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Statut du juge constitutionnel en droit positif congolais


par Roger Tshitenge Kamanga
Université de Kinshasa - Licence 2019
  

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1. Du contexte politique

La justice constitutionnelle ne peut fonctionner normalement que dans un contexte politique serein et démocratique, conditions que ne remplit le système politique Congolais.

En effet, l'instabilité politique et institutionnelle ayant caractérisé le Congo durant les cinq premières années de son indépendance n'a permis, à n'en point douter, au législateur d'asseoir une législation appropriée, complète et définitive en matière de justice constitutionnelle.

Sous la 2ème République, le système politique congolais, caractérisé essentiellement par le monisme intégral doublé d'un présidentialisme outré, n'a pas, non plus, été de nature à favoriser le développement de la justice constitutionnelle.

Dans un tel contexte politique, une initiative parlementaire d'une loi destinée à parachever l'édifice juridictionnelle constitutionnelle eut pu facilement être assimilée à un acte de subversion, tant il est vrai que le juge constitutionnel est d'abord et avant tout le censeur de l'action des institutions politiques.

Or il a savamment été démontré que les régimes politiques d'Afrique noire d'avant l'ère des conférences nationales étaient caractérisés, non seulement par le refus d'un pouvoir partagé, mais aussi par celui d'un pouvoir contrôlé.

Il va de soi que, même du côté de l'exécutif, il était hors de question d'initier un projet de loi ou d'édicter un acte ayant force de loi appelé à concrétiser le fonctionnement d'une justice essentiellement conçue pour contrôler son action.

Par ailleurs, lorsque, dans ce contexte politique, le législateur est quand même intervenu popu organiser quelques aspects du contentieux constitutionnel, il a suffisamment mis d'obstacles pour que, dans la pratique, la saisine du Juge Constitutionnel devint quasiment aléatoire, voir illusoire.

L'on ne peut passer sous silence la transition tumultueuse qui, débutée le 24 avril 1990, a connu de nombreux soubresauts dont le point culminant se trouve être le dualisme constitutionnel et institutionnel consécutif à la bipolarisation de la scène politique entre les mouvances présidentielle et oppositionnelle.

Dans ce cafouillage politique ou chaque institution était plus que jamais préoccupée par sa survie politique, l'on était loin de songer à parachever l'édifice juridictionnel constitutionnel congolais.

Il est véridique que chaque nouvelle nomination des Juges Constitutionnels constitue un jeu politique. Ceci fait entrevoir combien dans les Etats africains francophones en particulier, le Juge Constitutionnel n'échappe que très rarement à la logique de politisation structurelle.

D'emblée, dans la nomination, le pouvoir politique a une forte propension à désigner, des personnalités sensibles à ses obédiences politiques. Ces dernières étant souvent sujettes à des considérations à connotations politiques et parfois objet des colorations partisanes.

Dans la mesure où une fois nommé, l'autorité politique attend dans une certaine mesure du Juge constitutionnel qu'il délibère dans les sens des options politiques, le cas échéant, le pouvoir politique peut aller même jusqu'à remettre en cause la valeur de la décision de la haute juridiction et faire plier ce dernier à sa volonté.

Dans la même veine, appréciant la façon concrète la place du Juge dans le système politique africain, à travers la tripartie ; le juge, le justiciable et les pouvoirs publics, Alioune Badera Fall affirme à juste titre, que « le sentiment que donne le juge aux populations serait qu'il n'est pas autre chose que le « bras droit » du pouvoir politique en place ou un instrument corrompu et manipulé par les hommes du milieu des affaires ou autre personnalités influentes .

Un juge qui, pour de raisons diverses, serait à la solde de la classe dirigeante au détriment des droits et libertés. Incontestablement, l'exigence formelle d'un juge constitutionnel « apolitique » échoue d'ailleurs, et la politique demeure.

L'instrumentalisation du juge constitutionnel en République Démocratique du Congo par le pouvoir politique est une réalité congénitale difficilement niable. Les exemples sont légions.

Elle se présente d'une part sous forme d'une stratégie d'anticipation politique et se traduit par le choix d'une personnalité, « fidèle ami » de l'autorité politique en place, à la tête de la juridiction constitutionnelle, aux fins de garantir malhonnêtement la continuité du régime politique en place.

Cette situation a pour conséquence le fait que les membres de cette Cour soient ourdis et asphyxiés aux ordres du régime politique dominant en place.

De manière générale, l'état médiocre de notre démocratie ne favorise pas l'effectivité et l'indépendance du juge constitutionnel car il se trouve être dans une situation de servitude de répondre toujours aux attentes de l'autorité de nomination sous peine d'être révoqué.

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