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L'intégration aérienne en Afrique: une analyse à  partir des politiques du ci el unique africain de l'ASECNA et du MUTAA de l'union africaine


par Amédée MISSIKA MBIANG
IRIC- Université de Yaoundé 2 Soa - Master professionnel en Relations Internationales, option Intégration Région le et Management des Institutions Communautaires 2021
  

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B- Le MUTAA : une politique publique règlementée par des normes communautaires

Le communautarisme a comme conséquence l'application des normes et règles qui s'imposent à tous ceux qui y sont parties prenantes. Afin de favoriser une industrie du transport aérien sûre, sécurisée, efficace, abordable et durable en Afrique, il est important de disposer d'un cadre réglementaire approprié qui permette de gérer ce secteur efficacement. Ainsi, dans la mise en oeuvre du MUTAA, le droit communautaire possède un arsenal de normes applicables au niveau continental.

Le tout premier texte règlementaire communautaire est la Décision de Yamoussoukro, reprise par la Politique africaine de l'aviation civile (PAAC) qui est le document du cadre général qui fournit la vision et les objectifs stratégiques de l'Aviation civile africaine. La Politique préconise un marché du transport aérien libéralisé, concurrentiel et commun en Afrique grâce à l'application intégrale de la Décision de Yamoussoukro de 1999.

En 2014, les ministres du secteur des transports ont approuvé le texte réglementaire de la Décision de Yamoussoukro, et notamment (a) les Pouvoirs et les fonctions de l'Agence d'exécution (b) les Règles de concurrence ; (c) le Règlement sur la protection du consommateur et (d) le Mécanisme de règlement des différends. Les textes institutionnels et réglementaires ont ensuite été adoptés en mars 2017 par le Comité technique sectoriel sur les transports, l'énergie et le tourisme. L'Agence d'exécution de la Décision de Yamoussoukro a pour mandat d'assurer le bon fonctionnement du marché unique en appliquant les règles de concurrence et la réglementation en matière de protection du consommateur afin d'offrir des opportunités justes et équitables à tous les acteurs du marché intra-africain de l'aviation libéralisé, de promouvoir une concurrence saine et de protéger les droits des consommateurs. Les règles de concurrence prévoient des dispositions qui interdisent tout accord et/ou pratique concertée qui affecte la libéralisation des services du transport aérien intra-africain et qui peuvent prévenir, restreindre ou dévier la concurrence. Ce texte porte également sur les règles relatives à l'abus de monopole, aux subventions, aux mesures de sauvegarde et à la non-discrimination dans l'application des réglementations nationales. La réglementation sur la protection des consommateurs couvre les droits des consommateurs de services de transport aérien en Afrique, la protection contre les traitements injustes dans la prestation de services et propose un système d'indemnisation aux passagers victimes de non-respect de leurs droits par les prestataires de services du secteur aérien.

Elle interdit les pratiques injustes, trompeuses et discriminatoires. Elle oblige également les prestataires de services à offrir une assurance pour dommage aux tiers adéquate, à fournir des informations aux passagers et à indemniser les passagers en cas de vols retardés, d'annulation, de refus d'embarquement, de déclassement et de changement d'itinéraire, selon le cas.

La Décision de Yamoussoukroprévoit également un cadre pour le règlement des différends. Le cadre a été défini dans le Mécanisme de règlement des différends, permettant que la négociation et l'arbitrage soient le principal mode de règlement des différends. Cela n'exclut pas la possibilité que des tribunaux, des sessions de médiation et d'autres procédures d'appel soient utilisés. Le Mécanisme de règlement des différends prévoit la création d'un Comité d'appel et d'un Tribunal arbitral de l'aviation, qui doivent tous deux être établis au sein des structures de l'Union africaine.

L'industrie de l'aviation civile internationale est historiquement très réglementée conformément au principe de la souveraineté de l'État sur son espace aérien et aux devoirs pour les États de négocier l'accès à leur marché aérien sur une base bilatérale. La Décision de Yamoussoukro a incorporé certains de ces principes et demande aux États membres de négocier des accords bilatéraux sur les services aériens conformément aux principes de la DY. Le bilatéralisme crée un marché fragmenté surtout quand des États continuent de protéger leurs transporteurs nationaux en privant les compagnies aériennes africaines qualifiées des droits garantis par la Décision de Yamoussoukro. Dans le cadre du MUTAA, les États membres devraient disposer d'un protocole juridique multilatéral commun qui garantisse l'accès au marché, élimine l'accord bilatéral sur les services aériens pour le trafic intra-africain et harmonise les réglementations nationales pour qu'elles soient conformes à tout cadre réglementaire continental.

Répondre aux normes de sûreté et de sécurité dans le cadre du MUTAA

Par ailleurs, le MUTAA doit également répondre aux normes de sûreté et de sécurité ; l'accomplissement des normes de sûreté et de sécurité est essentiel à la bonne marche du Marché unique du transport aérien africain. À cet effet, la Commission africaine de l'aviation civile collabore avec l'Organisation de l'aviation civile internationale dans le cadre de son initiative intitulée «Aucun pays laissé de côté» pour renforcer la sûreté et la sécurité de l'aviation civile en Afrique par l'intermédiaire d'un Plan intégral d'application des normes de sécurité aérienne en Afrique (AFI SAFPLAN ) et d'un Plan intégral d'application régionale des normes de sécurité aérienne (AFI SECFAL) et de facilitation des programmes en Afrique.

Les ministres africains responsables du transport aérien ont déjà mis en place des objectifs de sécurité aérienne (objectifs de sécurité d'Abuja) et défini des objectifs appropriés en matière de sécurité (objectifs de sécurité et de facilitation de Windhoek) pour le continent, afin de s'assurer que les États membres et les compagnies aériennes respectent les normes minimales de sûreté et de sécurité conformément aux directives de l'OACI. Pour harmoniser les réglementations et le niveau de sûreté et de sécurité à l'échelle continentale, l'OACI aide également les États membres à mettre en place des Organisations régionales de supervision de la sécurité (RSOO), des Programmes de développement coopératif de la sécurité opérationnelle et du maintien de la navigabilité (COSCAP) et, dans certains cas, des Agences de supervision de la sûreté et de la sécurité de l'aviation civile (CASSOA) à l'échelle régionale.

Ces organismes régionaux donnent priorité au règlement des questions de supervision de la sécurité au niveau régional et à l'harmonisation des réglementations afin de s'assurer que les compagnies aériennes certifiées sur le marché unique respectent les mêmes normes. L'Agence d'exécution se charge de garantir que les États membres respectent les normes minimales recommandées par l'OACI. Elle le fera par ses propres audits et par ceux du Programme universel d'évaluation de la surveillance de la sécurité (USOAP) de l'OACI, de la Méthode de surveillance continue (CMA) et du Programme universel d'audits de sûreté (USAP) auprès des États membres. Les normes de l'OACI et les pratiques recommandées ne sont pas des règlements. Les États membres doivent intégrer ces normes dans leurs réglementations nationales. Pour garantir que la certification des compagnies aériennes sur le marché unique du transport aérien africain se fasse dans un cadre harmonisé, il est nécessaire que le continent établisse un ensemble commun de règlements obligatoires applicable aux compagnies aériennes africaines qualifiées.

Tout compte fait, l'on constate que le Marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA) a pour objectif d'assurer la connectivité intra régionale entre les villes d'Afrique et de créer sur le continent un marché du transport aérien unifié pour impulser l'intégration économique et les objectifs de développement du continent. Car il s'agit d'une libéralisation totale des services de transport aérien africains en termes d'accès au marché, de droits de trafic pour les services aériens réguliers et de marchandises assurés par des compagnies aériennes éligibles, améliorant ainsi la connectivité des services aériens et les efficiences des transporteurs aériens.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius