CONCLUSION GENERALE
Notre recherche sur « De l'avoir
pour la valorisation de l'être » chez Gabriel
Marcel avait pour but de saisir la corrélation entre l'être et
l'avoir Dans le premier chapitre; nous avons d'abord saisi l'originalité
de la conception marcellienne de l'être et l'avoir, mystère et
problème partant de l'analyse phénoménologique. Nous y
avons souligné que la relation entre l'être et l'avoir est
incontournable de par la nature de l'homme. L'homme pour mieux se
réaliser à nécessairement besoin d'avoir certaines
propriétés. L'être et l'avoir relèvent d'une
importance capitale dans la dynamique de connaissance de l'homme. C'est dire
que celui qui n'a rien n'est rien, il faut avoir pour exister, c'est une
exigence catégorique.
Dès lors, l'être se place dans l'ordre du
mystère, l'avoir dans l'ordre de la possession considérée
comme problème. Il en ressort que l'homme nese reconnaîtcomme
homme que partant de son corps, c'est-à-dire de la
corporéité comme son épiphanie dans le monde qui constitue
sa présence, l'union de l'être et de l'avoir, celle de l'autre
dans le monde ; et d'autres facultés spirituelles qui constituent
son essence ainsi que d'autres attributions extérieures comme la maison,
l'argent, etc. ; pour sa réalisation. C'est non seulement
l`ensemble de ces propriétés qui le fonde et le valorise. Et cela
conduit à la problématique de l'avoir et la crise de l'être
dans la société moderne; laquelle problématique fut
l'objet de notre deuxième chapitre.
Cette crise ne s'occasionne pas par l'avoir ou les
biensmatériels, mais bien plus de celle de la mauvaise gestion que
l'homme cultive sur celui-ci, car seul l'homme est conscient parmi tous les
étants, l'avoir n'a pas de conscience. C'est la crise des multiples
avoirs et la crise de l'avoir technique en particulier. Le fait de mal
gérer celle-ci et donner beaucoup de primat à l'avoir à la
place de l'être brise l'élan émancipateur de l'homme voire
sa déchéance et celle de son alter ego.
C'est-à-dire ça brise le sens de l'intersubjectivité.
L'homme par le fait de beaucoup accumuler s'oublie lui-même et son autre.
Le nous et la relation mutuelle sont exclus à cause de cette
mauvaise gérance que l'homme manifeste sur l'avoir. Cette mauvaise
gestion joue en défaveur de l'être et le conduit
catégoriquement audéclin en lui ôtant sa dignité.
Alors que l'avoir est fait pour son épanouissement et son
progrès, et non pour sa réduction. Le corps humain n'est pas un
avoir au sens profond de la chose, il relève au contraire du domaine de
l'être, il est un, il est corporéité selon Marcel. La vie
de l'homme est sacrée de par son essence.
Dans cette vision, il y a la nécessité de placer
l'être au-dessus de toute réalité existentielle. L'homme de
ce fait, ne peut vivre sans les objets ou l'avoir, mais s'il s'en contente, il
n'est plus pleinement homme. Se traiter comme un moyen et se servir les uns des
autres pour atteindre nos buts, serait sans doute la réduction de
soi-même et de l'autrui à un avoir, à un simple
matériau, c'est ôter àlui-même et à autrui sa
valeur ontologique. Ainsi, l'être reste dans l'ordre de mystère et
non de problème ou de l'avoir.
Le troisième chapitre s'est penché sur
l'intersubjectivité authentique qui constitue le fondement et la
récupération de l'existence de cette crise de l'être. La
relation interpersonnelle est évidente. Etre avec autrui consiste
réellement à donner sens à son existence car l'autre est
le miroir de mon existence. La considération de l'autre comme humain
consiste ici à reconnaître sa propre dignité et celle des
autres. L'autre n'est ni un enfer, ni un objet ou un avoir mais plutôt
mon alter ego, celui avec qui je partage la même condition de
l'existence. Il est en effet, le fondement de mon existence. L'avoir dans cette
condition, ne pourra qu'être un moyen pour la valorisation de
l'être et non pour sa ruine.
Nous ne pouvions que mieux nous réaliser lorsqu'on se
traitera mutuellement comme des humains. En mettant notre existence en premier
lieu dans toute chose,cela nous permettra de vivre une vie authentiquement,
humaine et morale. La communion véritable entre être et autrui
nous plonge dans la dynamique spirituelle, celle de l'amour. Ce dernier me
révèle à moi-même en même temps qu'il me
révèle à l'autre. Un amour parfait, véritable,
sincère et juste. Avec l'amour, nous passons de l'ordre du `'lui'' qui
caractérise la personne à une absence, à un objet,
à l'ordre du `'toi'' qui est fondamental.
En aimant réellement et véritablement, cela nous
conduit directement vers le Toi Suprême, vers Dieu. A travers l'autre, on
arrive au divin qui n'est rien d'autre que le couronnement et le fondement de
l'intersubjectivité. C'est dans cette optique de la finalité et
de la grandeur que le monde de l'être s'oppose radicalement à
celui de l'avoir. Dans notre condition existentielle, nous devrons toujours
mettre l'homme en évidence. La possession nous aide simplement à
nous réaliser, mais l'existence, la vie quantà elle,
dépasse tout et dit tout. L'on doit luter afin que l'être ne soit
jamais sacrifié à cause du bien matériel mais au
contraire,c'est l'avoir qui doit être subordonné à
l'être. L'avoir sera dans cette société matérialiste
au service de l'être pour sa valorisation et non pour sa
dépression. Il n'y a rien qui dépasse la vie humaine, elle est et
elle demeure dans toute son ampleur fondamentale, métaphysique et
mystère.
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