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Compréhension du processus d'engagement écologique - l'importance du collectif, des connaissances et des émotions pour une transformation intérieure et extérieure de nos représentations


par Laurie Benisti
Institut Catholique de Paris - Politiques environnementales et management du développement durable 2018
  

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III- Le processus de prise de conscience et d'engagement écologiques

« Un coeur qui s'ouvre peut contenir tout l'univers », Joanna Macy

« Il y a des choses qu'on ne voit comme il faut qu'avec des yeux qui ont pleuré », Henri Lacordaire

« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur, que nous n'ayons corrigé nous-même », Etty Hillesum

La prise de conscience et d'engagement a peu été étudiée en tant que processus. Nous avons réuni trois types d'approches qui nous semblent pertinentes et complémentaires, et que nous présenterons à tour de rôle, en essayant de mettre en évidence à chaque fois leurs apports et leurs limites.

1) 19

La conscientisation (Paulo Freire)

Le pédagogue brésilien Paulo Freire, connu pour ses travaux et sa pratique de l'éducation comme moyen militant et politique de conscientisation et de libération, identifie trois niveaux de conscience dans un processus de changement profond.

Le premier niveau correspond à ce qu'il appelle la « conscience magique ». Il s'agit du degré de conscience le plus aliéné ; la conscience est dépendante et soumise, les personnes manquent de distance suffisante avec la réalité pour l'objectiver et l'aborder de manière critique. Puis un processus de construction des savoirs et d'alphabétisation culturelle permet de dépasser l'ignorance. C'est la conscience naïve, qui amène les personnes à soupçonner ce que peut être la véritable raison de l'ordre des choses et de la réalité. Enfin, le troisième niveau correspond à la conscience critique. Les personnes prennent conscience de la réalité socioculturelle qui moule leur vie, et comprennent l'ampleur du potentiel qu'elles ont pour transformer la réalité et se transformer elles-mêmes comme partie de cette réalité.

On retrouve dans son raisonnement trois éléments clés qui permettent de dépasser l'igno-rance et de se libérer de notre dépendance aux croyances : la connaissance et la construction des savoirs, la conscience des éléments qui nous déterminent, et la conscience de notre capacité à agir dessus. Un autre élément intéressant est la portée libératrice de ce processus. Enfin, selon lui, l'action est centrale dans ce processus : la conscientisation sans action, ne créerait qu'une illusion de changement. La réflexion et l'action s'alimentent l'une l'autre dans un aller-retour que Paulo Freire nomme l'action réflexive, c'est-à-dire le fait de mettre la réflexion au coeur de l'action en vue à la fois de l'améliorer et d'en apprendre. La conscientisation permet alors, selon Freire, de s'émanciper et de se libérer des oppressions.

L'approche de Freire n'est cependant pas liée aux enjeux écologiques, même elle peut facilement s'y appliquer. Limites

2) L'échelle de conscience (Paul Chefurka)

Dans son article « Gravir l'échelle de la conscience » (climbing the ladder of awareness), le chercheur canadien Paul Chefurka propose une échelle de prise de conscience en 5 étapes.

La 1ère étape est celle du sommeil profond. La personne ne semble pas voir de problème fondamental. Si problème il y a, c'est qu'il n'y a pas assez de ce qu'il y a déjà (croissance, emplois, salaires, développement...). Puis, la personne prend conscience d'un problème fondamental qui retient toute son attention. Ce peut être le changement climatique, la biodiversité, le pic pétrolier, la pollution, les inégalités, les migrations... Cela peut mener à devenir un ardent militant pour la cause choisie. Ensuite, la personne prend conscience de la diversité des problèmes. Elle cherche à les hiérarchiser selon leur urgence et leur force d'impact, sans forcément les relier entre eux. Dans un

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quatrième temps, la personne prend conscience des interconnexions entre les problèmes. Tout devient systémique, les solutions isolées ne fonctionnent plus. Il y a une tendance à se rapprocher de cercles restreints de personnes aux vues similaires pour échanger et approfondir leur compréhension. Enfin, la personne prend conscience que la situation englobe tous les aspects de la vie. Ces aspects incluent tout ce que nous faisons au quotidien, comment nous le faisons, nos relations... La personne prend conscience qu'on n'est plus face à un problème que l'on doit résoudre, mais face à un predicament (=situation inextricable qui ne peut être résolue). Il faut donc apprendre à vivre avec, et on prend conscience des bouleversements inévitables à venir. On a le sentiment d'être complètement dépassé, tout est remis en question. Il y a un risque réel de dépression.

Nous voyons donc que la connaissance est au coeur du processus de prise de conscience de Paul Chefurka. L'élément au coeur du processus de prise de conscience est la conscience des interconnexions entre les problèmes et du côté systémique de la situation. Deux autres éléments sont importants selon lui : la conscience que la situation englobe tous les aspects de notre vie, et la conscience qu'il s'agit d'un problème qui ne peut être résolu complètement et qu'il faut donc accepter. L'intérêt de cette approche est donc de comprendre les grandes étapes de la prise de conscience des problèmes de notre civilisation, et de souligner l'importance primordiale du systémique.

Mais la notion d'engagement et d'action n'est pas du tout présente dans cette échelle, et se concentre sur un aspect certes important, mais limité de la prise de conscience. Surtout, l'approche ne se concentre pas sur les apports de la prise de conscience. La perspective est très négative, la dernière étape se terminant sur une situation sans issue et un risque de dépression. Mais Chefurka précise tout de même dans son article que pour faire face au désespoir de la 5ème étape, deux routes semblent se dégager : un chemin intérieur, consistant à repenser notre façon d'être au monde par une forme de développement personnel et/ou un chemin extérieur, consistant à agir pour s'adapter et devenir plus résilient. Ainsi, contrairement à Freire, l'approche de Chefurka présente l'action comme un résultat du processus de prise de conscience plutôt que comme une partie intégrante de celui-ci.

3) La courbe du deuil (Elisabeth Kübler-Ross) sous le prisme de la collapsologie et de l'écopsy-chologie (Pablo Servigne et Joanna Macy)

La psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a développé en 1969 une théorie portant sur les différents stades émotionnels par lesquels passe une personne qui apprend sa mort prochaine : déni, colère, marchandage, dépression et acceptation. Elle a également appliqué ces étapes à toute forme de perte difficile (emploi, divorce, infertilité...). Aujourd'hui, de plus en plus de personnes vivent ce processus dans leur prise de conscience écologique. Pablo Servigne et Joanna Macy expliquent tous deux avoir ressenti et retrouvé ces étapes dans les réactions des publics qu'ils ont rencontrés. En effet, comme nous l'avons vu dans les précédentes parties, prendre conscience des catastrophes en

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cours et à venir, d'un possible effondrement de nos civilisations, et de la nécessité de remettre en question et de changer radicalement nos façons de vivre et de penser, peut être vécu comme un véritable effondrement intérieur.

L'illustration suivante a été réalisée par le facilitateur graphique Matthieu Van Niel, et présente les différentes étapes par lesquels une personne passe dans ce processus.

Figure 2 : Collapsologie et courbe du deuil Source : Mathieu Van Niel

a) Déni

La première étape, souvent la plus longue, est le déni, que nous avons déjà évoqué, et qui peut impliquer une attitude consistant soit à nier, à ignorer ou à éviter les informations, et à réprimer ses émotions. Ici, si l'on considère le « choc » comme l'information selon laquelle nos civilisations pourraient s'effondrer, la phase de déni peut-être très longue, voire insurmontable.

b) Colère et peur

La personne peut aussi passer par une étape de colère et/ou de peur. Selon Pablo Servigne, la colère est « une forme d'expression de la peine et de la souffrance, et surtout la preuve d'une grande sensibilité à l'injustice. La colère peut aussi signifier une volonté, une rage de vivre, et même

de vivre ensemble ». Elle peut mener à vouloir désigner des coupables et des responsables. La peur se manifeste plus comme de l'anxiété et de l'angoisse, qui peuvent nous paralyser lorsque l'on pense au futur. Mais les études sont partagées sur l'impact de ces sentiments sur l'engagement : certaines montrent qu'ils sont positifs, d'autres l'inverse. Il ne semble finalement pas y avoir de corrélation, et d'autres facteurs sont à prendre en compte.

c) Marchandise et négociation

La phase de marchandise, ou de négociation peut consister à vouloir trouver des moyens alternatifs sans aller aux racines des problèmes ; Mathieu Van Niel a choisi l'exemple de la voiture électrique, mais la principale manifestation de la marchandise est sûrement la croyance aux technologies comme moyen de nous sauver. Cette étape peut inclure les phénomènes du biais de confirmation et de la justification que nous avons évoqués précédemment, et qui permettent de réduire la dissonance ou de fuir la souffrance.

d) Dépression et éco-anxiété

Lorsque l'on réussit à faire face aux problèmes, à notre capacité limitée à les résoudre, et donc au risque d'effondrement, le choc peut être rude. Comme le soulignait Chefurka dans son échelle, il y a un risque réel de dépression associé à la prise de conscience écologique. La personne peut se sentir complètement dépassée, ne plus trouver de sens à sa vie si celle-ci est ancrée dans le système et contribue aux crises en cours. « C'est vraiment le bazar, plus rien n'a de sens », illustre Matthieu Van Niel. Plus largement, pour désigner la souffrance et l'angoisse liées à l'état du monde et à la perspective d'un effondrement, le terme d'éco-anxiété a été développé en 2011 par la psychiatre et chercheuse Véronique Lapaige. C'est un phénomène récent auquel commencent tout juste à s'intéresser les psychologues et psychanalystes, au vu de la multiplication de sa manifestation. Il est toutefois important de distinguer éco-anxiété et dépression : la dépression est une maladie, tandis que l'éco-anxiété n'en est pas une mais peut mener à la dépression. Une des principales critiques de la collapsologie porte sur le risque de démobilisation, de dépression et de comportements surviva-listes que la perspective d'un effondrement peut provoquer. Mais l'éco-anxiété peut aussi être une véritable source de motivation et d'engagement : « le nombre d'éco-anxieux croit de jour en jour, et heureusement (...). Parce que précisément, c'est ce phénomène d'éco-anxiété qui va nous permettre de faire face, de nous engager, à différents niveaux, face à l'ampleur des impacts environnementaux », estime Véronique Lapaige. Ses propos rejoignent la pensée de Joanna Macy, qui, comme nous l'avons vu, considère que la « douleur est le prix de la conscience dans un monde menacé et souffrant. Dans tous les organismes, la souffrance a une finalité : celle d'un signal d'alarme. Non seulement elle est naturelle, mais c'est une composante indispensable de notre guérison collective ».

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e) Acceptation et renouveau

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Selon Joanna Macy, cette phase de souffrance et de désespoir serait en effet nécessaire, libératrice et régénératrice. Lorsque nous commençons à participer et à nous épanouir dans la construction de nouvelles façons de penser et de vivre, nous entrons dans la phase d'acceptation et de renouveau.

Cette phase se construit à la fois dans la réflexion et dans l'action. D'une part, faire face à nos contradictions et aux catastrophes écologiques peut nous amener à réfléchir et à se poser des questions fondamentales sur notre place dans le monde et sur le sens de notre vie. D'autre part, l'action et l'engagement permettent de construire de nouvelles façons de se voir, de voir l'autre et de voir le monde. Ainsi, selon Servigne, « l'action n'est pas l'aboutissement d'un processus, mais elle fait partie intégrante du processus de transition intérieure. C'est elle qui permet dès le début de la prise de conscience de sortir d'une position d'impuissance inconfortable en apportant quotidiennement des satisfactions qui maintiennent optimistes. Ce sont d'abord de petites actions qui paraissent insignifiantes, puis de plus conséquentes, suivant les gratifications que chacun a pu tirer des premières. C'est en agissant que notre imaginaire se transforme ». Ainsi, ce processus de réflexion et d'action liées peuvent permettre de (re)définir son soi profond, son rapport aux autres, et son rapport au monde, ce qui peut être source de joie et de bonheur profonds. Joanna Macy explique que ce processus peut libérer une énergie créatrice renforcée, et permettre de « recouvrer sa passion pour la vie, sa créativité innée et sauvage ». D'autres auteurs ont étudié l'aspect libérateur et créateur de la prise de conscience : pour Murphy, « la conscience est un seuil qui, une fois franchi, nous ouvre tout un univers : langage, objectivité, connaissance, curiosité, apprentissage créatif, action subjective, motivation intérieure, espoir, intention, libre choix - bref, un univers où nous pouvons jouer un rôle actif », et pour Rouillard : « La liberté est proportionnelle au degré de conscience d'un être, laquelle est elle-même et de manière implicite proportionnelle au degré de responsabilité qu'il ressent ». Les notions de liberté et de pouvoir d'action, de responsabilité, semblent intimement liées. Pour autant, il est important de noter qu'il ne s'agit pas d'un processus linéaire, qu'il est possible de faire des allers-retours entre désespoir et joie, voire de ressentir des sentiments contradictoires en même temps. Comme le résume Mathieu Van Niel sur son illustration : « C'est pas simple, c'est pas facile, mais c'est beau ». Aussi, toutes les étapes ne sont pas forcément vécues, et pas forcément dans cet ordre, et Pablo Servigne précise également que cette courbe n'est pas une norme applicable pour tous, mais un repère utile pour beaucoup.

Cette approche du processus de prise de conscience par le prisme des émotions est particulièrement intéressante car elle nous permet de réaliser l'importance de l'expression de nos émotions pour nous engager et changer pleinement. Surtout, elle peut se révéler très utile pour accompagner et aider les personnes dans leur cheminement ; c'était la vocation première de la courbe de deuil de Kübler-Ross pour ses patients. Pablo Servigne explique que la connaissance même de cette courbe peut représenter une vraie libération et un vrai soulagement, car la personne réalise que ses émotions

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sont naturelles, que le processus de changement est long, dynamique, et complexe, et qu'il finit par déboucher sur un horizon plus serein. Aider et accompagner les personnes dans ce cheminement et dans leur rapport à leur environnement est d'ailleurs l'objet de l'écopsychologie portée par Joanna Macy. Enfin, l'approche montre que pour dépasser le stade du désespoir et du sentiment d'impuis-sance, un des éléments clés est de prendre conscience de sa capacité et de sa responsabilité d'agir en prenant part et en s'épanouissant dans un processus d'action et de réflexion reconstructeurs. On retrouve ici la pensée de Paulo Freire, pour qui la conscience de sa capacité d'agir, l'action et la réflexion sont tous trois essentiels et reliés.

Cependant, l'échelle ne permet pas toujours de comprendre ce qui permet de passer d'une étape à une autre, et notamment pour la phase de déni. On peut également se demander si passer par cette phase de dépression, de désespoir est « nécessaire », comme semble l'indiquer Joanna Macy, et questionner les risques que cela peut entraîner

Ces trois approches révèlent des processus complémentaires. Les échelles de Freire et de Chefurka mettent l'accent sur l'importance de la connaissance et de la construction des savoirs dans ce processus. Freire parle « d'alphabétisation culturelle » et de « conscientisation », tandis que Che-furka souligne l'importance de la conscience du systémique. Les approches de Macy, Servigne, et de Freire soulignent l'aspect libérateur de ce cheminement, qui, par un processus de réflexion et d'action s'alimentant l'un l'autre, permettrait à la personne de recouvrir son pouvoir d'action, et de se redéfinir dans son rapport à soi, aux autres et au monde. Cela permettrait à la personne de se transformer, et de transformer la réalité imaginaire qui nous guide. Enfin, Macy et Servigne, en reprenant la courbe de deuil développée par Elisabeth Kübler-Ross, montrent que le processus de prise de conscience peut être vécu comme un véritable deuil : faire face aux crises, aux constats et aux implications peut à la fois désespérer, faire peur et rendre triste, et en même temps remettre en question tout le sens d'une vie. Mais faire le deuil de la société et de mode de vie peut être vécu comme un processus libérateur, régénérateur et créateur.

« Il fallait que nous changions du tout au tout notre attitude à l'égard de la vie. Il fallait que nous apprenions par nous-même et, de plus, il fallait que nous montrions à ceux qui étaient en proie au désespoir que l'important n'était pas ce que nous attendions de la vie, mais ce que nous apportions à la vie. Au lieu de se demander si la vie avait un sens, il fallait s'imaginer que c'était à nous de donner un sens à la vie à chaque jour et à chaque heure ».

Bilan de la revue de littérature

Nous avons d'abord vu la complexité, la diversité, et l'interdépendance de toutes les crises que nous connaissons, qui ont déjà des conséquences catastrophiques, et qui pourraient mener à un

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effondrement de la civilisation telle qu'on la connait. Que nous le subissions ou que nous le choisissions, des changements radicaux dans nos modes de production, de consommation, d'organisation et de vie sont inévitables. Les moyens d'action ne manquent pas, et nous pouvons agir pour à la fois limiter les dégâts, créer de nouvelles façons de faire, et changer nos façons de penser. (Tableau 1)

Mais individuellement, la prise de conscience et le passage à l'action sont très difficiles, et, en plus de barrières politiques et socio-techniques, ils sont soumis à de nombreux blocages psychologiques. Difficulté à percevoir et interpréter les informations, volonté de se conformer aux normes sociales, refoulement de nos émotions, et surtout, puissance des récits et croyances dominants qui déterminent notre façon d'être et d'agir ; toutes ces barrières s'érigent ensemble comme une montagne entre nous et le chemin de la durabilité. Une montagne qui semble infranchissable, et provoque des sentiments de culpabilité, de frustration, de mal-être lorsqu'on la regarde en face, et des comportements de déni, d'évitement et de justification pour éviter de la gravir. (Tableau 2)

Mais cette montagne n'est pas infranchissable. Lorsqu'on réalise la nécessité de l'emprunter, il faut changer du tout au tout sa façon de penser et de vivre, ce qui peut se révéler très difficile, mais finalement initiatique. En effet, en agissant, réfléchissant, ressentant et exprimant des émotions, on peut prendre conscience de notre pouvoir d'action, de notre rôle, mettre en accord et ajuster nos pensées et nos actions, et ainsi finalement se reconstruire dans une démarche de conciliation respectueuse et durable entre soi, les autres et le monde. (Tableau 3).

Ainsi, le processus d'engagement écologique semblerait être un processus transformateur intérieur et extérieur libérateur (Hypothèse principale)

Tableau 1 : Résumé de la partie 1 - Fondements de la prise de conscience et de l'engagement

Constats

- un monde d'exponentielles

- un monde de ressources finies : les limites auxquelles nous nous heurtons

- le franchissement de barrières et la proximité avec des points de bascule

- le verrouillage sociotechnique de nos sociétés qui empêchent le changement

- la fragilité et vulnérabilité croissantes de nos sociétés

Implica-
tions

- les catastrophes en cours et inévitables à venir

- la probabilité d'un effondrement

- la nécessaire remise en question fondamentale de nos modèles

Actions

- limiter les dégâts (atténuation et adaptation)

- comprendre la situation et créer des alternatives - changer de paradigme culturel

Tableau 2 : Résumé de la partie 2 - Barrières psychologiques à la prise de conscience et à l'engage-ment

Type de barrières

Manifestations

Conséquences

Barrières cognitives

- cerveau primitif, distances

- fatigue environnementale

- décalage du point de référence

- dissonance cognitive - impuissance acquise - déni, réactance

Barrières sociales

- normes sociales, désir mimétique, interaction spéculaire

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- conformisme, ignorance concertée, conditionnement collectif

- dilution de responsabilité

- évitement, fuite - justifications

Barrières émotion-
nelles

- peur de souffrir, de désespérer, de cul- pabiliser

- peur de paraître morbide, de paraître faible

Barrières culturelles

- récits et croyances - habitudes

Tableau 3 : Résumé de la partie 3 - Processus de prise de conscience

 

Conscientisation
Paulo Freire

Echelle de conscience
Paul Chefurka

Courbe de deuil
Elisabeth Kübler Ross
Macy et Servigne

Etapes

- conscience magique - conscience naïve

- conscience critique

- sommeil profond

- un problème fondamental

- plusieurs problèmes hiérarchisés - plusieurs problèmes intercon- nectés

- predicament

- déni

- colère et peur

- marchandage

- dépression et éco-anxiété

- acceptation et renouveau

Eléments
clés de la
prise de
conscience

- connaissance (« alphabé- tisation culturelle »)

- conscience des détermi- nants

- conscience de son pou- voir d'action

- action / réflexion

Connaissance de :

- l'interconnexion entre les pro- blèmes

- la situation englobe tous les as- pects de nos vies

- le pb ne peut être résolu (predi- cament)

- accepter et exprimer ses émotions

- souffrance et désespoir - conscience de son pou-voir d'action

- action / réflexion

Résultat

- libération, émancipation - la personne contribue à transformer la réalité

- action politique - action intérieure

- Redéfinition de soi, de son rapport aux autres, de son rapport au monde - Libération, création, éner-gie, joie

- la personne contribue à construire de nouveaux récits et imaginaires

Apports

- éducation au coeur du changement

- nécessité d'action/ré- flexion

Importance des interconnexions, du côté systémique des crises

- peut aider, accompagner et soulager les personnes vivant ce processus

- processus libérateur et

transformateur, à la fois
pour la personne et pour l'imaginaire collectif

Limites

Non reliée aux enjeux éco- logiques

- Facteur explicatif limité

- L'action ne fait pas partie du pro- cessus mais en est un résultat

Ne prend pas en compte les

premières étapes, part à
partir d'un choc.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille