CHAPITRE I : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE
LITTERATURE
Tout travail scientifique n'aura de sens et de la valeur que
lorsque ses résultats sont mis à la disposition des praticiens ou
des lecteurs et son contenu ne pose pas des problèmes de
compréhension et d'application.
C'est ainsi qu'avant d'aborder le fond de notre travail, il
est utile et impérieux pour nous d'en définir les principaux
concepts de base afin de mieux cerner le sujet sous examen.
Section I : Cadre conceptuel
1.1.1. Concept
Selon Docteur Mokhtar LAKAHAL, un concept est un terme
forgé par un théoricien où un mot courant
dénué de son sens habituel auquel le théoricien donne un
autre sens, il est une boite á outil mis á la disposition du
théoricien pour analyser des situations ou des
problèmes9. Après avoir défini le mot concept,
il est important, pour nous aussi, de définir d'autres concepts qui
feront partie intégrante du développement de notre recherche.
1.1.2. Transferts privés
Les transferts privés appelés aussi transferts
directs sans contrepartie ou encore envois de fonds ou transferts de fonds sont
considérés comme une opération de répartition sans
contrepartie effectué par un agent économique au profit d'un
autre agent économique. Pour Bascom (1990), les transferts privés
sont considérés comme étant des transferts
effectués par les individus qui sont résidents dans un pays
étranger (temporaire ou permanent) á leur pays d'origine au
support de leur famille ou á titre d'investissement.
Généralement, ces transferts proviennent de salaires et/ou de
l'accumulation des richesses et sont envoyés sous forme de ressources
financières ou de biens tangibles.
Le Fond Monétaire International, définit les
transferts privés comme :
« Le revenu des ménages issu d'une économie
étrangère, provenant principalement des mouvements de personnes,
temporaires ou permanents, vers les économies d'origines.
Ils consistent principalement en flux financiers et
non-financiers envoyés ou donnés par des individus qui ont
migré dans une nouvelle économie et y sont devenus
résidents10 ».
Les transferts de fonds des migrants (TFM) sont la partie du
revenu des migrants expédiés vers leur pays d'origine, le plus
souvent à destination de leur famille. En réalité, cette
définition
9 LAKEHAL, Dictionnaire
économique et sociale, paris, 1962, P 141.
10 (FMI, 2009)
7
mérite d'être précisée, car
plusieurs éléments sont ambigus. Il n'existe pas de
définition unique des TFM. Cependant, l'enregistrement de ces flux dans
la balance des paiements impose d'en spécifier les différentes
catégories. Les transferts de fonds des émigrés sont
comptabilisés dans trois postes de la balance des paiements (FMI, 2007 ;
FMI, 2006).
1-La rémunération des salariés où
l'on enregistre les salaires et traitements des travailleurs résidents
à l'étranger pendant moins de 12 mois (non-résidents). Ce
poste enregistre donc les transferts des travailleurs saisonniers ou
transfrontaliers.
2-Les envois de fonds des travailleurs ; Ce poste enregistre
les transferts à destination des pays d'origine des travailleurs
résidents à l'étranger pendant au moins 12 mois
(résident).
3-Les transferts des migrants ; Ce sont les transferts
associés aux flux de biens et d'actifs financiers liés à
la migration (changement de résidence pour une durée
supérieure à 1 an).
Ces trois postes recouvrent l'ensemble des transactions
monétaires et financières liées à la migration, de
courte ou de longue durée.
1.1.3. Agent économique
Un agent économique est une personne physique ou morale
qui a un comportement économique, c'est-à-dire qui prend des
décisions qui influencent l'économie d'un pays.
Un agent économique est défini par
:
? Ses fonctions : consommer, produire, épargner, etc.
? Ses ressources : revenus, salaires, impôts, recette.
? Ses dépenses : consommation, paiement des salaires,
etc.
1.1.4. Migration:
La migration se définit comme étant les
déplacements de populations d'un territoire ou d'une communauté
á une autre dans l'intention d'y rester pour une période
donnée afin d'accomplir une mission. Il existe différents types
de migration, cependant, notre étude s'intéresse uniquement
à la migration humaine11.
Les différentes formes de
migrations
Migration économique : cette migration est par nature
difficile à évaluer compte tenu du manque de chiffre pour le
secteur informel et des clandestins. Les flux migratoires concernent environs
100 millions de personnes. Selon les statistiques du rapport des Nations-Unis
sur les migrations
11 La migration humaine est considérée
comme un déplacement d'un lieu de vie d'individus.
8
internationales, les principaux foyers de la migration de
travail se trouveraient en Inde et au Canada qui ont des politiques d'accueil
à l' égard des populations.
Migration permanente : il s'agit d'une migration
forcée, c'est-à-dire non volontaire. Ce sont par exemple les
réfugiés politiques, cette forme de migration se manifeste dans
les pays en guerre et où les catastrophes naturelles ne cessent de se
passer.
1.1.5. Immigration
Pour LAWIN (2000), l'immigration est considérée
comme un concept qu'on applique généralement aux personnes
nées á l'extérieur du milieu hôte, mais, peut aussi
s'appliquer á un petit nombre de personnes dans le milieu, de parents
qui sont d'origine d'autres localités. En conséquence, les
immigrants sont classés selon la période d'immigration dans le
but de faire la distinction entre les personnes arrivées
récemment et celles qui y résident depuis un certain nombre
d'années (Monde et développement, 2001).
1.1.6. Emigration
L'émigration est considérée comme le
départ de population d'un pays pour s'installer dans un autre pays,
l'émigration désigne le départ de personnes d'un lieu
quelconque vers un autre dans le but de s'y établir. Elle rend compte de
l'histoire et des itinéraires effectués par les populations d'un
point donné à un autre (Ague, 1997) et parfois des causes de
leurs mouvements (Henri, 1998). Toutefois, elle peut contribuer au
surpeuplement des lieux hôtes et á l'accroissement du taux de
chômage et conduit sans doute au développement des vices
sociaux.
1.1.7. Monnaie
Quand on parle de monnaie, on ne parle pas des pièces
sonnantes et trébuchantes, mais on parle tout simplement de moyens
facilitant les transactions entre les agents économiques. Par
définition, la monnaie est tout objet accepté et utilisé
pour régler des transactions financières ou pour échanger
des biens et des services. En Haïti, la gourde est l'unité
monétaire nationale. Les économistes définissent la
monnaie à partir de ses fonctions qu'elle remplit au niveau de
l'économie dont trois d'entre elles sont fondamentales:
1.1.7.1 La monnaie comme unité de
compte
La monnaie sert d'instrument de mesure de valeur relative de
différents biens. Il s'agit de sa fonction d'unité de compte. La
monnaie est un étalon simple et pratique pour mesurer les valeurs de
marchés relatives des biens et services.
9
1.1.7.2. La monnaie comme instrument
d'échange
La fonction première de la monnaie est de faciliter le
commerce, c'est- á -dire les échanges des biens et services
bénéficiant aux deux parties concernés. Cette fonction est
appelée instrument d'échange. De nos jours, tous les pays
développés utilisent comme monnaie du papier (spécialement
imprimé par l'Etat à cet effet) ainsi que des pièces de
métal. Cependant, la plupart des échanges ne se font pas en
argent liquide, mais á l'aide de chèques, des cartes de
crédit ou de virement entre les banques.
Les économistes considèrent que les encaisses
détenues sous forme de compte-chèques sont de la monnaie au
même titre que les billets parce qu'elles sont acceptées comme
moyen de paiement presque partout, et remplissent donc une fonction
d'instrument d'échange. Comme la plupart des agents économiques
ont beaucoup plus d'argent sur leurs compte-chèques que dans leur
porte-monnaie, personne ne s'étonnera que la définition de
l'offre de monnaie retenue par les économistes corresponde á un
total très supérieur au volume des pièces et des billets
en circulation.
1.1.7.3. La monnaie comme réserve de
valeur
Les gens n'acceptent de changer ce qu'ils possèdent
contre la monnaie que s'ils pensent pouvoir ultérieurement
échanger cette monnaie contre les biens et services qu'ils
désirent. Par contre, pour que la monnaie puisse jouer son rôle
d'instrument d'échange, elle doit garder sa valeur, du moins sur une
courte période. Cette fonction est plus connue sous le nom de
réserve de valeur de la monnaie. Selon COHEN (Alter Eco., Hors
Série # 45) rapporté par DOURA (2003), la monnaie est un jeu
à somme négative; Personne n'y gagne. Servant de pouvoir d'achat,
la gourde contribue à lier socialement les haïtiens et est
très influencée par la politique monétaire de la Banque
Centrale quand son acceptation est contestée.
1.1.8. Croissance
économique
La croissance économique est l'augmentation de la
production totale d'une période bien déterminée. Selon la
définition de François Perroux, la croissance d'une
économie est « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs
périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le
produit global en termes réels ». La croissance mesurée par
le PIB correspond donc à l'accroissement de la quantité de biens
et de services produits dans un pays au cours d'une période.
10
1.1.8.1. Les déterminants de la croissance
économique
La question de la création de la richesse, donc de la
croissance économique, commençait à intéresser les
économistes depuis Adam Smith dans « Recherche sur la nature et les
causes de la richesse des nations (1776)». Toutefois, il a fallu attendre
la fin de la Deuxième Guerre mondiale pour voir une nouvelle branche de
l'économie se consacrer entièrement à l'étude de la
croissance économique. Pendant cette période, la question de
reconstruction des pays de l'Europe dévastée par la Guerre
était en exergue. D'autre en plus, cette époque-là
marquait l'indépendance de beaucoup de pays d'Afrique, de l'Asie et de
l'Amérique latine. En quelques sortes, la période post
Deuxième Guerre mondiale a mis fin au colonialisme, une des modes
d'enrichissement des pays colonisateurs.
Ces nouveaux pays libres ainsi que les pays ravagés de
l'Europe devaient faire le choix d'un système politique et
économique devant favoriser leur développement ou leur
reconstruction. Pendant Cette période, on a eu l'émergence de
deux courants d'idées à savoir le communisme et le capitalisme.
Le communisme attirait beaucoup les pays en question ; car ses adeptes
enregistraient des taux de croissance très élevés. Dans
les années 50, l'Union des Républiques socialistes
soviétiques (URSS) croissaient à un taux de 7.5 %, un peu moins
que celui de la Chine pour la même époque (9.6 %) tandis que les
États-Unis d'Amérique croissaient seulement à 3.1 %. Ces
résultats rendaient les dirigeants communistes tellement optimistes
qu'ils se donnaient pour objectif de dépasser le niveau de
développement des États-Unis en très peu de temps.
Quelques années plus tard, le système communisme
n'a pas pu concrétiser son objectif ; cela a conduit à
l'effondrement du système communisme. Les pays qui ont adopté ce
système sont encore pauvres, parfois plus pauvres qu'ils ne
l'étaient dans les années 60. Ils ont dû pour la plupart se
convertir au capitalisme. Comment l'URSS et la Chine ont pu croitre à un
tel rythme dans les années 50 et 60 ? Walt Whitman Rostow, auteur «
des étapes de la croissance économiques, un manifeste non
communiste (1960)», trouvait une réponse à cette question
dans les travaux de Roy Forbes Harrod (1939) et Evsey Domar (1946). Ces deux
économistes ont démontré que le taux de croissance
économique dépend uniquement du niveau d'épargne,
supposé égal à l'investissement, en tenant fixes le taux
de croissance de la population et le niveau de dépréciation du
capital. Selon le modèle Harrod-Domar, l'URSS et la Chine croissaient
plus vite que les États-Unis parce qu'ils arrivaient à mobiliser
beaucoup plus
11
d'épargne. D'ailleurs, le communisme, contrairement au
capitalisme, pouvait se permettre le luxe de forcer les citoyens à
maintenir un niveau élevé d'épargne.
La réponse proposée par Robert Solow à la
question d'intérêt a trouvé son fondement dans la loi des
rendements marginaux décroissants. À chaque unité
d'épargne additionnelle, donc d'investissement, l'effet sur la
croissance diminue jusqu'au point où cet effet sera nul. De même,
une personne ne deviendra pas plus productive si son employeur lui attribue
plus qu'un ordinateur. Le modèle Harrod-Domar est donc incapable
d'expliquer la croissance de long-terme. Et l'on se tourne donc vers Robert
Solow pour trouver une explication à la croissance de long-terme. Solow
(1956) soutient qu'à long-terme, la croissance ne dépend que du
progrès technique. Les variables, capital et taux de croissance de la
population, n'ont que des effets sur le niveau de vie, c'est-à-dire sur
le niveau du PIB réel mais pas sur le taux de croissance du PIB
réel. La distinction entre le niveau du PIB réel et son taux de
croissance revêt une importance particulière. Car, même si
Haïti se mettrait à croitre au taux de 10 % de façon
continue, il lui prendrait des décennies pour attraper le niveau du PIB
réel des États-Unis d'Amérique.
Pour avoir un sens profond, le taux de croissance du PIB doit
être analysé parallèlement à son niveau. Selon
Solow, l'investissement ferait augmenter le PIB réel, la croissance de
la population produit aussi le même effet sur le taux de croissance du
PIB réel alors que le progrès technique agirait sur le taux de
croissance du PIB réel à long-terme. Il faut cependant souligner
que la croissance de la population fait baisser le taux de croissance du PIB
réel per capita, car la hausse du taux de croissance du PIB est plus
faible que la hausse du taux de croissance de la population à cause des
rendements marginaux décroissants.
Le problème avec le modèle de Solow est qu'il
rend le progrès technique responsable de la croissance économique
sans pour autant dire de quoi il en dépend. Au cours des 20
dernières années, plusieurs travaux ont été
consacrés à l'étude des déterminants du
progrès technique afin de mieux comprendre pourquoi et comment il arrive
à expliquer la croissance économique. Paul Romer a tracé
cette nouvelle voie en 1990 dans un article intitulé : « Endogenous
Technological Change ». Selon ce modèle, le progrès
technique vient des nouvelles connaissances et des nouvelles idées, soit
sous la forme de variétés ou de la qualité des machines.
L'un des apports de ce modèle et de ses variantes a été
principalement de décrire les caractéristiques fondamentales et
particulières des idées et des connaissances. Ces
dernières, par leur caractère non-rival, sont des biens
spéciaux. Elles peuvent être utilisées par de nombreuses
personnes en même temps, contrairement aux biens et services rivaux.
Cette caractéristique particulière des connaissances
12
permet de surpasser l'hypothèse de rendements
d'échelle décroissants du modèle de Solow. Avec les
nouvelles idées, on peut produire plus avec les mêmes
quantités d'input. Le modèle de Paul Romer explique les
déterminants du progrès technique qui détermine la
croissance économique de long-terme. Ce progrès technique
résulte soit des investissements en recherches et développement
dans les pays développés soit par l'adoption des nouvelles
technologies dans les pays en développement. Il n'est plus
exogène comme c'était le cas dans le modèle de Solow ; il
devient endogène. Il se pose alors la question de la durabilité
de la croissance économique. 1.1.9. La Balance des
paiements et ses compartiments
La Balance des paiements est un document comptable qui recense
l'ensemble des opérations effectuées, pendant une période
de temps donnée (l'année, le plus souvent), d'un pays avec le
reste du monde. Les balances de paiements se décomposent
généralement en deux blocs :
A- La balance des transactions courantes qui comprend
elle-même quatre sous-ensembles :
1- Les échanges des marchandises, comptabilisées
dans la balance commerciale
2- Le mouvement des touristes
3- Les échanges de services et revenus
4- Les transferts unilatéraux (aide, transferts des
travailleurs migrants etc.) Ces trois composantes étant appelés
les transactions invisibles
B- La balance des capitaux qui peut être divisée en
deux parties :
1- Les mouvements de capitaux à long terme retracent
les variations de créances et d'engagement vis-à-vis de
l'extérieur dont l'échéance initiale est supérieure
à un an. Ces capitaux sont composés par :
a) Les crédits commerciaux à l'importation et
à l'exportation
b) Les emprunts et prêts financiers
c) Les investissements de portefeuille, c'est-à-dire
les échanges de valeurs mobilières avec l'étranger dans un
but de placement
d) Les investissements directs qui sont des opérations
financières dans un but de prise de contrôle du capital social des
entreprises.
2- Les mouvements de capitaux à court terme correspondent
à trois types de flux : a) Les opérations des entreprises
destinées à aménager leur trésorerie et leurs
termes de paiements
b)
13
Les opérations de financement des banques entre elles
ou avec leur clientèle qui se traduisent par les variations de la
position à court terme des banques
c) Les interventions des autorités monétaires
sur les marchés de change.
Les balances de paiements sont élaborés selon le
principe habituel de la comptabilité en partie double
c'est-à-dire chaque opération donne lieu à deux
écritures de même montants de signes contraires. Ainsi, une
importation de marchandises payées à crédit se traduit par
une dépense (signe -) dans la balance commerciale et
symétriquement par une entrée de capital (signe +) dans la
balance des capitaux.
Du point de vue de l'analyse économique, le solde des
opérations courantes est le plus significatif pour deux raisons :
Tout d'abord, il recense l'ensemble des flux réels
échangés avec l'étranger et a donc pour contre parti le
solde de la balance des capitaux. Par ailleurs, la signification
macro-économique du solde courant est claire à partir de
l'identité comptable fondamentale entre les utilisations et les
ressources de biens et services d'une économie : Y+M= C+I+X
Equivalent a: X-M=Y-E=S-I
Où Y, C, I, M, X sont respectivement le revenu
national, la consommation, l'investissement, l'importation et l'exportation des
biens et services.
Comme on l'a défini plus haut, la balance des paiements
est un tableau montrant les flux des exportations et des importations de
marchandises, services et capitaux. Cette balance des paiements comptabilise
donc toutes les opérations économiques qu'un pays entretien avec
le reste du monde pendant une année donnée et qui donnent lieu
à des paiements. Elle doit être nécessairement
équilibrée puisqu'un déficit ou un excèdent de la
balance globale est compensé pour un montant équivalent par un
accroissement ou une diminution de la position monétaire
extérieure12.
Le tableau ci-dessous présente (tableau 12 en
annexe I) un examen des comptes de la balance des paiements en
Haïti pour plusieurs années. On remarque que, tous les soldes des
transactions de biens et services (marchandises, services, balance commerciale)
sont toujours déficitaires, et cela remonte à fort longtemps.
Depuis 2000, les déficits n'ont jamais cessé
d'augmenter, comme le montre par exemple le solde des marchandises. En effet,
bien avant la décennie 2000, soit au cours des années 1990, ou
plus précisément pendant la période de l'embargo le
déficit était de $ 140 millions environ (139
12 Dumas Benjamin, La Monnaie et les
Banques dans l'Economie, Educa vision, 2005. Page 248
14
millions en 1992, 180 en 1993), ensuite remonté
à nouveau à 429 millions en 1995, 354 en 1997, et 341 en 1998).
Au début de la décennie 2000, il était à 750
millions (soit 755 pour 2000 et 750 pour 2001), et en 2004 à 833
millions. À partir de 2006, il avait dépassé le milliard
(soit 1 053), en 2009, il était à 1,48, et en 2010 à cause
du séisme, était supérieure à 2
milliards(2,246)13.
Pour la balance commerciale (biens et services), le
problème du déficit ne cesse de régner, car les
importations dépassent largement les exportations. En effet, le
déficit a été de 946,5 millions en 2003, et à
partir de 200414 atteint le 1 milliard de dollar US, ensuite 3 284,9
en 2010. A partir de l'année 2010, il n'était jamais situé
au-dessous de 2 milliards, car il y' a eu davantage de sorties de devises
(notamment en 2010 et 2011) que d'entrées de devises. Par
conséquent, les recettes d'exportations sont loin d'être en mesure
de financer les importations en provenance des Etats-Unis. En outre, selon les
données de la Banque mondiale(BM), le déficit de la balance
commerciale est passé de 392, 6 Millions de dollars US à 3,1
milliards de dollars en 2013. Cette nouvelle tendance s'explique en bonne
partie par le solde de plus en plus négatif de la catégorie de
biens et services du compte courant. Les intérêts et dividendes
versés à l'étranger sont donc en hausse. Cette situation
peut être à l' origine de la persistance de la crise politique qui
affecte négativement le compte des opérations financières
par le biais de décaissement externe, en régression importante
par rapport aux années précédentes, en particulier ceux
émanant des bailleurs multilatéraux. Par contre, ce
déficit s'est replié de 2,35% pour les 10 premiers mois de
l'exercice 2012-2013, passant de 2, 08 milliards de dollars US contre 2,13
milliards en 201215. Ce repli est attribuable selon la même
note au fait que les exportations ont crû plus rapidement que les
importations. En effet, les exportations ont accusé une hausse de 14,94%
et les importations se sont accrues de 2,05%, suite au ralentissement dans le
secteur de la construction. Malgré la baisse du déficit
commercial et l'augmentation des transferts sans contrepartie (11,81%,
glissement annuel) n'ont pas suffi pour calmer la tension sur le marché
des changes. En effet, en juillet 2013 le taux de change (fin de
période) s'est établi à 57, 22 gourdes pour un
13 Rapport annuel de la BRH de 1990 à 2013.
14 En 2004, la balance commerciale présentait
un déficit de plus de 1 milliard de dollars américains, en nette
augmentation par rapport à 2003 et 2002 qui sont respectivement de
l'ordre de 866.87 dollars et 780.47 dollars, les exportations n'ayant pu
couvrir que 26% environ des importations. La couverture s'est
opérée principalement par les transferts privés des
expatriés qui finançaient les importations à hauteur de
73% en 2003, en comparaison de 37% en 1990. Voir le texte : « les OMD en
questionnement » écrit par Jean Claude PAULVIN et Toussaint
MONESTIME.
15 Note sur la Politique
Monétaire-Quatrième trimestre 2013..
15
dollar américain contre 56,98 gourdes en juin 2013,
soit une variation de 7,04% et 45,56 gourdes en septembre 2013, une hausse de
21,20%16.
Notons cette analyse particulière de l'évolution
des importations et des exportations était importante pour comprendre le
poids que représente la balance commerciale dans la balance des
paiements d'Haïti.
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