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L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude fiscale au Burkina Faso: cas de la facture normalisée


par Richard LANKOANDE
Ecole supérieure de Commerce et d'Informatique de Gestion - Master 2, option droit des affaires et fiscalité 2018
  

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II.2. Sur les insuffisances du système de la facture normalisée

Il est ressorti que même si le système de la facture normalisée comporte des avantages importants, certaines insuffisances de nature à réduire son efficacité dans la lutte contre la fraude fiscale peuvent lui être reprochées. Trois principales insuffisances ont été déterminées. En effet, il a été mentionné que le système de la facture normalisée ne garantit ni la réalité des opérations facturées, ni celle des montants portés sur les factures et encore moins, la facturation de l'ensemble des opérations. Les deux premières insuffisances ont pour effet de garder toujours possibles, les cas de déductions de TVA et de charges fictives, des formes de fraude fiscale pourtant chèrement combattues par la facture normalisée. La troisième insuffisance est la résultante du défaut de culture de la facturation au Burkina Faso. Elle est de nature à entrainer des cas de dissimulations volontaires de sommes sujettes à l'impôt.

II.3. Sur le renforcement de l'efficacité de la facture normalisée

Plusieurs suggestions ont été formulées afin de renforcer directement ou indirectement l'efficacité de la facture normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale. Il en est ainsi du renforcement de la formation et de la sensibilisation des acteurs, l'électronisation de la facture normalisée, le renforcement de la répression des cas de fraude fiscale à travers l'application systématique des mesures coercitives de recouvrement des recettes fiscales à la suite des redressements fiscaux, la systématisation des poursuites pénales et la publication annuelle de la liste des contribuables fraudeurs.

En somme, ce chapitre nous a permis d'une part, de formuler quelques suggestions visant à améliorer l'efficacité de la facture normalisée. À ce sujet, il a été mentionné que non seulement, le renforcement de la sensibilisation et la formation des acteurs mais aussi la réalisation de certaines reformes ainsi que le renforcement de la répression des cas de fraude fiscale sont des moyens efficaces importants à même de donner une plus grande efficacité à la facture normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale au Burkina Faso. D'autre part, ce chapitre a été l'occasion de vérifier les différentes hypothèses formulées au début de notre étude. Sur ce point, il ressort, au bout de l'analyse, que toutes les hypothèses formulées ont été vérifiées.

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CONCLUSION GÉNÉRALE

La présente étude relative à l'analyse de l'efficacité de la facture normalisée comme moyen de lutte contre la fraude fiscale avait pour objectif général de contribuer à la réflexion sur les moyens de renforcer l'efficacité de la facture normalisée, dans la lutte contre le phénomène de la fraude fiscale au Burkina Faso. Ainsi, trois objectifs spécifiques avaient été dégagés. Il était question, d'abord, de présenter le cadre conceptuel de la fraude fiscale et celui de la facture normalisée. Ensuite, il s'agissait d'analyser l'impact de la facture normalisée dans la lutte contre la fraude fiscale et enfin de déceler les insuffisances de la facture normalisée et de formuler des suggestions susceptibles de renforcer l'efficacité de la facture normalisée.

Comme nous l'avons souligné, la fraude fiscale est un acte de transgression délibérée de la loi fiscale, dans le but soit d'échapper ou de réduire le montant de l'impôt, soit d'obtenir de l'administration fiscale, le remboursement d'une somme indue. Ses manifestations peuvent être soit spécifiques à la TVA, à savoir la facturation illégale de la TVA, la déduction fictive de la TVA, les fausses exportations et le non reversement de la TVA due, soit générales notamment la dissimulation volontaire de sommes sujettes à l'impôt, l'organisation par le contribuable, de son insolvabilité et l'obstruction au paiement de l'impôt par biens d'autres manoeuvres. La fraude fiscale trouve ses causes non seulement dans la psychologie du contribuable mais aussi dans certaines raisons économico-structurelles telles que le choix du système fiscal déclaratif, la prédominance du secteur informel ainsi que l'insuffisance et l'inefficacité des contrôles fiscaux. Tout ceci induit des conséquences importantes qui sont d'ordre social et d'ordre économique notamment la perte de recettes fiscales et l'entrave à la libre concurrence. La facture normalisée quant à elle, est une facture comportant un ensemble de mentions obligatoires prévues à l'article 564 alinéa 2 du CGI et sécurisée par l'apposition d'un sticker. Instituée au Burkina Faso, par l'article 17 de la loi n° 37-2013/AN du 21 novembre 2013 portant loi de finances pour l'exécution du budget de l'État, gestion 2014, dans un contexte où la fraude fiscale avait pris des proportions inquiétantes, ses conditions d'édition et de gestion sont prévues par l'arrêté n° 2014-439/MEF/SG/DGI du 31 décembre 2014 portant conditions d'édition et de gestion des factures normalisées au Burkina Faso. Cet arrêté prévoit deux types de factures normalisées : la facture normalisée personnalisée et celle pré-imprimée. Toutefois, à ce jour, seule la facture normalisée personnalisée a été mise en oeuvre pour compter du 1er mars 2017. Ce type de facture normalisée s'impose aux industriels, commerçants, prestataires de services ainsi qu'aux établissements publics ayant des activités à caractère industriel ou commercial relevant du régime du réel normal d'imposition et qui n'en ont pas été expressément

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dispensé par la loi. L'obligation de délivrance de la facture normalisée qui pèse sur ces redevables peut faire l'objet de contrôle. Ce contrôle porte non seulement sur les mentions obligatoires de la facture normalisée mais aussi sur le sticker. Le contrôle des mentions de la facture normalisée peut être effectué à l'oeil nu à diverses occasions notamment celles de vérification de comptabilité ou de vérification inopinée ou encore à l'occasion de la mise en oeuvre du droit de visite ou du droit d'enquête de l'administration fiscale. Quant au contrôle du sticker et surtout en ce qui concerne son authenticité, certains moyens de contrôle tels que le contrôle visuel, le site internet de la DGI, les lecteurs QR code, le « DGI Android » ou encore le « e-DGI » et la lampe UV ont été mis en place. Le non-respect de l'obligation de délivrance de la facture normalisée fait l'objet de sanctions prévues par le CGI.

La facture normalisée produit deux effets majeurs. D'une part, elle participe à la sécurisation des transactions commerciales et d'autre part, elle contribue au renforcement de la mobilisation des recettes fiscales. La sécurisation des transactions commerciales se matérialise non seulement par le renforcement de leur traçabilité à travers les mentions obligatoires de la facture normalisée et l'apposition obligatoire du sticker mais également par la réduction des cas de falsification de factures. Toutefois, le système de la facture normalisée ne garantit ni l'effectivité des opérations facturées ni la réalité des montants inscrits sur les factures. Cette situation a pour effet d'entrainer la subsistance de certains cas de falsifications de factures susceptibles de conduire à des opérations frauduleuses de déduction de TVA et de charges fictives. De même, il convient de souligner que la facture normalisée ne présente aucune garantie que l'ensemble des opérations réalisées par l'entreprises, ont été facturées. Cette insuffisance, résultat du défaut de culture de la facturation au niveau du consommateur final, compromet toute chance de déterminer le chiffre d'affaires réel du contribuable et est de nature à lui permettre de dissimuler des sommes sujettes à l'impôt. Du point de vue de la mobilisation des recettes fiscales, l'analyse des recettes fiscales annuelles de la TVA et des impôts sur le bénéfice des cinq (05) dernières années, permet de constater, sur la période de mise en oeuvre de la facture normalisée, une augmentation en moyenne de ces recettes fiscales de plus de 30%, par rapport à la période antérieure à la mise en oeuvre de la facture normalisée.

Ces acquis et insuffisances révèlent que dans la lutte contre la fraude fiscale, la facture normalisée n'est pas une panacée. Son efficacité pourrait tout de même être renforcée directement ou indirectement par diverses actions. Directement, il en ressort la nécessité de sensibiliser les consommateurs finaux à la culture de la facturation, de renforcer la sensibilisation des assujettis à l'obligation de délivrance de la facture normalisée, d'assurer aux

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agents vérificateurs, une formation continue afin d'adapter continuellement les opérations de vérification aux nouvelles formes de fraude fiscale à la facturation et d'envisager l'électronisation de la facture normalisée. Il est apparu que de manière indirecte, l'efficacité de la facture normalisée pourrait être accrue à travers l'intensification des opérations d'enquêtes et de vérification, l'application effective voire systématique des mesures coercitives de recouvrement des recettes fiscales, l'engagement systématique de poursuites pénales dans les cas graves de fraude fiscale ainsi que la publication annuelle de la liste des contribuables fraudeurs. Ces différentes mesures qui, indirectement participent à renforcer l'efficacité de la facture normalisée sont toutes aussi capitales que celles qui y participent plus directement car comme l'a si justement affirmé Jean-Claude MARTINEZ, « s'en remettre à la sincérité du contribuable pour connaitre la matière imposable, c'est l'inciter à la fraude. Et espérer par un contrôle dont le contribuable connait les limites, c'est accorder une assurance aux fraudeurs »145. En tout état de cause, aucun combat n'est gagné sans une bonne dose de volonté et dans une lutte telle que celle engagée contre la fraude fiscale, le rôle d'aucun acteur ne doit être négligé.

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145 J.-C. MARTINEZ, La fraude fiscale, op. cit., p. 112.

BIBLIOGRAPHIE

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus