accompli un travail de mise en ordre et de transparence dans la gestion des titres qui vient enfin limiter les opportunités autrefois rependues de masquer des exploitations illicites. Le MINEF a confirmé récemment que toutes les autorisations de récupération sont expirées. Toute activité menée sur un tel titre est donc désormais illégale''0. Pourtant, entre le 30 juillet 1999 date officielle de leur suppression en octobre 2000, quand la Banque mondiale félicite le MINEF, pas moins de 49 récupérations ont été octroyées0.

En dehors de ce manque de respect s'ajoutent une vérification non pertinente de certains critères tels que la possession des engins, les garanties de financement, les investissements programmés. A titre illustratif, cet extrait du rapport de l'OI en témoigne que

0 Ibid. p. 58. 0 Ibid. p. 94. 0 Ibid.

0 Ibid.

la commission a encore manqué de rigueur en acceptant un dossier qui n'a pas justifié dix jours après la caution bancaire qu'on lui exigeait. Ce qui a été pris comme une injustice par certains membres de la commission, car les cas ne sont pas jugés de la même façon0.

Les versements des redevances forestières par les sociétés forestières aux communes et aux populations riveraines qui étaient considérées comme une solution viable pour la lutte contre la pauvreté montrent plutôt un autre visage aujourd'hui. Leur multiplication ne traduit pas toujours une meilleure implication des populations locales, ou des retombées effectives sur le développement local0. De nombreuses études ont montré qu'il s'agit dans beaucoup des cas d'une instrumentalisation du dispositif légal et l'ignorance des masses paysannes, par des gens mieux organisés et nantis (élites intérieures et extérieures). Ainsi les réalisations sociales provenant des revenus de l'exploitation des ces forêts sont souvent imperceptibles. Les photos ci-dessous illustrent suffisamment quelques abus notoires et autres investissements dont la pertinence peut être questionnée.

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0 Ibid. p. 53.

0 `'Audi économique et financier», MINEFI, 2006, pp. 92-93.

Les photos n°17 - 24 : les réalisations issues des redevances forestières des communes de la région de l'Est.

Figure 49 : Ce hangar a coûté plusieurs millions !

Figure 50 : Idem

Figure 50: Ce comptoir commercial a été facturé 10 millions par une commune rurale

Figure 53 : Foyer communautaire construit avec les fonds RFA (les 10%) : Quelle importance pour les populations

Figure 52: Comme ces deux là (10 millions chacun)

Figure 54 : Exemple de surfacturation , édifice à 8 millions de FCFA ?

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Figure 55 : Ce puit a été facturé à 5 millions de FCFA

Figure 56 : Matériel coûteux ayant très peut servi et

abandonné faute de maintenance

Source : `'Audit économique et Financier», MINEFI, 2006, p. 95.

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Au terme de l'analyse de l'évolution de la législation forestière et environnementale au Cameroun, ce qui saute à l'oeil c'est que, ce changement s'est fait de manière crescendo, parfois affecté par les facteurs internes du pays et souvent suite aux réalités internationales. Les différentes métamorphoses subis par la législation forestière aboutissent aux grandes réformes forestières et environnementales des années 90. Ce sont ces réformes qui viennent parfaire et adapter le régime forestier et environnemental camerounais aux normes internationales. Pourtant les résultats de ce changement ont été parfois entachés d'insuffisances. Alors que pour l'application de ces différents régimes et la réalisation des projets dans le secteur des forêts et environnemental, il fallait des institutions et des structures d'accompagnement, qui comme ces lois ont connu aussi une franche évolution.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld