III- Le processus de prise de conscience et d'engagement
écologiques
« Un coeur qui s'ouvre peut contenir tout l'univers
», Joanna Macy
« Il y a des choses qu'on ne voit comme il faut qu'avec
des yeux qui ont pleuré », Henri Lacordaire
« Je ne crois pas que nous puissions corriger quoi que
ce soit dans le monde extérieur, que nous n'ayons corrigé
nous-même », Etty Hillesum
La prise de conscience et d'engagement a peu été
étudiée en tant que processus. Nous avons réuni trois
types d'approches qui nous semblent pertinentes et complémentaires, et
que nous présenterons à tour de rôle, en essayant de mettre
en évidence à chaque fois leurs apports et leurs limites.
1) 19
La conscientisation (Paulo Freire)
Le pédagogue brésilien Paulo Freire, connu pour
ses travaux et sa pratique de l'éducation comme moyen militant et
politique de conscientisation et de libération, identifie trois niveaux
de conscience dans un processus de changement profond.
Le premier niveau correspond à ce qu'il appelle la
« conscience magique ». Il s'agit du degré de
conscience le plus aliéné ; la conscience est dépendante
et soumise, les personnes manquent de distance suffisante avec la
réalité pour l'objectiver et l'aborder de manière
critique. Puis un processus de construction des savoirs et
d'alphabétisation culturelle permet de dépasser l'ignorance.
C'est la conscience naïve, qui amène les personnes
à soupçonner ce que peut être la véritable raison de
l'ordre des choses et de la réalité. Enfin, le troisième
niveau correspond à la conscience critique. Les
personnes prennent conscience de la réalité socioculturelle qui
moule leur vie, et comprennent l'ampleur du potentiel qu'elles ont pour
transformer la réalité et se transformer elles-mêmes comme
partie de cette réalité.
On retrouve dans son raisonnement trois
éléments clés qui permettent de dépasser
l'igno-rance et de se libérer de notre dépendance aux croyances :
la connaissance et la construction des savoirs, la conscience des
éléments qui nous déterminent, et la conscience de notre
capacité à agir dessus. Un autre élément
intéressant est la portée libératrice de ce processus.
Enfin, selon lui, l'action est centrale dans ce processus : la conscientisation
sans action, ne créerait qu'une illusion de changement. La
réflexion et l'action s'alimentent l'une l'autre dans un aller-retour
que Paulo Freire nomme l'action réflexive, c'est-à-dire le fait
de mettre la réflexion au coeur de l'action en vue à la fois de
l'améliorer et d'en apprendre. La conscientisation permet alors, selon
Freire, de s'émanciper et de se libérer des oppressions.
L'approche de Freire n'est cependant pas liée aux
enjeux écologiques, même elle peut facilement s'y appliquer.
Limites
2) L'échelle de conscience (Paul Chefurka)
Dans son article « Gravir l'échelle de la
conscience » (climbing the ladder of awareness), le
chercheur canadien Paul Chefurka propose une échelle de prise de
conscience en 5 étapes.
La 1ère étape est celle du
sommeil profond. La personne ne semble pas voir de
problème fondamental. Si problème il y a, c'est qu'il n'y a pas
assez de ce qu'il y a déjà (croissance, emplois, salaires,
développement...). Puis, la personne prend conscience d'un
problème fondamental qui retient toute son attention. Ce peut
être le changement climatique, la biodiversité, le pic
pétrolier, la pollution, les inégalités, les migrations...
Cela peut mener à devenir un ardent militant pour la cause choisie.
Ensuite, la personne prend conscience de la diversité des
problèmes. Elle cherche à les hiérarchiser selon
leur urgence et leur force d'impact, sans forcément les relier entre
eux. Dans un
20
quatrième temps, la personne prend conscience
des interconnexions entre les problèmes. Tout devient
systémique, les solutions isolées ne fonctionnent plus. Il y a
une tendance à se rapprocher de cercles restreints de personnes aux vues
similaires pour échanger et approfondir leur compréhension.
Enfin, la personne prend conscience que la situation englobe tous les aspects
de la vie. Ces aspects incluent tout ce que nous faisons au quotidien, comment
nous le faisons, nos relations... La personne prend conscience qu'on n'est plus
face à un problème que l'on doit résoudre, mais face
à un predicament (=situation inextricable qui
ne peut être résolue). Il faut donc apprendre à vivre avec,
et on prend conscience des bouleversements inévitables à venir.
On a le sentiment d'être complètement dépassé, tout
est remis en question. Il y a un risque réel de dépression.
Nous voyons donc que la connaissance est au coeur du processus
de prise de conscience de Paul Chefurka. L'élément au coeur du
processus de prise de conscience est la conscience des interconnexions entre
les problèmes et du côté systémique de la situation.
Deux autres éléments sont importants selon lui : la conscience
que la situation englobe tous les aspects de notre vie, et la conscience qu'il
s'agit d'un problème qui ne peut être résolu
complètement et qu'il faut donc accepter. L'intérêt de
cette approche est donc de comprendre les grandes étapes de la prise de
conscience des problèmes de notre civilisation, et de souligner
l'importance primordiale du systémique.
Mais la notion d'engagement et d'action n'est pas du tout
présente dans cette échelle, et se concentre sur un aspect certes
important, mais limité de la prise de conscience. Surtout, l'approche ne
se concentre pas sur les apports de la prise de conscience. La perspective est
très négative, la dernière étape se terminant sur
une situation sans issue et un risque de dépression. Mais Chefurka
précise tout de même dans son article que pour faire face au
désespoir de la 5ème étape, deux routes
semblent se dégager : un chemin intérieur, consistant à
repenser notre façon d'être au monde par une forme de
développement personnel et/ou un chemin extérieur, consistant
à agir pour s'adapter et devenir plus résilient. Ainsi,
contrairement à Freire, l'approche de Chefurka présente l'action
comme un résultat du processus de prise de conscience plutôt que
comme une partie intégrante de celui-ci.
3) La courbe du deuil (Elisabeth Kübler-Ross) sous le prisme
de la collapsologie et de l'écopsy-chologie (Pablo Servigne et Joanna
Macy)
La psychiatre Elisabeth Kübler-Ross a
développé en 1969 une théorie portant sur les
différents stades émotionnels par lesquels passe une personne qui
apprend sa mort prochaine : déni, colère, marchandage,
dépression et acceptation. Elle a également appliqué ces
étapes à toute forme de perte difficile (emploi, divorce,
infertilité...). Aujourd'hui, de plus en plus de personnes vivent ce
processus dans leur prise de conscience écologique. Pablo Servigne et
Joanna Macy expliquent tous deux avoir ressenti et retrouvé ces
étapes dans les réactions des publics qu'ils ont
rencontrés. En effet, comme nous l'avons vu dans les
précédentes parties, prendre conscience des catastrophes en
21
cours et à venir, d'un possible effondrement de nos
civilisations, et de la nécessité de remettre en question et de
changer radicalement nos façons de vivre et de penser, peut être
vécu comme un véritable effondrement intérieur.
L'illustration suivante a été
réalisée par le facilitateur graphique Matthieu Van Niel, et
présente les différentes étapes par lesquels une personne
passe dans ce processus.
Figure 2 : Collapsologie et courbe du deuil
Source : Mathieu Van Niel
a) Déni
La première étape, souvent la plus longue, est
le déni, que nous avons déjà évoqué, et qui
peut impliquer une attitude consistant soit à nier, à ignorer ou
à éviter les informations, et à réprimer ses
émotions. Ici, si l'on considère le « choc » comme
l'information selon laquelle nos civilisations pourraient s'effondrer, la phase
de déni peut-être très longue, voire insurmontable.
b) Colère et peur
La personne peut aussi passer par une étape de
colère et/ou de peur. Selon Pablo Servigne, la colère est «
une forme d'expression de la peine et de la souffrance, et surtout la preuve
d'une grande sensibilité à l'injustice. La colère peut
aussi signifier une volonté, une rage de vivre, et même
de vivre ensemble ». Elle peut mener à vouloir
désigner des coupables et des responsables. La peur se manifeste plus
comme de l'anxiété et de l'angoisse, qui peuvent nous paralyser
lorsque l'on pense au futur. Mais les études sont partagées sur
l'impact de ces sentiments sur l'engagement : certaines montrent qu'ils sont
positifs, d'autres l'inverse. Il ne semble finalement pas y avoir de
corrélation, et d'autres facteurs sont à prendre en compte.
c) Marchandise et négociation
La phase de marchandise, ou de négociation peut
consister à vouloir trouver des moyens alternatifs sans aller aux
racines des problèmes ; Mathieu Van Niel a choisi l'exemple de la
voiture électrique, mais la principale manifestation de la marchandise
est sûrement la croyance aux technologies comme moyen de nous sauver.
Cette étape peut inclure les phénomènes du biais de
confirmation et de la justification que nous avons évoqués
précédemment, et qui permettent de réduire la dissonance
ou de fuir la souffrance.
d) Dépression et
éco-anxiété
Lorsque l'on réussit à faire face aux
problèmes, à notre capacité limitée à les
résoudre, et donc au risque d'effondrement, le choc peut être
rude. Comme le soulignait Chefurka dans son échelle, il y a un risque
réel de dépression associé à la prise de conscience
écologique. La personne peut se sentir complètement
dépassée, ne plus trouver de sens à sa vie si celle-ci est
ancrée dans le système et contribue aux crises en cours. «
C'est vraiment le bazar, plus rien n'a de sens », illustre Matthieu Van
Niel. Plus largement, pour désigner la souffrance et l'angoisse
liées à l'état du monde et à la perspective d'un
effondrement, le terme d'éco-anxiété a été
développé en 2011 par la psychiatre et chercheuse
Véronique Lapaige. C'est un phénomène récent auquel
commencent tout juste à s'intéresser les psychologues et
psychanalystes, au vu de la multiplication de sa manifestation. Il est
toutefois important de distinguer éco-anxiété et
dépression : la dépression est une maladie, tandis que
l'éco-anxiété n'en est pas une mais peut mener à la
dépression. Une des principales critiques de la collapsologie porte sur
le risque de démobilisation, de dépression et de comportements
surviva-listes que la perspective d'un effondrement peut provoquer. Mais
l'éco-anxiété peut aussi être une véritable
source de motivation et d'engagement : « le nombre d'éco-anxieux
croit de jour en jour, et heureusement (...). Parce que
précisément, c'est ce phénomène
d'éco-anxiété qui va nous permettre de faire face, de nous
engager, à différents niveaux, face à l'ampleur des
impacts environnementaux », estime Véronique Lapaige. Ses propos
rejoignent la pensée de Joanna Macy, qui, comme nous l'avons vu,
considère que la « douleur est le prix de la conscience dans un
monde menacé et souffrant. Dans tous les organismes, la souffrance a une
finalité : celle d'un signal d'alarme. Non seulement elle est naturelle,
mais c'est une composante indispensable de notre guérison collective
».
22
e) Acceptation et renouveau
23
Selon Joanna Macy, cette phase de souffrance et de
désespoir serait en effet nécessaire, libératrice et
régénératrice. Lorsque nous commençons à
participer et à nous épanouir dans la construction de nouvelles
façons de penser et de vivre, nous entrons dans la phase d'acceptation
et de renouveau.
Cette phase se construit à la fois dans la
réflexion et dans l'action. D'une part, faire face à nos
contradictions et aux catastrophes écologiques peut nous amener à
réfléchir et à se poser des questions fondamentales sur
notre place dans le monde et sur le sens de notre vie. D'autre part, l'action
et l'engagement permettent de construire de nouvelles façons de se voir,
de voir l'autre et de voir le monde. Ainsi, selon Servigne, « l'action
n'est pas l'aboutissement d'un processus, mais elle fait partie
intégrante du processus de transition intérieure. C'est elle qui
permet dès le début de la prise de conscience de sortir d'une
position d'impuissance inconfortable en apportant quotidiennement des
satisfactions qui maintiennent optimistes. Ce sont d'abord de petites actions
qui paraissent insignifiantes, puis de plus conséquentes, suivant les
gratifications que chacun a pu tirer des premières. C'est en agissant
que notre imaginaire se transforme ». Ainsi, ce processus
de réflexion et d'action liées peuvent permettre de
(re)définir son soi profond, son rapport aux autres, et son rapport au
monde, ce qui peut être source de joie et de bonheur profonds. Joanna
Macy explique que ce processus peut libérer une énergie
créatrice renforcée, et permettre de « recouvrer sa passion
pour la vie, sa créativité innée et sauvage ».
D'autres auteurs ont étudié l'aspect libérateur et
créateur de la prise de conscience : pour Murphy, « la conscience
est un seuil qui, une fois franchi, nous ouvre tout un univers : langage,
objectivité, connaissance, curiosité, apprentissage
créatif, action subjective, motivation intérieure, espoir,
intention, libre choix - bref, un univers où nous pouvons jouer un
rôle actif », et pour Rouillard : « La liberté est
proportionnelle au degré de conscience d'un être, laquelle est
elle-même et de manière implicite proportionnelle au degré
de responsabilité qu'il ressent ». Les notions de liberté et
de pouvoir d'action, de responsabilité, semblent intimement
liées. Pour autant, il est important de noter qu'il ne s'agit pas d'un
processus linéaire, qu'il est possible de faire des allers-retours entre
désespoir et joie, voire de ressentir des sentiments contradictoires en
même temps. Comme le résume Mathieu Van Niel sur son illustration
: « C'est pas simple, c'est pas facile, mais c'est beau ». Aussi,
toutes les étapes ne sont pas forcément vécues, et pas
forcément dans cet ordre, et Pablo Servigne précise
également que cette courbe n'est pas une norme applicable pour tous,
mais un repère utile pour beaucoup.
Cette approche du processus de prise de conscience par le
prisme des émotions est particulièrement intéressante car
elle nous permet de réaliser l'importance de l'expression de nos
émotions pour nous engager et changer pleinement. Surtout, elle peut se
révéler très utile pour accompagner et aider les personnes
dans leur cheminement ; c'était la vocation première de la courbe
de deuil de Kübler-Ross pour ses patients. Pablo Servigne explique que la
connaissance même de cette courbe peut représenter une vraie
libération et un vrai soulagement, car la personne réalise que
ses émotions
24
sont naturelles, que le processus de changement est long,
dynamique, et complexe, et qu'il finit par déboucher sur un horizon plus
serein. Aider et accompagner les personnes dans ce cheminement et dans leur
rapport à leur environnement est d'ailleurs l'objet de
l'écopsychologie portée par Joanna Macy. Enfin, l'approche montre
que pour dépasser le stade du désespoir et du sentiment
d'impuis-sance, un des éléments clés est de prendre
conscience de sa capacité et de sa responsabilité d'agir en
prenant part et en s'épanouissant dans un processus d'action et de
réflexion reconstructeurs. On retrouve ici la pensée de Paulo
Freire, pour qui la conscience de sa capacité d'agir, l'action et la
réflexion sont tous trois essentiels et reliés.
Cependant, l'échelle ne permet pas toujours de
comprendre ce qui permet de passer d'une étape à une autre, et
notamment pour la phase de déni. On peut également se demander si
passer par cette phase de dépression, de désespoir est «
nécessaire », comme semble l'indiquer Joanna Macy, et questionner
les risques que cela peut entraîner
Ces trois approches révèlent des processus
complémentaires. Les échelles de Freire et de Chefurka mettent
l'accent sur l'importance de la connaissance et de la construction des savoirs
dans ce processus. Freire parle « d'alphabétisation culturelle
» et de « conscientisation », tandis que Che-furka souligne
l'importance de la conscience du systémique. Les approches de Macy,
Servigne, et de Freire soulignent l'aspect libérateur de ce cheminement,
qui, par un processus de réflexion et d'action s'alimentant l'un
l'autre, permettrait à la personne de recouvrir son pouvoir d'action, et
de se redéfinir dans son rapport à soi, aux autres et au monde.
Cela permettrait à la personne de se transformer, et de transformer la
réalité imaginaire qui nous guide. Enfin, Macy et Servigne, en
reprenant la courbe de deuil développée par Elisabeth
Kübler-Ross, montrent que le processus de prise de conscience peut
être vécu comme un véritable deuil : faire face aux crises,
aux constats et aux implications peut à la fois
désespérer, faire peur et rendre triste, et en même temps
remettre en question tout le sens d'une vie. Mais faire le deuil de la
société et de mode de vie peut être vécu comme un
processus libérateur, régénérateur et
créateur.
« Il fallait que nous changions du tout au tout notre
attitude à l'égard de la vie. Il fallait que nous apprenions par
nous-même et, de plus, il fallait que nous montrions à ceux qui
étaient en proie au désespoir que l'important n'était pas
ce que nous attendions de la vie, mais ce que nous apportions à la vie.
Au lieu de se demander si la vie avait un sens, il fallait s'imaginer que
c'était à nous de donner un sens à la vie à chaque
jour et à chaque heure ».
Bilan de la revue de littérature
Nous avons d'abord vu la complexité, la
diversité, et l'interdépendance de toutes les crises que nous
connaissons, qui ont déjà des conséquences
catastrophiques, et qui pourraient mener à un
25
effondrement de la civilisation telle qu'on la connait. Que
nous le subissions ou que nous le choisissions, des changements radicaux dans
nos modes de production, de consommation, d'organisation et de vie sont
inévitables. Les moyens d'action ne manquent pas, et nous pouvons agir
pour à la fois limiter les dégâts, créer de
nouvelles façons de faire, et changer nos façons de penser.
(Tableau 1)
Mais individuellement, la prise de conscience et le passage
à l'action sont très difficiles, et, en plus de barrières
politiques et socio-techniques, ils sont soumis à de nombreux blocages
psychologiques. Difficulté à percevoir et interpréter les
informations, volonté de se conformer aux normes sociales, refoulement
de nos émotions, et surtout, puissance des récits et croyances
dominants qui déterminent notre façon d'être et d'agir ;
toutes ces barrières s'érigent ensemble comme une montagne entre
nous et le chemin de la durabilité. Une montagne qui semble
infranchissable, et provoque des sentiments de culpabilité, de
frustration, de mal-être lorsqu'on la regarde en face, et des
comportements de déni, d'évitement et de justification pour
éviter de la gravir. (Tableau 2)
Mais cette montagne n'est pas infranchissable. Lorsqu'on
réalise la nécessité de l'emprunter, il faut changer du
tout au tout sa façon de penser et de vivre, ce qui peut se
révéler très difficile, mais finalement initiatique. En
effet, en agissant, réfléchissant, ressentant et exprimant des
émotions, on peut prendre conscience de notre pouvoir d'action, de notre
rôle, mettre en accord et ajuster nos pensées et nos actions, et
ainsi finalement se reconstruire dans une démarche de conciliation
respectueuse et durable entre soi, les autres et le monde. (Tableau
3).
Ainsi, le processus d'engagement écologique semblerait
être un processus transformateur intérieur et extérieur
libérateur (Hypothèse principale)
Tableau 1 : Résumé de la partie
1 - Fondements de la prise de conscience et de l'engagement
Constats
|
- un monde d'exponentielles
- un monde de ressources finies : les limites auxquelles nous
nous heurtons
- le franchissement de barrières et la proximité
avec des points de bascule
- le verrouillage sociotechnique de nos sociétés
qui empêchent le changement
- la fragilité et vulnérabilité croissantes
de nos sociétés
|
Implica- tions
|
- les catastrophes en cours et inévitables à
venir
- la probabilité d'un effondrement
- la nécessaire remise en question fondamentale de nos
modèles
|
Actions
|
- limiter les dégâts (atténuation et
adaptation)
- comprendre la situation et créer des alternatives -
changer de paradigme culturel
|
Tableau 2 : Résumé de la partie
2 - Barrières psychologiques à la prise de conscience et à
l'engage-ment
Type de barrières
|
Manifestations
|
Conséquences
|
Barrières cognitives
|
- cerveau primitif, distances
- fatigue environnementale
- décalage du point de référence
|
- dissonance cognitive - impuissance acquise - déni,
réactance
|
Barrières sociales
|
- normes sociales, désir mimétique, interaction
spéculaire
|
26
|
- conformisme, ignorance concertée, conditionnement
collectif
- dilution de responsabilité
|
- évitement, fuite - justifications
|
Barrières émotion- nelles
|
- peur de souffrir, de désespérer, de cul-
pabiliser
- peur de paraître morbide, de paraître faible
|
Barrières culturelles
|
- récits et croyances - habitudes
|
Tableau 3 : Résumé de la partie
3 - Processus de prise de conscience
|
Conscientisation Paulo Freire
|
Echelle de conscience Paul Chefurka
|
Courbe de deuil Elisabeth Kübler Ross Macy
et Servigne
|
Etapes
|
- conscience magique - conscience naïve
- conscience critique
|
- sommeil profond
- un problème fondamental
- plusieurs problèmes hiérarchisés -
plusieurs problèmes intercon- nectés
- predicament
|
- déni
- colère et peur
- marchandage
- dépression et éco-anxiété
- acceptation et renouveau
|
Eléments clés de la prise
de conscience
|
- connaissance (« alphabé- tisation culturelle
»)
- conscience des détermi- nants
- conscience de son pou- voir d'action
- action / réflexion
|
Connaissance de :
- l'interconnexion entre les pro- blèmes
- la situation englobe tous les as- pects de nos vies
- le pb ne peut être résolu (predi-
cament)
|
- accepter et exprimer ses émotions
- souffrance et désespoir - conscience de son pou-voir
d'action
- action / réflexion
|
Résultat
|
- libération, émancipation - la personne contribue
à transformer la réalité
|
- action politique - action intérieure
|
- Redéfinition de soi, de son rapport aux autres, de son
rapport au monde - Libération, création, éner-gie, joie
- la personne contribue à construire de nouveaux
récits et imaginaires
|
Apports
|
- éducation au coeur du changement
- nécessité d'action/ré- flexion
|
Importance des interconnexions, du côté
systémique des crises
|
- peut aider, accompagner et soulager les personnes vivant ce
processus
- processus libérateur et
transformateur, à la fois pour la personne et pour
l'imaginaire collectif
|
Limites
|
Non reliée aux enjeux éco- logiques
|
- Facteur explicatif limité
- L'action ne fait pas partie du pro- cessus mais en est un
résultat
|
Ne prend pas en compte les
premières étapes, part à partir d'un
choc.
|
27
|
|