WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Déforestation et dégradation de l'environnement au Cameroun 1960-2010.


par Marcel Koviel Songo
Université de Youndé I - Master en histoire 2012
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2 - La dépendance des populations coloniales et postcoloniales des biens forestiers

L'arrivée des Européens à partir du XIXe siècle eut un impact sur la vie des populations camerounaises. Car ceux-ci apportaient avec eux des nouvelles habitudes de vie. Ainsi, ils introduisirent des nouveaux produits (cultures, médicaments et matériaux de construction). Ce qui fait affirmer Kelodjoué que l'agriculture est un lègue colonial.

L'introduction par les colons des cultures modernes telles que les produits alimentaires (manioc, banane-plantain, macabo, arachide, haricot, patates, igname, palmier à huile, canne à sucre et tous les fruits qu'on connait ; etc.), la médecine moderne pratiquée dans les hôpitaux et les médicaments occidentaux, les matériaux de construction (tôle, pointe, briquette, ciment, acier...), les vêtements éloignait déjà peu à peu des populations locales de certains produits forestiers sans pour autant les séparer totalement de ceux-ci.

Sur le plan alimentaire, certaines des habitudes d'aujourd'hui sont restées attachées au passé. Parmi ces produits alimentaires forestiers consommés dans le passé, certains seraient disparus, mais d'autres sont encore très prisés et on les rencontre dans nos marchés. Il s'agit entre autres des espèces utilisées comme vivrier, des fruitiers, des cultures de rente, les

0 Entretien avec Louis Zondjel, environ 65 ans, cultivateur, Medoum, 10 octobre 2010.

0 Entretien avec Jean Elidong, environ 70 ans, Braconnier, Song ancien, 15 novembre 2010.

30

chenilles, les escargots et la viande de brousse ; etc.0 Comme vivrier, on distingue trois espèces de riz sauvage (oryza sp.), trois ou quatre espèces de haricot sauvage (niébé).

Les racines et les tubercules sont aussi présents. Dans leur registre, on rencontre les ignames sauvages. On dénombre huit ou neuf espèces. Ces tubercules et racines sont toujours consommés. De nos jours ils sont un peu rares, pas connus de toute la jeune génération. Pourtant, dans certaines régions du Cameroun, certaines populations continueraient à les consommer. C'est le cas des Pygmées dans la Boumba et Ngoko, des Baka dans le Haut-Nyong, les Bagyeli dans l'Ocean0.

Pour ce qui est des fruits sauvages, environ deux cent cinq espèces d'après Fon Dou et Foteu sont recensées. Elles sont consommées sur plusieurs formes :

Pulpes comestibles (18 espèces) ;

Amandes comestibles (5 espèces) ;

Fruits et amandes non utilisés en cuisine (3 espèces) ;

Fruits et amandes subissant des transformations (3 à 5 espèces) ;

Amandes transformés en bouillie (5espèces) ;

Huile alimentaire ou industrielle (5 à 7 espèces)0.

Beaucoup d'entre eux qui, hier faisaient partie de l'alimentation des populations,

continuent toujours à alimenter les paniers de certaines ménagères. On peut citer les noix de moabi, la mangue sauvage, le corossol sauvage ; etc. On trouve tous ces fruits dans les marchés actuellement0.

Les chenilles et les escargots sont toujours les denrées très prisées par certaines populations camerounaises. Comme les fruits, on les rencontre aussi dans les marchés. Que ce soit les fruits ou les escargots et les chenilles, on les consomme aujourd'hui, au rythme des saisons, car ce sont des produits saisonniers. Par ailleurs, certains de ces produits sont classés dans la liste des produits forestiers non ligneux (PFNL) que beaucoup d'Organisations Non Gouvernementales (ONG) tentent de valoriser0. Ce nom est attribué aux produits forestiers qui sont en dehors du bois et dont l'exploitation par les populations riveraines peut leur apporter une amélioration au niveau de leurs conditions de vie0. Certains de ces produits

0 S. C. Tagne Kemmegne, `'Gestion durable des ressources naturelles en Afrique centrale : cas des produits

forestiers non ligneux au Cameroun et au Gabon», mémoire de master en droit international et comparé de

l'environnement, Université de Limoges, 2008, p. 50.

0 Deravin, `'Projet coeur de forêt», 2010, p. 8.

0 Fomete Nembot, Tchanou, La gestion des écosystèmes forestiers, 1998, pp. 58-59.

0 Tagne Kemmegne, `'Gestion durable des ressources », 2008, p. 50.

0 Tagne Kommegne, `'Gestion durable des ressources», 2008, p. 43.

0 Ibid.

31

d'origine végétale sont le gnetum africana, la mangue sauvage, le ndjansang, les noix de moabis, les produits médicinaux etc.

Pour les feuilles, on connait les légumes comme le Ndolé (Vermonia sp) et l'Okok (Gnetum africana) qui sont les plus en vues et consommées. Ces deux légumes étaient déjà consommés à l'époque. De nos jours, le Ndolé est un plat prestigieux. Il est consommé dans tous les grands banquets. Sur son cas, Endele Béatrice disait : `' Le Ndolé reste le plat que mes clients commandent le plus quand ils arrivent ici». Quant à la salade sauvage, elle est connue sous le nom de l'Okok en Beti. Son nom scientifique est le Gnetum africana. Cette feuille très prisée est utilisée pour plusieurs fins0. Jusque là, elle servait à l'alimentation pour des populations des zones forestières. Mais aujourd'hui, elle est entrée dans l'alimentation des populations urbaines. Ainsi, chaque région avait un met spécial à base de cette feuille. A l'Est c'est le plat de Koko qu'on vous sert avec du bon couscous, dans le Centre et le Sud, on vous la sert sous la forme du Kok avec du manioc, alors que dans le Nord-Ouest et le Sud-ouest, elle est mangée sous le nom de Ero avec du Water foufou. En dehors de cet usage du Gnetum aficana s'ajoute encore d'autres.

Cette même plante sauvage servirait à la fabrication de l'alcool et de certains produits médicinaux0. C'est pourquoi elle est commercialisée aujourd'hui tant à l'intérieur du pays qu'à l'extérieur. Les chargements du Gnetum africana qui partent des brousses du Sud-ouest, du Littoral et du centre alimentent les grands marchés du pays0.

La mangue sauvage au même pied d'égalité que les autres fruits forestiers connait aussi plusieurs usages. Son fruit est d'abord sucé pour son jus et les amandes qui en sortent servent à la fabrication d'une patte grise qui alimente les sauces. Cette patte est appelée ndo'o en Beti et Ndiek en Konabembé. Elle est comparable à la patte d'arachide ou de pistache, mais très appréciée par les vieux pour son taux de lipides développé et à cause de sa facile digestion0. Pourtant elle est commercialisée aussi à l'extérieur du pays. Pendant la saison, les commerçants nigériens se déversent au Cameroun pour s'en approvisionner. La cuvette de mangue sauvage coute 25 000 FCFA dans les marchés de Yokadouma0.

0O. Ndoye, M. Ruise-Perez. et al `'Les effets de la crise économique et de la dévaluation sur l'utilisation des plantes médicinales au Cameroun. Implications pour la gestion durable des forêts», Séminaire FORAFRI de Libreville, 1998, p. 9.

0 Ibid.

0 Tagne Kommegne, `'Gestion durable des ressources», 2008, p. 44.

0 Entretien avec Irène Medjara, environs 35 ans, vendeuse au marché de Yokadouma, Yokadouma, 10 août

2010.

0 Ibid.

Le ndjansang est aussi cette espèce de graines qu'on a toujours prélevées dans la forêt. Sa patte sert à concocter certaines sauces. Par exemple les femmes au Cameroun adoraient le préparer avec du poisson. Et le sac de Ndjansang coûterait extrêmement cher dans les marchés au Cameroun0.

Quant aux noix de moabi, ils n'ont pas perdu leur valeur datant. Comme dans le passé, ses fruits sont sucés comme la mangue sauvage, ses amandes servent à extraire une bonne huile végétale. Cette huile est très appréciée par les populations forestières et est vendue dans les marchés camerounais0. Cette huile végétale est très importante dans l'alimentation de certaines populations des zones forestières. Petit à petit, elle commence à être commercialisée dans les marchés intérieurs du pays. Les images suivantes montrent la place que cette huile a toujours occupée dans la vie des populations.

32

0 Entretien avec Annie Etsal, environs 35 ans, cultivatrice, Madjoué, 02 août 2010,. 0 Deravin, `'projet coeur de forêt », 2010, p. 7.

33

Photo n°1 et 2 : Une famille Baka concassant les noix de moabi et une femme bantou en train de charger son huile dans un bidon à l'Est Cameroun.

Source : G. Deravin, `'Projet coeur de forêt» 2010.

Quant à la viande de brousse, principale source de protéines dans le passé, est l'un des produits forestiers les plus consommés actuellement par presque toutes les couches sociales au Cameroun, et presque dans tous les villes et les villages du pays. De Douala à Yokadouma, de Loupessa à Akom II, cette viande est la plus prisée0. Malheureusement, tellement elle est consommée qu'un cri d'alarme est lancé dans tout le pays pour que tous les animaux de la forêt ne soient pas décimés0. On peut néanmoins constater que l'alimentation est toujours liée aux produits forestiers.

Sur le plan médical, une bonne partie de la population comme celle d'avant se sert encore aujourd'hui des produits forestiers pour se soigner. Malgré le développement de la médecine moderne, la santé de plusieurs Camerounais est tributaire de la pharmacopée forestière. Ce qui explique cet attachement aux produits forestiers est parfois la pauvreté ambiante dans la majorité des foyers camerounais, l'isolement sanitaire et l'attachement aux traditions. Ce qui n'était pas le cas dans le passé ou c'était plutôt un problème d'habitude des populations camerounaises à accorder leur choix aux produits locaux qui leur inspiraient la confiance par apport aux produits importés. Ainsi beaucoup d'études attestent que les plantes médicinales sont très utilisées dans la médecine traditionnelle et même moderne. Ainsi, selon l'article de `'coeur de Forêt», 80% de la population camerounaise se traitent à la médecine traditionnelle0. Ce qui est la preuve de l'importance des PFNL. Sur ce point, Tagne

0 Ibid. p. 47.

0 Bulletin WWF Jengi...n°11 2008, p. 7. 0 Ibid.

34

Kommegne affirme dans son étude menée en 2008 que `', vingt cinq des marchés des zones forestières humides du Cameroun vendent les PFNL d'origine végétale, pour un chiffre d'affaire de vente semestriel estimé à 1,9 million de dollars US».0 Le même auteur qui cite Flore NNanga estime que sur les trente marchés choisis comme échantillon dont vingt huit dans la ville de Douala et deux dans la ville d'Edéa, il ressort que chaque marché a eu en moyenne 51,61 espèces présents sur son site et au moins 79 espèces sont vendues de plus. Les prix de PFNL vendus sur les marchés étudiés donnent à peu près ceci.

Tableau n°3: quelques prix d'espèces de PFNL trouvés dans les marchés de Douala

Espèces

Partie utilisée

Unité

Prix (FCFA)

Afromomum excapum

fruits

25g paquets (6 fruits)

100

Afrardesia.sp

fruits

pièce

2 à 25

Cola acuminata

fruits

pièce

10-100

Elacis guincensis

Fruit/pulpe

Tas/500g

100/100

Garcinia cola

fruit

Pièce 30g

10-50

Gnetum africana

Feuilles hachées/ou

non hachés

paquet

100/250

Ricino dendrou

heude lotii

amandes

Tas/verre de 20cl

50/3000

Source : Tagne Kommegne `' Gestion durable des ressources», 2008, p. 47.

En cette période de modernité, l'habitat est passé de traditionnel à celui de moderne. Mais sans pour autant se passer totalement des matériaux forestiers. Pendant la période coloniale la majorité des maisons étaient construites à 80% des matières forestières. Des poteaux aux nattes de raphia en passant par les lianes, étaient des matériaux récoltés dans les forêts. La construction des cases dans beaucoup de villages du grand Sud Cameroun dépend jusqu'à ce jour des produits forestiers. Alors dans les villages, en dehors de ceux qui construisent des maisons en dur, la majorité des paysans le font à base des matériaux que la nature leur offre. Ainsi, si les maisons ne sont pas en poto-poto, elles sont en « calabotes ». Ces différentes compositions des maisons prennent abondamment les produits ligneux. C'est ainsi que pour avoir une maison en « calabotes », il faut les poteaux ou les chevrons, les planches et les lattes. Pourtant la construction d'une maison en poto-poto nécessite, les poteaux, les lianes, les planches et les lattes. Ainsi donc, on localise les maisons en poto-poto

0 Tagne Kommegne, `'Gestion durable des ressources», 2008, p. 47.

35

dans les villages des régions du Centre, du Sud, et de l'Est. Alors que les maisons en « calobotes » sont localisées dans les régions du Littoral et du Sud-ouest.

L'avènement des cultures pendant la période coloniale au Cameroun a diminué la pression alimentaire que les populations exerçaient sur les forêts. Ce qui ne les a pas rendues indépendantes de celle-ci, car nous savons que le développement de toutes ces cultures agricoles se fait par l'exploitation des terres.

L'agriculture nécessite le défrichement de plusieurs hectares de forêts. On a l'agriculture traditionnelle et l'agro-industrielle. Ces deux classifications classiques tiennent compte des techniques de culture, du matériel de travail, des moyens financiers et de l'importance des parcelles cultivées.

En effet, l'agriculture traditionnelle (itinérante sur brulis) est celle pratiquée par les petits paysans dans les villages du grand Sud Cameroun0. Elle est une agriculture de subsistance. Sa particularité est qu'elle utilise des outils rudimentaires (houes et machettes), des petites surfaces (0,3 à 1,5 hectares) et a des techniques dérisoires notamment les incendies des parcelles défrichées, la technique de jachère0.

C'est cette forme d'agriculture qui est développée dans les villages du Cameroun. Ainsi, pour la pratiquer, les populations défrichent des parcelles de forêt pour faire des champs de cultures vivrières. A l'Est, au Centre, au Sud, au Littoral et dans le Sud-ouest on y cultive la banane-plantain, le manioc, le macabo, la patate, les ignames, les arachides, les pistaches, le gombo, le maïs, etc.0. Ce sont les parcelles qui ont servies de plantations de cultures vivrières qui deviennent souvent plus tard les plantations des produits de rente tels le Cacao, le Café. Dans la région de la Boumba et Ngoko, c'est précisément ce qui se passe. L'image ci-dessous illustre la modeste qualité de plantation qu'on trouve dans les villages.

0 P. Bigombe Logo `'exploitation forestière et développement local: sortir de l'Etat forestier», Arbres, forêts et communautés rurales, vog-ADA Bulletin FTPP n°15 et 16 Décembre 1998 spécial Cameroun, p. 2.

0 Entretien avec George Akwah Neba, 46 ans environ, Project officer, Pro-poor Redd project, Yokadouma, 10 Octobre 2010.

0Entretien avec Jeannette Nala, 48 ans environs, commerçante des produits de consommation, Douala, 22 décembre 2010.

36

Photo 3: petite plantation de banane-plantain paysanne dans le village de Massea

Source : Songo Eric, Massea le21 janvier 2007

Ce champs paysan présente toutes les caractéristiques de l'agriculture traditionnelle. On peut remarquer le minuscule espace de terrain qu'il occupe, l'état touffu de la parcelle cultivée et la triste santé de la culture (banane-plantain) qui est développée. Ce qui signifie qu'il appartient à un seul paysan, qui a eu des moyens limités pour le créer. Le plus souvent, les forêts sont parsemées de plusieurs champs comme celui-ci.

On peut donc constater que cette agriculture consomme énormément la forêt, car l'absence d'engrais conduit les cultivateurs à observer des périodes de jachère qui vont de 3 à 10 ans0. Pendant ce temps, ils déboisent des nouvelles portions de forêt. Puisque c'est dans les forêts vierges où les sols sont encore fertiles qu'ils créent des nouveaux champs. Ce qui par

0 Ibid.

37

conséquence met cette forme d'agriculture sous la dépendance de la forêt. On parle alors de l'agriculture itinérante sur brulis, contrairement à celle moderne que pratiquent les agro-industriels0.

Dans la zone forestière camerounaise, l'agriculture moderne est pratiquée depuis la période coloniale allemande. Quelques années après son indépendance, les autorités camerounaises ont créé des plantations agricoles qui sont venus s'ajouter à celles héritées de la colonisation. Elles sont localisées dans les régions du Sud-ouest, du Littoral et du Sud. Ce sont les sociétés agro-industrielles (HEVECAM, SOCAPALM, SOSUCAM, SAFACAM, CDC etc.) qui pratiquent cette forme d'agriculture0.

La particularité de celle-ci est la pratique de la monoculture, l'importance des parcelles cultivées, l'usage des engrais chimiques pour enrichir les sols, la mécanisation, une main-d'oeuvre importante, avec des gros capitaux.

Les deux sociétés à savoir HEVECAM et SOCAPALM, qui font partie de notre étude, ont respectivement été créées en 1975 et 19780. Le gouvernement face aux plans d'ajustement structurels, leur a cédé aux capitaux privés en 1996 pour la société d'Hévéa et 2000 pour celle de l'huile de palme0. La Société camerounaise de palmerais (SOCAPALM) et la société d'hévéa du Cameroun (HEVECAM), occupent à elles seules une parcelle de 61 339 hectares0. Pourtant Kelodjoué évalue ce chiffre à 98 000 hectares en 19770. Ces deux géants de l'agro-industrie pratiquent la monoculture, l'une la culture du palmier à huile, l'autre l'hévéa et ont des usines de transformation. La main d'oeuvre de ces deux sociétés est évaluée en centaines de personnes0. Elles ont des productions annuelles évaluées en tonnes, 26 500 pour HEVECAM et 26 000 pour SOCAPALM0. La photo suivante renseigne sur ce qui est de ces plantations.

0 Entretien avec Dr Gordon N. Ajonina, 48 ans environs, ingénieur forestier/Aménagiste des écosystèmes de

mangrove et de zones humides, Yokadouma, 10 Otobre 2010.

0 Gerber, `'Resistance contre deux géants industriels», 2008, p. 8

0 Ibid. p. 26.

0 Ibid.

0 Ibid. p. 14.

0 Kelodjoué, `'L'évolution de l'exploitation forestière», 1985, p. 257.

0 Gerber, `'Resistance contre deux géants industriels», 2008, p. 14.

0 Ibid. pp. 19-20.

38

Photos n°4 et 5 : Une plantation de palmier à huile et une plantation d'hévéa

39

Source : Gerber, `'Resistance contre deux géants industriels», pp. 22-23.

Dès lors, l'analyse qu'on peut faire au vue de cette superficie élevée qu'occupent les agro-industriels, est que par rapport aux champs paysans, elles occupent de grandes parcelles dans la forêt. Et pour leur extension, elles exigent de plus en plus de nouveaux espaces de forêt. Ce qui les met en dépendance des forêts au même pied d'égalité que les champs paysans.

A tous ces biens que la forêt procure aux populations actuelles, on peut ajouter le bois mort qui sert de bois de feu et de charbon de bois. L'usage de ces deux produits énergétiques est récurrent de nos jours.

Le bois de chauffage est une énergie utilisée pour la cuisson et la conservation des aliments. Ces aliments peuvent être conservés soit par le réchauffage, soit par le fumage. Les fumées émanant du bois de chauffage servent souvent à l'extermination des insectes dans la maison.

Son usage date depuis la période précoloniale. Il a conservé sa place qu'il avait auprès des ménages jusqu'à ce jour. De nos jours, il est très observé dans les zones rurales au Cameroun, ce qui n'exclut pas néanmoins le secours qu'il apporte à certains citadins. A côté de lui, on trouve le charbon à bois. Sur ce point, le rapport de la direction des eaux et forêts indique en 1981 que près des grands centres urbains, il existe des gens spécialisées pour le

40

bois de chauffage. Ces personnes abattent les petits arbres dans les forêts environnantes, les fendent ou les carbonisent pour la vente. Ainsi, il estime à 70 le nombre de personnes qui faisaient ce travail autour de la ville de Yaoundé dans les années 19800.

Le charbon à bois est une énergie faite à base du bois brulé. Il a toujours été une source d'énergie incontournable pour certains ménages urbains. Ainsi, il est plus consommateur du bois que le feu de bois. De nos jours, dans les banlieues des grandes métropoles camerounaises (Douala et Yaoundé), de nombreux jeunes se sont lancés à la transformation des gros et longs troncs de bois frais en charbon de bois à travers les fours en forêt0.

Cette nouvelle intervention de la forêt dans la procuration de l'énergie vient compléter ce qu'elle a toujours apporté aux populations camerounaises. A1ors, la conclusion qu'on peut tirer de là est que depuis leur arrivée dans la zone forestière, les Bantou du Cameroun ont appris à s'alimenter grâce à celle-ci. D'autres biens qui se sont ajoutés à ceux-là sont: les matériaux de construction, l'habillement, les médicaments et l'énergie. Mais au fil du temps et grâce à la colonisation, certains de ces biens forestiers ont été remplacés par ceux dits domestiques. Cette réalité n'a pourtant pas affranchi l'homme de sa dépendance de la forêt. Ce que confirme les Pygmées, les Bakas et les Bagyélis ; eux qui sont les seules communautés des forêts camerounaises qui ont gardé les mêmes habitudes forestières qu'elles avaient avant la période coloniale0.

Arrivé au terme de notre examen sur les biens que la forêt offrait et continue d'offrir aux populations camerounaises, non seulement les forêts sont d'excellentes sources de produits domestiques, mais elles fournissent aussi de précieux services à l'environnement des populations locales et contribuent à leur bien être.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld