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Analyse portant sur les transferts sans contrepartie et la croissance économique en Haiti pour la période allant de 1996 à  2013


par Diony PIERRE-LOUIS
Université d'état d'Haiti (faculté de Droit et Des Sciences Économiques) - Licence 2017
  

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Section II : Situation économique d'Haïti

2.2.1. Analyse du cadrage macroéconomique

Normalement, si l'on veut analyser avec pertinence la performance Macroéconomique d'Haïti, il est crucial de cerner notre analyser sur l'évolution des quatre (4) grands secteurs de l'économie à savoir : le secteur réel, le secteur financier, le secteur externe et les finances publiques pour la période sous-étude.

L'analyse de l'économie Haïtienne permet d'observer les grands problèmes de la conjoncture notamment la baisse de la production nationale, la hausse de l'inflation, la détérioration du déficit budgétaire et commercial et la forte dévaluation de la monnaie nationale. L'instabilité politique a aussi influencé fortement cette faible productivité de l'économie dont résulte la détérioration des conditions de vie de citoyens Haïtiens.

Haïti est souvent décrit comme un pays « essentiellement agricole ». Pourtant, la situation de ce secteur n'a pas cessé de se détériorer, particulièrement depuis la seconde moitié du 20ème Siècle. De plus, au-delà du manque de performance occasionné par les carences de la politique agricole, l'agriculture haïtienne souffre de toute une série de facteurs qui sont très défavorables. Ces facteurs-là, constituent un blocage pour l'agriculture quant à la satisfaction de la demande locale et favoriser l'expansion des exportations. Jusqu'à présent c'est une agriculture insuffisamment

26 Cf. Nelson, A., cité par Fritz DORVILIER «A Theory of the Low-Level Equilibrium Trap in Underdeveloped Economies», American Economic Review, 46-5, 1956) ; Fièvre, N., « Trappe de sous-développement et convergence macroéconomique : les défis et perspectives d'Haïti par rapport aux pays de la Caraïbe », in Davidas, L. et Lerat, C., Quels modèles pour la Caraïbe ?, Paris, L'Harmattan, 2008, pp. 357-375.

27 Ministère de la Planification et de la Coopération Externe, Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) (2008-2010), Port-au-Prince, Novembre, 2007, p. 32.

28 Ibidem., pp. 34-35.

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diversifiée et modernisée, et reste encore fortement dépendante des conditions climatiques. Ceux-ci constituent un obstacle au développement de ce secteur. Compte tenu du niveau de risque qui est associé à ce secteur, les institutions financières sont très retissant de fournir du crédit à ce dernier, ensuite l'inexistence d'une banque de développement agricole en Haïti sont d'autant des facteurs qui freinent le développement de ce secteur. L'agriculture occupe une place importante dans le PIB mais, de moins en moins à cause de la tertiarisation. Centralisée dans l'aire métropolitaine de Port-au-Prince, l'économie haïtienne fait face à un phénomène démographique appelé exode rural qui commence exactement au début des années 1980. En conséquence, le secteur agricole connait une baisse continuelle. La contribution de l'agriculture dans le PIB pour l'année 80 est de 32.21%. Dix ans plus tard, soit l'année 1990, le pourcentage est réduit d'environ 2.5%. En dessous de 30% depuis le début des années 1990, le blocus économique imposé au pays a eu un impact positif sur ce secteur puisque la production agricole a progressé de 4.22% en 1992, par rapport à l'année précédente. C'était d'ailleurs la plus grande part de l'agriculture dans le PIB, soit 34.12% sur la période considérée. Depuis lors, la tendance évolutive de ce secteur est négative avec de légères progressions peu considérables. Ce pays situé au large du bassin Caribéen, est toujours à la croisée des intempéries qui en général, provoquent d'énormes pertes. C'est un secteur à tendance irrégulière, tantôt à la hausse, tantôt à la baisse.

En dépit de ces faiblesses, l'agriculture reste un secteur non négligeable dans la structure du PIB. Par exemple, pour l'année 1986, l'agriculture représente 30.71% du PIB, en 2006, ce secteur représente 26% du PIB haïtien.

La faible production favorise une nette expansion de l'importation des produits pour satisfaire la demande globale. En conséquence, l'économie haïtienne devient très vulnérable aux chocs externes à cause de la dépendance de l'extérieur.

Ce rapide survol a permis de jeter un peu de lumière sur les complexités et les blocages qui caractérisent le monde agricole haïtien. À cette réalité difficile s'ajoutent les méfaits causés par la nature. En effet, la position géographique d'Haïti la place dans l'oeil de la plupart des ouragans qui frappent la Caraïbe. Les plus violents de ces cyclones ont des effets désastreux sur la production agricole et le capital déjà faible dont dispose le monde rural.

Les conséquences de ces aléas se sont aggravées ces derniers temps. S'il est vrai que tout au long de son histoire le pays n'a pas cessé de panser les blessures souvent mortelles infligées par les

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dégâts naturels, les premières années du 21ème siècle se sont montrées particulièrement fatales. Quelques statistiques suffiront à le montrer (The Economist, 2009 ; Gd'H, 2008).

En 2004, le cyclone Jeanne provoquait une inondation massive au sein même de la ville des Gonaïves, la quatrième ville d'Haïti, après avoir tué plus de 3 000 personnes et provoqué des dévastations évaluées à 7 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. À la fin de l'été 2008, quatre cyclones balayèrent le territoire haïtien dans l'espace d'un mois. Ils causèrent la perte de 60 % de la récolte de l'année, l'extermination de 160 000 caprins, 60 000 porcs et 25 000 bovins et, en fin de compte, des dégâts estimés à quelque 900 millions de dollars américains, soit l'anéantissement de 14,6 % du PIB haïtien.

L'évidence est claire : les catastrophes naturelles récurrentes ont la capacité de donner les coups les plus terribles au monde agricole haïtien. Dès lors, en plus d'autres raisons tout aussi pertinentes, il est très difficile de planifier de manière systématique, soutenue et durable le développement économique du pays sur la base du seul secteur agricole.

2.2.2. Investissement

L'investissement étant considéré comme l'accélérateur de la croissance économique des nations est une condition préalable pour garantir une croissance soutenue. Cependant, en analysant l'évolution de ce dernier que ce soit public ou privé, nous pouvons constater que ce dernier n'augmente pas suffisamment pour résorber le taux de chômage très élevé que connait Haïti. Plusieurs raisons peuvent être justifiées cette situation : tout d'abord, l'instabilité politique pourrait empêcher de grands investissements dans le pays, en second lieu, le taux de croissance du pays n'est pas assez stable pour attirer les investissements étrangers. Les pays à haut taux de croissance ou à croissance continue, attirent beaucoup d'investissements étrangers.

L'un des meilleurs indicateurs pour constater l'évolution de l'activité économique d'un pays est le taux d'investissement. Il est le rapport de l'investissement sur le niveau du PIB. En 1994, le taux d'investissement a connu son taux le plus faible, soit 10.76%. Ceci est la résultante des troubles politiques qu'a connus le pays durant cette période. En effet, cette même année, l'investissement a chuté de 34.94% après avoir connu un taux de croissance de -26.01% en 1993 et -0.56% en 199229. Apres l'embargo, on a eu une relance de l'activité économique soit en 1995, d'où une remontée des dépenses d'investissement a vu le jour. Ces derniers ont cru de 123.43% par rapport à l'année précédente.

29 Bulletins économiques IHSI

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2.2.3. Produit Intérieur Brut (PIB)

Le PIB est l'agrégat le plus important lorsqu'il s'agit de mesurer la richesse d'un pays. Il est définit comme l'ensemble de tous les biens et services produits à l'intérieur d'une économie. Il est le produit de tout un ensemble de facteurs internes et externes : les investissements nationaux et internationaux, la stabilité sociopolitique, les ressources naturelles, la population, les

formations, les conditions climatique

En effet, une forte croissance implique un niveau de PIB fort et intéressant. Pour le début du millénaire, les politiques économiques avaient visé un niveau de croissance de 2.5%. Mais, qu'en est-il de la réalité ? Les estimations de l'Institut Haïtien de Statistique et d'informatique indiquent au cours de l'exercice 2004-2005 un taux de croissance de 1.8%, certes inférieur à 2.5% prévus, mais qui traduisent une hausse légère des activités par rapport au taux de croissance négatif enregistré au cours de l'exercice précédente de -3.5% et au très faible taux de croissance de 0.4% de 2002-2003. En effet, l'économie de ce pays est souvent bousculée par des instabilités sociopolitiques, une économie avec une quasi-totalité des entreprises appartenant au secteur informel (95%), avec un taux de chômage qui reste très élevé environ 60.% de la population active, on ne peut espérer grand-chose sinon des rentabilités en dents de scie. Confrontée par l'inégalité et la pauvreté extrême, plus de 70% de la population haïtienne vivait sous le seuil de moins de $US 2.00 dollars américains par jour (2010). Haïti est parmi les pays à faible revenu soit 827 dollars américains par tête. Quant à la distribution des revenus, c'est la débâcle : les plus pauvres reçoivent 0.7% du revenu national pour 50% alloués à aux plus riches. 2.2.4. Situation de l'inflation au cours de la période

La dévalorisation de la gourde par rapport au dollar américain et la hausse continuelle du volume des importations le long de la période est un élément fondamental dans l'explication du niveau des prix en Haïti. En 1980, l'économie haïtienne a été au stade d'inflation rampante avec un taux de 18%. L'année subséquente, ce taux est passé de 18 à 11%. Pendant les cinq années d'après, il y eut une tendance désinflationniste caractérisée par une baisse de 8% en moyenne sur les six (6) premières années de l'échantillon pris en compte. L'inflation fût négative en 1987, avec un taux négatif (-11%) puis, devient positive l'année suivante (4%). Le niveau des prix est à la hausse passant de 7% (1989) à 21% (1990) ; restant à un taux élevé, 19% en 1992, 30% en 1993 et 39% en 1994. Entre 1994 et 1999, la pente affichée par cet indice est décroissante. Le niveau des prix dépasse encore une fois la barre des 30% soit 39% exactement en 2003. L'inflation est un élément nocif pouvant déstabiliser l'économie. Ses effets sont nombreux non seulement au

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niveau micro mais aussi au niveau macroéconomique. Au niveau micro, l'inflation pénalise les créditeurs, les détenteurs de monnaie, les exportateurs, les ménages et les salariés. Au niveau macro, l'inflation augmente en général le niveau des prix et le loyer. Elle fait hausser le taux de crédit et le niveau de la dette ; elle réduit les incitations à investir et l'efficience des dépenses publiques.

Graphique 3 : Evolution du taux de croissance de l'économie et de l'inflation pour la période 2000-2012

-10

40

50

30

20

10

0

Evolution du taux de croissance du PIB et de l'IPC 2000-2012

% du PIB % IPC

Source : graphique fourni par Excel à partir des données obtenues de la BRH

Une analyse globale de ce graphe nous montre comment le PIB évolue d'une année à l'autre. Sur certaines années nous pouvons constater une augmentation, sur d'autres une diminution. Généralement, c'est le deuxième cas qui se répète. C'est pour la cinquième année consécutive (2004-2009) que le PIB a évolué à un rythme croissant. Mais en 2010, l'économie n'a pas pu tenir son rythme, et cette tendance a été chutée cette année-là pour passer de 2.9% en 2009 à - 5.4%. Cette situation est la résultante du séisme catastrophique qui a frappé l'économie Haïtienne le mardi 12 janvier 2010. Par contre, nous pouvons aussi remarquer que dans les années qui suivent, l'économie a commencé à se refaire pour prendre timidement sa vitesse de croisière. En dépit de tout, la croissance moyenne de l'activité économique pendant ces dernières années (2,20 %) demeure insuffisante au regard de la croissance démographique de 2,5 % l'an. Par conséquent, des rythmes de croissance plus élevés et plus soutenus s'avèrent nécessaires pour la réduction de la pauvreté et l'amélioration des conditions de vie de la population. En outre, le niveau général des prix (IPC) ne fait qu'augmenter allant de 295.50 gourdes pour un

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panier de biens en 1990 à 1125.70 gourdes ce même panier de bien en 2005. Il est important de noter que le passage du taux de change de 7.112gourdes pour 1 USD en 1990 à 42.3 en 2012 n'est pas le fruit du hasard. La production nationale baisse, la population augmente, donc de nouvelles bouches à nourrir. D'où la nécessité des importations.

2.2.5. Situation de la Balance commerciale d'Haïti

Généralement, on définit la balance commerciale comme le solde des exportations et des importations. Structurellement, la balance commerciale d'Haïti est déficitaire, cependant, la balance des capitaux affiche un surplus surtout dans sa composante « prêt ». Cette situation se révèle inquiétante, dans la mesure où son excédent correspond à des investissements directs, liés surtout à des prêts. Ce qui se traduit que, dans le cas d'Haïti, le pays vend des actifs nationaux, par conséquent, vend son potentiel productif, pour payer l'excédent des importations souvent alimentaires, de luxes et quelques biens d'équipements30.

Si le commerce et certains services non porteurs peuvent assurer une rotation plus ou moins rapide du capital investi, ils n'ont en général pas une vertu qui est essentielle au développement économique : celle de promouvoir la création de la valeur. Un pays ne s'enrichit par le commerce que lorsqu'un État stratège compétent et diligent établit un système approprié d'incitations propres à encourager les entrepreneurs commerciaux, petits et grands, à se réorienter vers des activités productives, génératrices de plus-values pour l'économie. Ainsi émerge, au fur et à mesure, une nouvelle classe d'entrepreneurs et, même, de capitaines d'industrie, fer de lance de la dynamisation de l'économie et de son essor soutenu grâce à ces taux de croissance à deux chiffres dont nous avons parlé tantôt.

Une telle stratégie permet non seulement de satisfaire de plus en plus les besoins du marché intérieur en biens et services, particulièrement en produits manufacturés, mais aussi de dégager un surplus pour l'exportation, virant ainsi au positif une balance commerciale couramment déficitaire avant la nouvelle donne.

Haïti n'en est pas encore là. Depuis les années 1980, le commerce resserre sa prise sur l'économie tandis que la capacité productive se détériore. De nos jours, le pays enregistre un niveau d'exportation anémique alors que 72 % de la consommation intérieure globale provient des importations31. Au sein de celle-ci, les denrées agricoles et produits alimentaires occupent

30 Fred DOURA « Economie d'Haïti, dépendance, crise et développement, vol. 2 »

31 Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique, 2011

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une place grandissante. Haïti est devenu plus dépendante des États-Unis et de son voisin limitrophe, la République Dominicaine, pour nourrir son peuple.

Aujourd'hui, le pays est encore plus appauvri qu'il ne l'a jamais été et ce, depuis bien avant le séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Pour alimenter ses diverses sortes de commerce, Haïti importe dudit voisin pour près de 2 milliards de dollars de biens et services alors qu'il n'y exporte que pour 50 millions32.

Les exportations de biens et services dépendent de la demande du marché extérieur pour la production Haïtienne, des manques de capacités de production et surtout de la compétitivité c'est-à-dire la capacité de l'économie haïtienne à vendre ses produits sur le marché étranger. Tandis que les importations représentent une offre provenant du reste du monde servant à satisfaire une fraction de la demande globale en Haïti. Dans le cas de notre économie, cette fraction est très importante, car nous importons presque tout, surtout les produits de premières nécessités. Du fait que notre importation excède toujours nos exportations, cela crée un déséquilibre chronique dans la balance commerciale d'Haïti.

Graphique 4: situation de la balance commerciale d'Haïti 1995-2013

solde de la balance commerciale
d'Haiti

-8.2

montant en millions de dollars us

-8.4

-8.6

-8.8

-9 -9.2 -9.4 -9.6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

solde commerciale

 
 
 
 

Source : données provenant de l'OMC

Le graphe ci-dessus présente l'évolution de la balance commerciale d'Haïti pour la période 1995-2013. Il importe de constater que durant cette période la balance commerciale présente un déficit chronique et que ce dernier tend à perdurer d'années en année. Le déficit structurel de la balance commerciale résultant du faible volume des exportations par rapport à celui des

32 Ministère de l'économie et des Finances, 2011

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importations, a créé une forte pression sur la monnaie nationale aboutissant ainsi à une dépréciation continue de la gourde.

Le taux de couverture représente le rapport des exportations en valeur sur les importations en valeur sur une période. C'est la mesure qui indique dans quelle proportion les importations sont couvertes par les exportations au cours d'une période donnée. Ainsi, dans le graphique précédent, nous constatons que le solde durant toute la période étudiée a été déficitaire. Cela traduit que les exportations haïtiennes n'arrivent pas à compenser les importations. Ce qui oblige les commerçants à emprunter de l'extérieur pour financer leurs importations. En plus une analyse sur le taux de couverture des importations sur les exportations pendant cette période, nous apercevons que les exportations ont financé faiblement les importations. C'est le cas notamment de 2004, 2007 et 2009 où ce taux s'élevait respectivement à 32.695, 33.99% et 27.11%. Ce taux tend à diminuer progressivement du fait le volume des importations continuent à grimper continuellement.

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon