SECTION 3 : LE CADRE
THEORIQUE D'ANALYSE DE POLITIQUE AGRICOLE
Dans cette partie, nous allons aborder les raisons
spécifiques qui justifient ou expliquent l'intervention sur les
marchés agricoles, des arguments qui militent en faveur d'une
libéralisation des échanges, compte tenu des
spécifités de l'agriculture.
3.1. Les arguments en faveur d'une libéralisation
des échanges agricoles
Le premier argument renvoie à la loi des
coûtscomparatifs. Depuis Ricardo, on sait que les pays ont
intérêtà se spécialiser dans lesproductions pour
lesquelles ils ont un avantagecomparatif, et c'est cette loi (ou sa version
néo-classique dans le théorème d'Heckcher-Ohlin) qui fonde
le bienfait du libre-échange. Dans l'agriculture, cette loi peut avoir
plus d'importance que dans d'autres secteursdans la mesure où les
coûts de production dépendent de variables exogènesà
l'économie, et en particulier des conditions climatiques. Si deux pays
ont le mêmeniveau de développement, des
rémunérations identiques pour les facteurs de production et un
même stock de connaissances, il est indifférent, sur le plan
économique, que la production de voitures ou d'ordinateurs se fasse dans
l'un ou l'autre pays.
Il n'en est pas de mêmepour le blé ou la banane,
les sols et le climat jouant, dans ce cas, un rôle essentiel. De ce point
de vue, la loi des coûts comparatifs joue donc pleinement pour
l'agriculture, et le soutien a la production de certains produits dans certains
pays, tels que le blé en Arabie Saoudite ou même le riz au Japon
par exemple, s'est traduit par des dépenses exorbitantes dont l'emploi a
d'autres activités aurait pu générer des gains
d'efficacité considérables(petit, 2002).
Le deuxième argument est relatif à la
sécurité alimentaire mondiale. Dans chaque pays, la production
agricole est fluctuante d'une année à l'autre compte tenu des
conditions climatiques. Toute fois, la probabilité pour que des
conditions climatiques identiques soient observées pour tous les pays
est très faible. Ainsi, au niveau mondial, les pertes de production des
uns peuvent être compensées par les gains des autres. De ce point
de vue aussi, la libéralisation des échanges peut
êtreparticulièrementbénéfique dans l'agriculture,
l'élargissement des marchés étant un facteur de leur
stabilité.
3.2. Les raisons en faveur de
l'interventionnisme
Pour (Bureau et al. 2002), les
raisons invoquées dans les théories actuelles d'économie
internationale pour justifier les politiques protectionnistes ou
interventionnistes ne s'appliquent pas, en revanche, nécessairement au
secteur agricole.
- Les secteurs agricoles ne
constituent pas en effet, du moins dans les pays développés, ce
que l'on appelle des industries « naissantes », dont
les avantages comparatifs ne peuvent se révéler qu'ex post et
dont il faut favoriser les conditions de développement, en soutenant
et/ou en les protégeant de la concurrence extérieure.
- Ils ne constituent pas non plus
des marchés émergents dont la croissance dépend de la
réalisation d'économies d'échelle, ce qui justifie sur le
plan stratégique, pour chaque pays, de soutenir les entreprises
nationales. Il y a donc des raisons spécifiques qui expliquent les
interventions nombreuses dans l'agriculture.
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