Déforestation et dégradation de l'environnement au Cameroun 1960-2010.par Marcel Koviel Songo Université de Youndé I - Master en histoire 2012 |
V - REVUE DE LA LITTERATUREUne relative abondante littérature a déjà été consacrée à plusieurs aspects de la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts au Cameroun. I. Sarageldin dans son ouvrage la protection des forêts tropicales ombrophiles de l'Afrique0 traite le problème de la déforestation et de la dégradation dans les zones forestières africaines dont fait partie le Cameroun. Dans son analyse, il présente la forêt comme un patrimoine mondial. Son étude souligne les répercussions en profondeur de la déforestation des zones tropicales. Il révèle que chaque année, 15,4 millions d'hectares de forêts tropicales disparaissent. Parmi les répercussions recensées figurent les changements climatiques qualifiés de néfastes car ils affectent toute la planète. D'où l'important rôle que jouent les forêts dans la régulation du climat, rôle que l'auteur définit clairement dans son travail. En effet, il poursuit son travail avec les causes de ce phénomène de déboisement ; les causes qui sont d'ailleurs partagées entre plusieurs acteurs. Face à ce triste constat, il propose des solutions viables, celles-ci passent en grande partie par la prise de conscience de toute la communauté internationale et une volonté de travailler ensemble pour pallier cela. Dans son rapport de Green Peace Belgique de 1999 axé sur une étude relative au Cameroun, Filip Verbelen parle de `' l'exploitation abusive des forêts équatoriales camerounaises `'0. L'auteur belge présente la situation géographique et économique du Cameroun. S'en suit un exposé sur la biodiversité et la forêt équatoriale camerounaise qu'il évalue à 17,5 millions d'hectares dont 1,7 sont protégées. Ces forêts renferment plusieurs espèces floristiques, fauniques et d'insectes. Filip met en exergue la politique forestière du pays. Une politique qui, selon lui a connu une évolution mais qui renferme encore beaucoup de limites. Ce qui explique de nombreux problèmes dans la gestion de ces forêts aujourd'hui. Il pense que l'exploitation du bois est abusive car elle ne répond pas à une définition 0Ibid. 0I. Serageldin, La protection des forêts tropicales ombrophiles de l'Afrique, Washington, DC, la bibliothèque du congrès des Etats-Unis, 1993. 0Verbelen, `'Exploitation abusive des forêts », 1999. 8 minimale de durabilité. Il ne manque pas de donner les tendances de la foresterie au Cameroun. Pour lui, les autorités camerounaises sont responsables de cette exploitation anarchique et accentuée des forêts du pays. Il révèle la corruption et les pratiques illégales qui gangrènent le secteur du bois au Cameroun. Les infractions sont monnaie courante. Il présente ensuite les conséquences sociales de l'abattage industriel. Pour lui, le commerce du bois désarticule la collectivité au Cameroun. Il pense que, si les forêts venaient à disparaitre, une couche sociale très vulnérable serait affectée. Il souligne que dans son enquête, il a constaté que le bois camerounais est le plus commercialisé. Ainsi, il est le premier exportateur de bois en Afrique centrale et le premier fournisseur de bois à la Belgique. Malgré cette morose situation, l'auteur ne manque pas de souligner que quelques efforts sont faits pour la certification des bois camerounais. Et ceci ne peut se faire que dans le respect des conditions sociales, écologiques et une récolte durable du bois par les exploitants forestiers. Il clôt son rapport par la présentation du marché européen du bois africain et l'important rôle que joue le Cameroun. Le rapport du séminaire régional sur la `'planification du développement et de l'exploitation des ressources forestières dans les régions de forêts tropicales en Afrique»0 de novembre et de décembre 1985 à Yaoundé parait capital pour notre travail. Il a réuni les spécialistes internationaux de la foresterie. Lors de l'ouverture du séminaire, le Dr S. Nfor Gwei a souligné que vu le trend de la dégradation forestière et ses conséquences, la communauté internationale lance une campagne en vu d'attirer l'attention de tout le monde sur les dangers de la dégradation forestière. Pour lui les forêts tropicales représentent la plus importante partie des ressources en bois du monde et leur exploitation et leur gestion demeurent encore le plus grand problème. Ces forêts sont de plus en plus menacées d'extinction toutes ces dernières années. Dans ses études, la FAO estime à 11 millions d'hectares de forêts tropicales qui disparaissent par an dans le monde. Face à cette triste situation, le Dr Vollmer recommande que ce soit dans les politiques de développement des ressources naturelles renouvelables où il faut mettre l'accent sur la population rurale, sur leurs besoins. En passant par la formation, la recherche et la vulgarisation. Et pour terminer, il ajoute la coopération au niveau régional, international et bilatéral. Dans sa thèse de Doctorat0, S. Kelodjoué aborde plusieurs questions sur la forêt dense camerounaise. Il repartit la forêt camerounaise en 08 domaines. Il fait ensuite une répartition 0 « Planification du développement et de l'exploitation des ressources forestières dans les régions de forêts tropicales en Afrique», rapport du séminaire régional de novembre et de décembre 1985 à Yaoundé. 0 Keledjoué, `' L'évolution de l'exploitation industrielle», 1985. 9 régionale de la forêt camerounaise. Et il ressort de là que sur les 16 160 000 d'hectares de forêt dense 46,5% se trouve dans la région de l'Est. Cette forêt camerounaise est riche en essences diverses `' plus de 300 essences» dont une quarantaine actuellement exploitée. L'auteur essaie de la situer dans le monde. Il fait le constat selon le quel, on attend que les pays européens riches en forêt produisent assez de bois pour leur consommation, mais ce sont ces pays qui sont les premiers, sinon les principaux consommateurs des bois tropicaux. Ceci s'explique par la bonne qualité de ces bois. Et le Cameroun dispose de 1,03% des forêts tropicales du monde. Les bois camerounais sont en majorité exportés vers la France. Après, il montre l'évolution de la politique forestière au Cameroun. Une évolution qui part de l'époque de la colonisation allemande puis franco-britannique jusqu'à 1985. Cette évolution de la législation forestière au Cameroun a favorisé la création des institutions forestières. Ces institutions vont des organismes administratifs aux organismes techniques et professionnels. Elles assurent le développement, la formation, l'enseignement, la recherche et la vulgarisation. Ainsi, la politique d'aménagement a été instituée. Huffel quant à lui dans son `'économie forestière» affirme qu' `' aménager une forêt, c'est lui donner un règlement pour son exploitation». Toujours dans cette évolution, il apparait la constitution du domaine forestier permanent qui met à jour la notion de réserve forestière. Ce qui entraine la création des premières réserves forestières au Cameroun. Une grande partie du travail de l'auteur s'attarde sur les débuts de l'exploitation industrielle de bois. Sur ce il souligne l'apport du bois dans les différents agrégats économiques, la contribution du bois à l'essor industriel, le développement des voies de communication et les problèmes de transport de bois. Il se tourne à la fin de son travail aux principaux facteurs de la dégradation et de la disparition de la forêt. Il évoque ainsi les causes de ce phénomène. Pour lui ce sont les défrichements à vocation agricole, l'exploitation forestière, la construction des voies routières et ferroviaires et l'urbanisation. Dans son dernier chapitre, il présente l'effort d'enrichissement et de reboisement de la forêt dense. Ainsi, il analyse la régénération forestière avant et après 1974, date d'application de l'ordonnance n°73 /18/du 22 mai 1973 fixant le régime forestier national de l'Etat. L'auteur termine par les problèmes de la sylviculture en forêt dense. Joseph Gabriel Elong dans sa thèse de doctorat0 de 3ème traite l'apport d'une exploitation forestière. Ainsi, pour mener à bien son travail, l'auteur décrit d'abord le 0 Elong, `'L'impact d'une exploitation forestière», 1984. 10 complexe industriel de bois de la société forestière industrielle de Dimako. Ensuite le personnel et l'équipement de la SFID. Toutefois, il pense que la SFID est promotrice et pilier des fonctions urbaines de Dimako. Et comme s'il voulait convaincre ses lecteurs, il présente le pays Bakoum avant le début de l'installation forestière et les mutations actuelles. Joseph achève son travail en s'intéressant aux modifications subies par le couvert végétal du pays Bakoum du fait de l'exploitation des forêts par la SFID. Ekomi Amoka dans son mémoire de maitrise0 apporte une contribution à l'historiographie du Cameroun relative à l'exploitation forestière. Elle commence par un aperçu sur la géographie et l'histoire du Mbam. Elle enchaine en présentant l'historique de l'exploitation forestière au Cameroun et dans le Mbam. L'auteur souligne que la Société Africaine du Bois du Mbam (SABM) est une initiative française entre 1961 et 1979 au départ et entre 1979 et 1994 une entreprise libanaise. La contribution socio-économique de la SABM et son impact négatif sur le développement du Mbam constituent la dernière partie de son travail. Isidore Pascal Ndjock Nyobe dans son mémoire0 renvoie dans la façon que l'administration coloniale française gérait la biodiversité au Cameroun. En effet, l'auteur revient sur l'organisation de l'exploitation forestière par les Allemands. L'auteur montre l'évolution du régime forestier sous les Français et l'influence des conventions internationales. Amélie Philomène Ebela dans son travail0, présente le cadre législatif et institutionnel de l'exploitation forestière au Cameroun de 1964 à 1992. La plus importante partie de son travail est plongée sur le développement socio-économique que l'exploitation du bois apporte dans le Ntem. R.Tene dans son mémoire0 nous plonge dans les législations forestières du Cameroun à partir de 1973. Ainsi, il débute par le statut et l'administration des forêts. Puis il souligne les 0 A. Ekomi Amoka , `' Exploitation et production du bois dans le Mbam. Etude historique à partir de la société africaine de bois du Mbam (SABM) 1961-1994», mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2004. 0 I. P. Ndjock Nyobe, `' Préservation et conservation de la faune et de la flore au Cameroun sous administration française. 1916-1960, Approche historique», mémoire de Maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2005. 0A. P. Ebela ; p, `' L'exploitation forestière et le développement socio- économique du Cameroun : le cas du Département du Ntem de 1964 à 1992», mémoire de maitrise en Histoire, Université de Yaoundé I, 2008. 0R., Tene, `' aspect juridique de la gestion des forêts au Cameroun», mémoire de licence en Droit, Université de Yaoundé, 1978. 11 actions de conservation entreprises. Dans la deuxième partie de son travail, il montre la politique de développement autocentré appliquée dans le domaine forestier. Dans son article d'opinion préparé comme contribution à la commémoration de la journée de la forêt le 08 décembre 2007, Cyrie Sendashouga0, coordinatrice régionale du CIFOR aborde plusieurs problèmes forestiers. Pour l'auteur, la déforestation évitée est une formule `'Gagnant-gagnant» pour les pays d'Afrique centrale et pour la planète. Elle pose les problèmes des forêts et des changements climatiques, et déforestation et dégradation évitée. Elle apporte des suggestions en appelant les uns et les autres de voir la forêt plutôt que les arbres et de faire en sorte que le projet réduction des émissions de la déforestation et de la dégradation soit gagnant-gagnant pour tout le monde. Richard Wainwrights dans son article `'Eviter la déforestation et la dégradation0» de mai 2008 propose de multiples voies pour remporter plusieurs succès sur cette question. Il met en garde la communauté internationale contre ce qui pourrait mener à l'échec tous les grands projets qu'on élabore aujourd'hui pour réduire les changements climatiques. Dans leur article0, R.Ngoufo et M.Tsalefac abordent le problème des forêts au Cameroun. Ainsi, les auteurs présentent succinctement le pays et ses forets. Dans leur analyse, ils soulignent les différentes formes d'exploitation forestières. Ensuite, ils reviennent sur le contexte socio-économique de l'exploitation forestière. Une exploitation qu'ils jugent destructive au vu des pratiques. Ils terminent leur analyse par des différents acteurs du secteur forestier et proposent une discussion autour de cette question. Bigombe Logo dans son article0 présente d'abord les forêts camerounaises. Par la suite, il fait l'inventaire des espèces commerciales, évalue la production forestière et sa contribution dans le PIB. L'auteur souligne les reformes forestières dont le tournant se situe en 1990 avec l'appui de la communauté internationale. Ces reformes sont l'oeuvre de la loi forestière de 1994 et sa loi d'application de 1995. Cette nouvelle législation institue la forêt communautaire et la forêt communale. Dans la suite, il montre l'évolution des forêts 0 C. Sendashoua, « La déforestation évitée est une formule `'Gagnant-gagnant» », www.fern.orq, 8mai 2008, consulté le 10 octobre 2010. 0 R. Wainwright, `'Eviter la déforestation et la dégradation», www.org, 8mai 2008, consulté le 10 octobre 2010. 0 R. Ngoufo et M. Tsafack , `'Logiques d'acteurs et échelles de risques dans l'exploitation forestière au Cameroun», les cahiers d'outre-mer, n°-233, Janvier-Mars 2006. 0P. Bigombe logo, `' Foresterie communautaire et réduction de la pauvreté rurale au Cameroun. Bilan et tendances de la première décennie». http://www.wrm.org.ny /index.html/Bigombe. Html. Consulté le 15 mai 2010. 12 communautaires. Pour lui, ces forêts sont une option pour le développement des populations. L'article s'achève avec les forêts communales et la gestion des taxes sur la redevance forestière. Dans son mémoire0, Tagne Kommegne présente dans la première partie le cadre législatif permettant la protection durable des produits forestiers non ligneux et la gestion des PFNL au Cameroun et au Gabon. Dans la dernière partie de son travail, il examine la mise en oeuvre de la gestion durable des PFNL dans les deux pays et les voies d'une mise en oeuvre efficace de cette gestion. Compte tenu de tous les auteurs qui nous ont précédés dans la recherche sur ce domaine, il ressort que tous ont traité partiellement la question qui nous intéresse. Beaucoup d'entre eux se sont attardés à faire l'état de l'exploitation forestière au Cameroun, à révéler l'enjeu qu'il y a autour de la lutte contre la déforestation, et à présenter la législation forestière et son évolution. Les intéressés n'ont pas abordé les questions sur l'implication des pays développés, des organisations internationales, des ONG locales et de la société civile dans la lutte contre la déforestation et la dégradation de l'environnement. Ils n'ont pas fait une appréciation sur toutes les politiques forestières qu'a connues le pays. Ce donc on se propose de faire dans notre travail. Toutefois, leurs travaux nous sont d'un très grand apport pour la réussite de notre mémoire. |
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