II.2. La mobilisation des recettes des impôts sur le
bénéfice
Même si parmi les impôts et taxes, elle semble
être la principale dont la facture normalisée vise à
garantir le recouvrement, la TVA n'est pas la seule taxe dont la facture
normalisée assure la protection. En dehors de la TVA, la facture
normalisée protège également le recouvrement d'autres
impôts notamment les impôts sur le bénéfice. Il
s'agit de : l'impôt sur les sociétés (IS) qui frappe les
bénéfices ou revenus des sociétés, des autres
personnes morales et des organismes assimilés limitativement
énumérés par la loi104 ; l'impôt sur les
bénéfices des professions non commerciales (IBNC) qui touche les
bénéfices réalisés par les personnes physiques
exerçant soit, des professions libérales, de charges et offices
sans avoir la qualité de commerçants ou tous autres occupations,
exploitations lucratives et sources de profits non soumises à un
impôt spécial sur le revenu105 ; l'impôt sur les
bénéfices industriels, commerciaux et agricoles (IBICA) qui est
prélevé sur les bénéfices des activités ou
des professions industrielles, commerciales, artisanales, agricoles,
piscicoles, pastorales, forestières et sylvicoles,
réalisés par les personnes physiques106. L'impact de
la facture normalisée sur le recouvrement de ces impôts se
justifie par le fait qu'elle permet de réduire les cas de falsification
de factures107 en vue notamment d'une minoration de chiffre
d'affaires, ce qui permet de parvenir à un bénéfice
imposable plus important et donc, un accroissement du montant de l'impôt
sur le bénéfice. Le tableau suivant nous présente
l'évolution des recettes des impôts sur le bénéfice
au cours des cinq dernières années.
103 Voy. l'analyse du tableau 3.
104 Voy. art. 42 et Ss du CGI.
105 Voy. art. 28 et Ss du CGI.
106 Voy. art. 1er et Ss du CGI.
107 Voy. supra., p. 35.
[40]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Tableau 5 : Évolution des recettes d'impôts
sur le bénéfice de 2014-2018 en FCFA
Années
|
Recettes impôts sur le bénéfice
(IB)
|
|
|
|
|
|
Moyenne IB
|
2014
|
170
|
868
|
252
|
445
|
162 128 231 712
|
2015
|
141
|
686
|
451
|
390
|
2016
|
173
|
829
|
991
|
301
|
|
|
|
|
Écart avec la moyenne IB
|
Valeur absolue
|
Pourcentage (%)
|
2017
|
199
|
349
|
616
|
731
|
37 221 385 019
|
22,96
|
2018
|
233
|
799
|
143
|
680
|
71 670 911 968
|
44,21
|
Source : construit par nous sur la base des données du
Service informatique de la DGI
Années
|
Recettes impôts sur le bénéfice (IB)
|
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|
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|
Moyenne IB
|
|
2014
|
170
|
868
|
252
|
445
|
162 128 231 712
|
|
2015
|
141
|
686
|
451
|
390
|
|
2016
|
173
|
829
|
991
|
301
|
|
|
|
|
|
Écart avec la moyenne IB
|
|
FCFA
|
%
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|
2017
|
199
|
349
|
616
|
731
|
37 221 385 019
|
22,96
|
|
2018
|
233
|
799
|
143
|
680
|
71 670 911 968
|
44,21
|
|
Selon les résultats de ce tableau, il faut noter
qu'avant la mise en oeuvre de la facture normalisée, la DGI a
enregistré en moyenne, de 2014 à 2016, cent soixante-deux
milliards cent vingt-huit millions deux cent trente un mille sept cent douze
(162 128 231 712) FCFA de recettes d'impôts sur le bénéfice
par an. Mais avec la mise en oeuvre de la facture normalisée, ces
recettes ont connu une croissance de trente-sept milliards deux cent vingt un
mille trois cent quatre-vingt-cinq mille dix-neuf (37 221 385 019) FCFA, soit
un taux de croissance de 22,96% par rapport à cette moyenne, en 2017,
puis une croissance de soixante-onze milliards six cent soixante-dix millions
neuf cent onze mille neuf cent soixante-huit (71 670 911 968), soit un taux de
44,21%, en 2018. Sur la base des chiffres de ce tableau, observons le
comportement de la courbe de l'évolution des recettes d'impôts sur
le bénéfice sur le graphique suivant :
[41]
Graphique 2 : Courbe d'évolution des recettes
d'impôts sur le bénéfice de 2014-2018
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
Recettes impôts sur le bénéfice (IB)
250
|
000
|
000
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000
|
200
|
000
|
000
|
000
|
150
|
000
|
000
|
000
|
100
|
000
|
000
|
000
|
50
|
000
|
000
|
000
|
-
2014 2015 2016 2017 2018
Recettes impôts sur le bénéfice (IB)
Source : construit par nous sur la base des données du
Service informatique de la DGI
Comme on peut le constater, depuis la décroissance
observée en 2015, la courbe a connu une croissance qui semble continue
jusqu'en 2017 où l'on observe une légère montée
jusqu'en 2018 contrairement à la courbe des recettes de la TVA qui avait
connu une légère descente sur la même période. Cette
situation s'explique par le taux élevé de croissance obtenu en
2018 en termes de recouvrement des impôts sur le
bénéfice.
De façon globale, sur l'ensemble de la période
de l'étude, on peut retenir que tout comme le cas de la TVA, le
recouvrement des impôts sur le bénéfice a connu sur la
période de la mise en oeuvre de la facture normalisée, une
croissance moyenne de plus de 30% par rapport à la période
antérieure à sa mise en oeuvre. Sans inférer que c'est la
facture normalisée qui, à elle seule, explique cette croissance,
on peut néanmoins affirmer que la facture normalisée participe
à l'amélioration du recouvrement de la TVA et des impôts
sur le bénéfice.
Au terme de ce chapitre, on peut retenir que la facture
normalisée a un impact important dans la lutte contre la fraude fiscale.
D'une part, elle participe à sécuriser davantage les transactions
commerciales dans la mesure où elle permet de renforcer leur
traçabilité et de réduire le faux et l'usage de faux.
D'autre part, elle participe au renforcement de la mobilisation des recettes
fiscales surtout en matière de TVA et d'impôts sur le
bénéfice.
Toutefois, le système de la facture normalisée
n'est pas exempt d'insuffisances, rendant ainsi toujours possibles, les cas de
déduction de TVA et de charges fictives ainsi que les cas de
dissimulations volontaires de sommes sujettes à l'impôt. Ces
insuffisances rendent impérative la recherche de solutions pour
l'amélioration de l'efficacité de la facture normalisée
dans la lutte contre la fraude fiscale.
[42]
LANKOANDE Richard
L'efficacité des moyens de lutte contre la fraude
fiscale au Burkina Faso : cas de la facture normalisée
CHAPITRE IV : SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA FACTURE NORMALISÉE ET VÉRIFICATION
DES HYPOTHÈSES
Les insuffisances du système de la facture
normalisée démontrent qu'il est encore perfectible. De
même, certaines des causes de la fraude fiscale relevées dans le
cadre de cette étude sont de nature à réduire
l'efficacité de la facture normalisée dans la lutte contre la
fraude fiscale.
Pour espérer de meilleurs résultats dans la
lutte contre la fraude fiscale, ces différentes difficultés
doivent être maîtrisées. De ce fait, ce chapitre vise
à formuler des suggestions susceptibles d'améliorer
l'efficacité de la facture normalisée (I). En outre, il nous
permet de vérifier les différentes hypothèses
formulées au début de la présente étude (II).
I. SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DE
L'EFFICACITÉ DE LA FACTURE
NORMALISÉE
La facture normalisée telle qu'elle est
appliquée au Burkina Faso n'est pas une panacée dans la lutte
contre la fraude fiscale. Son efficacité pourrait toutefois, être
améliorée à travers le renforcement de la sensibilisation
et la formation des acteurs (I.1) ainsi que l'engagement de certaines
réformes et le renforcement de la répression des actes de fraude
fiscale (I.2).
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