L'intégration aérienne en Afrique: une analyse à partir des politiques du ci el unique africain de l'ASECNA et du MUTAA de l'union africainepar Amédée MISSIKA MBIANG IRIC- Université de Yaoundé 2 Soa - Master professionnel en Relations Internationales, option Intégration Région le et Management des Institutions Communautaires 2021 |
ABSTRACTThe research on the theme "Air Integration in Africa: an analysis based on the Single African Sky policies of ASECNA and the MUTAA of the African Union" aims to analyse African regional integration in general and air integration in particular, and to put them into perspective based on air policies, namely the "Single African Sky" policy of ASECNA and the MUTAA of the African Union. The choice of this subject stems from a global reflection on the impact of the plurality of air policies on the African air integration process. Thus, in order to conduct this research work, we have used a theoretical framework composed of the following theories: neo-functionalism and inter-governmentalism. The methodological approach of this study is based on collection and analysis techniques such as desk research, internet research, field survey, interview guide and content analysis. On the basis of the results obtained, it is established that, if properly managed, aviation policies can be a prerequisite for aviation integration and thus a boost to regional integration in general. Badly managed, they rather constitute an obstacle to it, depending on the negotiations and what is proposed to the States. However, the process of unification of the "African sky" is still struggling to be implemented effectively because of many burdens in the form of brakes and fears of various kinds that it is urgent to dispel so that the fruits keep the promise of the flowers. Key words: African Union, ASECNA, MUTAA, Public Policies, Community Public Policies, Regional Integration, Air Integration, Public Policies, ASECNA, MUTAA, African Union. INTRODUCTION GENERALEL'introduction en tant que clef de voûte de toute entreprise de recherche vaut son pesant d'or dans la construction du travail de recherche1(*). Elle permettra ainsi de faciliter la compréhension du thème d'étude tout en suscitant l'intérêt du lecteur. A cet effet, la présente introduction s'articule autour de trois grandes parties à savoir la construction de l'objet (I), le cadre théorique et méthodologique (II) et l'articulation et gestion du plan de travail (III). I- LA CONSTRUCTION DE L'OBJETDans cette partie sur la construction de l'objet d'étude, il sera question de s'inscrire dans la sphère scientifique tout en passant de la connaissance commune à la connaissance scientifique2(*). Pour ce faire, afin d'arborer cette posture scientifique, il sera question en tant que chercheur de rompre avec les obstacles épistémologiques3(*). Cette partie du travail s'articulera essentiellement sur le contexte et la justification du sujet (A), la délimitation du sujet (B), définition des concepts (C), la revue de littérature (D), la problématique et les questions de recherche (E) et les hypothèses (H). A- Contexte et justification du sujetDans cette articulation liminaire, il s'agit de préciser le contexte dans lequel s'inscrit le sujet (1) et de justifier son choix (2). 1- Contexte du sujet« Lorsque je dessine les frontières de l'Afrique, j'ai toujours l'impression de blesser les peuples »4(*). Par ces termes, Le Monde Diplomatique citant un géographe, estimait que les frontières africaines héritées de la colonisation sont fréquemment dénoncées pour avoir divisé des aires de populations continues propulsant ainsi l'Afrique comme étant et restant « le plus morcelé des continents »5(*), fut-il tant sur son territoire terrestre, maritime qu'aérien. Cette situation ne date pas d'aujourd'hui car c'est avec un très lourd handicap que la majorité des pays africains accèdent à la souveraineté internationale. En effet, les frontières de ces derniers sont toutes issues des décisions de la Conférence de Berlin organisée par les Européens qui, réunis du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 à l'invitation du Chancelier allemand Otto Von Bismarck, décidèrent de la balkanisation, communément appelée partage de l'Afrique6(*). Enfermés dans un carcan d'espace socio-économique étroit, les Etats africains se rendent compte de la nécessité de dépasser le cadre de leur souveraineté nationale. Cet état de choses justifierait l'effervescence intégrationniste observée pendant la décennie des indépendances7(*) et qui suit son cours de nos jours. C'est dans ce sillage qu'au lendemain de leur accession à la souveraineté internationale, afin de relever les énormes défis auxquels ils étaient confrontés, notamment en matière de développement dans un contexte marqué par la récurrence des conflits8(*), les pays africains, ou du moins certains déjà indépendants ou presqu'indépendants, vont opter pour la constitution d'un ensemble continental à même de surmonter ces difficultés via la conjugaison des efforts9(*). Ce processus reflète la conviction chez les décideurs africains que l'intégration est une condition essentielle du succès des efforts déployés en matière de développement, dans l'exploitation des voies et moyens permettant la réalisation des objectifs de développement et d'intégration afin de parvenir à la construction d'une région économiquement efficace10(*) et ceci, dans le souci que l'Afrique ne soit plus « une honte, un embarras et une menace pour la mondialisation »11(*)au sens de SHANDA TONME, mais plutôt ce « formidable élan qui, un jour très prochain, vaincra toutes les difficultés »12(*). Ceci dit, l'intégration régionale apparaît donc de nos jours comme une nécessité dont nul ne peut remettre en question l'importance. De plus en plus, l'intégration régionale interpelle beaucoup plus le continent africain étant donné que l'Afrique apparaît comme la région la moins intégrée de la planète alors que la question de la libre circulation piétine, pourtant souhaitée. Or, circuler librement insinue mouvement massif des populations africaines d'un coin du continent à un autre par le canal des moyens de déplacement qui s'offrent à elles, moyens pouvant être par voies terrestre, maritime, ou encore aérienne qui paraît encore le moyen le plus rapide et le plus sûr. Il s'agit donc d'une interconnexion de l'espace aérien africain. Ceci matérialise l'attachement de ces pays africains à cet outil commun, symbole achevé des vertus de la coopération et de l'intégration africaine qui se projettent aujourd'hui vers un « ciel sans frontières » en Afrique, visant à intégrer l'espace aérien africain via les politiques du « ciel unique africain » de l'ASECNA et du MUTAA de l'Union Africaine lancées en 2017 par leurs institutions respectives. Nonobstant ces deux politiques de l'ASECNA et de l'UA, l'intégration régionale aérienne reste quelque peu à la traine,un peu plus de quatre ans après avoir été lancées en grandes pompes car l'on ressent peu leur implémentation effective. Pourtant, si les Etats africains s'approprient ces initiatives, et les mettent pleinement en oeuvre, le processus d'intégration régionale en général, et aérienne en particulier sur le continent pourrait réaliser un saut qualitatif. D'où notre option pour le thème de recherche intitulé « L'intégration aérienne en Afrique : une analyse à partir des politiques du ciel unique africain de l'ASECNA et du MUTAA de l'Union Africaine ». * 1 Etienne PIDOM, « L'intégration régionale face à la résurgence des nationalismes : une analyse à partir du Brexit », Mémoire de Master en Relations Internationales, option Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires (IRMIC), Université de Yaoundé II, IRIC, 2019, p.10. * 2 Hervé BARREAU, L'épistémologie, Paris, PUF, 1990, p.7. * 3 Gaston BACHELARD, La formation de l'esprit scientifique, Paris, librairie philosophique J.VRIN, p.13. * 4 Propos d'un géographe cités dans « Le Monde Diplomatique », décembre 2012. Voir aussi l'article de Anne-Cécile Robert, « Que nous reste-il des frontières africaines ?, p.15. * 5 Jean ZIEGLER, Main basse sur l'Afrique. La recolonisation, Paris, Seuil, 1980, p.21. * 6 Papa Lafatine SEME, Les initiatives d'intégration en Afrique, Mémoire de Master en Droit International Public et Européen, Université Pierre Mendes France, Grénoble II, 2006, p.1. * 7 Bruno BEKOLO EBE, « L'intégration régionale en Afrique : caractéristiques, contraintes et perspectives », in Monde en développement, Vol.3, N° 115-116, 2001, pp.81-88. * 8 Gilles Benoît BANOUEKENI Y'EMOCK, L'intégration régionale en Afrique vue sous les traits du passeport africain, Mémoire de Master en Relations Internationales, option Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires, Université de Yaoundé II, IRIC, 2020, p.2. * 9 C'est ainsi que fut créée sur des fonds baptismaux l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) dans l'enceinte de l'Africa Hall à Addis-Abeba le 25 mai 1963 autour du Négus Hailé SELASSIE, avec pour objectif principal d'aider à la décolonisation totale de l'Afrique et d'éradiquer le régime ségrégationniste d'apartheid en Afrique du Sud. Cependant, bien un peu plus de quatre ans plutôt, fut créée l'ASECNA par la Convention de Saint-Louis du 12 Décembre 1959 au Sénégal. Cet établissement public à caractère international est chargé de remplir la fonction de fournisseur de services de navigation aérienne destinés à garantir la sécurité et la régularité des vols de la circulation aérienne, généralement dans les espaces aériens qui lui sont confiés par les Etats parties tels que mentionnés en annexes I et II de la Convention révisée le 25 Octobre 1974 à Dakar au Sénégal, adoptée à Ouagadougou, au Burkina Faso et signée le 28 Avril 2010 à Libreville en République Gabonaise. * 10 Yanick KENHOUNG, L'intérêt national dans le processus d'intégration en Afrique, Mémoire de Master en Relations Internationales, option Intégration Régionale et Management des Institutions Communautaires, Université de Yaoundé II, IRIC, 2014, p.2. * 11 Jean-Claude SHANDA TONME, L'Afrique et la mondialisation, Paris, L'Harmattan, 2009, p.104. * 12 Mathias LERIDON, L'Afrique va bien. 10 chapitres à l'usage de ceux qui disent que l'Afrique ne s'en sortira jamais..., Paris, Editions Nouveaux débats Publics, 2010, p.196. |
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