L'intégration aérienne en Afrique: une analyse à partir des politiques du ci el unique africain de l'ASECNA et du MUTAA de l'union africainepar Amédée MISSIKA MBIANG IRIC- Université de Yaoundé 2 Soa - Master professionnel en Relations Internationales, option Intégration Région le et Management des Institutions Communautaires 2021 |
2- L'inter-gouvernementalismeLa théorie de l'inter-gouvernementalisme fut initiée dès les années 1960 par Stanley HOFFMANN87(*), un universitaire américain proche de Raymond ARON, qui étudia l'essor de la construction européenne dans une perspective réaliste. Ultérieurement, Robert O. KEOHANE s'associa à HOFFMANN pour analyser l'accélération de l'Eintégration européenne dans les années 1980. Cette théorie soutient la prédominance de l'tat dans le processus d'intégration. Elle vient donc remettre au grand jour le rôle de l'État dans le processus d'intégration en introduisant l'analyse sur la combinaison entre le pouvoir des États et le pouvoir des Organisations d'intégration. L'inter-gouvernementalisme peut prendre sa forme originelle ou libérale. Pour ce qui est de l'inter-gouvernementalisme originel, Stanley HOFFMANN souligne que la crainte des gouvernements européens de cumuler un retard sur les avancées technologiques a justifié la mise en commun d'efforts de recherche, conduisant à la création d'un marché commun. Pour Jean-Jacques ROCHE, « La coopération interétatique, par le biais des organisations internationales, était donc envisagée comme un procédé rationnel destiné à optimiser l'emploi des moyens mis en commun par les États membres »88(*). C'est dans cette optique que Stanley HOFFMANN parlait de « mise en commun de la souveraineté » ou « pooledsovereignty », l'Organisation d'intégration étant dès lors perçue comme un facteur d'accroissement de la puissance des États. Pour les tenants de l'inter-gouvernementalisme originel, la décision de traiter des questions techniques est en elle-même une décision politique, en ce sens que les autorités étatiques restent les maîtres du processus d'intégration et déterminent les priorités à partir des intérêts nationaux. Le champ de compétence des Organisations d'intégration découle donc d'un marchandage entre les États (interstatebarganing) ou des négociations permanentes entre ces derniers. L'inter-gouvernementalisme libéral quant à lui apparaît dans les années 1990 avec les travaux d'un chercheur américain du nom d'Andrew MORAVCSICK. Ce dernier considère comme HOFFMANN que les décisions des Organisations internationales sont la résultante d'un marchandage entre les États rationnels, mais refuse de voir les États comme des entités rigides qui ne défendraient que leurs intérêts. L'intégration proviendrait donc des marchandages intergouvernementaux impulsés par les acteurs sociaux internes. MORAVCSICK pense à cet effet que « les préférences nationales énoncées par les États dans les instances de coopération résultent au contraire des demandes formulées par les acteurs sociaux qui cherchent à faire prévaloir leurs options devant les instances administratives et politiques »89(*). MORAVCSICK repolitise donc l'intégration régionale mais accorde une importance aux pressions que les acteurs sociaux internes exercent sur les instances gouvernementales. Ramener à la présente étude, il convient de noter que cette théorie y trouve sa place aussi bien dans sa forme originelle que libérale. De ce fait, elle permet de comprendre que les politiques aériennes d'intégration prennent corps à partir de la volonté politique, des négociations interétatiques en collaboration avec les acteurs sociaux afin de résoudre les problèmes d'ordre communautaire qui s'imposent à eux. Dans le cas d'espèce, l'on peut noter le problème de la libre circulation qui passe par une intégration aérienne. * 87 Robert O. KEOHANE et Stanley HOFFMANN, The New European Community: Decision making and Institutional Change, Boulder, Westview Press, 1991, p.18.,cité par Christian KAMTILA DILI, op.cit.,p.17. * 88 Jean-Jacques ROCHE, Théories des relations internationales, Paris, Montchrestien, 4e éd. 2002, p.134. * 89 Andrew MORAVCSIK, « Preferences and Power in the European Community: A Liberal Intergovernmentalist Approach », in Journal of Common Market Studies, n° 31, 1993, p. 482. |
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