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Analyse portant sur les transferts sans contrepartie et la croissance économique en Haiti pour la période allant de 1996 à  2013


par Diony PIERRE-LOUIS
Université d'état d'Haiti (faculté de Droit et Des Sciences Économiques) - Licence 2017
  

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Section II : Revue de littérature

Étude empirique sur les transferts privés et la croissance économique

Si pour les organisations internationales l'impact des transferts directs sans contrepartie sur les économies d'origine est ainsi considéré comme globalement positif, ce positionnement est contesté, notamment par une partie de la communauté scientifique. La littérature relative aux impacts des transferts privés sur certaines variables macroéconomique, notamment investissement produit souvent des résultats contradictoires. Ceci dit que cette littérature ne permet pas de dégager un consensus. Prenons comme exemple le cas de Philippines ; deux conclusions différentes sont parvenues suite à deux études menées sur ce pays. D'un côté, Burgess et Haksar (2005) ont montré que les transferts des travailleurs affectent de manière négative la croissance mesurée par le taux de croissance du revenu par tête. Et de l'autre côté, Ang (2006) est parvenu à un résultat contraire en relevant les effets positifs et significatifs entre croissance et les transferts des travailleurs à destination Philippines17. De cette hétérogénéité de résultats, on parvient à classer en deux groupes la littérature relative à l'impact des transferts de fonds sur la croissance économique. Premièrement, on distingue les auteurs qui sont d'avis aux effets positifs des transferts sur la croissance et deuxièmement, les défenseurs d'une relation négative voire même inexistante entre ces deux variables. En effet, il n'existe pas dans la littérature économique une théorie universelle faisant liaison entre les transferts privés et la croissance économique ; cependant, compte de son importance dans l'économie, plusieurs études empiriques ont été conduites dans le but de mesurer ses impacts sur les différentes variables motrices de la croissance économique.

16 Bulletin economiques de la BRH, 2013

17 Le système informel de transferts de fonds et le m'mécanisme automatique du Currency Board : Complémentarité ou antagonisme ?

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1.3.1. Effets positifs des transferts

Pour ses principaux défenseurs (ROCHER et PELLETIER 2008), l'augmentation de 10% de flux de transfert réduit de 1% le niveau de pauvreté par habitant et une part significative des montants des transferts est généralement dépensé en bien de consommation courante et une part très réduite est épargné ou investie. Et il y a une relation positive entre les transferts et la consommation des ménages, ce qui veut dire que les ménages consomment beaucoup plus quand leurs niveaux de transfert augmentent. Selon eux, Les transferts affectent aussi le financement des investissements en capital humain ou en infrastructure qui va influencer le développement à long terme18.

Dans le même ordre d'idées, Ratha (2003) pousse plus loin l'analyse en chiffrant non seulement l'effet sur la production mais aussi en le décomposant par zone de résidence. Il a montré que chaque « migradollar » dépensé au Mexique fait augmenter le Produit National Brut de 2,69 dollar US si les bénéficiaires des transferts sont des ménages urbains, et de 3,17 dollar si les bénéficiaires sont des ruraux. Ce qui traduit que plus ces ressources s'accroissent, plus ils contribuent à la production nationale et ce d'autant plus dans les zones où les besoins en ressources étaient plus importants.

Pour parvenir à la même conclusion, certains auteurs ont plutôt utilisé le canal indirect de l'investissement. L'idée est que les transferts permettent d'accroitre l'investissement qui à son tour impacte la croissance en augmentant la production domestique. A partir d'une étude réalisée sur des données de panel provenant de 11 pays d'Europe centrale et orientale, Léon-Ledesma et Piracha (2001) ont ainsi observé que les transferts contribuent fortement à l'accroissement du niveau d'investissement de ces pays même si l'ampleur est faible.

1.3.2. Effets négatifs des transferts

Pour les tenants de ce courant de pensée, les effets des transferts sur la croissance seraient plutôt négatifs à cause des effets pervers qu'ils engendrent et dont les coûts sont plus importants que les bénéfices qu'ils peuvent engendrer. Ils soutiennent leurs positions à travers ces arguments : si les transferts produisent une demande supérieure à la capacité productive de l'économie considérée, cela pourrait avoir un effet inflationniste dans le cas où la demande concerne des biens non marchands (OCDE, 2006), à l'image des terrains agricoles en Egypte dont les prix ont augmenté de 600% entre 1980 et 1986 à cause des transferts (Adams, 1991). Ensuite, les transferts peuvent

18 Les transferts de revenus des migrants : quel impact sur le développement économique et financier des pays de l'Afrique subsaharienne ?, 2008, Emmanuel ROCHER et Adeline PELLETIER.

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favoriser l'accroissement de la demande de produits importés aussi bien de la part des ménages ruraux qu'urbains, réduisant ainsi la demande de biens locaux avec pour effet une hausse du coût de la vie et une baisse du pouvoir d'achat des populations (Ahouré, 2008). Et enfin, les transferts pourraient influencer les taux de change en favorisant l'appréciation des monnaies des pays receveurs ou le ralentissement des dépréciations (le syndrome hollandais19) avec les effets néfastes sur les exportations, l'emploi et la croissance. Cette approche a été validée par des analyses économétriques sur un échantillon de 113 pays (Chami et al, 2005).

Les transferts sans contrepartie permettent aux ménages bénéficiaires d'avoir la possibilité de profiter des services éducatifs et de santés parce que 80% des services d'éducation sont du secteur privé20 et les prix offerts sont au-dessus de la capacité de la majorité de la population. Donc les transferts améliorent le niveau de capital humain. Mais qu'en est-il pour les personnes qualifiées en Haïti ? Les transferts des migrants ont une relation inverse avec le nombre des personnes qualifiées qui est considérée comme instrument de développement pour le pays. Bénédique Paul explique que la migration possède un caractère auto-renforcement, ce qui veut dire que les transferts servent à financer le voyage d'un ou des membres d'une famille qui implique la fuite des cerveaux d'où l'effet d'imitation.

Une part très faible des transferts est consacrée à financer le progrès technique dans certaines activités mais le reste sert à contribuer en grande partie à faire sortir l'argent du pays parce que l'industrie est très limité en Haïti. En effet, toujours dans la perspective d'analyse de lien entre transferts de fonds et croissance économique en Haïti, le livre intitulé « Economie d'Haïti, dépendance, crise et développement, vol. 2 » Fred DOURA a, lui aussi été objet d'exploration. Au chapitre 8, l'auteur met en relief les différents facteurs inhérents au problème de la stagnation de l'économie haïtienne. On retient entre autres le déficit de l'épargne et de la balance courante, l'insuffisance de l'investissement. Il avance par ailleurs que les facteurs économiques qui bloquent le développement sont la faiblesse de l'épargne et de l'investissement par tête qui ne permettent nullement au revenu national d'avoir un rythme de croissance supérieur au rythme de croissance de la population.

19 La maladie Hollandaise est en général liée aux conséquences négatives provoquées par l'augmentation des revenus d'un pays et explique le lien entre le déclin de compétitivité des produits dans l'industrie manufacturière et l'exploitation des ressources naturelles dans les années 60 aux Pays bas. Ce sont des problèmes macroéconomiques liées a l'entrée massive de devise. Un de ces problèmes est le dutch disease effet ou mal hollandais qui engendre des influences négatives sur la capacité de production et sur la compétitivité nationale.

20 Voir Bénédique PAUL, Migration et pauvreté en Haïti : impacts économiques et sociaux des envois de fonds sur l'inégalité et la pauvreté ? Page 15

De ce même chapitre, l'auteur soulève un point d'un intérêt particulier pour ce travail lorsqu'il prend en compte les transferts de fonds de la diaspora Haïtienne au regard de la croissance économique. Son analyse traduit que les transferts n'ont pas vraiment d'impact positif sur la croissance économique, du fait que la propension moyenne à consommer des Haïtiens est trop élevée. Selon lui, une fraction importante de ces fonds est manifestement utilisée à des fins de consommations immédiates. Pour lui, bien que les devises étrangères soient augmentées, une large partie porte généralement sur les produits importés, par conséquent, l'effet multiplicateur se fait en partie au profit de l'étranger au détriment de l'économie nationale. Toutefois, si une grande partie de notre consommation est importée, donc l'argent des transferts est retourné vers son pays d'origine. «Les importations alimentaires représentent chaque année plus de 20% des importations totales d'Haïti, et près de 60,2 % des importations de ces biens proviennent des Etats-Unis, principal partenaire commercial d'Haïti21 »

Considérons le graphique suivant, qui montre, à travers les données de l'Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique(IHSI), le niveau de consommation des ménages haïtiens et le niveau des importations par rapport au montant des transferts reçu. Donc on peut remarquer à travers le graphique suivant que la grande partie des transferts est consommée, ce qui influe grandement l'importation en raison de la faiblesse de la production nationale.

18

21Bénédique PAUL, Migration et pauvreté en Haïti : impacts économiques et sociaux des envois de fonds sur l'inégalité et la pauvreté ?

Graphique 1: Evolution de la consommation, des investissements, des importations ainsi que les transferts des migrants Haïtiens 2003-2010

Transfert des migrants, consommation, importation et
investissement de 2003 a 2010.

90000000 80000000 70000000 60000000 50000000 40000000 30000000 20000000 10000000

0

 
 

2003-2004 2004-2005 2005-2006 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010

transfert des Migrants Consommation Investissement importation

Donc plus les transferts sans contrepartie augmentent plus la consommation des biens importés augmentent, ce qui traduit l'entrée massive de devises sert grandement à financer les importations au détriment des exportations, et donc l'aggravation du solde commercial. Ce graphique nous confirme leur évolution.

Toutefois, l'augmentation de la consommation au détriment de l'investissement ne doit cependant pas être vue comme un effet exclusivement négatif. Ce phénomène permet au ménage de subvenir à ses besoins et d'augmenter son bien-être. Cependant, si les biens de consommation courante achetés par le ménage ne sont pas issus de l'importation, une augmentation de la consommation peut avoir un effet positif sur l'économie Haïtienne.

19

20

CHAPITRE II : L'ÉCONOMIE HAÏTIENNE ET SES TENDANCES ÉVOLUTIVES

Ce chapitre est organisé en trois sections, dont la première présente le profil de la République d'Haïti, La deuxième section fait ressortir les tendances évolutives de l'économie haïtienne et finalement la section 3 présente un diagnostic des transferts de fonds et le phénomène de la dollarisation.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein