De l'avoir pour la valorisation de l'être. essai de compréhension de l'être et l'avoir chez Gabriel Marcelpar Ange TEZANGI AZAKALA Université Saint-Augustin de Kinshasa - Grade en philosophie 2020 |
II. 5. LA CONCEPTION LOGIQUE DE LA TECHNOSCIENCEL'évolution de la théorie marcelliennesur l'avoir comme susmentionné, se justifie dans le sens où elle nous permet de saisir l'ambiguïté et les conséquences qu'instaure l'avoir dans le contexte actuel de la technoscience. Ceci est d'autant plus vraisemblable qu'en ce début du troisième millénaire, les avoirsengendrent par le développement de la science et de la technologie,une influence sans condition sur l'existence de l'homme et paraissentune préoccupation majeure. D'oùla nécessité pour nous de nous interroger comme suit : quelle est la portée ontologique de l'homme d'aujourd'hui dans sa relation avec l'avoir ?Est-elle prometteuse ou réductrice pour sa dignité ? II. 5. 1. Vers la dérive ontologique de l'avoirAu regard du paragraphe précédent, il sied de noter que l'homme en se soumettant à la domination de la production scientifique, se réduit à un objet et devient par ce fait étranger à lui-même. Ainsi, le fait d'être sous l'emprise ou l'asservissement de l'avoir, l'homme tente de se définir dans la dynamique de l'extériorité.L'être humain devient pour ainsi dire objectivable et caractérisable,c'est-à-dire qu'il devient comme un objet. Pis encore, il s'assimile à ce qu'il possède à cause de la mauvaise gestion de cet éventuel avoir. Cette identification à l'objet entraîne une dissipation brusque de la profondeur métaphysique de l'être existentiel. De cette manière, se présente, en effet, le danger ontologique que court l'homme à l'heure actuelle de s'identifier aux avoirs et aussi de se laisser emballer et dominer par le progrès de la technologie. Gabriel Marcel souligne cette déchéance en précisant que, le risque de l'homme, accumulateur des avoirs, est de tenter de faire un avec ces derniers, qui, cependant sont loin d'être en réalité l'être. Remarquons, par ailleurs, que cette tentative de s'identifier à son avoir et de faire un avec lui devient le propre de la civilisation occidentale.Une forme d'individualisme radical se développe dans la mesure où la présence de l'autre dans son espace vital est perçue comme une perpétuelle menace contre son bien-être, son confort.Et cela entraîne logiquement la tendance au repli sur soi, à l'isolement, à la fermeture vis-à-vis des autres.La mauvaise gérance ou la tendance à placer l'avoir au détriment de l'être,occasionne la crise de l'être. Il se révèle donc une sorte d'anxiété ressentie par l'homme comme un souci rongeur, paralysant et brisant tout élan d'initiative d'altérité et d'intersubjectivité dans le monde actuel. L'alter ego pour l'homme devient son avoir, cet avoir avec qui il partage son existence. Il s'ensuit que cette peur peut, par ailleurs, se transmuer comme le dit Marcel : « en une inertie intérieure qui vit le monde comme une stagnation »67(*). Par-là, l'homme devient fermé à toute espérance. A travers ce désespoir, se décrète en quelque sorte « la mort de la vie », la mort anticipée par l'homme au contact des avoirs produits par le progrès de la technoscience. Cette mort est la conséquence directe de l'asservissement par l'avoir, car l'être possédant, devient inévitablement l'être possédé. * 67 G. MARCEL, Etre et avoir, op.cit., p. 209. |
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