Annexe 4 : Retranscription - Juliette
Fin de master de développement durable, fin de stage de
fin d'étude. A décidé de ne pas travailler l'année
pro pour se focaliser sur des projets plus associatifs et militants.
Connaissance des enjeux, sources d'informations
:
Je pense progresser assez rapidement. A partir du moment
où tu as un socle de connaissance, tout va assez vite. J'ai longtemps
été dans le flou, mais en étant formée à
animer une conférence et à comprendre les enjeux autour de
l'énergie et du climat, j'ai compris beaucoup de choses, ça m'a
donné une base de connaissances. Tous les articles ou interviews que je
lis, je les comprends mieux. Je comprends mieux les enjeux, je comprends mieux
ce qui se passe, c'est moins flou. Je n'ai pas une connaissance très
très développée, mais qui vient petit à petit.
Comment je m'informe ? Beaucoup d'articles, de sites internet un peu
alternatifs, et aussi par les rencontres, les débats, les discussions,
j'apprends beaucoup, et j'ai envie d'en apprendre plus.
Gravité des crises :
C'est la merde... je pense qu'on ne se rend pas compte de ce
qui se passe. C'est le plus grand défi de l'humanité, on n'a
jamais eu à faire face à de tels changements, de tels
phénomènes. En fait, j'ai l'impression qu'on ne se rend pas
compte. Evidemment que c'est grave, que c'est même dramatique, que si on
ne fait rien il va y avoir des conséquences, mais je pense qu'on
n'imagine même pas à quel point. Ce n'est pas normal qu'on ne s'en
rende pas compte et qu'on ne fasse rien pour agir. Même moi à mon
niveau personnel c'est difficile. Mais je pense que c'est important qu'on ait
conscience de ce qui se passe pour s'investir et pour être prêt
à ce qui va nous arriver, même psychologiquement.
Je pense qu'on va s'en sortir mais pas comme on l'entend.
Quand on pense « s'en sortir », c'est retrouver ce qu'on avait, c'est
sauver les meubles, c'est rester dans la même situation globalement. Dans
ce cas-là, non je pense qu'on ne va pas s'en sortir. Mais si on se dit
s'en sortir c'est plus créer quelque chose d'autre et qu'on arrive
à faire survivre des espèces et recréer une
société, oui on va s'en sortir. Je ne vois pas le futur comme
quelque chose d'apocalyptique où tout crame et il n'y a plus personne
sur terre. On va s'en sortir, mais de manière alternative,
différente. Oui, il va y avoir des dommages, des pertes, ça c'est
sûr. Mais on va créer quelque chose, j'en suis sûre. C'est
pour ça qu'il faut qu'on se bouge dès maintenant, pour
créer quelque chose pour après, et pour atténuer les
effets de ce qui va arriver.
Pour moi toutes les crises sont liées, j'ai trop de mal
à les différencier. Tout est lié. Tout est
interdépendant, il n'y a pas de hiérarchie.
Leviers d'action :
Changer les politiques. Et l'économie. C'est ce qui
fait qu'on est dans un tel système aujourd'hui, c'est le capitalisme, ce
qui régit tout ce qui se passe autour de nous. Aujourd'hui, si on veut
un changement drastique, il
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faut un changement de système, et ça c'est au
niveau politique. Il faut redéfinir les priorités,
redéfinir la répartition des pouvoirs... Au niveau
économique aussi, il faut un système complètement
différent, arrêter cette recherche de profit tout le temps. Il
faudrait se tourner vers l'économie sociale et solidaire,
l'économie circulaire. Il y a aussi le niveau individuel, citoyen.
Engagement au quotidien :
Tout ce qui est éco-gestes, ce n'est pas assez mais
ça fait quand même partie du changement. J'essaie, je sais que je
ne suis pas au maximum mais j'essaie. En tout cas j'essaie d'être
consciente d'absolument tout ce que je fais et de savoir que si je fais qqchose
qui ne va pas dans le sens de la planète, au moins je le sais. Ce qui
est difficile, c'est de changer des habitudes ancrées depuis des
années. Je mange encore de la viande, c'est difficile d'y renoncer, par
exemple quand tu vis chez tes parents ou quand tu ne te fais pas ta propre
cuisine, c'est difficile d'imposer ça aux autres, de te détacher
de tout ça. Il y a aussi un côté affectif, par exemple
quand tu as toujours mangé la blanquette de veau de ton papa, du jour au
lendemain d'arrêter d'en manger c'est un peu compliqué. Je trouve
ça difficile tous ces changements, ces écogestes quand tu es dans
un mode de vie, dans un système qui ne te facilite pas la
tâche...
Engagement professionnel et citoyen :
Pour moi il est hors de question que je fasse un métier
qui ne porte pas en son coeur ces questions. C'est une condition essentielle.
Il y a eu le manifeste pour un réveil écologique qui a fait une
grille d'entretien pour les recruteurs. Je trouve ça génial. Je
ne sais pas encore ce que je ferai, ce n'est pas facile de trouver quelque
chose qui nous corresponde dans ces contextes, mais je sais que ce sera
intimement lié.
Je fais partie de l'association Avenir Climatique, jusqu'ici
j'ai reçu une formation sur les enjeux énergie-climat, et
l'année prochaine je vais être plus active en devenant coach pour
transmettre ce que j'ai appris.
Je commence aussi à découvrir la
désobéissance civile, j'ai fait une action il y a peu de temps,
c'était très intense et fort.
Processus d'engagement :
J'ai toujours été touché et
intéressée par les enjeux écologiques, mais sans
m'investir ou aller plus loin ; ça restait distant et flou.
Le 1er déclic a été le film
Demain, c'est un film qui m'a chamboulée, je suis sortie en me disant
« il faut que j'agisse », « c'est possible d'agir, tout le monde
peut le faire ». C'est le côté positif, alternatif des choses
qui m'a touchée et donné envie d'agir. J'avais une sorte de
responsabilité. J'ai développé une sensibilité pour
ces enjeux, mais ça restait encore un peu flou.
Et quand je suis tombée par hasard sur internet sur le
master DD, alors que je n'avais pas du tout pensé à cette voie
avant, j'ai tout de suite pensé au film et ça a fait sens. Je
suis entrée dans ce master et je me suis sentie complètement
à ma place. Ça a été une grosse étape dans
mon engagement, et puis le reste est venu petit à petit : plus
j'apprenais, plus je faisais des rencontres, plus je discutais, plus la prise
de conscience s'ancrait en moi, plus j'étais au courant de la
variété de crises, des interconnexions...
Et puis, la grosse claque, ça a été la
découverte des théories de l'effondrement. J'ai toujours su que
nos sociétés étaient vouées à leur perte, et
qu'il allait se passer quelque chose. Ça m'a toujours parlé en
tout cas. J'ai commencé à entendre parler de collapsologie
à Avenir Climatique. Tout de suite, ça a fait sens. Rien ne m'a
paru improbable, tout était fondé, il y avait un mot sur un
phénomène dont tout le monde était au courant mais que
personne n'ose vraiment mettre sur le devant de la scène parce que
ça fait peur, ça peut rebuter. C'est arrivé à un
moment de questionnement global de ma vie. Ça a eu un effet très
accentué. C'était dans un moment où je me questionnais sur
le sens de ma vie, de mes études, de mon travail. Ça a
été un effet boule de neige. Ça n'a pas été
facile. Tu vois tout par ce prisme-là. C'était difficile de me
positionner... De prendre le métro, d'aller au travail, de faire ces
choses-là basiques quand tu es dans une période de déprime
liée à la collapsologie où plus rien n'avait de sens.
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Mais j'ai compris ensuite que la collapsologie n'était
pas seulement l'effondrement, mais c'était aussi la remontée et
comment se reconstruire. Ça a été mieux parce que je me
suis dit que c'était un combat dans lequel il fallait s'investir pour
construire ce nouveau monde. Même si je ne peux rien faire pour lutter
contre un effondrement, je peux faire partie de ceux qui adaptent le
système à ce qui va se passer, qui créent des solutions en
amont. Donc le fait de vouloir m'investir, m'engager, de me sentir utile et
d'être en cohérence m'a aidée. Le fait de ne pas être
seule m'a aussi énormément aidée.
Et pour ça, Avenir Climatique a été une
étape clé qui a vraiment ancré mon engagement
écologique dans ma vie, dans ma personnalité, qui m'a
donné les clés de compréhension et d'action, et qui a fait
que je ne pourrais plus prendre une autre voie.
Aujourd'hui, au quotidien, même si je sais maintenant
que je suis à ma place en luttant contre l'urgence climatique, il y a
encore des éléments qui confirment mon engagement, qui me font
avancer. Je parle surtout des retours que j'ai sur l'écologie, des
retours de mes proches ou des gens que je rencontre, qui parfois ne comprennent
pas ce combat, posent des questions, ou me mettent en colère par un
scepticisme ou une nonchalance ou un cynisme par rapport à ce que je
fais ou à l'écologie. Ce sont des déclencheurs quotidiens
qui me rappellent pourquoi je fais ça, ça me donne l'envie de les
convaincre, de leur montrer que j'ai raison de me battre pour ça,
d'avoir mis ça au centre de ma vie, qu'il y a des raisons de
s'inquiéter et que tout le monde devrait s'engager, et que ce n'est pas
moi qui suis censée être vue comme marginale.
Changement personnel :
Oui, je pense. Je pense que ça n'a pas forcément
changé fondamentalement, mais que ça a réveillé
quelque chose. Que ça a réveillé quelque chose qui
était toujours là mais qui était enfoui. Oui, ça
m'a changée. Ça a priorisé certains sujets, il y a des
choses que je ne peux plus faire, qui n'ont plus de sens. Ou qui ont un sens
différent, sur la question des voyages notamment. Par rapport à
ma famille, à mes amis... Parce que j'appré-hende les choses
d'une autre façon. Je suis en train de changer forcément parce
que je me rends compte que tout est lié à ça.
Je pense que ça a réveillé le
côté « me battre pour une cause ». J'ai toujours su que
j'avais ça en moi, j'ai toujours été très en
colère, dans la confrontation, mais sans que ce soit fondé
vraiment. Là je comprends enfin pourquoi. Il y a certains trucs qui
étaient étouffés pour laisser la place à qui
j'étais vraiment. C'est pas forcément des trucs qui ont
été réveillés mais d'autres qui ont
été atténués. Je pense que je me suis construite
socialement dans un certain milieu (social, éducatif, affectif) autour
de certaines choses. Maintenant que je suis investie, je remets en question ces
choses, je remets en question la manière dont j'ai été
éduquée, dont je me suis comportée avec les gens, dont
j'ai construit mes relations, mon rapport aux choses, au monde. Ces trucs
là sont en train de prendre moins de place pour laisser la place aux
valeurs qui ont toujours été là mais un peu cachées
: la solidarité, le militantisme, les relations plus simples, plus
humaines... ça a toujours été là mais elles
prenaient moins d'importance que le côté parisien, être
inclue dans certains groupes, ressembler à certaines personnes... Toute
cette espèce d'image sociale qu'on se construit, c'est en train de
devenir dérisoire par rapport au combat qu'on porte.
Importance du groupe :
J'ai rencontré des gens qui sont rapidement devenus des
modèles. Ça m'a plus poussé à agir en me disant
« si je veux être cohérente avec ce groupe, cette asso, il
faut que ça suive derrière ». Sans rien m'imposer, mais une
sorte de pression que je me mettais moi-même. Ça impliquait des
choix. Pendant des années, j'ai eu peur d'être hors-système
: il fallait que j'aie des habits à la mode, que je sois dans une
université cool... Certains trucs que je plaçais à un
niveau important. Et en fait aujourd'hui ces trucs là c'est presque la
honte. C'est bizarre, mais il y a certains trucs qui faisaient que
j'étais une fille cool. Mais aujourd'hui avec ces gens-là que
j'ai rencontrés, ce serait ridicule parce que ce serait
dérisoire. J'accorde beaucoup d'importance à ce qu'on pense de
moi donc en étant en cohérence avec les gens avec qui je suis, je
tends vers un truc qui me ressemble
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plus et qui leur ressemble plus et qui est plus en
cohérence avec ce pour quoi on se bat. Une sorte
d'écosys-tème.
Sentiments dominants plutôt positifs ou
négatifs ?
C'est un doux mélange des deux.
Le fait de ne pas être seule dans ce combat, ça
fait qu'il y a beaucoup de positif. Il y a des actions concrètes dont je
suis témoin, auxquelles je peux participer. Je vois qu'il se passe des
choses, le fait d'être inclue dans ces milieux j'en suis d'autant plus
témoin. La Bascule par exemple, des jeunes qui se laissent 6 mois dans
leur vie. Il se passe des trucs, je le vois et pour moi c'est super positif.
D'un autre côté, tu ne peux pas te réjouir
de la situation. C'est la gravité de la situation et la
négativité de tout ce qui se passe qui fait que tu peux
t'engager. Donc l'un ne va pas sans l'autre.
Mais c'est complètement mitigé.
Je suis encore très en colère. Mais contre moi
aussi. Parce que parfois j'ai l'impression de ne pas faire assez. Je suis
très en colère contre des gens, contre ma famille, contre des
gens qui ne font pas assez alors qu'ils pourraient faire assez, et qui ne font
parfois même pas le minimum. Parfois j'ai envie de secouer les gens en
disant bon il est temps au moins d'être conscient, d'arrêter de se
mettre des oeillères. On ne peut pas tous quitter notre travail et ne
plus s'acheter de fringues du jour au lendemain, tout ça prend du temps
et c'est normal, il y a une distance psychologique. Mais il y a encore beaucoup
de gens qui ne sont pas même conscients de la base de la base. Quand je
vois que même sur des chaines nationales il y a des propos
climatoscep-tiques qui sont tenus... là c'est vraiment de la
colère parce que je n'ai pas de moyen d'action sur ces gens-là.
Je peux en avoir en en parlant autour de moi mais ça ne bouge pas assez
vite.
Ce qui est dur, c'est de toujours dépendre d'un
système. Mon mode de vie en soi n'a pas changé drastique-ment. Je
vis toujours au même endroit, les mêmes amis. J'ai toujours cette
espèce de socle de ma vie. Du coup c'est difficile d'évoluer
tellement et tellement vite intérieurement et de rester les deux pieds
bloqués dans un système et un mode de vie qu'on subit parce qu'on
ne peut pas tout quitter du jour au lendemain non plus. Je pense qu'il ne faut
pas non plus se mettre en rébellion totale avec le système, les
gens... Ça doit se faire à long terme et petit à petit,
mais c'est difficile de toujours dépendre d'un truc et subir des
situations et des modes de vie (« il faut que je valide un stage pour
valider mon master, que je fasse 6 mois dans une boite qui surement ne me
plaira pas »...), voilà ces espèces d'obligations et de
cases à cocher qui n'ont plus de sens et qui me retiennent comme si
j'avais un boulet au pieds et que ça me retenait, que ça me
faisait couler et que j'avais beau nager de toutes mes forces pour en sortir,
ça me retient. A un moment ça va lâcher...
Emotions positives dans la prise de conscience
:
Le fait de voir que je ne suis pas seule. Je pense que c'est
vraiment ça qui me tire vers le haut. Qui me fait voir la lumière
au bout du tunnel. Qui me fait dire « il y a quelque chose, il y a des
gens, il y a des pensées, il y a des idées ». Au
début, c'est très égoïste, mais il y avait une sorte
de fierté de faire partie d'un mouvement du style « on a tout
compris mais pas vous ». Cette espèce de fierté d'appartenir
à un mouvement, de m'investir dedans.
C'est difficile de mettre un mot sur une émotion, mais
il y a une sorte de puissance dans ce que je vis, dans ce que je ressens,
où n'importe quelle rencontre, n'importe quelle action va être
décuplée, je vais le ressentir de manière plus importante
que les émotions que je ressens dans le quotidien. Ça accentue
tout, mais le positif comme le négatif, ça accentue tout. Et
c'est des moments presque euphoriques parfois, quand j'ai passé du temps
avec des gens qui sont exactement dans les mêmes pensées, qui
agissent pour ça, dans lesquels je me retrouve, qui me tirent vers le
haut etc... Parfois c'est des moments d'euphorie totale, où je me dis
c'est fou, je suis en train de me faire des amis qui sont complètement
engagés, qui me tirent vers le haut, avec lesquels je peux parler, qui
ne me jugent pas, plein de critères qui font que tout est
décuplé, une sorte d'intensité, d'énergie.
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Libération des émotions :
Cette colère dont je parle, c'est des trucs qui ont
toujours été là. C'est comme si ça me donnait un
espace-temps, une sorte de truc intemporel pour sortir mes émotions.
Depuis toute petite je suis en colère, pas à ma place, je sens
que je suis en décalage. Et là c'est comme si pour la
1ère fois il y avait une légitimité, une raison
à toutes ces émotions que j'ai ressenties toute ma vie. Je pense
que ça me donne un espace pour laisser parler ces émotions et les
justifier. Parfois je ne savais pas pourquoi j'étais en colère et
triste, et là je sais pourquoi. Même s'il ne faut pas voir toutes
ces émotions par le prisme de ce combat, mais c'est un gros poids qui
explique beaucoup de choses.
Projets à venir :
Quand je parlais du système qui me retiens et que je
subis encore, je vais essayer de m'en détacher petit à petit.
C'est pour ça que je fais le choix de ne pas trouver un métier
comme on l'entend l'année prochaine. Pour me rapprocher de mes valeurs,
que tout mon écosystème soit en lien avec ça et que
j'arrête de subir des situations et d'être retenue par des
obligations, par ce système et tout ce qu'il engendre. Donc ma vision
future c'est de me détacher petit à petit de ça. Comment ?
je ne sais pas encore exactement, mais je pense en allant me rapprocher de la
nature, en allant rencontrer des gens qui sont totalement différents de
ceux avec qui j'ai grandi, de gens qui sont investis dans ces
problématiques depuis longtemps, et d'autres formes de combats ou de
résistance aussi. On verra !
Optimisme ou pessimiste :
Je pense que je me force un peu à être optimiste.
:Comme si j'avais la responsabilité d'être optimiste. Parce que si
les gens qui sont investis là-dedans ne sont pas optimistes, ça
ne sert à rien de se battre. Donc j'essaie de tendre vers un optimisme.
Et ça revient à ce que je disais sur le « oui, il y a des
trucs qu'on va perdre, il y a des trucs qui vont changer, mais il y a autre
chose qui va arriver. » donc j'essaie de le voir comme ça, et d'en
parler comme ça aussi autour de moi, à mes proches. Parce que si
tu dis à tout le monde que tout est foutu, personne ne lève le
petit doigt. Donc j'essaie d'être optimiste. C'est pas facile, mais
j'essaie. (rires)
Vision du monde dans une 30aine d'années
:
J'en sais rien. J'en sais tellement rien. Je ne sais pas s'il
y aura eu déjà un effondrement des systèmes, mais je pense
qu'il y aura eu des crises qui auront chamboulé pas mal de choses et de
gens. Et je pense qu'on sera nombreux à être retournés
à quelque chose de plus simple et de plus sobre. Et je pense aussi qu'il
y aura plusieurs sortes de sociétés alternatives qui se sont
créées, et je me vois bien en faire partie. Je pense que je me
vois bien ne pas être totalement détachée du système
parce que j'aurai du mal à 100% mais me créer et créer mon
environnement hors du système quand même et faire partie d'une
société alternative, être toujours très
engagée associativement. Peut-être que j'aurai créé
quelque chose pour transmettre. J'imagine de la ver-dure, quelque chose de plus
simple, mais de choisi. Et qui sera beaucoup plus normal, banalisé dans
30 ans. Aujourd'hui, ça reste un peu marginal, hippie tout ça.
Retour au mémoire
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